Massacre du 17 octobre 1961

Massacre du 17 octobre 1961

Les évènements du 17 octobre 1961, le massacre du 17 octobre 1961 ou encore la bataille de Paris sont des expressions couramment utilisées pour désigner la répression policière sanglante d'une manifestation pacifique organisée par la Fédération de France du FLN en réaction à un couvre-feu institué par le préfet de police Maurice Papon pour les seuls Nord-Africains. Des dizaines d'Algériens, jusqu'à plusieurs centaines selon les sources, sont morts lors de la confrontation avec les forces de l'ordre, et les milliers de manifestants internés dans des centres de détention pendant quatre jours y ont subi de nombreuses violences.

Sommaire

Contexte historique

Le FLN et la communauté algérienne

Créé par des anciens de l'Organisation spéciale, bras armé du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), un mouvement nationaliste dirigé par Messali Hadj[1], le FLN qui se distingue par une stratégie insurrectionnelle, se trouve en conflit frontal avec le Mouvement national algérien (MNA), nouveau parti des Messalistes. Dès le mois d'avril, en plein putsch des Généraux, le FLN décide de passer à l'assassinat des responsables messalistes en France. L'historien Jean-Paul Brunet considère que dès 1957, le FLN a pris le dessus sur son rival[2].

Cette guerre civile entre Algériens a sans doute coûté la vie à quelque 4 000 victimes. Un des enjeux de cette lutte fratricide que se sont livrées les deux organisations nationalistes sur le territoire français, était l'encaissement de « l'impôt révolutionnaire », prélevé sur les travailleurs algériens en métropole. À la fin de l'année 1960, le MNA n'aurait plus disposé que de 6 000 cotisants contre 120 000 pour le FLN[3].

La communauté algérienne en France connait une forte expansion : 5 000 personnes en 1910, 85 000 en 1937, 211 000 en 1954 et 350 000 en 1962. Une grande partie de cette communauté, 150 000 personnes, dont 8 000 femmes et 29 000 enfants en 1961, accueillie par les services de la Cimade, est concentrée dans le département de la Seine. Les travailleurs algériens, souvent illettrés et manœuvres, parfois ouvriers qualifiés, vivent souvent dans des bidonvilles comme à Nanterre, Aubervilliers, Argenteuil ou Bezons ou dans les quartiers les plus miséreux de Paris comme la Goutte d'Or ou Ménilmontant[4].

L'imposition prélevée sur la communauté algérienne en France représente près de 80 % des ressources du FLN, le restant provenant des aides de la Ligue arabe. Pour le travailleur algérien, il représente entre 5 % et 9 % de son salaire[5]. L'emprise du FLN sur la communauté algérienne en France s'étend à certains domaines de la vie quotidienne. Par exemple, il prescrit le respect de la loi coranique et interdit la consommation d'alcool. Le recours aux tribunaux français est également prohibé. Les contrevenants peuvent être purement et simplement éliminés[6].

L'organisation militaire du FLN en France

Jusqu'en 1958, le FLN est organisé selon une structure pyramidale classique (Fédération de France du FLN) qui permet aux cadres un bon contact avec la base, mais qui rend l'appareil perméable à l'investigation policière. De fait, en septembre 1958, après des attentats spectaculaires, la police parvient à démanteler l'appareil du mouvement en fichant ses différents membres puis en les brassant dans différents hôtels et foyers, en les raflant et les internant dans des centres d'assignation à résidence surveillée, comme le camp du Larzac ou leur appliquant la procédure du rapatriement forcé (n'étant pas des étrangers et donc expulsables, la police cible les déserteurs, vagabonds et indigents pour les expulser en Algérie)[7]. Le FLN se réorganise alors en s'adaptant aux règles de sécurité basée sur de petits groupes de trois ou de six. Le FLN peut ainsi compter sur environ 450 hommes en région parisienne pour former ses groupes de choc en marge desquels il faut rajouter 8 katibas (compagnies) de 31 hommes chacune, constituant l' « Organisation spéciale », organisation de combat formée de tireurs confirmés et de techniciens des explosifs, chargée des missions difficiles et de l'élimination des « traîtres »[8].

Les supplétifs algériens de la police française : la FPA

C'est à cet appareil militaire du FLN que la préfecture de police de Paris dirigée par Maurice Papon à partir de 1958, doit faire face. Le 30 novembre 1959, le premier ministre Michel Debré décide de constituer une Force de police auxiliaire (FPA), plus communément appelée les « Harkis de Paris » à l'époque de leur activité[9], composée de musulmans algériens volontaires qui sera commandée par le capitaine Raymond Montaner[8].

L'objectif des FPA est de disloquer l'organisation du FLN en arrêtant les responsables et en empêchant le prélèvement des cotisations. Ils parviennent à rallier les Algériens menacés de mort par le FLN et à recruter des indicateurs parmi les commerçants[10]. La méthode utilisée par les hommes de Montagner est invariable: occupation d'hôtels habités par les travailleurs algériens, infiltration et recueil de renseignements, violences policières, tortures[10]. Dans les archives policières, Linda Amiri a retrouvé une plainte déposée par un breton au teint mat, torturé pour qu'il avoue. Autrement dit, conclut Linda Amiri, toute personne au teint mat est soupçonnée de cotiser au FLN et susceptible de donner des informations[10].

La première compagnie de FPA implantée dans un quartier du XIIIe arrondissement parvient à disloquer l'organisation frontiste dans cet arrondissement. Ce succès amène le préfet de police à implanter une deuxième compagnie dans le quartier de la Goutte d'Or. Dès lors, les patrouilles en file indienne de ces hommes en calots bleus, mitraillette à la ceinture, fait partie du paysage des XIIIe et XVIIIe arrondissements. Dans la lutte que mène la préfecture de police de Paris contre le FLN, les FPA sont en première ligne[8].

L'efficacité de la FPA, conclut Jean-Paul Brunet, a eu pour contrepartie l'emploi de moyens illégaux et moralement condamnables comme les arrestations et détentions arbitraires et la pratique systématique de la torture[11]. Ces méthodes sont dénoncées dans la presse de gauche, et ce sont peut-être ces protestations, mais aussi l'ouverture des premiers pourparlers d'Évian entre le gouvernement français et le GPRA à la fin du mois de juin 1961, qui aboutisent au regroupement des compagnies de FPA au fort de Noisy à Romainville. Toujours est-il que les négociateurs français d'Évian présentent le regroupement des FPA comme un geste de bonne volonté de la France, en échange duquel le FLN annoncera l'arrêt des attentats contre les policiers français[11]. Partisan de l'Algérie française et conseiller municipal de Paris, Bernard Lafay dénonce ce geste, alors que François Rouve, secrétaire du syndicat général de la police présente au conseil général de son syndicat le regroupement comme la réponse positive du gouvernement à l'une de leur revendication. Il précise même «  nous avons obtenu que les cars conduisant les supplétifs soient conduits par des chauffeurs auxiliaires supplétifs, et non par des chauffeurs de la police municipale »[11].

Après une visite au fort de Noisy, Jean Viatte Président de la Commission de vérification des mesures de sécurité publique, qui représente également Maurice Patin, président de la Commission de sauvegarde des Libertés et droits individuels, termine son rapport en ces termes : « Le regroupement des forces supplétives et leur casernement à Noisy-le-Sec semblent avoir mis fin à certains excès antérieurs... »[11].

