- Constantin Melnik
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Constantin Melnik (né en France le 24 octobre 1927[1]), fils de Tatiana Botkine et de Constantin Melnik, est le petit-fils du docteur Botkine, médecin personnel du Tsar de Russie Nicolas II, exécuté avec toute la famille impériale en 1918 pendant la Révolution. Constantin Melnik, souvent perçu uniquement comme une personnalité du monde du renseignement français, est aussi un stratège en géo-politique et un homme de lettres.
Après la deuxième guerre mondiale durant laquelle, malgré son jeune âge, il servit d'agent de liaison d'un maquis FTP niçois, Constantin Melnik sort major de l'Institut d'Études Politiques de Paris. Secrétaire parlementaire du groupe de la Gauche Républicaine au Sénat, il se lie d'amitié avec Michel Debré, qui l'introduit auprès de Raymond Aron. Entre le philosophe et l'homme d'action se noue une relation d'estime qui perdurera malgré la méfiance de Aron face à l'action étatique et ses préférences pour l'état de spectateur, fut-il engagé. Tout d'abord membre du IIème bureau du général juin, où il sut déterminer les chances de Khrouchtchev à la succession de Staline, Constantin Melnik fut, durant la Quatrième République, conseiller technique de Charles Brune au ministère des Postes et Télécommunication, puis à l'Intérieur. Préoccupé par la défense des États occidentaux face à la menace soviétique, Constantin Melnik se forme aux méthodes américaines en travaillant pour la Rand Corporation. Il élabore ainsi ce qui fut toute sa vie sa doctrine de conduite, le devoir de servir du mieux de ses capacités les États démocratiques contre les attaques totalitaires, de maintenir la puissance de ces États et leur légalité républicaine afin de conserver intact le droit de tout être humain à la liberté.
Après le 13 mai 1958 et le retour du général de Gaule au pouvoir, il devient conseiller du Premier ministre français Michel Debré pour la sécurité et le renseignement de 1959 à 1962. Ses fonctions l'amènent à donner l'impulsion coordinatrice nécessaire aux différents services (PJ, RG, SDECE, DST, PP, etc) impliqués dans le maintien de l'ordre, la lutte contre le KGB, le FLN, l'OAS ou toute organisation terroriste.
La presse satirique le surnommait alors le SDECE tartare[2] (jeu de mots avec steak tartare et référence au SDECE, et à ses origines russo-tartares, l'empereur Constantin (référence à Constantin, l'empereur romain) ou encore le serbo-croate de service[3].
Pour d'aucuns, la question s'est posée de savoir si, dans le contexte de la guerre froide, ses origines russes auraient dû l'écarter de ses fonctions, conformément à une règle non-écrite [réf. nécessaire]. Il a même été suggéré que le fait d'être le petit-fils du médecin personnel du Tsar et le fils d'un officier de l'Armée blanche aurait pu jouer en sa faveur [réf. nécessaire].En fait, cette interrogation n'a pas lieu d'être. Né sur le territoire français, de nationalité française par naturalisation à l'âge de 17 ans, non militaire et non-fonctionnaire, Constantin Melnik a pu, grâce au statut contractuel des postes de conseiller ministériel, ou tout aussi souvent, de manière bénévole, offrir ses services à son pays en toute liberté et loin de toute tracasserie administrative.
