Massacre du 5 juillet 1962

Massacre du 5 juillet 1962

Le massacre du 5 juillet 1962, ou massacre d'Oran, se déroule à Oran, ville d’Algérie, le 5 juillet 1962, trois mois et demi après le cessez-le-feu de la Guerre d'Algérie, deux jours après la reconnaissance officielle[1] de l’indépendance, quelques heures avant sa proclamation. Il est le fait d’éléments armés algériens (ALN, ATO et civils) à l’encontre de civils européens (plusieurs centaines de morts et disparus) et musulmans (bilan inconnu). L’armée française attend de longues heures avant de s’interposer.

Sommaire

Le contexte

La violence, de février 1961 à février 1962

À la fin de l’année 1960, le FLN commence à se fondre dans la population musulmane d’Oran (220 000 personnes) et, durant l'été 1961, l’OAS fait de même dans la population européenne (213 000 personnes). Dans une ville qui vient de connaître de longues années sans terrorisme, cette double infiltration provoque un déferlement de violence. Aux attentats FLN (à partir de février 1961[2]) répliquent ceux de l’OAS (à partir d’août 1961). Les attentats — facilités par le fait que les populations sont bien plus mêlées que, par exemple, celles d’Alger — dressent les habitants les uns contre les autres (11 septembre 1961[3]). Chacun voit désormais dans l’autre un possible complice des terroristes adverses. Confrontées à une sanglante anarchie, les autorités sont conduites à séparer les deux communautés[4], ce qui a des conséquences dramatiques pour les nombreux musulmans travaillant dans les quartiers européens. Et la ville, où s’affrontent FLN, OAS, « barbouzes » et forces de l’ordre françaises, va rester un champ de bataille jusqu’à l’été 1962, les habitants musulmans et européens payant au prix fort des stratégies de terreur, de contre-terreur ou de répression.

La violence, après le cessez-le-feu

Les accords d’Évian (18 mars 1962) ont fixé la date de cessez-le-feu (19 mars) entre la France et le FLN, ainsi que le principe d’un scrutin d’autodétermination en Algérie. Après le cessez-le-feu, le FLN n’est plus contenu par l’armée française et peut donc agir plus librement. Dès le 19 mars, le massacre des harkis commence en Algérie[5]. Dès le 17 avril, une vague d’enlèvements de personnes[6] s’abat sur Oran[7]. Les rapts s’effectuent par le moyen de barrages[8] établis dans la ville par le FLN, notamment dans les quartiers musulmans que doivent traverser des Européens pour se rendre à leur travail — quartiers où les soldats français ne patrouillent plus[9]. Les enlèvements sont quotidiens. Ils vont se poursuivre jusqu’au mois de novembre[10]. On découvre des charniers du FLN[9]. Les habitants du bled, eux-mêmes visés par les enlèvements, se replient sur la ville. L'épouvante s'installe. C’est en ce mois d’avril que se déclenche l’exode des Européens d’Oran[11]. Le fond de l'horreur est atteint lorsque l'OAS, voulant imiter le FLN, se lance à son tour dans les attentats visant délibérément des innocents[9].

Le 26 juin 1962, l’OAS a cessé le combat[12]. Ses effectifs ont quitté la ville pour l’Espagne[13] — les derniers, le 28 juin[14]. Un Comité de réconciliation entre les deux communautés a été créé[15]. Il tient sa première réunion le 28 juin[16]. Au cours de celle-ci, le chef du FLN d’Oran, le capitaine Bakhti[17], se veut rassurant : « L’ALN est présente à Oran. Pas question d’égorgements. Au contraire, nous vous garantissons une vie meilleure[18]. » Les titres de L'Écho d'Oran donnent à penser que l'heure est à l'apaisement[19].

Depuis le 25 juin, des camions militaires français sillonnent les rues de la ville, diffusant des messages rassurants, promettant protection de l’armée française à la population européenne, l’incitant à ne plus avoir peur, à sortir et à reprendre normalement ses activités[20].

Néanmoins, l’inquiétude est grande, concernant une possible poursuite des exactions FLN. Dans le petit peuple, c’est toujours la peur qui prédomine. On ne peut écarter les images horribles qui ont marqué la fin du Congo belge, deux ans plus tôt. Les Européens continuent de quitter la ville. Mais bateaux et avions sont insuffisants pour assurer l’exode. À partir du 29 juin, une grève en métropole de personnels de navigation vient tout aggraver[21]. Le rythme des départs d’Oran n’est que de 3 000 par jour.

Oran, enjeu dans la lutte GPRA-ALN de l'extérieur

carte sommaire d'Oujda à Oran
Jusque là cantonnée au Maroc, l'ALN de l'extérieur commence à investir les postes-frontière et Tlemcen, le 3 juillet.

Le scrutin d’autodétermination a eu lieu, le 1er juillet[22]. Les résultats en sont connus (99,72 % de voix favorables à l’indépendance[23]). L’ALN de l’extérieur[24], jusque là cantonnée au Maroc, commence à entrer en Algérie le 3 juillet[25]. L’ALN de l’extérieur (au contraire du GPRA) est hostile au maintien d’une présence européenne en Algérie[26]. Elle souhaite investir Oran, enjeu dans la lutte pour le pouvoir qui l’oppose aux modérés du GPRA[27]. Elle souhaite intervenir massivement, prouver sa force, sans que cela paraisse un coup d’État[28].

Tout ce contexte fournit des arguments à ceux qui soulèvent l’hypothèse de troubles prémédités en haut lieu[29]. Certes, le massacre du 5 juillet va servir de prétexte à l’ALN de l’extérieur pour entrer dans Oran le 8 juillet, pour « maintenir l’ordre[30] » — montrant par là que le GPRA était incapable de le faire[31]. Mais, concernant un coup monté, on est toujours dans le domaine de l'hypothèse[32].

Reconnaissance et proclamation de l'indépendance

Le transfert de souveraineté à l’Exécutif provisoire[33] a eu lieu le 3 juillet. L’Algérie est donc indépendante depuis ce jour, où le général De Gaulle a « reconnu » officiellement l’indépendance de l’Algérie. Mais il ne l’a pas encore « proclamée ». Il doit le faire le soir du 5 juillet, dans une allocution télévisée. La proclamation de l’indépendance va donc coïncider avec le 132e anniversaire de la prise d’Alger par les Français.

L'appel à la manifestation du 5 juillet

Depuis le 1er juillet, des manifestations musulmanes ont salué joyeusement l’indépendance, « quelques défilés de voitures surchargées d’hommes et de femmes hurlant des slogans et des you-you mais, en somme, plutôt bon enfant[34] ». Le chef de la wilaya V (Oranie), le colonel Othmane, acquis à l'ALN de l'extérieur, a dépêché sur Oran les sept katibas[35] (compagnies) de l'ALN qu’il a pu reconstituer après le cessez-le-feu. Elles ont défilé dans la ville, le 3 juillet, encadrant les manifestants[29]. Ce même jour, 3 juillet, le capitaine Bakhti a donné l’ordre de cesser les manifestations.

Mais, le 4 au soir, elles reprennent[36]. Car, sur Radio-Alger, le GPRA appelle à de grands rassemblements pour le 5 juillet, jour de la proclamation de l’indépendance. À Alger, les festivités seront présidées par Benyoucef Benkhedda et Krim Belkacem. Cette coloration GPRA de manifestations ne peut qu'irriter les « ultras[37] ». Aucun déploiement de foule n’est donc prévu en Oranie, bien tenue en main par les benbellistes. À Oran même, le capitaine Bakhti, lié aux ultras, affirme qu’aucune manifestation n’est prévue. Il appelle à la reprise du travail[29]. Le capitaine Bakhti informait jusque là le général Katz (par le canal du commandant de gendarmerie Humbert) de tout ce qui touchait aux démonstrations de liesse. Il ne le prévient pas d’une manifestation devant se dérouler le jour de la proclamation de l’indépendance[38]. Il ne le fera que le 5 juillet, « vers midi », c’est-à-dire après le début du massacre[39].

