Place saint-pierre (caen)

Place saint-pierre (caen)

Place Saint-Pierre (Caen)

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Place Saint-Pierre
Place Saint-Pierre Caen.jpg
La place de nuit depuis le château
Pays France France
Région Basse-Normandie
Ville Caen
Quartier Centre-ville ancien
Morphologie
Type Place ouverte
Forme Rectangulaire
Histoire
Création XVIIe-XVIIIe siècles
2e moitié XXe siècle
Anciens noms Carrefour Saint-Pierre
Place de la Raison
Monuments Église Saint-Pierre
Hôtel d'Escoville
Vue sur le château
Classé MH Site du centre historique

La place Saint-Pierre de Caen est une place située dans le centre de Caen. On y trouve notamment l'église Saint-Pierre. Elle est le cœur historique de la ville de Caen et un des nœuds principaux du système de transport (tramway, bus…).

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Sommaire

Histoire

Origines

La place Saint-Pierre est restée longtemps le véritable cœur de la ville de Caen. C’est l’une des plus anciennes paroisses de Caen ; une église y fut construite dès le VIIe siècle et portait le nom de Saint-Pierre-de-Darnetal. Ce village se développa à proximité de la confluence du petit Odon et du grand Odon, ainsi que d’un bras de l'Orne, la Noë. Vers 1060, Guillaume le Conquérant fit construire les premiers éléments d'une grande forteresse sur l’éperon rocheux qui domine la vallée marécageuse où coulent l'Orne et ses affluents. Au pied du château, le noyau central de Caen, Bourg-le-Duc ou Bourg-le-Roi, se développa autour du village ancien de Darnetal.

Le Moyen Âge

Sous Guillaume le Conquérant, la ville en pleine essor fut close par un mur d’enceinte ; sous le règne de Robert Courteheuse, son fils, le quartier Saint-Jean fut également entouré par un mur. Le seul passage entre ces deux ensembles fortifiés se faisait par le pont Saint-Pierre fortifié dès le début du XIIIe siècle. Les personnes voulant traverser la ville était obligées de passer sur ce pont ; depuis le nord, on entrait dans la ville par la porte Saint-Julien, on descendait la rue Cattehoule (aujourd'hui rue de Geôle) pour arriver au carrefour Saint-Pierre où l’on rejoignait le flot de circulation en provenance de la grande rue Saint-Pierre qui drainait les flux en provenance de l’ouest entrés dans la ville par la porte Saint-Martin ; on devait alors traverser le pont Saint-Pierre, descendre la rue Exmoisine (aujourd'hui rue Saint-Jean), franchir la porte Millet, puis le pont de Vaucelles avant de se diriger vers l’est par la rue d’Auge ou vers le sud par la rue de Falaise. La place n’était alors qu’un carrefour ; entre celui-ci et le pont Saint-Pierre, des maisons formaient la rue du Change. De l’autre côté de l’Odon, dans la paroisse Saint-Jean, on trouvait également le port de Caen, protégé par la tour Leroy et la tour aux Landais, reliées entre elles par une chaîne.

Des éléments forts de centralité

Chevet de l'église saint-Pierre sur les bords de l'Odon

Située au cœur de la ville, à la jonction du Bourg-le-Roi et de l'Ile Saint-Jean, le quartier Saint-Pierre était considéré comme le plus importante et le plus riche de la cité et on y trouvait des monuments de première importance.

L’église Saint-Pierre. Cette église, souvent appelée à tort par les touristes "la cathédrale", était le plus grand édifice religieux de Bourg-le-Roi ; un soin particulier fut donc apporté à son développement. Les travaux s’échelonnèrent sur plusieurs siècles mais respectèrent l'unité d'ensemble qui offre encore aujourd’hui des parties remarquables. La façade nord fut ornée au XIVe siècle d'une immense rosace d'une extrême légèreté. Au XIVe siècle, on construisit également son célèbre clocher gothique, considéré comme "le roi des clochers de Normandie". Les bas-côtés et les parties hautes de la nef furent construits au XVe siècle dans le style flamboyant. L'abside construit sur pilotis sur l’Odon fut commencée vers 1518 et terminée sans doute un demi-siècle plus tard. Contrastant harmonieusement avec le reste de l’édifice, c’est l'un des exemples les plus parfaits de la première Renaissance caennaise. C’est dans cette église que se déroulaient les principales cérémonies publiques. Ainsi quand Henri IV abjura la religion protestante, mettant ainsi fin aux guerres de religion, c’est dans l’église Saint-Pierre que fut chanté le Te Deum en présence des représentants civils et religieux de toute la cité ; la foule remplissait l’église, le carrefour et les rues avoisinantes.