L'efficacité des FPA conduit rapidement le FLN à déclencher avec eux une guerre sans merci. Le poste de la Goutte d'Or est attaqué par deux groupes armés le jour même de son installation, le 20 novembre 1960, puis le 4 décembre. D'une façon générale, les postes et les cafés tenus par la FPA dans le XVIIIe arrondissement sont la cible de commandos qui y subissent de lourdes pertes, mais en provoquent également chez l'adversaire[11].

En avril 1961, les FPA lancent une série d'opérations violentes contre les autres Algériens de Paris. Maurice Papon fera saisir le journal Libération, qui a rapporté les faits. Les méthodes de la police et plus particulièrement des FPA en marge de la légalité sont à l'origine d'un différent opposant le garde des sceaux Edmond Michelet à Maurice Papon. Michel Debré donne raison à Papon et confirme que les Algériens peuvent être internés 15 jours avant que le procureur n'en soit informé. Il obtient également de la part de de Gaulle le renvoi de Michelet le 24 août[12].

Les attentats FLN contre la police française

Les supplétifs de la FPA ne sont pas les seuls à être visés par le FLN, il y a également des victimes parmi les policiers français depuis le début de la guerre. Dans certains cas, il s'agit de ripostes lorsqu'un suspect refuse d'être interpellé et tire sur ses poursuivants, mais dans d'autres cas, il s'agit d'attentats à l'initiative du FLN[13]. Ces attentats connaissent une recrudescence en 1961 et plus particulièrement à partir du mois de septembre.

Policiers tués ou blessés par attentat[14]
1958 1959 1960 Jan-oct 1961
Tués
12
4
9
29
Blessés
22
10
29
76

Parmi les 47 tués, on compte 15 FPA, 3 contractuels de la SATFMA (Services d'assistance technique aux FMA), 23 gardiens de la paix de la police municipale et 4 officiers de police judiciaire. Au total, depuis 1957, les services de la police ont dénombré 2124 attentats imputés au FLN. Dans la plupart des cas, il s'agit d'attentats visant des Algériens qui contreviennent d'une façon ou d'une autre à la loi du FLN. 1252 morts et 1291 blessés ont été enregistrés[13].

Les premières négociations d'Évian entre le gouvernement français et le GPRA débutent le 20 mai 1961. 15 jours après, on observe une suspension des attentats et cette trêve se poursuit pendant les pourparlers de Lugrin qui se tiennent à la fin du mois de juillet et pendant le mois d'août[13]. Le 29 août, après que la répression policière et les perquisitions se soient intensifiées, les attentats reprennent subitement. On en compte 5 à Paris et dans la proche banlieue. La vague d'attentats de septembre et octobre 1961 sera d'une ampleur que l'on avait jamais connue. Sept policiers en seront victimes en septembre. Il semble bien que les commandos du FLN aient reçu pour consigne d'attaquer indistinctement tout policier ou militaire en uniforme[13].

La cause de la reprise des attentats n'est pas claire : il est peu probable qu'elle ait été décidée par le GPRA vis-à-vis duquel de Gaulle a fait une concession le 5 septembre en reconnaissant le caractère algérien du Sahara. Jean-Paul Brunet a écrit qu'il a bien pu exister un décalage entre le GPRA et la Fédération de France et cite le nom de Mohammedi Saddek, le coordinateur de la Fédération de France qui aurait personnellement fait preuve d'indiscipline en lançant la vague d'attentats[13]. Le 27 août, puis le 16 septembre, le comité fédéral de la Fédération de France, qui réside alors en Allemagne, écrit à Mohamed Zouaoui, chef de l'ensemble des opérations à Paris, pour lui demander sur quels principes ou quelles directives il se basait pour abattre de simples gardiens de la paix, puis le 7 octobre ordre est donné de cesser toute attaque contre les policiers[15]. Pour les historiens britanniques House et MacMaster, la vague d'assassinats a été lancée à un niveau inférieur à celui de Zouaoui, par les chefs des deux wilayas de la région parisienne qui contrôlent les activités des Groupes armés (GA)[15].

De la colère des policiers à la généralisation des sévices et aux assassinats

Les attentats dont ils sont victimes engendrent chez les policiers une véritable psychose ; ils demandent que les coupables soient condamnés à mort. Il apparaît qu'une partie du corps des policiers, encouragée par les policiers proches de l'OAS et de l'extrême-droite, est prête à se faire justice lui-même[16]. Dans le bimensuel du syndicat de la police parisienne, syndicat le plus représentatif des policiers, l'un de ses dirigeants, Paul Rousseau, se croit obligé d'écrire pour raisonner ses troupes : « Camarades du SGP, ne vous laissez pas aller à des actes qui ne sont pas en accord avec votre manière de penser; groupez-vous autour de vos cadres syndicaux, agissez comme des hommes représentant la justice, et non comme des justiciers ». L'ensemble de la communauté policière se sent concernée et les obsèques de chacune des victimes se déroulent en grande pompe dans la cour de la préfecture de police, en présence des plus hautes autorités[17].

Maurice Papon encourage implicitement les réactions violentes, en déclarant le 3 octobre dans une allocation aux obsèques du brigadier Demoën : « Pour un coup donné, nous en porterons dix »[18]. Dans la journée, il aura l'occasion de passer dans plusieurs commissariats où il autorise verbalement ses hommes à tirer dès qu'ils se sentent menacés. Il donne sa parole qu'ils seront couverts[19], leur indiquant selon un compte-rendu syndical que leurs supérieurs s'arrangeront pour trouver une arme sur les corps des Nord-Africains abattus. Dans le même temps, il ne cesse de donner des consignes tendant au respect de la légalité. « Gradés et gardiens, écrit-il, se doivent de toujours garder leur sang-froid et d'éviter les brimades qui engendrent le ressentiment et la haine et qui font finalement de jeu de l'adversaire[20] ». Dans un rapport au ministre de l'intérieur daté du 9 octobre, il attire l'attention sur le « malaise profond décelé au sein des services […] qu'il n'est pas possible de laisser s'aggraver […] sans courir les plus grands risques[21] ».

L'exaspération des fonctionnaires de police s'exprime en effet au cours des semaines qui précèdent le 17 octobre, par une pratique de sévices de plus en plus généralisée. À l'occasion des divers contrôles d'identité et formalités administratives auxquelles devaient se soumettre les FMA (Français musulmans d'Algérie) comme on appelle alors les Algériens, le passage à tabac devient de plus en plus fréquent[22]. La hiérarchie se montre souvent incapable de tenir ses hommes. Les avocates Marie-Claude Radziewsky et Nicole Rein assurent souvent la défense des victimes de ces exactions policières. L'un de leur clients est un marchand de tapis arrêté le 17 octobre près du métro Barbès. Roué de coups, il se met à hurler. Un brigadier tente de s'interposer « Allez, ça suffit comme ça », mais le policier mis en cause lui répond « Je n'arrêterai que si je veux »[22]. Outre les passages à tabac, les sévices peuvent consister en destruction de papiers d'identité ou en vols purs et simples, d'argent ou de montre. Encore le vol reste-t-il relativement rare, tandis que le bris volontaire des montres lors des passages à tabac est beaucoup plus répandu[22]. Quand des plaintes sont déposées, l'IGS doit diligenter une enquête, mais, suite aux consignes du préfet Papon, le commissaire divisionnaire de l'IGS s'efforce généralement de dédouaner les hommes mis en cause[23].

