Néolithisation

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Néolithique

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Âge de la pierre

Le Néolithique est une époque préhistorique marquée par de profondes mutations techniques et sociales, liées à l’adoption par les groupes humains d’une économie de production fondée sur l’agriculture et l’élevage, et impliquant le plus souvent une sédentarisation. Les principales innovations techniques sont la généralisation de l'outillage en pierre polie et de la poterie en céramique.

Dans certaines régions, ces importantes mutations sont relativement rapides et certains auteurs ont pu parler de « révolution néolithique » (cf. infra). La néolithisation est toutefois un phénomène progressif, survenu à des dates différentes selon les régions. Au Proche-Orient, le Néolithique débute autour de 9 000 ans av. J.-C. Il prend fin avec la généralisation de la métallurgie et l’invention de l’écriture, autour de 3 300 ans av. J.-C.

Sommaire

Apparition du concept et définition

Hache polie néolithique

Le mot « Néolithique » (du grec νέος, néos, nouveau, et λίθος, líthos, pierre) signifie littéralement Âge de la pierre nouvelle. Ce terme a été proposé en 1865 par le préhistorien John Lubbock[1]..

Le Néolithique a également été souvent qualifié d’Âge de la pierre polie puisqu’il est marqué par la systématisation du polissage de certains outils de pierre. Il convient toutefois de souligner que le polissage est déjà connu au Paléolithique supérieur même s’il est très rare. Par ailleurs, les outils polis ne sont pas les seuls utilisés au Néolithique et le polissage suit toujours une phase de façonnage par percussion.

La définition initiale, fondée sur une innovation technique, a progressivement cédé la place à une définition socio-économique : au Néolithique, les groupes humains n’exploitent plus exclusivement les ressources naturellement disponibles mais commencent à en produire une partie. La chasse et la cueillette continuent à fournir une part substantielle des ressources alimentaires mais l’agriculture et l’élevage jouent un rôle de plus en plus important. L’agriculture implique le plus souvent l’adoption d’un habitat sédentaire et l’abandon du nomadisme des groupes de chasseurs-cueilleurs paléolithiques et mésolithiques.

Cette mutation a souvent été présentée comme un affranchissement vis-à-vis des contraintes environnementales : les groupes humains contrôleraient l’environnement et seraient à l’abri des disettes liées aux aléas climatiques. La néolithisation conduirait à une véritable explosion démographique. Les travaux d’ethnologues tels que Marshall Sahlins incitent à relativiser ces points de vue : une économie basée sur l’agriculture implique souvent un surcroît de travail et l’abondance des récoltes reste dépendante des conditions climatiques[2]. La forte croissance démographique liée à l'adoption de l'agriculture reste avant tout théorique et difficilement démontrable scientifiquement.

La « révolution néolithique »

Article détaillé : révolution néolithique.

L’expression « révolution néolithique » a été introduite par l’archéologue australien Gordon Childe[3],[4],[5]. Elle fait référence à un changement radical et rapide, marqué par le passage d’une économie de prédation (chasse, cueillette) à une économie de production (agriculture, élevage) [6].

Cette hypothèse d'un changement rapide, si elle est encore largement discutée par les préhistoriens, s'oppose aujourd'hui à la théorie d'une évolution plus progressive[7],[8]. En effet, l’adoption de l’agriculture ne s’avère pas aussi rapide qu’on pouvait le croire durant la première moitié du XXe siècle. De plus, elle n’est ni synchrone à l’échelle des différents continents, ni universelle. Les premiers agriculteurs exploitaient encore les ressources naturelles et certains groupes ont conservé une économie de chasseur-cueilleur jusqu’à nos jours. Il existe également des exemples de groupes de pasteurs nomades. L'adoption d'une économie de production semble être un phénomène progressif, initié selon certains auteurs dès le début du Mésolithique[9].