Le Châtelet. Depuis le XIIIe siècle, on y trouvait également l’hôtel municipal, aménagé dans le Châtelet construit sur le pont Saint-Pierre. Au XIVe siècle, il fut détruit pendant la prise de la ville par Édouard III d'Angleterre et reconstruit immédiatement. Le Châtelet, flanqué de quatre tourelles, était également surnommé le Gros Horloge (comme à Rouen) car sa façade était ornée d’un cadran doré qui marquaient les heures et les phases de la lune ; son carillon, symbole de la liberté communale, rythmait la vie de la cité. Sur les murs, était également inscrit la devise de la ville : un Dieu – un Roy, une Foy – une Loy.

Le Châtelet sur le pont Saint-Pierre, surnommé comme à Rouen le Gros Horloge

Les hôtels particuliers (hôtel d'Escoville et hôtel de Than). De riches notables s’établirent également dans l’environnement de la place Saint-Pierre. Vers 1520-1530, Thomas Morel, seigneur de Secqueville et de Than se fit construire un hôtel sur les bords de l’Odon dans la paroisse Saint-Jean à proximité du pont Saint-Pierre et, en 1533, Nicolas le Valois d’Escoville, fils d’un riche marchand anobli, fit raser des maisons dans le quartier Saint-Pierre pour y faire construire un hôtel particulier. Ces deux édifices étaient d’un type nouveau, non pas tant dans le choix des matériaux utilisés que par leur élévation et leur plan. Dans un cadre souvent restreint et un parcellaire figé, il était en effet d’usage de construire sur trois voire quatre niveaux et de préférer les bâtiments à mur pignon, s’étalant sur une parcelle profonde mais étroite ; mais à partir du XVIe siècle, les hôtels particuliers, comme l’hôtel d’Escoville ou l’hôtel de Than, firent leur apparition et frappèrent les contemporains autant, voire davantage, par leur vaste emprise au sol, leur plan ordonné autour d’une cour, leur disposition régulière ou leur séparation entre espaces publics et privés que par la richesse de leur décoration que l’on admire aujourd’hui et qui est d’ailleurs bien différente d’un hôtel à l’autre. L'hôtel d’Escoville est ainsi le plus célèbre bâtiment de la Renaissance caennaise avec l’abside de l’église Saint-Pierre. En construisant sur la principale artère de la ville un tel édifice si caractéristique de la Renaissance française, Nicolas le Valois d’Escoville donna une preuve de sa richesse, de sa puissance et de son goût pour la modernité architecturale.

Chaque lundi soir, la poste arrivait au carrefour Saint-Pierre, véritable nœud de communication, et apportait de Paris la Gazette et les livres nouveaux ; les gens lettrés prirent l’habitude de se donner rendez-vous afin de discuter des nouvelles en provenance de toute l’Europe et s’abritaient souvent dans l’hôtel d’Escoville où ils finirent par fonder en 1652 la première académie de province : l'actuel Académie des sciences, arts et belles-lettres de Caen.

La façade de l'hôtel d'Escoville sur la place Saint-Pierre

Les grandes opérations d'urbanismes à partir de l'époque classique

Au XVIIe siècle, les problèmes posaient par la congestion de la circulation se firent de plus en plus aigües du fait de la croissance démographique et de l’essor économique que connut la ville sous le règne personnel de Louis XIV. De grandes opérations de réaménagement furent lancées. La place fut considérablement agrandie entre 1629 et 1635 quand la ville fit détruire les maisons qui formaient la rue du Change et la rue de la Pâtisserie, ou de la Cuisinerie (entre le carrefour Saint-Pierre et la place du Marché au Bois) ; on déplaça également la partie du cimetière de l’église Saint-Pierre qui se trouvait derrière ces maisons. Une véritable place fut ainsi formée dans le deuxième quart du XVIIe siècle. À la même époque, on aménagea la place Royale qui offrit un nouvel accès entre les paroisses Saint-Jean et Notre-Dame, ce qui permit de désengorger le Pont Saint-Pierre. Mais ces aménagements furent insuffisants. Au XVIIIe siècle, la ville de Caen entra dans un important processus de modernisation et d’embellissement qui toucha l’ensemble de la cité. Les fortifications furent alors en grande partie démantelées ; en 1754, le Châtelet fut détruit et l’hôtel de ville déplaçait dans l’hôtel d’Escoville.

En 1793, l’église Saint-Pierre fut transformée en Temple de la Raison. En 1792, la municipalité installa l’hôtel de ville, à l’étroit dans l’hôtel d’Escoville, dans le séminaire des Eudistes sur la place Royale et dorénavant l’arrivée des coches et diligences se fit également sur cette place  ; le centre politique et administratif de la ville se déplaça donc en partie dans ce quartier qui fut conforté dans ce rôle par la construction de l’hôtel de la Préfecture au bout de la rue Saint-Laurent. Mais la place Saint-Pierre a gardé de forts éléments de centralité ; après le déménagement des édiles dans l’ancien séminaire des Eudistes, la Bourse de Commerce, la Chambre de Commerce de Caen, le Tribunal de commerce et le Conseil des Prud'hommes s’installèrent dans l’hôtel d’Escoville. C’était également un élément majeur de la scène culturelle caennaise puisqu’il accueillit la Société des Beaux-arts, ainsi que la Société philharmonique du Calvados qui put y organiser des concerts.