Au-delà des sévices ordinaires, certains policiers se laissent aller à des violences beaucoup plus graves. Malheur au suspect appréhendé après un attentat ! Le 4 octobre, au cours de la réunion hebdomadaire du SCINA (Service de coordination des informations nord-africaines), son président demande si la recrudescence des découvertes de cadavres de FMA dans la Seine ne pourrait pas être consécutive à des représailles policières[23]. Les statistiques des homicides commis sur des Nord-Africains dégagent en effet une tendance particulièrement nette.

Nord-Africains décédés en 1961 à la suite d'homicides réels ou possibles[24]
Morts
Jan Fev Mars Avril Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Dec Total
Nombre de cas total 19 16 20 28 25 20 8 12 48 93 11 8 307
dont cas douteux 2 5 8 3 1 3 2 9 25 2 6

Parmi les 93 homicides du mois d'octobre, 55 ont été commis avant la manifestation du mois d'octobre. Quelle part faut-il imputer aux policiers ou groupes parapoliciers opérant après les heures de service ? Jean-Paul Brunet qui a épluché les dossiers estime qu'une dizaine de cas sont presque certainement à mettre dans cette catégorie, mais qu'« à titre d'hypothèse provisoire » les morts d'octobre d'avant le 17 sont « en majorité imputables au FLN »[25]. House et MacMaster, s'appuyant sur le fait qu'aucun élément ne vient étayer l'hypothèse d'une recrudescence d'assassinats fratricides au sein de la communauté algérienne, ni au sein du FLN, ni entre le FLN et le MNA, la majorité des homicides d'octobre doit être imputée aux violences policières[26]. Le MNA est en outre déjà largement éclipsé par le FLN.

Le couvre-feu

Le 5 octobre, le préfet de police Papon diffuse un communiqué de presse qui institue un couvre-feu pour les Nord-Africains. « Il est conseillé de la façon la plus pressante aux travailleurs algériens de s'abstenir de circuler la nuit dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne, et plus particulièrement entre 20h30 et 5h30 du matin. » Il est également déconseillé aux Nord-Africains de circuler à plusieurs, les assassinats de policiers ayant été le fait de groupes de trois ou quatre hommes. Cette mesure est accompagnée d'une fermeture des « débits de boissons tenus et fréquentés par les Français musulmans » à partir de 19 h, ainsi qu'une injonction à la police d'interpeller « tout Français musulman circulant en voiture » et de placer son véhicule en fourrière « en attendant la décision du commissaire de police ou du Service de coordination des affaires algériennes »[27].

Officiellement, il s'agit « de mettre un terme sans délai aux agissements criminels des terroristes algériens »[28]. En fait, il s'agit pour Papon de réduire l'activité du FLN et ses collectes de fonds pour prendre un avantage définitif dans la « Bataille de Paris » qui oppose depuis 1958 le FLN qui entend contrôler toute la population algérienne vivant dans la région parisienne à la police parisienne dirigée par Papon[29]. Le couvre-feu est effectivement une gêne considérable pour les activité du FLN dont les activités étaient vespérales et nocturnes[29].

Parallèlement, les services de la SATFMA délivrent en grand nombre des laissez-passer, de mille à quinze cents par semaine. Le 15 novembre, sur les 90 000 travailleurs algériens du département de la Seine, 14 000 auront obtenu un laissez-passer[29].

Sur le plan intérieur, le couvre-feu est violemment critiqué pas seulement par les forces de gauche comme le parti communiste et la CGT, mais également par le MRP, et même par le commissaire Dides, ancien député poujadiste qui présente la mesure comme « une manifestation de racisme contraire à nos traditions »[29]. Selon la constitution de 1958, les Algériens étaient des citoyens à part entière et ils ne devaient donc pas être l'objet de mesures discriminatoires. Les 30 députés algériens dénoncent eux-aussi ces « mesures vexatoires, discriminatoires, pour ne pas dire racistes »[30]. C'est d'ailleurs parce que le couvre-feu est légalement indéfendable que, selon le communiqué de Papon, il est seulement conseillé de s'abstenir de circuler la nuit. La police a naturellement donné à ce « conseil » un caractère tout à fait impératif[30].

La manifestation du 17 octobre

Le FLN décide de riposter au couvre-feu en organisant une manifestation

Tout de suite après l'établissement du couvre-feu, le responsable parisien Zouaoui envoie au comité fédéral un rapport : il y mentionne le couvre-feu et la dureté de la répression engagée par Papon. Il préconise des actions nocturnes rassemblant hommes, femmes et enfants. Après avoir consulté en Belgique, le 10 octobre, les hommes de terrain, Zouaoui, Saddek et Omar Ouhadj, syndicaliste de l'AGTA (Amicale générale des travailleurs algériens), le comité fédéral conduit par Omar Boudaoud se réunit à Cologne et fournit des instructions détaillées pour une série d'actions articulé en trois phases. Le 14 octobre, Zouaoui transmet à son tour son plan d'actions détaillé au comité fédéral: Action de masse dans la soirée du mardi 17 octobre, grève des cafés, commerces et hôtels le 18 et manifestation de femmes et d'enfants le 20[31],[32].

Le mot d'ordre est donné aux militants qui ne doivent le communiquer à la base que dans la journée même du 17 octobre pour que la police soit au courant le plus tard possible. Le « boycottage du couvre-feu raciste » doit être pacifique, c'est pourquoi tous les Algériens, hommes, femmes et enfants doivent y participer. Le port d'armes, même les plus insignifiantes, est absolument interdit, et des militants procèdent à des fouilles pour s'en assurer. Il est également demandé de rester sur le trottoir pour ne pas gêner la circulation. Les hommes seuls et les familles ont pour mission d'atteindre à 20 h 30 un certain nombre de lieux sur les principaux boulevards et places de la capitale[33]. La participation à la manifestation revêt un caractère obligatoire pour les populations contrôlées par le FLN, les abstentionnistes s'exposant à « de très graves sanctions », ce qui n'empêche pas que par sympathie la majorité des manifestants penche du côté du FLN[34].

Mise en place du dispositif de police

Ce n'est que dans la journée du 17 que l'information parvient au cabinet de Papon. À 16 h 20, tous les services de la préfecture de police reçoivent un télégramme informant que « Le FLN ordonne à tous les FMA de sortir ce soir 17 octobre en fin d'après-midi et en soirée sur les grands axes de la capitale […] afin de manifester pacifiquement contre les récentes mesures préfectorales ». Consigne est donnée dans ce même télégramme d'appréhender les manifestants, de conduire les hommes au Palais des sports, les femmes et les enfants devant être conduits au poste de police de la rue Thorel, dans le IIe arrondissement[29]. Pour faire face à la manifestation, la préfecture mobilise 716 hommes de la police municipale, 662 hommes de la Gendarmerie mobile et 280 CRS, soit au total 1 658 hommes, à peine quelques sections de plus que pour les journées de monômes du Bac, remarque Jean-Paul Brunet qui verra dans cette faiblesse des effectifs l'un des facteurs ayant conduit à la violence[29], ce qui n'est pas le point de vue de House et MacMaster[35]. La police réquisitionne également des bus de la RATP.