Les opinions divergent quant à la prise d’initiative de la manifestation :

  • Le général Katz avance que les gens, ayant entendu Radio-Alger, auraient spontanément décidé de défiler le 5 juillet[40].
  • Certains font observer que les milieux intellectuels, scouts et syndicalistes UGTA de la ville[41] étaient hostiles à l’ALN de l’extérieur. Ces modérés, ayant entendu les consignes du GPRA sur Radio-Alger, auraient initié la manifestation au mépris des injonctions du capitaine Bakhti.
  • Les théoriciens du coup monté, tel Jean-François Paya, souscrivent à cette idée. Mais ils vont plus loin. Le coup de feu mystérieux faisant dégénérer la manifestation « GPRA » aurait été, selon eux, une provocation des benbellistes. En déclenchant volontairement des troubles, les ultras accentuaient l’exode européen, déconsidéraient le GPRA et justifiaient l’entrée de l’ALN de l’extérieur dans la ville[42].
  • Jean Monneret balaie ces hypothèses. Selon lui, le FLN benbelliste d’Oran avait parfaitement en main la population musulmane. Elle n’aurait pu spontanément décider de défiler. Quant aux fidèles du GPRA (les modérés), ils n’étaient pas assez influents pour contrarier la volonté des ultras. L'historien affirme d’autre part que l’ALN de l’extérieur n’avait nullement besoin d’un prétexte pour entrer dans Oran. Selon Jean Monneret, la manifestation aurait bel et bien été organisée par le FLN benbelliste tenant la ville. Sur le point de comprendre pourquoi Bakhti n’a pas prévenu le général Katz, Jean Monneret veut y voir l’affirmation d’une distance prise, dans l’ivresse d’une émancipation toute neuve, vis-à-vis de procédures tatillonnes imposées par les Français[43].

La manifestation

plan très sommaire du centre ville d'Oran
Centre-ville d’Oran.

Il reste à Oran, le 5 juillet, environ 100 000 Européens. Ils bénéficient, en principe, de la garantie de leur personne par les accords d'Évian.

La manifestation musulmane se met en place, très tôt. Dès sept heures, la circulation automobile est perturbée. En tête, vont les scouts musulmans, aux foulards vert et blanc. Des banderoles antibenbellistes proclament : « Non au culte de la personnalité » ou « Un seul héros, le peuple »[44]. Parti de Ville-Nouvelle, le cortège emprunte le boulevard Joseph-Andrieu, puis le boulevard Maréchal-Joffre, et prend à droite le boulevard du 2e-Zouaves, jusqu’à la place Karguentah.

Les manifestations des jours précédents s’étaient cantonnées à la bordure des quartiers musulmans[45]. La foule aujourd’hui s’engage dans le boulevard de Sébastopol, retrouve le boulevard Maréchal-Joffre. Elle progresse ainsi vers la place d'Armes[46] (place Foch), c’est-à-dire vers les quartiers européens[47].

Car une cérémonie est prévue, place d’Armes : l’ALN doit hisser le drapeau algérien sur la façade de la mairie[48]. Des soldats de l’ALN, en treillis « léopard », sont en effet présents (il s’agit bien entendu des hommes de la wilaya V, puisque l’ALN de l’extérieur n’entrera dans Oran que le 8 juillet). Le service d’ordre et la circulation sont assurés par des ATO (force armée de l’Exécutif provisoire, remplaçant les policiers français) en uniforme plus clair, submergés. Sur la place, la foule des manifestants musulmans est maintenant considérable, les femmes en haïk groupées d’un même côté, avec les enfants. L’atmosphère est à la fête, et l’exaltation à son comble[49].

La fusillade de la place d'Armes

plan très sommaire d'Oran
Plan général.

À 11 heures 15[50], un coup de feu d’origine inconnue est entendu, place d'Armes[51]. On n’y prête guère attention, puisque l’on est familier des coups de feu (depuis le 1er juillet, l’habitude est prise de tirer en l’air pour manifester sa joie). Mais d’autres coups de feu répondent au premier. Des musulmans armés se mêlent à la foule[52]. Certains sont en uniforme (ATO et ALN). Et il s’avère que de nombreux manifestants sont armés[53]. Les tirs se généralisent. Un mouvement de panique s’empare de la foule des manifestants musulmans. Beaucoup se couchent à terre. Femmes et enfants s’enfuient. Il y a peut-être des victimes. La fusillade est si nourrie et si confuse qu’on ne peut dire qui tire sur qui. On attaque même les zouaves en faction à l’entrée de l’opéra, qui ripostent[54].

Le massacre

On ignore qui prend l’initiative du massacre d’Européens qui va suivre. En revanche, concernant son déroulement ainsi que les enlèvements, les témoins directs mettent en cause l’ALN, les ATO[55] et des civils équipés d’armes de poing et de couteaux. Au début, l’on voit beaucoup les ATO s’impliquer dans les lynchages et dans les meurtres[56]. Puis, peu à peu, les hommes de l’ALN s’imposent en nombre dans ces mêmes exactions[57].

Tous ces hommes armés agressent les Européens qu’ils rencontrent, dans un déchaînement meurtrier. C'est une véritable chasse à l’homme qui s’organise[58]. Elle va mettre à feu et à sang de nombreux quartiers européens[47]. Les hommes armés se ruent sur les immeubles, enfoncent les portes des appartements, ouvrent le feu dans les restaurants[59], arrêtent, enlèvent, égorgent, au hasard des rencontres[60]. Des rafales de mitraillette balaient les terrasses des cafés, les porches, les voitures[60]. Sur les atrocités commises, de nombreux témoignages[61] se recoupent : exécutions sommaires d’Européens et de musulmans soupçonnés de leur avoir été favorables[62], scènes de lynchage (place d’Armes, boulevard de Sébastopol, place Karguentah, boulevard de l’Industrie, rue d’Arzew et ailleurs[63]), actes de torture (pendaison[64], pendaison à des crocs de boucher[65], mutilations, énucléations). Sur le boulevard du 2e-Zouaves, deux mitrailleuses lourdes « se déchaînent[66] ».

Les enlèvements

Les premiers rapts sont signalés vers 12 heures 10 : une centaine d’Européens sont dirigés sur Ville-Nouvelle[67] (quartier musulman du centre[68]). D’autre rapts ont lieu avenue de Sidi-Chami (12 heures 20). Entre 12 heures et 12 heures 30[63], la poste principale est envahie, les fonctionnaires présents sont égorgés[69] et une trentaine de personnes, hommes et femmes, sont enlevées, contraintes de se déplacer à genoux[70]. À 13 heures 15, des zouaves signalent de nombreux enlèvements d’Européens, rue du Lieutenant-Dahan et dans le secteur du cinéma Rex[71]. D’autres sont signalés boulevard du 2e-Zouaves, rue d’Arzew (rue Général-Leclerc), boulevard de Mascara (boulevard Édouard-Herriot) et boulevard des 40 mètres (boulevard du Corps-Expéditionnaire-Français)[72]. Les hommes de l’ALN quadrillent la ville[73]. Ils enlèvent des personnes, et les regroupent. C’est ainsi qu'ils conduisent des Européens en cortège au commissariat central, ou vers Petit-Lac[74] (quartier musulman, au sud-est). Certains de ces prisonniers sont tués en chemin[75]. D'autres sont sauvés par des musulmans[76].