Si la néolithisation est une des étapes majeures de l'aventure humaine, au même titre que la domestication du feu ou la révolution industrielle, le fait de la qualifier de révolution a été critiqué dans la mesure où l'adoption des innovations qui la caractérisent n'est ni brutale, ni simultanée [6].

Chronologie

Chèvre domestique

La chronologie du Néolithique est particulièrement délicate à établir puisqu'elle diffère en fonction des régions du monde et en fonction des critères de définition que l'on retient. Plutôt qu'une époque, le Néolithique est considéré par certains auteurs comme un stade culturel défini par un ensemble de traits techniques, économiques et sociaux [6].

Il existe toutefois un consensus assez large pour reconnaître qu'un des foyers de néolithisation les plus anciens se situe dans le croissant fertile, au Moyen-Orient. Vers la fin du IXe millénaire av. J.-C., les groupes humains, déjà en partie sédentaires, commencent à y domestiquer les animaux (mouton, chèvre) et les plantes (blé, orge suivis de légumineuses). Au début du VIIe millénaire av. J.-C. : fabrication de poteries et pratique du tissage.

Les nouvelles connaissances et les nouvelles pratiques qui caractérisent le Néolithique du Proche-Orient vont progressivement gagner l'Europe de l'Ouest et le pourtour de la Méditerranée à partir de 6 500 av. J.-C. Elles suivent différentes voies et différents moyens de propagation, qu'il s'agisse de diffusion des pratiques ou de migrations de populations.

D'autres foyers de domestication des plantes et des animaux  :

Variétés péruviennes de maïs

La datation de la fin du Néolithique est également problématique. Si l'on ne considère que la période chronologique, elle prend fin avec le développement de l'utilisation technique des métaux et le début de l'Âge du Bronze, soit vers 2 500 av. J.-C. en Europe occidentale. Le Chalcolithique est une période intermédiaire marquée par l'émergence du travail de certains métaux (cuivre, or, argent) mais encore rattachée au Néolithique par de nombreux aspects (industrie lithique et osseuse, céramique, mégalithisme).

Le Néolithique dans le monde

Innovations techniques

Haches polies découvertes dans le dépôt de Bernon (Arzon, Morbihan).
Ces pièces de grandes dimensions (15 à 28 cm) datent du Ve millénaire av. J.-C.. Certaines sont en fibrolite locale, d'autres sont en roches vertes alpines et ont probablement été obtenues par échange.

Pierre polie

La technique du polissage est utilisée dès le Paléolithique supérieur pour le travail des matières dures animales (os, bois, ivoire) mais aussi, plus rarement, de la pierre, notamment au Japon. Elle est également attestée ponctuellement dans des sociétés de chasseurs-cueilleurs, comme dans le Mésolithique de la plaine russe ou chez les aborigènes d'Australie.

Toutefois la généralisation du polissage n’intervient qu’au Néolithique avec le développement des travaux de défrichage liés à l’agriculture. Cette technique permet en effet d’obtenir des haches et des herminettes aux tranchants réguliers et très résistants, qui pourront trancher les fibres du bois sans s'esquiller. Il est important de souligner que le polissage n’est que la dernière étape de la fabrication de la lame de hache et qu’elle intervient après un façonnage généralement bifacial.

Hache en pierre partiellement polie : la phase de façonnage est encore perceptible

Les outils de pierre polie sont réalisés à partir de roches dures (silex) ou de roches vertes tenaces, éruptives (basaltes, dolérites…) ou métamorphiques (amphibolites, éclogites, jadéites…). Les roches tenaces sont parfois travaillées par sciage ou bouchardage avant d’être polies. Le polissage s’effectue par frottement sur un polissoir dormant ou mobile (grès, granite, silex…)[10],[11].