Après la fin de la guerre d'Algérie, Constantin Melnik se partage entre ses activités d'éditeur indépendant et l'élaboration d'une réflexion sur les dangers de la pénétration soviétique et les moyens d'y remédier. Dans le domaine éditorial, il est à l'origine en France du phénomène du document historique, et marque le paysage de l'édition française avec des best-sellers comme Treblinka, (1966) de Jean-François Steiner, des livres mythiques sur la guerre (Par le sang versé de Paul Bonnecarrère) et les renseignements (L'orchestre rouge de Gilles Perrault), mais aussi sur les "S.S. français", ainsi qu'attesté par une interview de Jean Mabire à "La Presse de la Manche", du 3 septembre 1989, page 9, qui affirme : "Constantin Melnik, qui était alors [à la fin des années soixante] directeur de collection chez Fayard, m'a demandé un jour de faire un livre sur les S.S. français. Mais, comme je ne sais pas faire court, je lui en ai livré trois. Il se trouve qu'ils rencontrèrent un succès assez important." . Sur le plan de la réflexion théorique et de la doctrine d'action, son livre sur la nature du régime soviétique, la Troisième Rome, constitue un tournant dans la compréhension occidentale - anglo-saxonne en particulier - des enjeux des derniers affrontements de la guerre froide. Après la chute de l'Union soviétique, Constantin Melnik s'est consacré à la réflexion sur le phénomène de la violence d'État en régime démocratique, en utilisant l'artifice de la fiction pour, à travers de vrai-faux romans, dénoncer les dangers du totalitarisme, la nécessité d'un renseignement discipliné et efficace au service d'un État démocratique respectueux de sa légalité et le danger des dérives autoritaires au sein des démocraties.
Ouvrages
- 1958 : (en) The House Without Windows: France Selects a President, avec Nathan Leite pour la RAND Corporation, trad. du français par Ralph Manheim, éd. Row, Peterson and Co., Evanston (Ill.), White Plains (NY), 358 p. : sur le Congrès de Versailles qui a élu en 1953 le président René Coty au 13e tour de scrutin
- 1962 : Les Mots du Général, sous le pseudonyme Ernest Mignon[1], ill. Jacques Faizant, préf. Jean Cau, éd. Fayard, 159 p. ; rééd. LGF, coll. « Le Livre de poche » (no 3350), 1972 : citations du général de Gaulle
- 1985 : La Troisième Rome : Expansion ou déclin de l'empire communiste, éd. Grasset, 477 p. (ISBN 2-246-36961-4)
- 1988 : Mille jours à Matignon : De Gaulle, l'Algérie, les services spéciaux, éd. Grasset, 310 p. (ISBN 2-246-39891-6) ; rééd. augm. De Gaulle, les services secrets et l'Algérie, préf. Olivier Forcade, entretien avec l'auteur par Sébastien Laurent, éd. Nouveau Monde, coll. « Le grand jeu », 2010, 463 p. (ISBN 978-2-84736-499-6) : mémoires
- 1994 : Un espion dans le siècle, vol. 1 : La Diagonale du double, éd. Plon, 546 p. (ISBN 2-259-02681-8)
- 1995 : La mort était leur mission : Le service Action pendant la guerre d'Algérie, éd. Plon, 223 p. (ISBN 2-259-18411-1)
- 1997 : Lettres à une jeune espionne, éd. Plon, 199 p. (ISBN 2-259-18485-5)
- 1999 : Politiquement incorrect, éd. Plon, coll. « Tribune libre », 272 p. (ISBN 2-259-19080-4)
- 2008 : Les Espions : Réalités et fantasmes, éd. Ellipses, 455 p. (ISBN 978-2-7298-3825-6)
- Romans
- 1989 : Des services très secrets, éd. de Fallois, 323 p. (ISBN 2-87706-032-2) ; rééd. LGF, coll. « Le Livre de poche » (no 7570), 1991 (ISBN 2-253-05683-9)
- 1991 : L'Agence et le Comité, éd. J.-C. Lattès, 329 p. (ISBN 2-7096-1060-4)
- 2000 : Une affaire de trahison, éd. Albin Michel, 266 p. (ISBN 2-226-11452-1)
Références
- Melnik, Constantin, notice d'autorité personne no 12058000, catalogue général, BnF. Créée le 16 novembre 1987, mise à jour le 21 juillet 1994. Consultée le 16 février 2008.
- Sylvaine Pasquier, « La face cachée de la République », dans L'Express, 31 mars 1994 [texte intégral].
- Patrick Samuel (préf. Alain Peyrefitte), Michel Debré : L'architecte du général, Suresnes, A. Franel, 2000, 415 p. (ISBN 2-921843-41-2), p. 200.
Liens externes
Catégories :- Service de renseignement français
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