- Nagako Kuni
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Kōjun
L'impératrice Kōjun (香淳 皇后, Kōjun kōgō?, 6 mars 1903 - 16 juin 2000) était une impératrice-consort du Japon. Née princesse Nagako de Kuni (久邇宮 良子 女王, Kuni-no-miya Nagako joō?), elle était l'épouse de l'empereur Shōwa et la mère de l'actuel empereur du Japon, (Akihito), ainsi que de six autres enfants dont cinq filles. Son nom posthume, Kōjun, signifie « pureté parfumée ».
Sommaire
Origines, enfance et formation
Née à Tōkyō le 6 mars 1903, elle est le troisième enfant et la première fille du prince Kuniyoshi de Kuni (久邇宮 邦彦 王, Kuni-no-miya Kuniyoshi ō?), membre d'une Ōke (王家) ou maison princière mineure de la famille impériale issue de la lignée de Shinnōke (親王家) Fushimi, et de Chikako Shimazu, fille du prince Shimazu Tadayoshi qui fut le dernier seigneur féodal de Satsuma. Par son père, elle est la nièce des princes Yasuhiko Asaka (officier de carrière dans l'Armée impériale japonaise, commandant des forces d'invasion de Nankin en 1937 et dont le rôle dans le Massacre de Nankin est discuté parmi les historiens de la période[1],[2]) et Naruhiko Higashikuni (il fut Premier ministre pendant 54 jours après la reddition du 14 août 1945).
Elle est aussi par son père la cousine germaine de Yi Bangja (Hangeul:이방자; Hanja: 李方子), née princesse Masako de Nashimoto (梨本宮 方子, Nashimoto-no-miya Masako?), dernière princesse héritière de Corée par son union avec le prince Euimin (Hangeul:의민태자; Hanja: 懿愍太子), septième fils de l'empereur Kojong et fils cadet de l'empereur Sunjong. Elle était donc apparentée au prince Gu, empereur titulaire de Corée de 1970 à 2005.
Elle fait toute sa scolarité à partir de 1907, de l'école maternelle au lycée, au département pour filles de l'illustre école Gakushūin, réservée aux enfants de l'aristocratie japonaise, à Tōkyō, de 1909 à 1916. Après avoir été choisie comme fiancée pour le prince héritier Hirohito, elle reçoit également une éducation, dispensée par sept tuteurs, en littérature chinoise et japonaise, en français, en calligraphie, en composition poétique et est formée à l'étiquette de la cour[3].
Mariage
Elle et le prince héritier Hirohito se fiancent le 19 juin 1921, et se marient le 26 janvier 1924. Elle aurait été remarquée par l'impératrice Shōken lors des funérailles de l'empereur Meiji en 1912, puis, invitée avec d'autres princesses et filles de l'aristocratie à prendre le thé avec l'impératrice Sadako au pavillon des concubines du palais impérial le 14 janvier 1914, c'est là qu'elle aurait été finalement choisie par Hirohito qui observait la scène de derrière un paravent[3].
Ce mariage rompt ainsi avec la tradition qui voulait que l'épouse officielle de l'empereur soit issue de l'une des cinq branches du clan Fujiwara. De plus, elle est la première impératrice depuis la restauration Meiji à descendre d'anciens daimyo, par sa mère. Pour ces raisons, plusieurs figures des grandes familles de la cour impériale s'opposèrent à cette union, dont surtout le prince Aritomo Yamagata, maréchal et ancien Premier ministre[3]. Mais elle reçoit alors le soutien de l'empereur Taishō lui-même et le mariage est officiellement annoncé le 19 juin 1921.
Le couple impérial aura alors sept enfants, dont deux fils et cinq filles, qui porteront à leur naissance la titulature suivante:
- Princesse Teru (Shigeko) (照宮 成子, Teru-no-miya Shigeko?, 9 décembre 1925-23 juillet 1961), qui a épousé le 10 octobre 1943 le prince Higashikuni Morihiro (à la fois petit-fils de l'empereur Meiji par sa mère et cousin germain de l'impératrice Nagako). La constitution de 1947 non seulement exclut la princesse Shigeko, désormais simplement appelée Mme Shigeko Higashikuni, de la famille impériale mais en plus retire tous ses titres et biens nobiliaires au prince Morihiro.
- Princesse Hisa (Sachiko) (久宮 祐子, Hisa-no-miya Sachiko?, 10 septembre 1927-8 mars 1928).
- Princesse Taka (Kazuko) (孝宮 和子, Taka-no-miya Kazuko?, 30 septembre 1929-28 mai 1989), qui a épousé le 20 mai 1950 Toshimichi Takatsukasa, issu du clan aristocratique des ducs de Nobusuke, abandonnant donc le même jour son appartenance à la famille impériale et donc dénommée par la suite Mme Kazuka Takatsukasa.
- Princesse Yori (Atsuko) (順宮 厚子, Yori-no-miya Atsuko?, née le 7 mars 1931), qui a perdu son statut de princesse impériale après son mariage le 10 octobre 1952 avec Takamasa Ikeda, fils d'un ancien marquis, et est donc depuis lors connue comme Mme Atsuko Ikeda.
- Prince Tsugu (Akihito) (継宮 明仁, Tsugu-no-miya Akihito?, né le 23 décembre 1933), l'actuel empereur Akihito.
- Prince Yoshi (Masahito) (義宮 正仁, Yoshi-no-miya Masahito?, né le 28 novembre 1935), qui a fondé sa propre maison cadette de la famille impériale suite à son mariage le 1er octobre 1964 avec Hanako Tsugaru (elle-aussi issue d'une ancienne famille aristocratique) et depuis lors titré Prince Hitachi (常陸宮, Hitachi-no-miya?). Il est actuellement en quatrième position dans l'ordre de succession au trône du Japon.
