- Architecture à New York
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Connue pour les gratte-ciel de Manhattan, la ville de New York recèle bien d'autres formes d'architecture qui constituent un résumé de l'histoire de l'architecture américaine et de l'architecture contemporaine.
Sommaire
Histoire de l'architecture new-yorkaise
L'architecture coloniale
Faisant partie des 13 colonies britanniques de la côte orientale de l'Amérique du Nord, la ville de New York reçut d'abord les influences architecturales britanniques. La plus ancienne église de Manhattan, la chapelle Saint-Paul (1766) est un exemple de style anglais avec une flèche unique qui s'élève aujourd'hui au milieu des gratte-ciel.
Après la guerre d'indépendance, le style géorgien continue d'être utilisé (église Saint-Mark-in-the-Bowery, 1799, dans l'East village) mais se trouve bientôt relayé par le style Greek Revival au nord de Washington Square Park et dans le Federal Hall.
L'architecture néogothique (XIXe siècle)
Le style néogothique apparaît et sera utilisé jusqu'au XXe siècle, y compris pour les gratte-ciel. Richard Upjohn (1802-1878) se spécialise dans les églises rurales du nord-est mais son œuvre majeure reste Trinity Church à New York. Son architecture en grès rouge fait référence au XIVe siècle européen.
Toujours à New York, c'est à James Renwick Jr que l'on doit la cathédrale Saint-Patrick, synthèse élégante des cathédrales de Reims et de Cologne. Le projet lui fut confié en 1858 mais complètement achevé par l'élévation des deux flèches en façade en 1888. L'utilisation de matériaux plus légers que la pierre permet de se passer d'arc-boutant et contreforts extérieurs.
Le Woolworth Building, œuvre de l'architecte Cass Gilbert (1913), avec ses 60 étages, dépassait alors la Metropolitan Life Tower. Les trois premiers niveaux sont parés d'un beau calcaire remplacé au niveaux suivants par de la terre-cuite. La tendance néogothique a poussé l'architecte à ajouter des faux contreforts et des gargouilles. Compte-tenu du gigantisme de l'édifice, les éléments décoratifs ont été surdimensionnés afin d'être aperçus depuis la rue. En 1924, Raymond Whood s'occupe de l'American radiator building de New York qu'il habille de couleurs et qu'il coiffe d'une décoration de terre cuite dorée, éclairée la nuit. L'architecture commence alors à servir de support publicitaire.
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, New York connaît de profonds bouleversements : sa population augmente fortement. La révolution industrielle apporte de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques, la bourgeoisie d'affaires se développe.
Les Cast-iron Buildings
Au milieu du XIXe siècle, de nouvelles méthodes de fabrication directe de l'acier apparaissent (procédé Sidney Gilchrist Thomas, fours Bessemer et Siemens-Martin). Ces découvertes, permettent la fabrication en masse d'un acier de « qualité » pour un coût de plus en plus réduit. Les fabricants de fonte font valoir les qualités du métal en architecture : les pièces standardisées réduisent le coût de la construction. Les risques d'incendies sont diminués grâce au procédé d'ignifugation de l'ossature. James Bogardus (1800-1874) est l'un de ces entrepreneurs qui fait la publicité de ce mode de construction lié à la révolution industrielle et appelé cast-iron building.
Plusieurs usines et magasins utilisent cette technique à New York, comme l'immeuble Haper, construit en 1854 et qui imite la façade d'un palais de la Renaissance. Daniel Badger (1806-1884) fabrique les éléments métalliques qui décorent la façade de l'E.V. Haughwout Building à SoHo, dont les plans sont dus à John P. Gaynor. Il est doté du premier ascenseur à vapeur Otis qui dessert les cinq étages. Les fenêtres sont encadrées par des colonnes corinthiennes et l'ensemble est surmontée d'une corniche minutieusement ornée.
Le quartier de SoHo abrite la plus importante concentration de cast-iron buildings à New York. Ces immeubles comportent en général cinq à six étages. Leurs façades se caractérisent par de grandes baies vitrées et la présence d'escaliers extérieurs rajoutés au début du XXe siècle. Les éléments de décoration sont nombreux et empruntés à l'architecture classique européenne de styles Renaissance ou Second Empire : colonnes, arcades, corniche, balustrades, frises, etc. Aujourd'hui, beaucoup de ces anciens entrepôts ou usines sont reconverties en lofts, en bureaux, en galeries d'art ou en boutiques. Ils font l'objet de restaurations depuis les années 1970.