L'archéologie expérimentale a permis de montrer que le rendement du polissage à la main était de l'ordre de 5 à 20 g par heure, soit jusqu'à une vingtaine d'heures de travail pour certaines grandes haches. Dans ces conditions, il peut paraître surprenant que le polissage s'étende à toute la surface de l'outil et pas seulement la zone active. Le soin apporté à la confection des outils polis n'a donc pas seulement des motivations techniques mais également esthétiques et sociales. Ce dernier point est appuyé par des études réalisées en contexte ethnographique[12].

Parallèlement au polissage, d’autres méthodes sont développées pour produire des outils et des armes de chasse. C’est le cas du débitage par pression, qui permet d’obtenir des lames et des lamelles très régulières. La retouche par pression, attestée dès le Solutréen, revêt une grande importance au Néolithique pour la finition de certaines armatures telles que les pointes de flèches à pédoncule et ailerons.

Céramique

Poterie du Jōmon naissant, environ 10 000 à 8 000 ans av. J.-C.

La céramique est souvent considérée comme une invention des groupes humains du Néolithique. L'utilisation de terre cuite à des fins non utilitaires est toutefois attestée dès le Paléolithique supérieur, notamment pour la réalisation de certaines Vénus gravettiennes[13]. Des figurines animales en terre cuite très anciennes sont également connues dans les sites ibéromaurusiens d'Afrique du Nord, dont l'âge est estimé à 20 000 ans BP.

La poterie (au sens originel de fabrication de récipients en terre cuite) fait son apparition chez plusieurs groupes de chasseurs-cueilleurs en voie de néolithisation en Russie, en Scandinavie et surtout au Japon, durant la période Jōmon. La poterie Jōmon apparaît entre 15 000 et 12 000 ans av. J.-C.[14]

Céramique linéaire du Rubané

Elle a également été inventée indépendamment et relativement anciennement au Proche-Orient : elle est attestée à Ganj-i Dareh (Iran) vers 7 000 ans av. J.-C., à Tell Mureybet[15] (Syrie) entre 7 000 et 8 000 ans av. J.-C. Il s'agit toutefois d'une invention en partie sans lendemain puisqu'il existe en Syrie et en Palestine un Néolithique précéramique qui perdure jusqu'au début du VIe millénaire av. J.-C.

Expansion néolithique de la culture cardiale et rubanée en Europe

La céramique est définitivement adoptée autour de 6 000 ans av. J.-C. en Syrie ; elle est attestée à Jarmo (Irak) vers 5 400 av. J.-C. et peu après en Asie mineure, dans les Balkans puis en Méditerranée occidentale. L'invention de la céramique est une étape majeure dans le développement des techniques humaines : il s'agit d'un matériau dont la transformation est irréversible. En effet, on ne peut pas obtenir de nouvelle argile à partir d'une terre cuite, car la structure moléculaire en a été irrémédiablement modifiée, alors que les outils en métal, même des alliages, peuvent à nouveau fournir les métaux qui les constituent.

La céramique est également une source d'information précieuse pour les archéologues : elle est à la fois relativement simple à fabriquer et assez fragile, tout en se conservant généralement bien. Elle va donc se renouveler et évoluer rapidement, donnant lieu à d'innombrables variantes en termes de formes et de décors, et ainsi servir de marqueur des différents courants culturels du Néolithique.

Âge des métaux

La fin du Néolithique est également marquée par l'émergence de la métallurgie. Au Chalcolithique, le cuivre mais aussi l'or et l'argent sont travaillés à l'aide de techniques simples telles que le martelage : à ce stade, les métaux sont utilisés à l'état natif, plus comme des pierres malléables que comme des métaux. Les techniques de transformation évolueront par la suite avec la découverte de la fusion puis des alliages, lors du passage à l'Âge des métaux.

Débuts de l'agriculture et changements dans la société

Articles détaillés : Origines de l'agriculture et Domestication.