Les dispositions encadrant une intervention française

Les accords d’Évian (article V) prévoient que l’armée française peut intervenir, au cas où la sécurité de ressortissants français serait menacée. Et ce, jusqu’à la remise des pouvoirs à une Assemblée nationale algérienne élue[77]. Il n'y a donc pas risque de protestation de la part de l'Exécutif provisoire algérien.

Mais, lors du conseil des ministres du 24 mai, Louis Joxe a évoqué la peur dans laquelle baignaient les harkis et les Européens ; et le général De Gaulle a livré son sentiment là-dessus : « La France ne doit plus avoir aucune responsabilité dans le maintien de l’ordre après l’autodétermination. Elle aura le devoir d’assister les autorités algériennes ; mais ce sera de l’assistance technique. Si les gens s’entre-massacrent, ce sera l’affaire des nouvelles autorités[78]. »

Du 13 juin au 1er juillet, le général Katz, commandant le corps d'armée d'Oran, a reçu d’Alger « vingt notes ou messages[79] », parfois contradictoires, restreignant la capacité d’intervention française (en particulier, les notes des 13 et 19 juin du général Fourquet, chef d’état-major en Algérie) :

  • La note 2140 du 13 juin attirait l’attention sur le fait qu’après le scrutin d’autodétermination, l’Exécutif provisoire serait investi de toutes les responsabilités « sans disposer encore des moyens correspondants[80] ».
  • Quant à la note du 19 juin[81], le général Katz en dit que « les dispositions arrêtées étaient bonnes tout au plus à régler une manifestation dans une paisible sous-préfecture[82]. »

Le 21 juin, lors de la réunion du Comité des affaires algériennes, le général De Gaulle a rejeté l'instruction Messmer autorisant une intervention « d’initiative française » (c’est-à-dire non sollicitée par l’Exécutif provisoire algérien). La décision finale du Comité, prise le 21 juin, notifiée le 26, est donc plus restrictive : « L’intervention dite d’initiative ne devra être envisagée pour assurer la protection de nos forces ou celle de nos nationaux que dans les cas de légitime défense ou d’attaque caractérisée[83]. » Le général Katz a reçu, de la part de l’état-major, une instruction (du 23 juin) en ce sens[84]. La menace doit être « grave et directe » pour que l’on puisse agir.

Le 5 juillet, la menace est grave et directe. Mais le général Katz a pu, au travers des notes, prendre la mesure de l’hostilité des politiques à toute intervention « d’initiative[85] ».

La réaction française

Le général Katz sort de trois années de « mise au placard » pour avoir déplu au pouvoir politique[86]. Rentré en grâce l’année précédente, il a obtenu sa troisième étoile. De son propre aveu, il est venu à Oran pour prouver qu’il la mérite[87].

Il est à la tête[88] des 18 000 soldats français présents à Oran[89]. Si les instructions qu’il a reçues sont déclarées « incompréhensibles » par Gérard Israël[90] et « ineptes » par Jean Monneret[91], son attitude est qualifiée d’« atterrante » par Georges-Marc Benamou[92]. Le général Katz tarde en effet à réagir (six heures s’écoulent entre le début du carnage et le déploiement des militaires français[93]).

Le JMO (Journal de marche et d’opérations) du secteur d’Oran[94] rappelle par deux fois que les troupes sont consignées, ce 5 juillet :

  • À 12 heures 15 (un des moments les plus intenses du massacre), premier rappel : « GAOR[95]. Rappel consigne des troupes aux secteurs. »
  • Deuxième rappel : « Primo : rappel consigne rigoureuse des troupes. Secundo : les troupes restent consignées. S’il est attenté à la vie des Européens, dans ce cas, prendre contact avec le secteur avant d’agir[96]. »

Les témoins, tant civils que militaires, tant pieds-noirs que métropolitains, « confirment unanimement qu’il était interdit aux forces françaises d’intervenir[97] ».

Le général Katz dit qu’il était privé de téléphone. Il dit n’avoir été informé de l’existence de troubles que vers midi, par le capitaine Bakhti, qui s’était déplacé[98].

« S’il y a eu cette malheureuse journée, dit le général Katz, la faute en incombe au gouvernement français[99], qui m’a retiré le maintien de l’ordre. Il a été passé au FLN qui était incapable de l’assumer. Je ne pouvais intervenir que sur la demande du préfet algérien[100]. » Il répète que le gouvernement français « a agi avec légèreté en donnant le maintien de l’ordre à des gens qui ne pouvaient pas l’assumer. Il y aurait dû y avoir une période de transition de je ne sais combien, quinze jours, un mois où [ou], en tout cas, il aurait fallu qu’on puisse l’assumer avec eux[101]. »

Les soldats français restent dans les casernes. Les initiatives participant d’un sentiment humain sont isolées, comme l’acte de désobéissance du lieutenant Kheliff, qui intervient avec son unité de chasseurs du 30e BCP, loin de sa base, pour faire libérer des centaines de prisonniers européens, regroupés devant la préfecture[102].

Article détaillé : Rabah Kheliff.

Autre officier enfreignant les ordres, le capitaine Croguennec[103], commandant la 2e compagnie du 2e Zouaves. Il fait libérer plus de 400 personnes du commissariat central, et les accueille dans son cantonnement de l’école Jules-Ferry[104].

C’est à 14 heures 20 que le général Katz donne l’ordre d’intervenir[105]. À 15 heures 30, les premiers gendarmes mobiles sont opérationnels[106]. Ce sont des « forces de deuxième catégorie » dont la note du 19 juin, citée plus haut[107], autorise l’emploi en cas de risque grave couru par les nationaux. Pour ce qui concerne le recours aux « forces de troisième catégorie » (l’armée), la note dit qu’il ne peut se faire que « sur demande expresse de l’autorité civile[108] ». Les gendarmes mobiles se postent là où des troubles ont déjà eu lieu, au centre ville. Le maintien de l’ordre dans les quartiers périphériques — et notamment musulmans, où ont été emmenées le plus grand nombre des personnes enlevées — reste du ressort de l’ALN[109].

On ignore tout des palabres qui pourraient expliquer le retard pris dans l’intervention française. Le général Katz a peut-être négocié à la fois du côté français et du côté algérien :

  • Beaucoup de choses ont été dites au sujet d’un ordre téléphonique de non-intervention qu’aurait reçu de Paris, ce jour-là, le général Katz[110]. Lequel dément catégoriquement : « Non, je n’avais pas d’ordres de Paris à avoir[101]. » Les instructions étaient là depuis la fin du mois de juin, il devait s’y plier : pour ce qui concernait le recours à l’armée, il devait obtenir une demande d’intervention de l’autorité civile algérienne, c’est-à-dire du préfet.
  • Comment a-t-il obtenu cette demande ? Il est muet sur les éventuelles tractations[109]. Il déclare seulement avoir rencontré le préfet algérien, Souiyah El Houari, à 16 heures 30[111].

Il faut attendre 17 heures pour que l’armée française prenne position dans la ville et commence à rétablir le calme. L’ALN, qui a pris une part prépondérante dans le massacre et dans les enlèvements, va se retourner avec un zèle féroce contre ceux qui l’ont accompagnée dans ces exactions : ATO et civils en armes. Ce qui pourrait expliquer un certain nombre des victimes musulmanes[112].

Après le massacre

Au soir de cette journée, le général De Gaulle apparaît comme prévu à la télévision, et proclame l’indépendance de l’Algérie.

Des charniers vont être découverts, notamment celui de Petit-Lac[113] (le général Katz a toujours nié l’existence de ce charnier[114]).