Les gratte-ciel
Un gratte-ciel est un immeuble de très grande hauteur. Il n'existe pas de définition officielle ni de hauteur minimale à partir de laquelle on pourrait qualifier un immeuble de gratte-ciel, la notion de gratte-ciel étant essentiellement relative : ce qui est perçu comme gratte-ciel peut varier fortement en fonction de l’époque ou du lieu. Toutefois la société Emporis qui recense les gratte-ciel de la planète utilise la limite inférieure de 100 mètres pour caractériser un gratte-ciel. Cette hauteur ne correspond pas à la hauteur maximale de l'édifice, mais correspond à sa hauteur « structurelle » c'est-à-dire qui ne prend pas en compte les antennes rajoutées par la suite (d'où les différents chiffres pour estimer la hauteur d'un gratte-ciel)
Les débuts (1873)
La construction et l'utilisation des gratte-ciel furent rendues possibles grâce à l'invention de l'ascenseur et au progrès de la sidérurgie. Le plan en damier et la spéculation foncière dans le centre de New York ne sont pas étrangers au succès de ce mode de construction. Enfin, le regroupement des entreprises et la compétition capitaliste incitent à l'élévation verticale des bâtiments.
Il est difficile de dire quel est le premier gratte-ciel de l'Histoire. Les New-yorkais affirment qu'il s'agit du New York Tribune Building, dessiné par Richard Morris Hunt et terminé en 1873 (78 mètres).
D'autres considèrent que c'est le Home Insurance Building (1884-1885) à Chicago édifié par les fondateurs de l'école de Chicago. À New York, on choisit de doter les buildings d'une base à plan rectangulaire, surmontée d'une tour.
Réflexions sur les gratte-ciel
Rapidement, plusieurs architectes américains (Louis Sullivan ...) critiquent cette nouvelle architecture verticale. L'élévation vertigineuse des buildings empêchent la lumière d'atteindre le sol. Le plan orthogonal entraîne un engorgement de la circulation. Enfin, des problèmes nouveaux de sécurité émergent, notamment en matière d'incendie. Dès 1916, pour répondre à ces difficultés est adoptée à New York une loi sur le zonage (Zoning Law). Le règlement oblige les architectes à adapter la hauteur des immeubles à la largeur des rues. Il reste en vigueur jusqu'en 1961. Cela donne lieu à la construction d'édifices pyramidaux tels que le Seagram Building (Ludwig Mies van der Rohe et Philip Johnson, 1958) qui ménage un retrait de 28 mètres par rapport à Park Avenue.
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Singer Building, 1908, New York, un de plus grands bâtiments jamais demoli.
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Woolworth Building, 1913, New York
Le Pont de Brooklyn (1867-1883)
Article détaillé : Pont de Brooklyn.Le Pont de Brooklyn est emblématique de cette période et de la ville de New York. Il donne l'image positive du progrès en marche et il peut être comparé à la Tour Eiffel, car il est l'œuvre d'un ingénieur, John Augustus Roebling et parce qu'il a été critiqué par une partie de contemporains. Les arcs en ogive rappellent la tendance historiciste, mais les câbles en acier ainsi que la performance technique (480 mètres de portée, une des constructions les plus hautes de la ville à la fin du XIXe siècle) en font un édifice résolument moderne.
Quand il fut achevé, le profil aérodynamique du pont n'avait pas encore été mis à l'épreuve. À cette époque, on n'utilisait pas de soufflerie pour réaliser des essais sur modèles réduits. Le concepteur choisit d'être particulièrement prudent et fit construire des armatures six fois plus résistantes que celles qu'il estimait nécessaires. Il put ainsi continuer son ouvrage quand il constata que les câbles livrés par un sous-traitant étaient moins solides que prévu.
À partir des années 1920, le style Beaux-Arts est concurrencé par la tendance Art déco. Pourtant, les grandes institutions new-yorkaises continuent d'être construites selon les normes des Beaux-Arts et en utilisant des éléments classiques.