La tension des policiers est extrême, bien que la police sache par ses informateurs que les manifestants ne sont pas armés. Sur les fréquences districts utilisée par la police et que peuvent capter les policiers qui rejoignent dans leurs cars leurs lieux d'affectation, circulent des rumeurs signalant que cinq policiers ont déjà été tués par les Algériens[36].

Maurice Papon passera quant à lui la soirée dans le poste de commandement.

La manifestation du 17 octobre

Les différents historiens ayant travaillé sur cette journée du 17 octobre, Jean-Luc Einaudi, Jean-Paul Brunet et les Britanniques Jim House et Neil MacMaster font ressortir que la répression policière de la manifestation sera d'une violence extrême, causant des dizaines de morts parmi les manifestants algériens.

Le FLN avait prévu de concentrer la manifestation sur trois grands secteurs, zone de l'Étoile pour les Algériens de la banlieue ouest, les boulevards Saint-Michel et Saint-Germain pour ceux de la banlieue sud et enfin les Grands boulevards pour ceux de la banlieue nord et nord-est[37]. Le 17 octobre, il pleut en fin d'après-midi. Entre 20 000 et 30 000 Algériens, hommes, femmes et enfants, vêtus de l'habit du dimanche pour témoigner de leur volonté de dignité, commencent à se diriger vers les points de regroupements[38]. Au fur et à mesure qu'ils seront appréhendés par les forces de police et à leur arrivée dans les lieux de rétention, une grande partie d'entre eux seront frappés, blessés et laissés sans soins.

Une colonne de 10 000 personnes en provenance des bidonvilles de la banlieue ouest : Nanterre, Bezons, Courbevoie, Colombes et Puteaux, se rassemble au rond-point de la Défense et se dirige vers le Pont de Neuilly en vue de gagner le secteur de l'Étoile. Cette colonne est bloquée au pont de Neuilly où est installée une section de la FPA, sept hommes du commissariat de Puteaux et ultérieurement une section d'une compagnie d'intervention, soit en tout 65 hommes. C'est ici, au Pont de Neuilly que se déroule un des affrontements majeurs de la soirée. Jusqu'à 19 heures, la police arrive à faire face et à diriger au fur et à mesure des arrivées 500 Algériens vers le commissariat de Puteaux. Lorsque des milliers de manifestants sont au contact des policiers, ceux-ci font usage de leurs « bidules », ces longs bâtons en bois dur de 85 cm de long. Une cinquantaine de manifestants arrivent quand même à passer. Des coups de feu sont tirés. D'après Brunet, ce sont sans doute les « chocquistes » du FLN qui auraient tiré en l'air les premiers coups de feu pour provoquer un affrontement[39]. D'après House et MacMaster, c'est plus vraisemblablement la police car aucun policier n'a été touché[40]. Que les policiers aient tiré et qu'ils se soient livrés à des actes d'une violence extrême n'est pas contesté. Qu'il y ait eu des morts dans ce secteur, que durant toute la nuit des hommes aient été jetés dans la Seine depuis les ponts de Neuilly, d'Argenteuil ou d'Asnières ne l'est pas non plus[39],[40].

D'autres manifestants ont pu joindre le secteur de l'Étoile par le métro, mais de nombreux cars de police se tiennent prêts à recevoir les Algériens qui sortent des bouches de métro pour les diriger vers les centres d'internement. Plus de 2 500 Algériens sont appréhendés dans ce secteur où les violences restent à un niveau modeste. Il en est de même dans les secteurs de la Concorde et dans une moindre mesure, de l'Opéra où 2 000 manifestants sont conduits aux centres d'identification[41].

Par contraste, les incidents du secteur des Grands Boulevards sont particulièrement violents et sanglants. Les Algériens avaient pu réussir leur rassemblement place de la République. Ils brandissent des drapeaux et écharpes aux couleurs vertes et blanches du FLN et scandent les slogans « Algérie algérienne », « Libérez Ben Bella ». Ils se heurtent à deux compagnies de CRS devant le cinéma Rex. Des coups de feu partent d'un car de police transportant des interpellés vers le commissariat de la rue Thorel et qui est bloqué par des manifestants. Après les événements, l'état de la voie publique sera comparable à celui du Pont de Neuilly : débris de verre, chaussures perdues, flaques de sang, nombreux blessés gisant sur le trottoir[42],[43].

Le troisième secteur d'affrontements violents est celui du secteur Saint-Michel Saint-Germain, à proximité de la préfecture de police dans la cour de laquelle les cars de la police déversent des flots de manifestants interpellés, plus d'un millier au total. Dans la rue, les forces de police encerclent les manifestants qu'ils chargent et frappent. Pour échapper aux coups des policiers, certains préfèrent se jeter du Pont Saint-Michel. Des échauffourées se prolongent jusqu'à 22h30 boulevard Saint-Germain et dans le secteur de Saint-Sulpice où des coups de feu sont tirés[44],[45].

Les policiers réfractaires à cette violence, notamment syndicalistes, sont impuissants à calmer leurs collègues, d'autant que la radio de la police qui diffuse de fausses informations selon lesquelles certains policiers auraient été grièvement blessés ou tués, exacerbant ainsi la violence policière.

La nuit du 17 au 18 octobre dans les centres d'identification

Entre 17h et minuit, une noria incessante de cars de police et d'autobus réquisitionnés débarquent entre 6 000 et 7 000 algériens au Palais des sports de la porte de Versailles. Au cours de ces transports, les corps sont parfois empilés les uns sur les autres. Après une heure du matin, les 32 derniers cars, contenant 2 623 « FMA » (Français musulmans d'Algérie, selon la dénomination de l'époque) sont dirigés vers le Stade de Coubertin[46]. Des centaines de manifestants blessés ont été dirigés sur des hôpitaux. Dans cinq hôpitaux seulement, on compte 260 blessés hospitalisés. Jean-Paul Brunet note que sur ces 260 blessés, 88 sont entrés entre le 19 et le 21, ce qui témoignerait de la persistance des brutalités policières bien au-delà de la nuit du 17 octobre[47]. Parmi les policiers, une dizaine a été conduite à la Maison de santé des gardiens de la paix pour des blessures légères[46]. Certains des blessés hospitalisés viennent du Palais des sports où les 150 policiers qui assurent la garde des détenus se livrent à des brutalités dont le syndicaliste policier Gérard Monate dira dans les semaines suivantes « ...d'après ce que nous savons, il y a eu une trentaine de cas absolument indéfendables »[46]. Tous les internés ne sont pas systématiquement frappés au Palais des sports, mais des sévices sont également exercés avant l'arrivée, dans les commissariats ou pendant les transports[46] au Palais des sports, au stade Coubertin, au Parc des expositions, certains au Centre d'identification de Vincennes pour être ensuite expulsés vers l'Algérie[48]. Jean-Luc Einaudi a recueilli nombre de témoignages d'appelés du contingent affectés au service sanitaire, d'assistantes sociales et même de certains policiers décrivant la « vision d'horreur » qui les a saisis à l'entrée du Palais des sports ou du Stade de Coubertin[49]. Les sévices sur les détenus se poursuivent jusqu'au 20 octobre où la salle de spectacle doit être libérée pour un concert de Ray Charles[50].

