Manuel Comnène

Manuel Comnène

Manuel Ier Comnène

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Une représentation de Manuel

Manuel Ier Comnène (en grec byzantin Μανουήλ ΑΚομνηνός / Manouếlê A Komnênós) (28 novembre 111824 septembre 1180) est empereur byzantin (1143-1180) à une période charnière pour lempire. Manifestant sa volonté de le restaurer dans sa gloire passée et de réaffirmer Byzance dans sa suprématie du monde méditerranéen au XIIe siècle, Manuel poursuit une politique étrangère ambitieuse et énergique. Pour ce faire, il sallie au pape et aux puissances occidentales montantes, envahit lItalie, maîtrise le passage de la Deuxième croisade à travers son empire et établit un protectorat byzantin sur les royaumes croisés dOutremer. Faisant face au jihad islamique en Terre sainte, il fait cause commune avec le Royaume de Jérusalem et participe à linvasion de lÉgypte fatimide. Manuel recompose la carte politique des Balkans et de la Méditerranée orientale en plaçant les royaumes de Hongrie et dOutremer sous lhégémonie byzantine et en menant des campagnes agressives aussi bien à louest quà lest. Toutefois, vers la fin de son règne, les réalisations de Manuel en Orient sont compromises par la défaite à la bataille de Myriokephalon qui, pour une large part, est due à son arrogance à attaquer une place forte turque bien défendue.

Lhistorien latin Guillaume de Tyr décrit Manuel comme sage, bon et brave[1]. Manuel est aussi loué par Robert de Clari comme étant « un homme généreux et plein de sagesse[2] ». Une telle estime pour un souverain byzantin est rare parmi les chroniqueurs occidentaux, et cette réputation positive a mené quelques historiens modernes à le voir comme un innovateur inspiré qui compte plus sur la coopération que sur la confrontation avec lOccident et les Croisés[3].

Nommé Mégas (Μέγας, « le Grand ») à Byzance, Manuel est connu pour avoir inspiré une loyauté intense à ceux qui lont servi. Il apparaît comme un héros dans une histoire écrite par son secrétaire Jean Kinnamos et chez qui on retrouverait toutes les vertus : depuis le courage au combat, en passant par lintelligence, lhumanité jusquà des compétences en philosophie et même en médecine. Jean Phokas, un soldat qui combat dans larmée de Manuel, le décrit comme « sauvegardant le monde » et un glorieux empereur[3].

Manuel est renommé pour son charisme et son affinité pour lOccident, ce qui le mène à organiser des joutes et même à y participer, chose inhabituelle pour les Byzantins. Il est représentatif dun nouveau genre de souverains byzantins dont la pensée est influencée par les croisés occidentaux. Homme de guerre accompli et doté dun grand courage, Manuel sest consacré aux armes tout au long de son règne avec diverses fortunes.

Sommaire

Accession au trône (1143)

La mort de Jean II et le couronnement de Manuel

Manuel Comnène est le quatrième fils de Jean II Comnène et de Piroska, fille de Ladislas Ier de Hongrie. Rien au départ ne le destine à monter sur le trône. Il a trois frères plus âgés et Jean II désigne son fils ainé Alexis pour lui succéder. Mais ce prince talentueux meurt au printemps 1142 de maladie suivi peu après par son frère Andronic. Sétant distingué dans la guerre menée contre les Turcs Seldjoukides, Manuel est alors désigné par son père, pour lui succéder de préférence à son fils aîné encore vivant, Isaac. Mais cette investiture paternelle ne régle pas complètement la question de la succession : elle a lieu en effet auprès du lit de mort de son père dans les étendues de Cilicie, très éloignées de la capitale Constantinople. Il est vital quil retourne dans la capitale aussi vite que possible, mais il doit encore soccuper des funérailles de son père. La tradition veut aussi quil fonde un monastère sur le lieu son père a rendu lâme. Cependant, il dépêche au préalable dans la capitale son secrétaire Jean Axouch avec des ordres pour arrêter son plus dangereux rival : son frère Isaac qui vit au Grand Palais et a ainsi un accès immédiat au trésor. Axuch arrive dans la capitale avant même la nouvelle de la mort de Jean II. Il sassure rapidement de la loyauté de la cité et quand Manuel fait son entrée dans la capitale en août 1143, il est couronné par le nouveau patriarche Michel II Courcouas. Quelques jours plus tard, quand il na plus rien à craindre, Manuel ordonne la libération de son frère, sa position étant assurée.