Le 10 juillet, à Pont-Albin[115], le capitaine Bakhti présente aux médias 58 prisonniers musulmans qu’il charge de tous les crimes commis. L’un d’eux serait le « sanguinaire mais minable chef de bande Mouedenne Attou, qui sévissait dans les quartiers est depuis le 19 mars[77] ». Chose que « personne ne crut à Oran, même chez les musulmans[116] ». Le bandit Mouedenne Attou, membre du FLN[117], était chef du renseignement de la zone R4 — zone de Petit-Lac — à Oran[118]. Mais l’OAS affirme l’avoir abattu, le 24 avril[119].

Ce massacre, exercé sur des innocents, achève de terroriser la population civile européenne. Il lui montre qu’elle est privée de protection. Il lui montre la fragilité de son statut, tel que défini par les accords d'Évian[120]. Le massacre suscite le désespoir des Européens, dont l’exode prend alors un tour massif. Fin 1962, il ne reste plus en Algérie que 100 000 Européens, sur environ un million l’année précédente.

Le nombre de victimes

Si tous les témoignages confirment les insoutenables scènes de massacre, l’ampleur de celui-ci est très difficile à estimer. Le désordre régnait alors. Depuis le cessez-le-feu, les habitants du bled avaient trouvé un refuge précaire dans la ville. Au port, sur l’hippodrome et à l’aéroport, dans un invraisemblable chaos, s’entassaient des milliers d’Européens espérant un départ[121]. Côté algérien, on était en pleine lutte GPRA-ALN de l’extérieur. La volonté de silence des autorités, tant algériennes que françaises, gêne toute vérification. Des centaines de plaintes furent déposées au consulat d’Oran, mais une plainte pouvait recouvrir plusieurs personnes d’une même famille, et la disparition de nombreux hommes isolés (leurs familles étant déjà parties) n’a pas été signalée à Oran, mais en métropole.

Les chiffres avancés de part et d’autre oublient le plus souvent des précisions importantes : parle-t-on des morts ? des disparus ? des morts et disparus ? parle-t-on bien des seules victimes européennes ? ou des musulmans et Européens confondus ? parle-t-on bien de la seule journée du 5 juillet[122], dans la seule ville d’Oran ? Il s’ensuit une grande disparité dans les chiffres, et des querelles, même au sein de la communauté pied-noir[123].

Premiers chiffres (nombre de morts musulmans et européens)

Les chiffres officiels de l’époque (basés sur le premier témoignage du docteur Mostefa Naït, directeur de l’hôpital civil, et par ailleurs membre du FLN[123]) faisaient état de 25 morts[124]. Le docteur Naït est revenu par la suite sur ce chiffre pour parler de 95 morts, avec un rapport d’une victime européenne pour quatre musulmanes, et d’une victime par balle pour deux à l’arme blanche[47]. Les chiffres officiels ne faisaient pas état des disparitions[125].

Morts et disparus musulmans

La mort ou la disparition de musulmans ne fut pas signalée aux autorités françaises, qui les considéraient, depuis la reconnaissance officielle de l’indépendance le 3 juillet, comme des Algériens. Sur les raisons de leur mort, on en est réduit aux conjectures : on pense qu’il pourrait s’agir de musulmans pro-français[62], de manifestants de la place d’Armes et de victimes que fit l’ALN dans la répression qui a suivi le massacre, obscurs hommes de main « effacés » après avoir cessé de servir, trafiquants, gangsters et pillards divers[126]. Les chiffres aujourd’hui proposés en France concernent les seules victimes européennes.

Européens enlevés

Il y eut ce jour-là de nombreux morts européens dont les corps furent retrouvés. Mais il y eut plus encore d’enlèvements de personnes qui n’ont pas reparu depuis. Du côté des autorités, concernant les rapts, on se contente d’englober la journée du 5 juillet à Oran dans des chiffres plus généraux : sur l’ensemble de l’Algérie, en huit ans de guerre, de novembre 1954 au 19 mars 1962, 375 Européens furent enlevés par le FLN ; le phénomène s’amplifia brutalement dès le cessez-le-feu puisque, du 19 mars à octobre 1962, c’est-à-dire en sept mois, il y eut 3 018 Européens enlevés par le FLN[127]. Un demi-siècle plus tard, la très grande majorité des personnes enlevées sont toujours considérées comme disparues[128].

Morts et disparus européens à Oran, le 5 juillet

Les rapatriés parlent de « 3 000 disparus » à Oran, ce jour-là[129]. Pour Jean-François Paya, il s’agirait de près d’un millier de morts[29]. Jean-Pierre Chevènement, préfet d’Oran par intérim[130] ce jour-là, cite le chiffre de 807 victimes que lui fournirent ses services (chiffre qu’il estime devoir être légèrement minoré, des habitants ayant peut-être gagné le port ou l’aérodrome, et trouvé un départ), et préfère pour sa part se résoudre à parler de centaines de victimes[131]. Jean Monneret parle (dans un livre paru en 2000) de 450 à 610 victimes[132]. En 2010, il estime toujours « raisonnable, toutes évaluations confondues », d’avancer que l’ordre de grandeur des victimes européennes du 5 juillet 1962 à Oran se situe « dans une fourchette de 400 à 600[123] ».

La reconnaissance du massacre

« Le massacre du 5 juillet d’Oran, écrit Georges-Marc Benamou, semble être un événement clandestin, discutable, fantasmé, et dont seuls les survivants se repassent le souvenir. Aucune étude historique définitive. Pas de véritable investigation. Peu de livres. Pas une plaque, nul hommage officiel de la République. Quand il s’agit des massacres du 5 juillet d’Oran, tout est sujet à caution[133]. » Se heurtant aux intérêts économiques, à des préoccupations d’ordre hagiographique, au silence des pouvoirs publics, à celui des médias et des historiens, les familles des victimes se battent pour que le massacre soit reconnu[134].

À la question[135] d’un parlementaire, lui demandant de préciser ce qu’il envisage afin que la mémoire des victimes du massacre d’Oran puisse être commémorée, Hamlaoui Mekachera, ministre français délégué aux anciens combattants, répond, en 2007 :

« Je tiens à rappeler que la République rend solennellement hommage aux combattants morts pour la France pendant la guerre d'Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie le 5 décembre de chaque année. Conformément aux dispositions de la loi n° 2005-158 du 23 février 2005 portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés, les victimes civiles et les disparus en Afrique du Nord sont désormais associés à cet hommage national. À ce titre, dans le cadre de la cérémonie nationale du 5 décembre 2006, une plaque[136] a été inaugurée par le Premier ministre, en présence du ministre de la défense et du ministre délégué aux anciens combattants, quai Branly, près du mémorial national de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie, pour rappeler la souffrance des familles confrontées aux violences, aux massacres ou aux disparitions[137]. »