Dans la cour de la préfecture de police de l'île de la Cité les 1 200 détenus sont reçus par des « comités d'accueil ». Vingt blessés graves, souvent victimes de traumatisme crânien doivent être évacués vers l'Hôtel-Dieu et d'autres hôpitaux[51],[50].

La journée du 18 octobre et les jours suivants

Le FLN avait prévu une grève générale des commerçants nord-africains et une nouvelle manifestation sur la voie publique, mais il ne bénéficie plus de l'effet de surprise. À 12h30, 60 % des quelque 1 400 commerces concernés sont effectivement fermés et les simples admonestations policières restent sans effet. Il faut attendre 17 heures pour qu'un ordre soit donné d'arrêter les commerçants grévistes. 79 commerçants sont effectivement arrêtés et la menace est assez efficace pour faire rouvrir les commerces à partir de 18h30[52].

Pour les manifestations de la soirée, l'encadrement du FLN est considérablement affaibli par les arrestations de la veille, alors que la police a mobilisé 3 000 hommes, substantiellement plus que les 1 658 de la veille. La préfecture de police a fait le choix, ce soir là, de privilégier la dispersion énergique aux arrestations massives[52]. Les 1 856 arrestations du 18 octobre s'ajouteront quand même aux 11 518 de la veille. Dans ces conditions, les seules véritables manifestations rassemblant quelques milliers de personnes se déroulent en banlieue, à Nanterre et à Colombes[52]. À Nanterre, un véhicule de police est atteint par une balle. Les policiers ripostent faisant huit blessés[52].

Le dénombrement des morts

En 2006, House et MacMaster notent que la question du nombre exact d'Algériens tués par les forces de l'ordre reste la question la plus ardemment débattue, les deux protagonistes de cette bataille de chiffres étant Jean-Luc Einaudi et Jean-Paul Brunet[53]. Les auteurs britanniques qualifient de minimalistes l'estimation de Brunet, de 30 à 50 morts pour le 17 octobre et les journées suivantes alors que des commentateurs du livre d'Einaudi croient comprendre de son ouvrage La Bataille de Paris que les policiers ont fait ce soir-là plus de 200 morts[53]. Les historiens britanniques précisent que dans la liste d'Einaudi des 246 victimes pour lesquelles la date du décès est connue, 141 décès ont été enregistrés avant le 17 octobre. Les chiffres de Brunet et d'Einaudi couramment cités ne concernent donc pas la même période[53]. Brunet avait mis ce point en évidence en 2003 et dénonçait également dans l'exploitation de cette affaire un « mythe forgé pour les besoins d’une cause militante »[54].

Il n'en reste pas moins qu'une fois ces questions de périodes considérées éclaircies, des divergences subsistent, notamment pour désigner les meurtriers des 109 décès d'Algériens enregistrés à l'automne 1961. Brunet a imputé un grand nombre de ces victimes au FLN[25], alors qu'en gros, House et MacMaster se rangent du côté d'Einaudi en imputant l'essentiel de ces décès aux violences policières[26]. Paul Thibaud estime qu' « Einaudi entasse les pièces d'un réquisitoire alors que Brunet essaie d'écrire une histoire »[55] ; ainsi, « beaucoup des résumés d'enquête qu'Einaudi nous livre ne permettent pas de savoir qui a tué »[56] mais, suivant un « choix global et politique »[56], Einaudi met les décès au compte de la police afin d'exonérer le FLN « des visées totalitaires » que lui attribue Brunet. Sur l'étude de House et MacMaster, ce dernier n'hésite pas à parler d'une « dénaturation de l'histoire » pratiquée par une attitude d'enquête « politiquement correcte » : en effet, les deux Anglais accusent la préfecture de police d'avoir elle-même ordonné des meurtres, accusation grave qui n'est motivée (selon Brunet) par aucune preuve. De plus, House et Macmaster n'évoquent nulle part le cas des Algériens, pourtant nombreux, à avoir refusé d'obéir aux directives du FLN, et à l'avoir payé de leur vie[57].

Un autre aspect du débat sur le nombre de victimes concerne la possibilité que des corps n'aient pas été retrouvés et n'aient pas été enregistrés à l'institut médico-légal. Pour Brunet, la culture policière rejette toute dissimulation de cadavres[58]. Pour House et MacMaster, il est également probable que « certains corps ont été enterrés en secret plutôt que d'être remis aux autorités françaises tant redoutées »[59]. Brunet rejette cette possibilité : « hormis peut-être quelques cas extrêmes, on voit mal comment dans un pays démocratique cette éventualité aurait pu se produire et comment, après presque un demi-siècle, des restes humains n’aient pas été retrouvés. »

Répercussions politiques

Les réactions de la presse

Dans la nuit du 17 au 18 octobre, Papon publie un communiqué de presse selon lequel la police a dispersé une manifestation à laquelle les Algériens ont été contraints de participer sous la menace du FLN. Toujours selon le communiqué, la police sur laquelle des coups de feu avaient été tirés avait dû répliquer, faisant deux morts et plusieurs blessés chez les manifestants. Il est également fait état de l'hospitalisation d'une douzaine d'officiers de police et du prochain renvoi en Algérie de tous les manifestants arrêtés[60].

Nombreux avaient été les journalistes à couvrir la manifestation du 17[61], mais la censure de la presse en vigueur pendant la guerre incitant à la prudence, c'est ce point de vue officiel que reflète la presse quotidienne le 18 au matin, mais dès le 19, les journaux publient une version plus détaillée des évènements. De nombreux journalistes se rendent dans les bidonvilles de la banlieue parisienne et y découvrent les signes de la violence policière qui a sévi non seulement le 17 octobre, mais aussi la période précédente[60].

Si L'Humanité et Libération réfuteront nettement le bilan gouvernemental, même Le Figaro publie des articles sur les exactions commises par la police, évoquant par exemple des « scènes de violence à froid » dans les centres d'internement. Le Monde rendra également compte de ces conditions de détention exécrables et de l'invraisemblance des annonces officielles, mais dans l'ensemble, la presse populaire, le Parisien libéré, L'Aurore, Paris Match reproduisent la version officielle à laquelle va adhérer tout naturellement la majorité de la population française[62].

Le numéro de Témoignage chrétien daté du 27 octobre. consacrera un dossier complet au massacre des Algériens, avec un éditorial d'Hervé Bourges[63] et le témoignage et les photos d'Élie Kagan. D'autres photos de ce dernier paraîtront dans le journal de gauche France Observateur. La radio, en revanche, ne révèle pas les événements et la télévision française raille la presse américaine, accusée d'avoir affirmé que « la Seine charriait des cadavres d'Algériens ». L'ensemble des revues de gauche, L'Express, Esprit, Les Temps modernes, au sujet de la violence de la semaine du 17 au 20 octobre, souligne à quel point la répression en France ressemble à ce qui se passe en Algérie[62].