L'apparition de l'agriculture est l'une des innovations néolithiques les plus lourdes de conséquences au niveau de l'organisation sociale. La sédentarisation a longtemps été considérée comme une conséquence de l'agriculture ; il est désormais acquis qu'elle l'a au contraire précédée, notamment au Natoufien. Le climat particulièrement favorable du croissant fertile permettait à des groupes de chasseurs-cueilleurs d'assurer leur subsistance grâce aux abondantes céréales sauvages de la région[16]. La pression démographique aurait conduit ces groupes à s'étendre vers des régions moins favorables où il était nécessaire de prendre soin des céréales et des légumineuses pour en tirer pleinement partie[17].

Pour J. Cauvin, l'explication de l'apparition de l'agriculture ne peut toutefois se résumer à des pressions environnementales ou démographiques mais est plus vraisemblablement socio-culturelle. Pour la première fois, les groupes humains ne se scindent pas lorsqu'ils atteignent le seuil critique au-delà duquel des tensions internes apparaissent : l'agriculture serait une solution pour créer de nouveaux rapports sociaux[18],[19].

Il est peu probable qu'il existe une explication unique à l'adoption de l'agriculture dans les différents foyers de néolithisation à travers le monde : le mil est domestiqué au Sahara, l'orge, le blé et l'engrain au Moyen-Orient, le millet (Setaria italica) dans le bassin du Fleuve Jaune, le riz dans le bassin du Yangzi Jiang en Chine, des plantes à tubercule en Asie du Sud-Est, le sorgho au Sahel, etc. Le radoucissement climatique consécutif à la fin de la Dernière Glaciation favorise la croissance des plantes, et la réussite de cette stratégie de subsistance. La chasse et la pêche sont cependant encore longtemps utilisées parallèlement à la culture et à l'élevage.

Si le chien a été domestiqué vers 10 000 ans av. J.-C. en Europe du Nord-Ouest par des chasseurs-cueilleurs, au Néolithique les animaux commencent à être domestiqués pour leur viande, mais aussi pour leurs productions complémentaires (lait, laine, cuir) ; l'utilisation de leur force de travail, comme animaux de trait, de bât ou de selle, intervient plus tardivement. Le choix se porte sur quelques espèces, les plus dociles ou les plus prisées. Au tout début du Néolithique, il est évidemment souvent très délicat de déterminer si des restes osseux appartiennent à un animal sauvage ou domestique, tant ils sont encore proches. Les dates de domestication des différentes espèces sont donc sujettes à de nombreux débats (voir dates et lieux de domestication).

Apparition de la hiérarchisation, de la guerre et des États

L'apparition du stockage des aliments et la constitution de réserves ont eu pour effet indirect un début de hiérarchisation de la société, avec la mise en place progressive d'une classe de guerriers pour protéger les champs et les réserves de la convoitise des groupes voisins. Le niveau supérieur de l'hypogée de Roaix (Vaucluse), daté de 2 090 ± 140 av. J.-C., a livré les squelettes imbriqués d'une quarantaine d'individus, hommes, femmes ou nouveau-nés, dont certains présentaient des pointes de flèches fichées dans les os du bassin ou au milieu du thorax : il s'agit de l'une des plus anciennes preuves d'inhumation collective à la suite d'un massacre et de l'un des premiers témoignages de guerre[20],[21].

La gestion des travaux de la terre faits en commun, celle des réserves de grain, la direction de la défense du territoire contre les voisins dans un monde devenu trop plein, tout ceci conduit à l'apparition d'administrations et d'États.

Sédentarisation et apparition des premières villes

Comme évoqué précédemment, dans certaines régions la sédentarisation a précédé la découverte de l'agriculture, lorsque l'environnement apportait une subsistance suffisante tout au long des saisons. Par ailleurs, celle-ci n'entraîne pas toujours la sédentarisation complète, certains groupes de pasteurs étant également nomades. Il existe également, en Inde et en Amazonie, des exemples de groupes d'agriculteurs nomades qui ne restent sur un territoire donné que le temps d'une récolte.