Lempire dont Manuel hérite a subi de profonds changements depuis sa fondation, huit siècles auparavant. Le plus important a eu lieu au cours du VIIe siècle : les soldats de lIslam ont pris définitivement à lEmpire les provinces orientales dÉgypte, de Palestine et une grande partie de la Syrie. Depuis lors, les souverains byzantins ne gouvernent plus quun empire composé essentiellement de lAsie Mineure à lest et des Balkans à louest. Depuis le temps de son prédécesseur Justinien (qui régna de 527 à 565), les empereurs ont aussi perdu le contrôle dune partie de lItalie. LÉtat byzantin à lavènement de Manuel doit faire face à de formidables défis. À la fin du XIe siècle, les Normands ont pris la Sicile aux Byzantins. Les Turcs Seldjoukides ont fait de même en Anatolie centrale. Au Levant, une nouvelle force est apparue : les États latins dOrient des Croisés. Toutes ces nouvelles puissances qui sattaquent aux terres historiquement occupées par lEmpire sont un danger pour lui.

La Deuxième croisade et Renaud de Châtillon (1144-1158)

Article détaillé : Deuxième croisade.

Allégeance du prince dAntioche

La première épreuve que Manuel doit affronter arrive en 1144, quand Raymond de Poitiers, prince dAntioche, lui demande la cession des territoires ciliciens. Toutefois, plus tard dans la même année, lÉtat latin du Comté dÉdesse est emporté par une offensive habile de latabey de Mossoul et dAlep, Zengi. Cette victoire retentissante provoque le prêche de la Deuxième croisade et sera tenue par les chroniqueurs arabes ultérieurs comme le lancement d'un vaste jihad contre les états croisés. Raymond, son flanc oriental exposé dangereusement à cette nouvelle menace, na dautre choix que de se résoudre à une visite humiliante à Constantinople en réalisant que compter sur une aide immédiate de lOccident est hors de question. Il ravale donc sa fierté et demande protection à lempereur. Après quil a rendu hommage à Manuel, on lui promet le soutien quil requiert et son allégeance à Byzance est assurée. Les Byzantins ont été dautant plus prompts à apporter leur aide à Édesse et Antioche quils ont toujours considéré ces deux villes comme faisant partie intégrante de lEmpire, même lorsquelles seront occupées par les Arabes, les Turcs ou les Latins[4].

La croisade arrive

Arrivée de la Deuxième croisade devant Constantinople

Toutefois, Manuel ne peut donner suite à ces premiers succès dans lEst, à cause dévénements dans lOuest qui requièrent sa présence dans les Balkans. En 1147, il autorise le passage de deux armées de la Deuxième croisade à travers ses terres : celles de Conrad III de Hohenstaufen et de Louis VII de France. Il y a encore des personnes à la cour byzantine qui se rappellent le passage de la Première croisade. La croisade est un événement marquant dans limaginaire collectif de ce temps et elle fascine particulièrement la tante de Manuel, Anne Comnène, qui décrit quelques uns de ses chefs dans son Alexiade, une biographie de son père et grand-père de Manuel, Alexis Ier. Beaucoup de Byzantins craignent la croisade et ce sentiment est amplifié par les nombreux actes de vandalisme et de vols perpétrés par les armées croisées indisciplinées alors quelles traversent le territoire byzantin. Des troupes byzantines suivent les croisés, essayant de contenir leurs débordements tandis que dautres troupes ont été positionnées à Constantinople pour défendre la capitale contre tout acte dagression. Cette approche prudente est avisée, mais de nombreux épisodes dhostilité sourde ou déclarée entre les Grecs et les Francs sur leur ligne de marchepour lesquels les deux côtés semblent être à blâmeramènent presque un conflit entre Manuel et ses invités. Sagement, Manuel conclut une alliance avec Conrad en 1148, en épousant au préalable sa belle-sœur, Berthe de Sulzbach en 1146. Mais Conrad meurt en 1152 et Manuel ne peut trouver un accord avec son successeur, Frédéric Barberousse.