Notes et références

  1. Journal officiel du 4 juillet 1962. La reconnaissance, avec transfert de souveraineté le même jour à l’exécutif provisoire algérien, rendait effective l’indépendance de l’Algérie dès le 3 juillet. La formalité de proclamation, deux jours plus tard, répondait au vœu des Algériens, qui préféraient la date symbolique du 5 juillet pour fêter leur indépendance. Certains considèrent que l’Algérie était indépendante dès le 2 juillet, c’est-à-dire dès la connaissance des résultats du scrutin.
  2. À Oran, un des premiers attentats FLN provoqua un sentiment d’horreur. Il eut lieu le 28 février 1961. Un homme et deux femmes périrent brûlés vifs dans leur véhicule, place du Docteur-Roux. Jean Monneret, La Tragédie dissimulée, p. 29.
  3. Rémy Madoui, « Chronologie, 1961 », Du FLN à l'O.A.S.
  4. La mesure sera durcie par l’OAS après le 19 mars 1962. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 39.
  5. Le massacre des harkis et de leurs familles, qui fera des dizaines de milliers de victimes, a commencé dès le cessez-le-feu et connaîtra ses moments les plus forts à l'automne Le Massacre des harkis.
  6. Pierre Montagnon, Histoire de l’Algérie : des origines à nos jours, Pygmalion/Gérard Watelet, 1998, p. 320.
  7. « Dans les deux camps, c'était à qui se massacrerait, s'étriperait avec le plus de haine. Le fossé était devenu fosse, où se perdaient les charniers. » Andrée Montero — dont le mari et le frère furent enlevés le 25 avril 1962, à Oran —, Le Cri retenu, L'Harmattan, 2004.
  8. Le mode opératoire en est détaillé par Jean Monneret, op. cit., p. 50-51.
  9. a, b et c Jean Monneret, L’Affaire des Français disparus en Algérie en 1962, après les Accords d’Évian
  10. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 20. Les chiffres concernant les enlèvements d’Européens après le cessez-le-feu (dans toute l’Algérie) porteront même jusqu’au mois d’avril 1963. Boris Thiolay, « La vérité sur les massacres d’Oran », L’Express.fr, 25 octobre 2007
  11. L’exode des Européens d’Algérie avait commencé dès 1961. Il concernait notamment les Juifs du Constantinois. Le 28 juin 1962, à Constantine, il ne restait plus que 2 000 Européens, sur 40 000 auparavant. Le Monde, 28 juin 1962.
  12. La Dépêche quotidienne d’Algérie, 28 juin 1962.
  13. Jean-François Paya, « Oran, 5 juillet 1962 : les causes du massacre », dans Les Cahiers secrets de l'histoire, n° 42, septembre 2002.
  14. Rémy Madoui, « Chronologie, 1962 », Du FLN à l'O.A.S.
  15. Jean-François Paya, article « Oran, 5 juillet... » cité. On trouve dans ce comité des notables européens, dont le premier adjoint au maire, Roger Coignard, et des musulmans engagés comme le capitaine Bakhti, lié à Ben Bella et à l’ALN de l’extérieur.
  16. La date du 28 juin est donnée par Fouad Soufi, « L'Histoire face à la mémoire : Oran, le 5 juillet 1962 », sur LDH Toulon, Les Deux Rives de la Méditerranée : Oran 1962. D'autres disent le 21. France catholique, Indigènes.
  17. Djelloul Nemmiche, dit Bakhti (1922-1992), a participé au casse de la poste d’Oran, le 5 avril 1949, en compagnie de Ben Bella. Il revient à Oran le 27 mai 1962, en tant que chef de la zone autonome FLN de la ville (ZAO), structure à la fois politique et militaire (divisée en 9 secteurs) créée par le commandement ALN de la wilaya V (Oranie). Lié aux ultras, Bakhti est chargé des relations houleuses entre la wilaya V et l’organisation civile du FLN d’Oran (zone 3), fidèle aux modérés du GPRA. Interlocuteur du général Katz, il est présenté par Fouad Soufi comme jouant « un rôle essentiel, durant cette période ». Fouad Soufi, article cité, l’histoire face à la mémoire : Oran, le 5 juillet 1962 par Fouad Soufi. Il sera ministre des Moudjahidines, de 1980 à 1986.
  18. Cité par Claude Martin, in Geneviève de Ternant, L’Agonie d’Oran. Repris dans Pieds-noirs d’hier et d’aujourd’hui, n° 48, juillet 1994.
  19. L'Écho d'Oran, 29 juin 1962.
  20. Jean Monneret, La tragédie dissimulée, Oran, 5 juillet 1962 : RESILIENCETV. Le R.P. de Saint-Sernin donne le contenu d’un appel de ce type, qu’il a entendu par deux fois le 25 juin. Michel de Laparre de Saint-Sernin, article cité, Honte à la République Française de 1962 ! Le 5 juillet 1962 à Oran. Voir aussi, concernant ces appels, le témoignage du magistrat Jean-Henri Fourcade, in Geneviève de Ternant, op. cit., t. III, p. 94.
  21. Marins et officiers réclament une hausse des salaires, le paiement des jours fériés, une indemnité de fin de carrière, un treizième mois, une allocation supplémentaire d’ancienneté, une relâche d’au moins dix-huit heures dans les ports entre deux voyages. Les armateurs refusent. Le 29 juin, un mouvement de grève se déclare sur le port de Marseille. Gérard Crespo, « L’arrivée et l’installation des Pieds-Noirs à La Seyne-sur-Mer et dans le Var en 1962 », sur LDH Toulon, Les Deux Rives de la Méditerranée : Pieds-noirs.
  22. Il s’agit bien d’un scrutin, et non d’un référendum. Journal officiel, 4 juillet 1962. Le Conseil constitutionnel avait reproché à une précédente consultation d'avoir revêtu le nom de référendum, sans répondre à la définition d'alors.
  23. Benjamin Stora, Histoire de la guerre d'Algérie (1954-1962), La Découverte & Syros, 2004, p. 84.
  24. Par opposition aux maquis de l’intérieur. On dit aussi « ALN (ou armée) de la frontière ». Le comité inter-wilayas de l'intérieur (sans la wilaya V d’Oranie) avait lancé un appel au GPRA pour en finir avec l'état-major de l'ALN de l’extérieur, basé à Oujda (Maroc), et avec son chef, le colonel Boumédiène. El Watan, 26 décembre 2006.
  25. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 178.
  26. Georges-Marc Benamou, Un mensonge français, p. 245.
  27. « Les troupes de la redoutable ALN de l’extérieur, menées par Boumédiène, allié à Ben Bella », s’opposent au « modéré Benkhedda à la tête du GPRA ». Georges-Marc Benamou, op. cit., p. 245. Ben Bella, disant craindre pour sa vie, a fui Tunis le 28 juin pour Tripoli, et s’est allié à Boumédiène. Pierre Montagnon, op. cit., p. 330. Répondant au vœu du comité inter-wilayas de l’intérieur, Benkhedda, dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, a destitué Boumédiène et deux commandants. El Watan, article cité.
  28. Mohamed Harbi, ancien responsable FLN et historien : « Avec la France, la Tunisie et le Maroc, il faut bien manœuvrer. Car si ces États apportent leur soutien au GPRA et bloquent l'ALN à l'extérieur, c'en est fini de la coalition benbelliste [...] L'État -major a une vue cynique des choses ; il désire ruiner l'autorité du GPRA. Avec Ben Bella, il ne reculera devant aucun procédé pour se saisir du pouvoir. » Rapporté par Jean-François Paya, article « Oran, 5 juillet... » cité.
  29. a, b, c et d Jean-François Paya, article « Oran, 5 juillet... » cité.
  30. Jean-François Paya présente comme troublant un communiqué de trois pages (Note de rens 1266:B2:sec-conf /odj EMG ALN du 5 juillet 62) de l’État-major général de l’ALN « proclamant que le GPRA est incapable de maintenir l’ordre » et que lui-même se propose de le faire en allant « protéger la minorité européenne ». Ce communiqué est diffusé aux cadres, affirme Jean-François Paya, le matin du 5 juillet, « alors qu’on ne sait pas encore ce qui se passe à Oran ». Jean-François Paya, « Le 5 juillet 1962 à Oran », sur LDH Toulon, Les Deux Rives de la Méditerranée : Oran 1962.