Mais l'agriculture impose généralement de se fixer de quelques mois, le temps de faire les récoltes, à quelques années, le temps que la terre s'épuise. Des constructions durables apparaissent, en torchis et en pierre, remplaçant les huttes de peaux des chasseurs-cueilleurs. Quand ces constructions se regroupent, naît alors le village. L'une des plus anciennes agglomérations est celle de Jéricho : les premières constructions de pierre y sont datées d'environ 9 000 ans av. J.-C. Elles sont légèrement antérieures à celles de Jarmo et de Khirokitia, à Chypre. L'agglomération de Çatal Hüyük, en Turquie, est l'exemple le plus éclatant d'une sédentarisation aboutie : extension sur 12 hectares, maisons à un étage en briques crues, toits en terrasses, peintures murales, il y a environ 8 500 ans. Dans la mesure où elle ne présente pas de véritable plan urbanistique, il convient toutefois de la considérer comme un grand village plutôt que comme une ville ou une proto-ville.

La fin du Néolithique en Europe est également connue pour ses « cités lacustres », qui ont déchaîné l'imagination des préhistoriens du début du XXe siècle. Il apparaît que si certaines habitations étaient parfois édifiées sur pilotis, le plus souvent elles étaient construites en bordure de lacs et n'ont été submergées que bien plus tard. Ces sites sont caractérisés par une conservation exceptionnelle des matériaux organiques. L'un des plus célèbres est celui situé au bord du lac de Chalain dans le Jura.

L'art

Combat d'archers dans un abri de Morella, Espagne.

L'art néolithique est extrêmement diversifié dans ses expressions. Les préoccupations esthétiques au Néolithique s'expriment à travers la décoration des objets utilitaires (céramique, haches polies) mais aussi par la réalisation de sculptures, de parures et d'œuvres rupestres.

Il existe de grandes différences régionales. En Europe, l'art figuratif est souvent beaucoup plus schématique et moins réaliste que l'art animalier du Paléolithique. L'art néolithique du Sahara allie des représentations animales très réalistes et des figures anthropomorphes souvent schématiques.

Article détaillé : Art néolithique.
Détail de peintures rupestres du Tassili datant d'environ 3 000 ans av. J.-C.

L'art néolithique vu par Élie Faure

Le passage du Paléolithique au Néolithique nous est raconté, du point de vue artistique, par un des plus grands auteurs d'histoire de l'art, Élie Faure. « Au début, tout, pour le primitif, est naturel, et le surnaturel n’apparaît qu’avec le savoir », nous dit-il.

Mais la religion estompe l'art pour établir sa supériorité. C’est sans doute ce qui arrivera au Néolithique, environ 6 000 ans après l’engloutissement, sous les eaux du déluge, de la civilisation du renne. Des changements climatiques interviennent, la planète à nouveau se réchauffe, les glaciers fondent et les eaux montent.

Quand enfin de nouvelles conditions climatiques se stabilisent et que renaît la civilisation, c’est sous une autre forme. Celle du chasseur de renne est morte à jamais. Nous sommes au Néolithique, l’homme est plus agriculteur que chasseur. Graines et animaux sont domestiqués, les tribus reconstituées se sédentarisent, les premières grandes cités apparaissent au Moyen-Orient et en Asie mineure.

Figurine anthropomorphe, Grèce

Voici surgir l'aube d’une nouvelle civilisation, « glacée par une industrie plus positive, une vie moins puissante, une religion déjà détournée de la source naturelle », nous dit Élie Faure. « Une civilisation à tendance scientifique prédominante », n'est-ce pas déjà la nôtre ?

Les belles formes mouvantes peintes sur les parois des cavernes du Paléolithique disparaissent à jamais. Dans ce monde de la pierre polie qui succède à celui de la pierre simplement éclatée déjà se profile le rationalisme du futur âge industriel. Il y a comme une marque de réprobation et probablement d’interdiction religieuse dans ce tabou vis-à-vis des formes humaines et animales. La religion nouvelle, outre à faire naître autant de dieux que d'hommes, se base sur l'astronomie davantage que sur la vie. L'esprit est tout, la forme dédaignée, avant d'être maudite parce qu'on y voit quelque « mauvais esprit » ou « mauvais œil », obstacle à la libération morale à venir au cours des millénaires jusqu'à nous, héritiers directs du Néolithique.