Linvasion de Chypre

La forteresse de Kyrenia à Chypre. La garnison ne suspecte rien et est surprise par les Croisés

Lattention de Manuel doit encore une fois être portée sur Antioche en 1156, en raison dune atrocité épouvantable : le nouveau prince dAntioche, Renaud de Châtillon, envahit la province byzantine de Chypre. Après avoir mis lîle à sac et avoir pillé toutes les richesses, son armée mutile tous les survivants avant de les forcer à racheter leurs vies avec le peu quelle leur a laissé. Le sac de lîle a vu des scènes dinimaginable cruauté, dinhumanité et de sauvagerie, au point que les Byzantins se demandent qui est leur ennemi des Sarrasins ou des Croisés. Ainsi enrichi avec assez de butin pour rendre Antioche prospère pour des années, les envahisseurs repartent et font voile vers leurs foyers. Le peuple de Chypre, qui a envoyé de la nourriture aux Croisés mourants de faim lors de la Première croisade, est récompensé de sa bonté par le sang.

Manuel répond à cet outrage de manière énergique et caractéristique de son comportement. Il assemble une immense armée et ne perd pas de temps à marcher sur Antioche. Son avance est si rapide quil réussit à surprendre larménien Thoros de Cilicie, qui a participé à lattaque contre Chypre. Toutes les villes et les cités de Cilicie tombent immédiatement sous la coupe impériale, et Thoros lui-même est forcé de fuir dans le montagnes au dernier moment : on dit quil survécut en se cachant dans des ruines dune forteresse et quil subsistait de ce que ses anciens serviteurs lui apportaient.

Manuel à Antioche

Pendant ce temps, la nouvelle de lavance incroyablement rapide de larmée byzantine a atteint Antioche, et frappe Renaud de terreur. Il réalise quil na aucune chance de battre la formidable armée de Manuel, et quil ne peut attendre aucune aide du roi Baudouin III de Jérusalem. Baudoin navait pas approuvé lattaque de Renaud sur Chypre et dans tous les cas, avait un accord avec l'empereur, puisqu'il venait d'épouser Théodora Comnène, nièce de Manuel. De plus, Jérusalem était bien trop éloignée pour que Baudouin puisse même avoir le temps d'arriver. Ainsi isolé et abandonné de ses alliés, Renaud décide, sur les conseils de l'évêque Gérard de Laodicée, quune soumission humiliante est la seule porte de sortie pour lui. Il apparaît devant lEmpereur à Mamistra à lautomne 1158, vêtu dune robe de pénitent, avec une corde autour du cou, tenant son épée par la pointe pour la présenter à Manuel et demande son pardon. Manuel ignorant en premier lieu le repentant, mène discussion avec ses courtisans ; lhistorien Guillaume de Tyr nous apprend que cette scène ignominieuse dura si longtemps que tous les présents en furent « dégoûtés ». Enfin, Manuel pardonne à Renaud, à la condition quil cède la citadelle dAntioche s'il lui est demandé, quil fournisse un contingent pour larmée impériale et enfin quil accepte un patriarche grec[5]. Renaud devient donc un vassal de Manuel, ce qui inféode plus étroitement Antioche à Byzance[3].

La paix ayant été rétablie, une grande procession cérémonielle est organisée pour lentrée triomphale de Manuel dans la cité, ce dernier chevauchant à travers les rue tandis que Renaud et le roi de Jérusalem, arrivé entretemps, suivent à pieds. Manuel dispense la justice aux citadins et préside à des jeux et des tournois organisés pour la foule[6].

Au printemps suivant (avril-mai 1159), Manuel lance, conjointement avec Baudouin III, son neveu par alliance, et Renaud de Châtillon, une campagne contre Nûr Al-Dîn. Les armées franques et byzantines se dirigent vers Alep, contrairement à ce qui avait été fait du temps du père de Manuel, Jean Comnène. La simple arrivée de ces forces aux portes de sa cité pousse l'atâbeg, impréparé, à demander des termes de paix, comprenant notamment la remise en liberté de tous ses prisonniers, au nombre de 10 000. Manuel, au lieu de pousser son avantage et d'attaquer le royaume zengide, fait alors demi-tour en juin 1159 et regagne Constantinople, en passant par la Cilicie. Les Francs, désemparés par cette paix subite, se replient également. Cette défection très rapide, somme toute étrange puisque Manuel pouvait aisément réduire grandement la pression turque à cette occasion, a été analysée par René Grousset comme étant un calcul politique visant à maintenir les Francs sous pression musulmane, les rendant ainsi plus enclins à faire appel aux forces byzantines. Cependant, la condition du remplacement du patriarche latin d'Antioche par un patriarche grec, sur laquelle s'était engagé Renaud de Châtillon lors de son serment de vassalité à Manuel, ne fut pas appliquée par les Francs. Cette question n'était pas que confessionnelle : en échangeant un patriarche grec au latin, la ville se serait à court ou moyen terme "grecquisée", ce que ne souhaitaient bien entendu pas les Francs.