Le 26 octobre, Georges Montaron, directeur de Témoignage chrétien, Claude Bourdet, directeur de France Observateur, Emmanuel d'Astier de la Vigerie, directeur de Libération, le RP Avril, directeur de Télérama, le Pasteur Lochard, Jean-Marie Domenach, directeur de la revue Esprit, Jean Schaeffert et André Souquière, organisent à la Mutualité, un meeting pour « protester contre les violences policières et la répression de la manifestation du 17 octobre 61 à Paris. »

Les réactions des parlementaires

À la fin du mois d'octobre, Maurice Papon et le ministre de l'intérieur Roger Frey doivent faire face à un feu roulant de questions embarrassantes, d'abord au conseil municipal de la ville de Paris le 27, puis à l'Assemblée nationale le 30 et enfin au Sénat le 31. Au conseil municipal de Paris, Claude Bourdet demande s'il est vrai qu'aucun policier n'a été blessé par balle, que des rumeurs faisant état de morts de policiers se sont propagées la soirée du 17, sur les ondes de la police, que 50 Algériens ont été tués dans la cour de la préfecture et s'il est vrai, enfin que 150 cadavres ont été repêchés dans la Seine[64]. Papon répond: « la police parisienne a fait ce qu'elle devait faire[65]». La demande de Claude Bourdet de constitution d'une commission d'enquête est rejetée par 43 voix contre 39[64]. À l'Assemblée nationale, c'est le député Eugène Claudius-Petit, de sensibilité Centre-gauche qui lance une attaque féroce contre la police mettant en évidence les incohérences de la version du ministre de l'intérieur. Il lance dans l'hémicycle: « la bête hideuse du racisme est lachée[66] »Au Sénat, c'est le socialiste Gaston Defferre qui lance l'attaque, se basant sur un dossier préparé par Hervé Bourges. Frey répond en défendant les policiers, victimes des terroristes et maintenant en butte à des « rumeurs odieuses » et à une campagne de « dénigrement ». Il ne peut refuser la création d'une commission d'enquête, mais la veille du débat au Sénat, des informations judiciaires sur les mort de 27 Algériens avaient été ouvertes et le 30 novembre Frey se retranchera devant la loi qui interdit la constitution de commissions d'enquête pour les affaires traitées par la justice pour déclarer qu'il était délié de son engagement avec Defferre[64].

La position du gouvernement

On sait très peu de choses sur les réactions aux évènements d'octobre au plus haut niveau du pouvoir. Ni de Gaulle ni ses ministres ne font mention des évènements dans leurs mémoires ou dans des confidences recueillies par tel ou tel[67]. House et MacMaster discutent de la situation paradoxale qui voit l'apogée de la violence au moment où les deux parties, gouvernement français et GPRA entrent dans la phase finale des négociations. L'une des explications est que chacune de deux parties a précisément intérêt à négocier en position de force[67].

Pour le GPRA, à la tête duquel le libéral Ferhat Abbas est remplacé le 27 août par Ben Khedda perçu comme plus intransigeant, il importe que des manifestations de masse démontrent sa popularité en même temps que le caractère pacifique des manifestations doit rassurer l'opinion publique et apaiser l'inquiétude des Pieds-Noirs sur l'avenir qui les attend dans une Algérie indépendante[67].

De Gaulle a également intérêt à lancer des messages tour à tour intransigeants et conciliants. Entre 1958 où il est poussé au pouvoir par les partisans de l'Algérie Française et les Accords d'Évian qui scelleront le sort d'une Algérie indépendante en mars 1962, il doit accompagner chaque nouveau pas vers l'indépendance par une attitude de fermeté destinée à calmer les partisans de l'Algérie française[67]. Cette même démarche le conduit, le 18 août, à refuser la démission du premier ministre Michel Debré, farouche partisan de l'Algérie française, mais en contrepartie, il lui laisse la plus grande liberté dans la conduite de la bataille contre le FLN, à commencer par le renvoi du garde des sceaux Edmond Michelet qui ouvre la voie à des méthodes plus musclées[67]. Debré s'accroche alors à l'espoir que les négociations puissent se faire avec une force plus modérée. Son conseiller Constantin Melnik avait créé le FAAD (Front algérien d'action démocratique) en juillet 1960, expérience qui ne sera abandonnée sur ordre de de Gaulle que le 20 octobre à la veille de la reprise des négociations avec le GPRA[67]. D'après House et MacMaster, c'est pour mettre la pression sur le FLN de juillet à octobre 1961 que de Gaulle donne à Debré et ses proches suffisamment de liberté pour mettre en œuvre une stratégie d'intransigeance et l'extrême violence antialgérienne qui se déchaîne au cours des mois de septembre et d'octobre 1961 est moins le fait d'extrémistes incontrôlables au sein de la police que l'instrument d'une politique élaborée par le gouvernement[67].

Le 28 octobre lorsque les émissaires français et algériens se rencontrent à nouveau à Bâle, les dirigeants français comme ceux du FLN reconnaissent implicitement qu'il est dans leur intérêt mutuel d'oublier les évènements sanglants du 17 octobre pour pouvoir passer à autre chose[67]. House et MacMaster citent Malek, l'un des négociateurs algériens qui observe que le GPRA interprète le 17 octobre comme une « démarche classique de tout pouvoir établi d'accroître la pression sur l'ennemi au moment même où l'on s'apprête à négocier avec lui »[68].

Vers l'oubli

Aux journées des 17 et 18 octobre vont succéder d'autres tueries, elles aussi liés à la guerre d'Algérie : 74 Algériens sont abattus par la police et par l'armée au cours des manifestations de célébration du 7e anniversaire du soulèvement du 1er novembre 1954.

Dès la deuxième semaine de novembre, malgré les informations sur les corps repêchés dans la Seine et les débats sur la possible création d'une commission d'enquête parlementaire, L'Humanité, Libération et Le Monde sont les seuls à continuer à s'intéresser à la répression policière du 17 octobre qui ne bouleverse pas la gauche et ne supprime pas sa division. Un rapprochement des diverses forces de gauche ne se produira que quelques semaines plus tard pour protester contre la menace de l'Organisation armée secrète. Dans l'espace mémoriel de la gauche, la tuerie du 8 février 1962 lors de l' Affaire de la station de métro Charonne prendra le dessus sur les évènements d'octobre[69]. D'autres violences liées à la fin de la guerre d'Algérie comme les provocations de l'OAS, la fusillade de la rue d'Isly le 26 mars 1962, les représailles contre les pieds-noirs et enfin l'assassinat de plusieurs dizaines de milliers de harkis ont conduit à effacer quelque peu dans les mémoires le souvenir d'octobre 1961[70], d'autant plus que le gouvernement édicte dès mars 1962 un décret d’amnistie portant sur l’ensemble des crimes et délits commis en relation avec les opérations de maintien de l’ordre lors de la guerre d'Algérie[71].

Historiographie et aspects mémoriels

Plaque commémorative implantée sur une passerelle d'Aubervilliers, sur le canal Saint-Denis

En 1961, Paulette Péju fut mandatée par le FLN pour rédiger rapidement un récit détaillé des évènements d'octobre. Ce projet prit d'abord la forme d'un recueil d'articles de presse, Les ratonnades d'octobre publié chez Maspero, mais rapidement interdit à la vente[72]. Il faut attendre 1985 pour voir apparaître le premier livre important, que l'on doit à Michel Levine, Les Ratonnades d'octobre : un meurtre collectif à Paris en 1961. Ce livre, pratiquement ignoré des critiques et du public lors de sa parution avait été précédé en 1984 d'un roman de l'écrivain Didier Daeninckx, Meurtres pour mémoire, qui évoque sans le nommer Maurice Papon, en liant un ancien collaborateur au massacre de 1961[73].