  31. « On évoque — de plus en plus — une provocation de l’ALN de l’extérieur qui, dans sa rivalité avec les politiques du GPRA, cherchait à imposer, non seulement son pouvoir, mais aussi sa conception d’une Algérie épurée de toute présence française. » Georges-Marc Benamou, op. cit., p. 245, qui fait référence à Alain-Gérard Slama, « Oran, 5 juillet 1962, le massacre oublié », L’Histoire, n° 231, avril 1999.
  32. La thèse du coup monté est défendue notamment par Jean-François Paya. Elle est combattue par Jean Monneret. Leurs deux points de vue s’expriment tour à tour in Jean Monneret, La Tragédie..., p. 175-179. Voir aussi p. 99-101.
  33. L'Exécutif Provisoire, organisme mis en place dans le cadre des accords d'Évian, est chargé d'assurer la direction du pays, du cessez-le-feu (le 19 mars) au transfert de souveraineté (le 3 juillet), puis jusqu'à la remise des pouvoirs à une assemblée constituante élue (cette remise des pouvoirs aura lieu le 27 septembre). Déclaration télévisée du général De Gaulle, 18 mars 1962.
  34. Geneviève de Ternant, discours prononcé à l’église du Vœu, à Nice, le 5 juillet 2001.
  35. « Quatre ou cinq », selon Jean-François Paya, article « Oran, 5 juillet... » cité. « Six ou sept », selon Jean Monneret, La Tragédie..., p. 92 (« sept », p. 186). « Sept », selon Claude Martin, ibid.
  36. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 98.
  37. La coalition des ultras (Ben Bella, État-major de l’ALN de l’extérieur, commandement de la wilaya V) sera appelée à partir du 11 juillet « groupe de Tlemcen ». Le choix du 5 juillet pour date de proclamation de l’indépendance avait été formulé par le comité inter-wilayas de l’intérieur (sans la wilaya V d’Oranie), choix relayé par Benkhedda auprès de la France. Jean-François Paya, article « Oran, 5 juillet... » cité. La manifestation du 5 n’avait par conséquent rien pour plaire aux ultras.
  38. Le rapport du corps d’armée dit qu’« il ne fut pas possible d’être fixé » sur le point de savoir si une manifestation était prévue pour le 5 juillet (in Joseph Katz, L’Honneur d’un général, p. 356). Le Deuxième Bureau avait pourtant écrit, dès le 26 juin, qu’un défilé était prévu boulevard Andrieu (sans prévoir qu’il déborderait sur les quartiers européens), avec présence de l’ALN et des organisations de jeunes. BT 1196, 26 juin 1962, 1 h 3037.
  39. Selon le général Katz, entretien accordé à Jean Monneret, 17 février 1989, in Jean Monneret, La Tragédie..., p. 186.
  40. Joseph Katz, op. cit., p. 356.
  41. Parmi les fidèles du GPRA, on compte les responsables de l’Organisation civile du FLN d'Oran (zone 3), soutenant Benkhedda, et en conflit avec la wilaya d'Oranie. Mais, le 4 juillet, le capitaine Bakhti les écarte sur Bouisseville (village balnéaire, à 15 km, à l’ouest d’Oran). Fouad Soufi, article cité, l’histoire face à la mémoire : Oran, le 5 juillet 1962 par Fouad Soufi.
  42. Jean-François Paya, « De Gaulle est bien responsable des massacres », Pieds-noirs d’hier et d’aujourd’hui, n° 92, 1998. L’ALN de l’extérieur, retardée par des problèmes de logistique, ne prendra Oran que le 8 juillet.
  43. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 97-101.
  44. Rapporté par Jean-François Paya, article « Oran, 5 juillet » cité.
  45. Concernant les manifestations du 1er et du 2 juillet, il était convenu entre le capitaine Bakhti et le général Katz que, par mesure de sécurité, elles se limiteraient aux quartiers musulmans. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 98.
  46. Geneviève de Ternant, discours cité. Sur la place d’Armes (nom usuel de la place Maréchal-Foch), se trouvent la mairie et l’opéra. La place est le centre névralgique des transports urbains.
  47. a, b et c Benjamin Stora, op. cit., p. 85.
  48. Témoignage de Christian Juan in Geneviève de Ternant, op. cit., t. II, p. 99.
  49. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 94-95.
  50. Témoignage du commandant Tanant, chef du Service social des armées, reproduit in Geneviève de Ternant, op. cit., t. I. Le commandant Tanant va mettre en sûreté dans ses locaux, boulevard Joffre, une cinquantaine de personnes. Pierre Tanant, Algérie : 4 ans d’une vie, Arthaud, 1973, p. 162.
  51. Nul n’est parvenu, à ce jour, à déterminer l’origine du ou des coups de feu. Benjamin Stora, op. cit., p. 85. Thierry Godechot, secrétaire privé du général Katz, passe en revue les possibilités dans Le Monde du 12 avril 1972 : « L’origine de la fusillade est difficile à établir. L’OAS ? Il n’y avait plus de commando depuis une semaine. Un Européen enragé par le spectacle des Arabes triomphants ? Folie incompréhensible. Une provocation des Algériens eux-mêmes, désireux de se venger de ce qu’ils ont subi depuis des mois ? La chose n’est pas impossible. En tous cas le général Katz a rétabli l’ordre dès qu’il l’a voulu, c’est-à-dire à 17 heures. »
  52. Georges-Marc Benamou, op. cit., p. 255.
  53. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 102.
  54. Des hommes du 4e Zouaves étaient cantonnés dans l’opéra. Le journal de marche et d’opérations du régiment signale que les sentinelles ont tiré en état de légitime défense.
  55. Les témoignages directs ont été recueillis notamment par Geneviève de Ternant, op. cit. Par ailleurs, le lieutenant Kheliff aura affaire à l’ALN et Jean-Pierre Chevènement aux ATO.
  56. « Les ATO semblent en grande partie responsables de l’aggravation des incidents qui ont eu lieu aujourd’hui. » Chef d’escadron Favreau, commandant le 452e GAA, rapport 540 CDT 452 (1 h 3206).
  57. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 103.
  58. « On s’interroge encore sur la spontanéité de cette soudaine chasse à l’homme. » Georges-Marc Benamou, op. cit., p. 258.
  59. Une mère de sept enfants est tuée au Restaurant du Midi, rue d’Alsace-Lorraine. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 104.
  60. a et b Pierre Vallaud, La Guerre d’Algérie : de la conquête à l’indépendance, 1830-1962, Acropole, 2006, p. 277.
  61. Notamment les témoignages rapportés dans les trois volumes de L’Agonie d’Oran, de Geneviève de Ternant. D’autres témoignages sont rapportés par le R.P. de Saint-Sernin, « Témoignage d’un prêtre à Oran », Bab el Oued Story. Michel de Laparre de Saint-Sernin est l’auteur du Journal d'un prêtre en Algérie : Oran, 1961-1962, Page Après Page, 2004. La Croix-Rouge Internationale a recueilli (peut-être en mai 1963) le récit d’une jeune musulmane, détaillant les scènes atroces dont elle fut le témoin à Petit-Lac. Dossier BAG 275 008-001, archives de la Croix-Rouge, Genève. Le document est reproduit par Jean Monneret, La Tragédie..., p. 172-174. Jean Monneret tient à souligner que ce témoignage est isolé, c’est-à-dire non recoupé.
  62. a et b Georges-Marc Benamou, op. cit., p. 256.
  63. a et b Jean Monneret, La Tragédie..., p. 124.
  64. Gérard Israël, Le dernier jour de I'Algérie Française, p. 277.