Les gratte-ciel Art Déco (années 1920-1930)
Dès les années 1920, l'influence de l'Art Déco se fait sentir dans l'architecture new-yorkaise. Le parti pris de la simplification géométrique, de la stylisation et de l'emploi de matériaux luxueux s'illustre essentiellement dans les gratte-ciel du Chrysler Building, Empire State Building, Chanin Building, Daily News Building et McGraw-Hill Building). Mais le Rockefeller Center marque l'idée de construire une ville dans la ville à une période de doutes liée à la crise économique. La rapidité avec laquelle l'Empire State Building a été érigé témoigne de la rationalisation des techniques de construction : l’une des sept merveilles du monde moderne a nécessité un chantier qui dura moins de deux ans.
Le style international (années 1930-1970)
Des années 1930 aux années 1960, le Style international et l'influence de l'école du Bauhaus sont visibles dans la métropole new-yorkaise : le Style international se présente comme une tendance résolument moderniste et recherche le dépouillement dans la décoration. Le siège de l'ONU est l'illustration la plus remarquable du style international après 1945. Il fut construit le long de l'East River sur un terrain acquis grâce à une donation de John Davison Rockefeller Junior. Il a été inauguré le 9 janvier 1951 et devient le symbole de l'internationalisme et du progrès. Il applique la conception de bâtiments séparés selon leur fonction. Le gratte-ciel abritant le secrétariat des nations unies culmine à 164 mètres et se présente sur deux faces comme un mur-rideau de verre et aluminium, alors que les autres côtés sont couverts de plaques de marbre.
L'Allemand Walter Gropius enseigne l'architecture à Harvard et construit avec Pietro Belluschi l'immeuble controversé de la Pan Am à New York (1963). Il forme les grands architectes de la génération suivante. Ludwig Mies van der Rohe arrive aux États-Unis en 1937 et applique ses conceptions du classicisme moderniste dans le Seagram Building (1958).
Les recherches d'un postmodernisme
Les années 1970 marquent un tournant dans l'architecture américaine : le choc pétrolier et la prise en compte du patrimoine du pays constituent la nouvelle donne pour les architectes. On assiste alors à la critique du style international et de sa tendance au minimalisme et à l'austérité. De nombreux architectes prennent le parti de réhabiliter le style Beaux-Arts, Art Déco et n'hésitent pas à mélanger les styles. Les œuvres majeures du postmodernisme sont le Lincoln Center et le Metropolitan Opera (New York, 1962-1966). L'American Telephone and Telegraph Company dessiné par Philip Johnson dispose d'une arc d'entrée monumental sur 8 niveaux et d'un sommet en forme de fronton inachevé ; il a été largement critiqué.
Enfin, les musées ont besoin d'un renouvellement architectural pendant cette période. On pense en premier lieu au Musée Guggenheim. Le Metropolitan Museum of Art se dote de nouvelles ailes confiées à John Dinkeloo et Kevin Roche qui utilisent de grandes verrières (aile Sackler par exemple).
Période actuelle
Les attentats du 11 septembre 2001 ont provoqué l'engagemenent d'une réflexion sur les gratte-ciel. Les exigences écologiques (architectutre verte), l'utilisation de l'informatique ont bouleversé la façon d'appréhender la construction. Augmentation de la diversité grâce aux nouveaux matériaux (acier tendu, structures membranes). Les projets concernent des surfaces étendues, parfois des quartiers entiers : le Rockefeller Center en était un précurseur dans les années 1940. La réflexion est portée aussi sur la réhabilitation des centres-villes américains : rénovation du quartier de Harlem par Roberta Wash. Un des architectes les plus en vogue au début des années 2000 est l'Italien Renzo Piano qui travaille sur plusieurs projets : la Pierpont Morgan Library (terminée en avril 2006), la tour du New York Times sur le 8e avenue, l'agrandissement du Whitney Museum ou encore le nouveau campus de l'Université Columbia[1].
L'architecture par quartier
Notes et références
- Le Monde web, 12 mai 2006 Frédéric Edelmann, « Renzo Piano conquiert l'Amérique », dans
Voir aussi
- Architecture
- Architecture à Chicago
- Architecture aux États-Unis
- Urbanisme
- Liste des cinquante plus hauts immeubles de New York
Liens externes
- (fr) Styles de l'architecture new-yorkaise - Sur insecula.com
- (fr) Renzo Piano conquiert l'Amérique - Frédéric Edelmann, Le Monde, 13 mai 2006
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