Cette même année, immédiatement après les évènements, un membre du comité Maurice Audin, Jacques Panijel, tourne un film à partir de témoignages des victimes. Ce film, intitulé Octobre à Paris, est projeté clandestinement dans quelques salles parisiennes[74]. Il n'obtiendra son visa d'exploitation qu'en 1973, et sortira enfin dans les salles en octobre 2011, pour le cinquantième anniversaire du massacre.


En 1986, Ali Haroun, l'un des cinq membres du comité fédéral de la Fédération de France du FLN basé à Cologne, publie La 7e Wilaya[75] qui donne des informations sur la Fédération de France et notamment sur la journée du 17 octobre. L'année suivante, Mohammed Harbi, lui aussi ancien membre fédéral, publie dans la revue Sou'al d'autres documents provenant du FLN et concernant l'organisation de la journée du 17. Autre témoin, mais de l'autre côté, Maurice Papon publie en 1988 Les chevaux du pouvoir[76] où il valorise son rôle dans la défaite du FLN et maintient ce qui était en 1961 la version officielle des évènements[77].

En 1991, paraît la La Bataille de Paris, 17 octobre 1961 de Jean-Luc Einaudi que House et MacMaster qualifient de « travail le plus remarquable et le plus influent de tous ceux publiés à cette date sur les évènements. Einaudi qui n'a pas eu accès aux archives de la police a pu exhumer un certain nombre d'informations nouvelles à partir des archives d'Ali Haroun et du recueil de témoignages tant français qu'étrangers. À l'époque à laquelle sort le livre d'Einaudi, le public est beaucoup plus réceptif que six ans avant, lorsque Levine avait publié le sien[77]. À la suite du travail d'Einaudi, Anne Tristan publie un recueil photographique Le Silence du Fleuve[78] et les documentaristes britanniques Philip Brooks et Alan Hayling produisent pour la télévision le documentaire qui sera diffusé le 2 mars 1993 par France 3[77].

Le procès très médiatisé de Maurice Papon qui se déroule entre octobre 1997 et avril 1998 provoque un regain d'intérêt pour les évènements d'octobre auxquels l'accusé avait été mêlé de près. Bien que les faits reprochés à Papon portent strictement sur la période de l'occupation, Einaudi est appelé à témoigner sur le rôle de Papon sur les violences de 1961. La publicité entourant le procès amène alors le ministre de l'intérieur Jean-Pierre Chevènement à créer une commission chargée d'examiner les archives de la police sous la présidence de Dieudonné Mandelkern qui remet discrètement son rapport à la presse en mai 1998. Trois historiens dont Jean-Paul Brunet sont alors autorisés à accéder aux documents originaux contenus dans les archives[79]. Le 3 juin 1998, la ministre de la justice Élisabeth Guigou crée, pour examiner les archives judiciaires, une autre commission d'enquête dirigée par Jean Géronimi. L'exploitation de ces archives permet à Jean-Paul Brunet de publier en 1999 Police contre le FLN où il conclut que le nombre de victimes des violences policières est bien inférieur à celui mis en avant par Einaudi[79].

En février 1999, Maurice Papon intente une action en diffamation contre Einaudi pour un article paru le 20 mai 1998, dans Le Monde, où Jean-Luc Einaudi écrit : « Je persiste et signe. En octobre 1961, il y eut à Paris un massacre perpétré par des forces de l’ordre agissant sous les ordres de Maurice Papon ». L'ancien préfet de police perd son procès en mars 1999 et c'est avec ce dernier que le massacre du 17 octobre revient véritablement sur le devant de la scène médiatique[79].

La polémique entre Einaudi et Brunet reste vivace et s'illustre par les deux chapitres que Brunet consacre à l'affaire au début de son livre sur Charonne[80]. Les Britanniques House et MacMaster notent que « au cours des dix dernières années, la question controversée de l'échelle de la répression de 1961, de plus en plus politisée, devient un élément essentiel des enjeux mémoriels de la guerre d'Algérie »[81]. C'est à ces aspects mémoriels qu'House et Mac Master consacrent plus de la moitié de leur ouvrage Paris 1961, les Algériens, la terreur et la mémoire publié en anglais en 2006 et traduit en français en 2008. Les historiens britanniques tentent d'arbitrer la querelle de chiffres entre Einaudi et Brunet, mais une autre historienne britannique leur reprochera leur partialité contre Brunet[82]

Le 17 octobre 2001, quarante ans, jour pour jour, après les faits, le maire de Paris, le socialiste Bertrand Delanoë, inaugure la plaque commémorative sur le pont Saint-Michel. Aucun représentant de la droite municipale ne désira participer à la célébration.

Le jour même, l'après-midi, à l'Assemblée nationale, le secrétaire d'État à la Défense chargé des anciens combattants Jacques Floch évoqua notamment à propos des événements du 17 octobre « un couvre-feu appliqué sur la base du faciès ». La plupart des députés du RPR et de Démocratie libérale ont alors quitté l'Assemblée nationale, critiquant la « récupération politique » d'un tel événement.

À Nanterre (d'où partirent de nombreux Algériens), « l'année de l'Algérie à Nanterre »[83], animée par Gérard Perreau-Bezouille aboutira, en relation avec l'activité des associations (Les oranges, Nanterre 2000...) et de citoyens (M'hamed Kaki, Yacine Djaziri, Daniel Brichot...) à la commémoration chaque année du Massacre et à la pose d'une plaque.