  65. « À un croc de boucherie, près du cinéma Rex, on peut voir, pendue, une des victimes de ce massacre. » Benjamin Stora, op. cit., p. 85. « Près du cinéma Rex, une femme venait d’être pendue à un croc de boucher. » Georges-Marc Benamou, ibid.
  66. Georges-Marc Benamou, op. cit., p. 255, qui s’inspire visiblement ici du témoignage de Serge Lentz, Paris-Match, n° 692, 14 juillet 1962. Benamou précise par ailleurs (p. 253 et 254) s’appuyer sur Le Dernier Jour de l’Algérie française de Gérard Israël, sur L’Agonie d’Oran de Geneviève de Ternant et sur des témoignages recueillis par lui-même suite à un appel lancé dans la presse.
  67. Jean Monneret, La Phase finale de la Guerre d’Algérie, L’Harmattan, 2001, p. 392.
  68. Quartier que tout le monde appelait, depuis toujours, sans que l’on sache pourquoi, « Village-Nègre ».
  69. Georges-Marc Benamou, op. cit., p. 256. Sur le déroulement d’un éventuel massacre à l’intérieur de la poste, on n’a qu’un témoignage isolé et indirect (diffusé sur Radio Courtoisie, le 8 juillet), que l’on ne peut donc pas recouper. En revanche, un employé des P.T.T., Étienne Estève-Castilla, a bien vu, vers 15 heures 30, la tête de la bibliothécaire de la poste dans le caniveau, devant l’établissement. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 128. Le témoignage d’Étienne Estève-Castilla figure dans Geneviève de Ternant, op. cit., t. III, p. 56-57.
  70. De 27 à 35 personnes, selon les témoignages. Vingt-six seront relâchées du commissariat central (on ignore si c’est en rapport avec l’intervention du commandant Croguennec), dont le directeur de la poste, Roger Jourde, qui sera enlevé à nouveau, dans son automobile, en compagnie de deux personnes. Aucun des trois ne reparaîtra. Selon le témoignage de Paul Oliva, inspecteur principal des Télécommunications, après décompte et vérifications, neuf employés des P.T.T. seront portés disparus. L’un d’eux, monsieur Legendre, blessé à la face rue de Mostaganem, avait été conduit à l’hôpital, où il fut soigné, puis enlevé. Les enlèvements dans l’hôpital civil sont relatés par monsieur Poquete, in Jean Monneret, La Phase..., p. 252.
  71. Le Rex se trouve dans le quartier Saint-Antoine, au carrefour des boulevards Joffre et de Mascara (boulevard Édouard-Herriot), et des rues Daru et de Tlemcen. Le lieu est dit « place du Rex ».
  72. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 130.
  73. « Des patrouilles de l’ALN circulent dans les rues du centre et ouvrent le feu à la moindre apparition d’un civil européen. » Le Monde, 7 juillet 1962.
  74. Serge Lentz, envoyé spécial du magazine Paris-Match, confirme avoir vu un cortège d’environ 400 Européens conduits à Petit-Lac, où plus tard sera découvert un charnier. Rapporté par Georges-Marc Benamou, op. cit., p. 256.
  75. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 104-105.
  76. Ce point est souligné par plusieurs témoins. Le massacre d'Oran. Geneviève de Ternant, « Cela se passait le 5 juillet 1962 à Oran », sur Cela se passait le 5 Juillet 1962 à Oran. Texte de Geneviève de Ternant.. Certains disent avoir vu des musulmans en uniforme protéger des Européens.
  77. a et b Jean-François Paya, article « De Gaulle... » cité.
  78. Rapporté par Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle : la France redevient la France, Fayard, 1994, t. I, p. 136.
  79. Joseph Katz, op. cit.
  80. Cité par Jean Monneret, La Tragédie..., p. 87.
  81. La note du 19 juin est citée par Maurice Faivre, Les Archives inédites de la politique algérienne, p. 66.
  82. Joseph Katz, op. cit., p. 334.
  83. Cité par Maurice Faivre, op. cit., p. 297.
  84. Maurice Faivre, op. cit., p. 65.
  85. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 89. Si le général Katz est plus ou moins informé des restrictions apportées à sa capacité d’intervention, il n’en va pas de même pour la population européenne d’Oran, qui s’en tient toujours à l’article V des accords d’Évian et aux messages lui garantissant protection, diffusés par des camions militaires français.
  86. Joseph Katz, op. cit., p. 239.
  87. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 34.
  88. Le général Katz commandait, depuis le 19 février 1962, le secteur d'Oran. Le général Ginestet ayant été assassiné le 14 juin, le général Katz commande à titre provisoire, depuis le 15 juin, le Corps d'armée d'Oran (CAO).
  89. Douze mille militaires français intra-muros, plus les garnisons extérieures Marine et Air.
  90. Cité par Claude Martin, ibid.
  91. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 119.
  92. Georges-Marc Benamou, op. cit., p. 259.
  93. Les Européens d’Oran, qui haïssaient le général Katz (le surnommant « le boucher d’Oran »), l’accusaient alors d’avoir temporisé délibérément. Avec le recul, les historiens voient plutôt en lui un soldat qui obéit aux ordres. C’est à cette dernière thèse que se rallie Georges-Marc Benamou, op. cit., p. 259.
  94. Document publié presque intégralement, en annexe 8 de Jean Monneret, La Phase..., p. 392. La directive est confirmée par de nombreux témoignages.
  95. Groupement autonome d’Oran. « Glossaire », Le Destin d’un capitaine.
  96. Dossiers 1 h 4734 et 1 h 3153 (D2). Cité par Jean Monneret, La Phase..., p. 394.
  97. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 114.
  98. Entretien cité, in Jean Monneret, La Tragédie..., p. 186.
  99. Le général Katz espérait être dédouané de la responsabilité du massacre. Il n’obtint rien, et dut continuer à porter le chapeau. Il en conçut de l’amertume : « Aujourd'hui encore je suis accusé d'avoir empêché mes unités d'intervenir dans cette malheureuse affaire. Pas plus qu'après le 5 juillet 1962, Paris n'a jamais fait une mise au point pour rétablir la vérité… Je m'attendais à ce que Pierre Messmer, ministre des Armées, apporte un démenti à ces accusations dénuées de tout fondement. Il n'en fut rien. » Après avoir cité la déclaration du général De Gaulle (rapportée dans le livre d’Alain Peyrefitte, et citée plus haut) envisageant des massacres, le général Katz ajoute : « Aucun démenti ne fut fait en juillet 1962 car il aurait mis en cause le Général et son gouvernement. » Joseph Katz, cité par Association des familles des victimes du 26 mars 1962 et de leurs alliés, « Oran, le 5 juillet 1962 »
  100. Entretien cité, in Jean Monneret, La Tragédie..., p. 184.
  101. a et b Entretien cité, in Jean Monneret, La Tragédie..., p. 187.
  102. Mohand Hamoumou, Et ils sont devenus harkis, Fayard, 1993, p. 275.
  103. On sait peu de choses de Jean-Germain Croguennec, sinon qu’il fut par la suite colonel des pompiers de Paris et qu’il est mort en 2008.
  104. Témoignage du commandant Brénugat, in Geneviève de Ternant, op. cit., t. II, p. 77-78. Le capitaine Croguennec n’est sorti de sa réserve qu’en décembre 2006, pour livrer sur Le 5 juillet 1962 à Oran sa propre version de son intervention au commissariat central, accompagné du seul Brénugat, alors sous-officier. Les deux versions sont confirmées par celle de Serge Lentz (qui fut lui-même tiré d’affaire par les zouaves du poste de garde, et trouva refuge dans leur cantonnement), Paris-Match, article cité. Les journalistes, s'ils ont eu leur compte d'émotion, ont vu peu de choses de ces événements. Devenus cibles eux-mêmes, ils étaient pour la plupart barricadés dans les locaux de L’Écho d’Oran.