Place Saint-Pierre à la Belle Époque

Au XIXe siècle, la place poursuivit progressivement sa modernisation. En 1816, on pava de nouveau la place Saint-Pierre ; on découvrit alors des souterrains qui se dirigeaient vers le Château et dans lesquels avaient été aménagés des réservoirs remplis d’une eau très limpide qui devaient probablement fournir de l'eau et des vivres à la garnison quand le Château était assiégé. En 1862, le cours de l’Odon fut couvert et on créa le boulevard Saint-Pierre (boulevard des Alliés depuis 1918 pour la section entre la place Saint-Pierre et la place Courtonne). La place fut alors aménagée en square où les Caennais venaient discuter et se promener. En 1901, on inaugura le réseau de tramways électriques dont la place Saint-Pierre était le centre ; la ligne 3 (Pont de Courtonne <> Venoix) y croisait le tronc commun des lignes 1 (Gare de l'Ouest <> Gare Saint-Martin) et 2 (Octroi de Falaise <> Maladrerie). Le jardin public sur la place fut transformé en terre plein pour accueillir la station de tram. En 1937, les tramways furent remplacés par des autobus et on détruisit l’abri de tram dont le style rappelait les bouches de métro parisien créées par Hector Guimard.

La Seconde Guerre mondiale et la Reconstruction

Place Saint-Pierre en 1946

En 1944, le quartier Saint-Pierre fut sévèrement touché par les bombardements. Le clocher et le toit de l’église furent détruits. De l’hôtel d’Escoville, seul subsistait la cour intérieure très abîmée ; la façade sur la place et le mur extérieur de l’aile sud avaient été pulvérisés. Tout le quartier qui s’étendait entre la place et le château n’était plus qu’un champ de ruine ; il en était de même pour le boulevard des Alliés, comme d’ailleurs pour l’ensemble du quartier Saint-Jean. Au début des années 50, des immeubles de type haussmannien furent construits sur le boulevard des Alliés ; on construisit également le bâtiment à l’angle du boulevard Maréchal-Leclerc et de la rue Saint-Jean devant l’hôtel de Than. L’église Saint-Pierre fut restaurée en 1952-1953. Entre 1958 et 1963, l’hôtel d’Escoville fut restauré ; la façade actuelle, déplacée d’un mètre par rapport à son ancien alignement, était censée respecter le volume du nombre d’étages et dans une certaine mesure le régime des pleins et des jours de l’ancienne façade, mais sans être une réplique à l’identique de celle-ci. Les commerces encadrant l’hôtel d’Escoville et les bâtiments de la rue Saint-Pierre formant l’angle avec la place furent également construits à la fin des années 50 et au début des années 60.

Les coteaux du château ne furent pas lotis et la place Saint-Pierre s’ouvre donc aujourd’hui au nord vers l'ensemble fortifié médiévale. La vue sur la forteresse de Guillaume le Conquérant a ainsi été dégagée, mais la place Saint-Pierre en elle-même a perdu en pittoresque. Il est difficile d’imaginer qu’elle ait pu être le cœur de la ville pendant plus d’un millénaire ; désormais, elle fait davantage office de porte d’entrée de l’hyper-centre. L'hôtel d'Escoville abrite toutefois l'Office du tourisme et l'une des plus importantes artothèques de France. Depuis 2002, la place est traversée par le transport sur voie réservée, appelé couramment tramway, et a été aménagée en un vaste parvis minéral. Depuis 2004, le chevet de l’église Saint-Pierre est en cours de restauration.

Monuments

  • Église Saint-Pierre
  • Hôtel d'Escoville
    • Artothèque de Caen et siège de l'Association de recherche et de développement sur les artothèques[1]
    • Office du tourisme de Caen

Transport en commun

L'arrêt Saint-Pierre est l'un des principaux pôles d'échanges du réseau de transport en commun caennais. Il est desservi par les réseaux Twisto et Bus verts.

Tramway-T.svg

Tram


Paris logo bus jms.svg

Bus Twisto


Paris logo bus jms.svg

Bus Verts

  • Ligne BV1 (Saint-Aubin-d'Arquenay <> Caen - Gare routière)
  • Ligne BV4 (Villons-les-Buissons ou Mathieu <> Caen - Gare routière)
  • Ligne BV36 (Sannerville <> Caen Place Courtonne)
  • Ligne BV10 (Eterville <> Caen Gare SNCF)

Notes et références

  1. Voir le site de l'Artothèque de Caen.

Articles connexes

Liens externes

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