Notes et références

  1. Gilbert Meynier, Le PPA-MTLD et le FLN-ALN, étude comparée, dans La guerre d'Algérie, dir. Mohammed Harbi, Benjamin Stora, Robert Laffont 2004, collection de poche Pluriel, p. 609
  2. Jean-Paul Brunet, Police contre FLN, le drame d'octobre 1961, Flammarion, 1999, p. 28-29
  3. Brunet, Police contre FLN, p.29-31
  4. Brunet, Police contre FLN, p. 34
  5. Brunet, Police contre FLN, p.35
  6. Brunet, Police contre FLN, p.49
  7. Jean Lebrun, « La police et les Nord-africains en France de 1945 à 1961 » dans La Marche de l'Histoire, 17 octobre 2011
  8. a, b et c Brunet, Police contre FLN, p.60-63
  9. Rémy Valat , La force de police auxiliaire de Maurice Papon, Michalon Ed, 2007 (ISBN 2841863824)
  10. a, b et c Linda Amiri, La répression policière en France vue par les archives, dans La guerre d'Algérie, dir. Harbi et Stora, Robert Laffont, 2004, p.595-598
  11. a, b, c, d et e Brunet, Police contre FLN, p.69-71
  12. Jim House et Neil MacMaster, Paris 1961, les Algériens, la terreur d'État et la mémoire, Tallandier, 2008, p.139 (paru en anglais en 2006)
  13. a, b, c, d et e Brunet, Police contre FLN, p.74-82
  14. Brunet, Police contre FLN, p.82
  15. a et b Jim House et Neil MacMaster, Paris 1961, p.125-126
  16. Brunet, Police contre FLN, p.90. Lire également les extraits du témoignage de Raoul L., ancien policier de la compagnie d'intervention du 3e district, reproduit in Jean-Marc Berlière, René Lévy, Histoire des polices en France de l'Ancien Régime à nos jours, p.220-230.
  17. Brunet, Police contre FLN, p.83-84
  18. Brunet, Police contre FLN, p.87
  19. Brunet, Police contre FLN, p.89
  20. Brunet, Police contre FLN, p.91
  21. Brunet, Police contre FLN, p.93
  22. a, b et c Brunet, Police contre FLN, p.101-125
  23. a et b Brunet, Police contre FLN, p.125
  24. Brunet, Police contre FLN, p.138
  25. a et b Brunet, Police contre FLN, p.162
  26. a et b House et MacMaster, Paris 1961, les Algériens, p.211
  27. Note de service n° 149-61 du directeur général de la police municipale, Maurice Legay, destinée à la hiérarchie.
  28. Brunet, Police contre FLN, p.163
  29. a, b, c, d, e et f Brunet, Police contre FLN, p.163-181
  30. a et b House et MacMaster, Paris 1961, les Algériens, p.135
  31. House et MacMaster, Paris 1961, p.129 et 149
  32. Brunet, Police contre FLN, p.167
  33. House et MacMaster, Paris 1961, les Algériens, p.152-153
  34. Brunet, Police contre FLN, p.171-178
  35. House et MacMaster, Paris 1961, p.153
  36. Brunet, Police contre FLN, p.183-185
  37. Brunet, Police contre FLN, p.185
  38. House et MacMaster, Paris 1961, p.152
  39. a et b Brunet, Police contre FLN, p.187-194
  40. a et b House et MacMaster, Paris 1961, p.154-158
  41. Brunet, Police contre FLN, p.196-194
  42. Brunet, Police contre FLN, p.200-206
  43. House et MacMaster, Paris 1961, p.159-161
  44. Brunet, Police contre FLN, p.206-212
  45. House et MacMaster, Paris 1961, p.158-159
  46. a, b, c et d Brunet, Police contre FLN, p.219-227
  47. Brunet, Police contre FLN, p.242-243
  48. Paul Thibaud, « 17 octobre 1961 : retour sur une tragédie » sur L'express, 11/10/2001
  49. Jean-Luc Einaudi, La Bataille de Paris: 17 octobre 1961, éditions du Seuil, 1991, p.189-191
  50. a et b House et MacMaster, Paris 1961, p.166
  51. Brunet, Police contre FLN, p.228-230
  52. a, b, c et d Brunet, Police contre FLN, p.253-254
  53. a, b et c House et MacMaster, Paris 1961, p.203-205
  54. Jean-Paul Brunet, Charonne, Lumières sur une tragédie, Flammarion, 2003, p.23-24, p.35
  55. Paul Thibaud, « Le 17 octobre 1961 : un moment de notre histoire », Esprit, n°279, novembre 2001, p. 18
  56. a et b Thibaud, « Le 17 octobre 1961 : un moment de notre histoire », p. 19
  57. Jean-Paul Brunet, Sur la méthodologie et la déontologie de l'historien. Rretour sur le 17 octobre 1961, Commentaire (été 2008, vol. 31, n° 122).
  58. Jean-Paul Brunet, Méthode et morale en histoire, retour sur les incidents parisiens du 17 octobre 1961, revue Commentaire, été 2008, vol. 31, n° 122 article en ligne
  59. House et MacMaster, Paris 1961, p.157
  60. a et b House et MacMaster, Paris 1961, p.174-175
  61. Jean-Paul Brunet, Police contre FLN, p.199, 201-304
  62. a et b House et MacMaster, Paris 1961, p.274-277
  63. http://www.temoignagechretien.fr/ARTICLES/Chroniques/17-octobre-1961-Le-temps-de-Tartuffe/Default-6-3165.xhtml
  64. a, b et c House et MacMaster, Paris 1961, p.176-178
  65. Bernard Droz, Evelyne Lever Op. Cit. p.325
  66. Bernard Droz, Evelyne Lever, Histoire de la guerre d'Algérie Points - histoire, éd. du Seuil p.325 1982 Paris
  67. a, b, c, d, e, f, g et h House et MacMaster, Paris 1961, p.178-182
  68. Rheda Malek, L'Algérie à Évian, Histoire des négociations secrètes 1956-1962, Seuil, p.177
  69. House et MacMaster, Paris 1961, p.295-296
  70. House et MacMaster, Paris 1961, p.317
  71. Jean-Luc Einaudi, « Cinquante ans après, la souffrance est toujours là, très vive, sous-jacente » sur El Watan, 15 octobre 201
  72. House et MacMaster, Paris 1961, p.196.
  73. Didier Daeninckx, Meurtres pour mémoire, Gallimard, 1984
  74. Témoignage du contributeur, qui a assisté à une telle projection.
  75. Ali Haroun, La 7eme Wilaya, ed du Seuil, 1986
  76. Maurice Papon, Les chevaux du pouvoir: le préfet de police du général de Gaulle ouvre ses dossiers, 1958-1967, Plon, 1988.
  77. a, b et c House et MacMaster, Paris 1961, p.23-24.
  78. Anne Tristan, Le Silence du Fleuve, réédité en 2001 chez Syros.
  79. a, b et c House et MacMaster, Paris 1961, p.25-26.
  80. Jean-Paul Brunet, Charonne, Lumières sur une tragédie, Flammarion, 2003.
  81. House et MacMaster, Paris 1961, p.26-27.
  82. Compte rendu par Sarah Howard dans H-France, Vol. 8, Feb 08, n°30.
  83. Nadjia Bouzeghrane, « Nanterre - Creuset d’une conscience politique algérienne » sur www.elwatan.com, El Watan, 20 septembre 2004. Consulté le 6 janvier 2010

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

Littérature

Filmographie

  • 1962 : Octobre à Paris, film de Jacques Panijel filmé quelque temps après les évènements d'octobre[1]
  • 1985 : Meurtres pour mémoire, film de Laurent Heynemann (roman de Didier Daeninckx)
  • 1992 : Une Journée portée disparue, documentaire de Philip Brooks et Alan Hayling, 52 min couleur.
  • 2001 : 17 octobre 1961: dissimulation d'un massacre, Daniel Kupferstein
  • 2001 : 17 octobre 1961, retour de mémoire, Virginie Delahautemaison
  • 2001 : Sans parole, sans mémoire, Alix Degoutin
  • 2001 : La guerre sans nom dans Paris: Une nuit d'octobre 1961, Aude Touly
  • 2002 : Mémoires du 17 octobre, documentaire de Faïza Guène et Bernard Richard (Les Engraineurs), 17 min couleur[2].
  • 2005 : Nuit noire 17 octobre 1961, film d'Alain Tasma.
  • 2005 : Caché, film de Michael Haneke.
  • 2007 : L'ennemi intime, film de Florent Emilio Siri
  • 2010 : Hors la loi, film de Rachid Bouchareb avec Jamel Debbouze, Roschdy Zem
  • 2011 : Ici on noie les algériens - 17 octobre 1961, film de Yasmina Adi
  • 2011 : 17 Octobre 61 webdocumentaire.

Musique

Notes et références



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Massacre du 17 octobre 1961 de Wikipédia en français (auteurs)

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