- Princesse Suga (Takako) (清宮 貴子, Suga-no-miya Takako?, née le 3 mars 1939), qui a quitté la famille impériale le 3 mars 1960 à l'occasion de son mariage avec Hisanaga Shimazu (ancien comte) pour devenir par la suite Mme Takako Shimazu.
Impératrice du Japon
Devenue impératrice consort (皇后, Kōgō?) suite à l'accession au trône de son époux le 25 décembre 1926, puis devenue après le décès de ce dernier le 7 janvier 1989 impératrice douairière (皇太后, Kōtaigō?), elle sera ainsi impératrice sans discontinuer pendant 73 ans, de 1926 à son propre décès le 16 juin 2000, détenant alors le record de longévité dans cette charge.
Contrairement à son époux, souvent aperçu sur son étalon Sirayuki lors des parades militaires, elle fera peu d'apparition publique en tant qu'impératrice avant 1947, sauf lors d'événements spéciaux comme lors des célébration pour le 2 600e anniversaire de la fondation mythique de l'Empire (1940) ou en 1942, pour la conquête de Singapour ou lors de la 13e rencontre nationale d'entraînement physique du sanctuaire Meiji. [4]
Après la Seconde Guerre mondiale, elle devient plus présente en remplissant notamment un rôle caritatif en tant que présidente honoraire de la Croix Rouge japonaise à partir du 10 janvier 1947, ou encore en visitant des orphelinats, des familles touchées par la guerre ou des anciens combattants. Elle accompagne également son époux dans ses déplacements à travers le Japon ou encore à l'étranger, faisant d'eux le premier couple impérial à quitter le Japon lors d'un tour en Europe de septembre à octobre 1971, ou encore aux États-Unis en 1975. Son élégance et son sourire lui vaut alors à l'étranger le surnom de « Smiling Empress », ou impératrice souriante[5].
Elle participe alors largement aux tentatives des gouvernements japonais et des Américains pour rompre avec l'image traditionnelle de dieu-vivant de l'empereur et de présenter donc la famille impériale comme une famille normale.
En-dehors de cela, elle garde une vision assez traditionnelle de sa fonction et de la famille impériale, et s'oppose ainsi dans un premier temps au mariage de son fils et futur empereur Akihito avec Michiko Shōda qui, bien qu'issue d'une grande famille d'industrielle ne provenait pas de l'aristocratie et restait donc une roturière. Les relations entre les deux femmes seraient restées tendues après le mariage, l'impératrice ayant, selon certaines rumeurs, poussée sa belle-fille à la dépression dans les années 1960[6].
Toutefois, elle reste essentiellement connue du grand public japonais par ses apparitions dans la presse, d'autant plus qu'une blessure au dos suite à une chute à la villa impériale de Nasu le 17 juillet 1977 ainsi que d'autres ennuis de santé la force à se déplacer en fauteuil roulant à partir de 1980 et limite ses apparitions publiques[7]. Son dernier déplacement domestique au Japon fut au lac Ianawashiro dans la préfecture de Fukushima le 26 septembre 1984 et sa dernière apparition publique pour le 86e anniversaire de son époux l'empereur le 29 avril 1987. Sa santé l'empêchera même d'assister aux funérailles officielles de l'empereur en 1989. Devenue impératrice douairière, elle continue à résider dans le palais Fukiage, partie du Kōkyo où son époux et elle avaient leurs appartements, qui est alors rebaptisé palais Ōmiya (nom traditionnel des résidences des impératrices douairières) Fukiage. Elle y décèdera le 16 juin 2000, à 97 ans, après avoir été placée sous respirateur la veille.
Elle reçoit de son fils le 10 juillet, comme le veut la tradition, le nom posthume de Kōjun (香淳?) qui unit les kanji 香 (Kō?), qui signifie parfum ou arôme et renvoie à son nom d'artiste Tōen ou verger à pêches, et 淳 (Jun?), qui veut dire « pureté » et fait référence à ses actions caritatives. Elle est inhumée le 25 juillet 2000 au mausolée impérial de Musashino, aux côtés de l'empereur Shōwa.
Activités artistiques et poétiques
En parallèle de ses obligations officielles, l'impératrice fut une peintre, une calligraphe et une poète accomplie. Elle a surtout peint des scènes de vie ou des paysages traditionnels japonais sous le pseudonyme de Tōen (桃園?), qui signifie verger ou jardin à pêches. Elle publie d'ailleurs trois recueils de peintures : Tōen Gashu le 6 mars 1967, Kinposhu le 3 novembre 1969 et une version revue de Kinposhu le 30 mai 1989. Elle publie également avec son époux un recueil de waka, poèmes traditionnels japonais, intitulé Akebono-shu le 30 avril 1974[8].
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
Références
- ↑ (en) David Bergamini, Japan's imperial Conspiracy, 1971, p. 24
- ↑ (en) Iris Chang, The Rape of Nanking, 1997, p. 40
- ↑ a , b et c (en)Biographie de l'empereur Hirohito et de l'impératrice Nagako
- ↑ David C. Earhart, Certain Victory, 2008, pp.22, 23, 65
- ↑ (en)« Japan's Dowager Empress dies », BBC News, 16/06/2000
- ↑ (en)« Japan's Dowager Empress Dead At 97 », CBS, 16/06/2000
- ↑ (en)« Japan's Empress Dowager Nagako dies », CNN, 16/06/2000
- ↑ (en)Biographie de l'empereur Shōwa et de l'impératrice Kōjun sur le site de l'Agence impériale japonaise
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