  105. Journal de marche et d’opérations, archives de Vincennes, cité par Maurice Faivre.
  106. Georges-Marc Benamou, op. cit., p. 257. Jean Monneret parle d’« une mise en place à 15 heures ». Jean Monneret, La Tragédie..., p. 135.
  107. Voir Maurice Faivre, op. cit., p. 66.
  108. Note 2222 CSFA/EMI/OPE, 19 juin 1962.
  109. a et b Jean Monneret, La Tragédie..., p. 135.
  110. Un témoin affirme avoir recueilli des confidences du général Katz, là-dessus. Témoignage in Geneviève de Ternant, op. cit., t. II, p. 49. « Mais tout cela est imprécis », estime Jean Monneret, La Tragédie..., p. 135.
  111. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 136. Certaines sources donnent un autre nom au premier préfet d’Oran : Salah Abdelkader. « Oran, 5 juillet 1962 : le FLN massacre la population française d'Algérie », sur le site Bab el Oued Story. Un préfet de police sera nommé le lendemain : Bouabdelli.
  112. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 107-108 et 139-140.
  113. Un bulletin du Deuxième Bureau signale que des « cadavres FSE [Français de souche européenne] ont été enfouis au Petit-Lac. » Le même texte signale que dans la journée du 7 juillet « un renseignement d’excellente qualité est parvenu au groupement autonome d’Oran faisant état de l’enfouissement de cadavres FSE, au bord du Petit-Lac, enfouissement effectué à coups de bulldozer. » Le bulletin de renseignements signale encore que le général commandant le Groupement autonome d’Oran a diligenté une enquête le 8 juillet, auprès du capitaine Bakhti. Lequel a envoyé une katiba au Petit-Lac. Aucun résultat n’étant parvenu au Groupement autonome d’Oran, celui-ci a voulu se rendre sur place. Ce que Bakhti lui a interdit. Copie de bulletin de renseignements 1512/24 CA/2, 12 juillet 1962, SHAT 1 h 3206, archives militaires. Des photos prises d’hélicoptère, confirmées par reconnaissance à vue d’officier qualifié, permettent de distinguer une dizaine de fosses communes alignées sur la rive nord-ouest du Petit-Lac. Les traces des chenilles d’engins de terrassement sont parfaitement visibles. Jean Monneret a pu examiner ces photos. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 143. Un an après le massacre, Henri Mas, journaliste à l’Agence France-Presse, put constater, comme le firent d’autres journalistes, qu’une trentaine de cadavres avaient été retirés de cet endroit. Témoignage recueilli par Jean Monneret, La Tragédie..., p. 142.
  114. Joseph Katz, op. cit., p. 332.
  115. À 8 km, au sud-ouest d’Oran, sur la route de Misserghin.
  116. Jean-François Paya, ibid.
  117. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 111.
  118. Selon bulletin de renseignement du 28 avril 1962. De même source, Mouedenne Attou serait né en 1926, à Thiersville.
  119. Claude Micheletti, Fors l’honneur, J.-L. Pons, 2003, p. 216. Guy Pujante, Itinéraire lambda, Godefroy de Bouillon, 2004, p. 352. L’homme présenté à la presse pourrait être, suggère Jean Monneret, le cousin et complice de Mouedenne Attou. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 148.
  120. Dès juin, les « ultras » algériens, rivaux des modérés du GPRA, avaient dénoncé les accords d’Évian signés par ce dernier. De son côté, la France, comme on l’a vu, avait restreint le champ d’application de l’article V l'autorisant à apporter aide et protection à ses ressortissants.
  121. Benjamin Stora, op. cit., p. 80.
  122. Le massacre connut des prolongements les 6, 7 et 8 juillet, dans les quartiers musulmans. L’arrivée de l’ALN de l’extérieur, le 8, y mit fin.
  123. a, b et c Jean Monneret, « Le difficile bilan des massacres du 5 juillet 1962 », sur jean-monneret.com.
  124. Georges-Marc Benamou, op. cit., p. 257.
  125. Philippe Salson, « Les débats autour de la guerre d'Algérie à travers le journal Le Monde » sur memoireonline.com.
  126. Jean Monneret, La Tragédie..., p. 107-108.
  127. Jean Monneret, Le nombre des Pieds-noirs disparus après le « cessez-le-feu » monte en flèche, sur jean-monneret.com.
  128. « Entre le début de la guerre d'Algérie, le 1er novembre 1954, et le cessez-le-feu, le 19 mars 1962, 370 Européens ont disparu et n'ont jamais été retrouvés. Après le 19 mars 1962 et jusqu'en avril 1963, 3 490 personnes ont été enlevées : 1 940 sont présumées décédées, 910 autres ont été libérées et 640 ont été retrouvées vivantes. Sur ce total de 3 860 personnes enlevées, pour l'ensemble de la guerre, on dénombre 430 femmes et une quinzaine d'enfants. Et 2 300 Européens sont demeurés disparus. » Boris Thiolay, « La vérité sur les massacres d’Oran », L’Express.fr, 25 octobre 2007.
  129. Georges-Marc Benamou, op. cit., p. 253.
  130. Sous-lieutenant, Jean-Pierre Chevènement était alors chef de cabinet adjoint du préfet d’Oran, chargé des liaisons militaires. Le général Katz le jugeait trop curieux sur la question des disparus. « J'ai bien failli moi-même disparaître dans la tourmente, écrit Jean-Pierre Chevènement, car j'ai été arrêté ce jour-là vers midi par des policiers qu'on appelait ATO — auxiliaires temporaires occasionnels, une sorte de police supplétive composée à la va-vite de gens peu sûrs, qui n'avaient aucune formation. Je me revois coincé par un de ces ATO, appuyant sur moi le canon de son pistolet-mitrailleur MAT 49, culasse en arrière s'il vous plaît. » Jean-Pierre Chevènement, Le Courage de décider, Robert Laffont, 2002, p. 23-28. Le préfet igame, René Thomas, était replié sur Mers-el-Kébir. Un préfet algérien était déjà nommé : Souiyah El Houari. C’est auprès de ce dernier que le lieutenant Kheliff intervient pour faire libérer des centaines de prisonniers. C’est lui que le général Katz rencontre à 16 heures 30.
  131. Rapporté par Georges-Marc Benamou, op. cit., p. 257.
  132. Jean Monneret, La Phase finale de la guerre d’Algérie, L’Harmattan, 2000.
  133. Georges-Marc Benamou, op. cit., p. 252-253.
  134. Jean Monneret, « Mes combats », sur jean-monneret.com.
  135. Journal officiel, 10 octobre 2006, question n° 106845.
  136. Texte de la plaque : « La Nation associe les personnes disparues et les populations civiles victimes de massacres ou d’exactions commis durant la guerre d’Algérie et après le 19 mars 1962 en violation des accords d’Évian, ainsi que les victimes civiles des combats du Maroc et de Tunisie, à l’hommage rendu le 5 décembre aux combattants morts pour la France en Afrique du Nord. »
  137. Journal officiel, 16 janvier 2007.

Annexes

Bibliographie

  • Gérard Israël, Le Dernier Jour de l'Algérie française, Robert Laffont, 1970.
  • Joseph Katz, L'Honneur d'un général : Oran, 1962, L'Harmattan, 1993.
  • Maurice Faivre, Les Archives inédites de la politique algérienne : 1958-1962, L'Harmattan, 2000.
  • Geneviève de Ternant, L'Agonie d'Oran (3 vol.), Nice, Gandini, 2001.
  • Georges-Marc Benamou, Un mensonge français : retours sur la guerre d'Algérie, Robert Laffont, 2003, p. 252-262.
  • Jean Monneret, La Tragédie dissimulée : Oran, 5 juillet 1962, Michalon, 2006.

Articles connexes

Lien externe


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