Alignement du quadrilatère du Manio, près de Carnac, France

« Une silhouette de mammouth à demi effacée sur la paroi d’une caverne nous en dit plus sur l’esprit de l’homme qui l’y a gravée en quelques heures, qu’une plaine couverte de mégalithes sur des foules qui ont mis des siècles à les dresser », dira Élie Faure.

Notes et références

  1. J. Lubbock, 1865, Prehistoric Times, Londres, Williams and Norgate.
  2. M. Sahlins, 1972, Âge de pierre, âge d'abondance. Économie des sociétés primitives (1976 pour la traduction française), ISBN 2-07-029285-1
  3. V. Gordon Childe, 1925, The Dawn of European Civilization, Londres.
  4. V. Gordon Childe, 1929, The Danube in Prehistory, Oxford.
  5. V. Gordon Childe, 1936, Man Makes Himself, London, Watts & Co., 274 p.
  6. a , b  et c J. Leclerc et J. Tarrête (1988) « Néolithique », in: Dictionnaire de la Préhistoire, Leroi-Gourhan, A., Éd., PUF, p. 773-774.
  7. Dan Semenescu, Apparition des formes urbaines : institutions symboliques et structures matérielles au Sud-est de l'Europe, Zeta Books, 2008
  8. Önhan Tunca, La « révolution » néolithique, Bulletin de la Société Royale des Sciences de Liège, vol. 73, 4, 2004, pp. 211-223
  9. Lewis Mumford [réf. nécessaire]
  10. J. Pelegrin, 1988, « Polissage », in: Dictionnaire de la Préhistoire, Leroi-Gourhan, A., Éd., PUF, p. 773-774.
  11. P. Pétrequin et Ch. Jeunesse (dir.), 1995, La hache de pierre : carrières vosgiennes et échanges de lames polies pendant le Néolithique (5400 - 2100 av. J.-C.), Paris, Errance, 132 p.
  12. P. Pétrequin et A.-M. Pétrequin, Écologie d'un outil : la hache de pierre en Irian Jaya (Indonésie), Paris, CNRS, Monographies du CRA 12, 1993.
  13. H. Delporte, 1993, L’image de la femme dans l’art préhistorique, Éd. Picard , ISBN 2-7084-0440-7
  14. M.N. De Bergh (1988) « Jomon (complexe culturel) », in: Dictionnaire de la Préhistoire, Leroi-Gourhan, A., Éd., PUF, p. 561-562.
  15. J. Cauvin, 1977, Les fouilles de Mureybet (1971-1974) et leur signification pour les origines de la sédentarisation au Proche-Orient, Annuals of the American School of Oriental Research, 44, p. 18-48.
  16. (en)J.R. Harlan, 1967, « A wild harvest in Turkey », Archaeology, t. 20, p. 197-201.
  17. (en)K.V. Flannery, The ecology of early food production in Mesopotamia, Science, t. 147, p. 1247.
  18. J. Cauvin, 1994, Naissance des divinités, naissance de l'agriculture : la révolution des symboles au Néolithique, (réédité par Flammarion, collection "Champs", 1998, ISBN 2-08-081406-0)
  19. J. Cauvin, 1978, Les premiers villages de Syrie-Palestine du IXe au VIIe millénaire av. J.-C., Lyon, Maison de l'Orient méditerranéen.
  20. J. Courtin, 1974, Le Néolithique de la Provence, Paris, Mémoires de la Société Préhistorique Française, t. 11, 359 p.
  21. « Des Pierres et des morts », passage d'une interview de J. Courtin consacré à l'hypogée de Roaix.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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