Satisfait des résultats obtenus, Manuel retourne à Constantinople. Sur le chemin du retour, ses troupes sont surprises en ordre de marche par les Turcs. Malgré ce désavantage, cest une victoire totale pour Manuel, son armée ayant infligé de lourdes pertes aux Turcs avant de les disperser. Dans lannée qui suivit, il libère lIsaurie de la présence turque.

Les termes de laccord entre Manuel et Renaud de Châtillon montrent que Manuel ne veut pas seulement atteindre lobjectif de son père et de son grand-père qui est de ramener Antioche dans le giron impérial, mais quil voit plus grand, considérant les Latins et lOccident comme une force à utiliser pour affirmer la présence byzantine sur tout le pourtour méditerranéen. Cette ambition le pousse plus tard à simpliquer dans une aventureuse croisade en Égypte, une région linfluence de lEmpire ne sest pas faite sentir depuis longtemps.

La campagne italienne et le pape Adrien IV (1147-1158)

Roger de Sicile

En 1147, Manuel doit faire face à une guerre avec Roger II de Sicile, dont la flotte sest emparé de lîle byzantine de Corfou et en avait pillé les villes grecques. Dans un raid audacieux, Roger pille Thèbes et Corinthe dans le sillage de la Deuxième croisade. Toutefois, bien quayant été distrait par une attaque coumanne dans les Balkans, Manuel requiert laide des Vénitiens, qui défont Roger grâce à leur redoutable flotte. En 1149, Manuel recouvre la suzeraineté sur Corfou et se prépare à mener une offensive contre les Normands. Manuel envoie Michel Paléologue et Jean Dukas avec des troupes byzantines et une bonne quantité dor pour envahir lApulie en 1155. Les deux généraux savisent de chercher le soutien de lempereur allemand Frédéric Barberousse, passé du côté des ennemis des Normands de Sicile et se présentent au sud des Alpes à ce moment. Frédéric refuse son aide car ses armées sont démoralisées et ses hommes le pressent de retourner au nord des Alpes aussi tôt que possible. Néanmoins, avec laide de barons locaux déchuset notamment le comte Robert de Loritello —, lexpédition de Manuel progresse de manière stupéfiante, aidée par la rébellion de toute lItalie du Sud contre la couronne sicilienne. Sensuit un enchaînement de succès spectaculaires, avec la prise de nombreuses places fortes, soit par la force, soit achetées par lor byzantin[6].

Alliance byzantino-papale

Le pape Adrien IV, qui négocia avec Manuel contre le roi normand Guillaume Ier

La cité de Bari, qui avait été la capitale du catépanat des Pouilles des siècles avant larrivée des Normands, ouvre ses portes à larmée impériale, et ses habitants sont ravis de pouvoir démolir la citadelle normande, symbole de leur oppression. Encouragé par le succès, Manuel rêve dune restauration de lEmpire romain au prix dune union entre Églises orthodoxe et catholique, une perspective qui est souvent offerte au pape au cours des négociations et des plans dalliance avec lui.

Sil y eut jamais une chance de réunir les Églises dOrient et dOccident et de se concilier le pape, ce fut probablement le moment le plus favorable. La papauté nest jamais en bons termes avec les Normands, sauf dans le cadre dune menace militaire directe. Pour la papauté, avoir lEmpire romain dOrient, considéré comme plus « civilisé », à sa frontière méridionale est préférable à avoir à gérer constamment les débordement de Normands de Sicile. Il est dans les intérêts du pape Adrien IV de sceller un accord si cela est possible, ce qui permettrait une considérable extension de linfluence papale sur toute la population chrétienne orthodoxe. Les négociations sont menées à la hâte et une alliance est formée entre Manuel et Adrien. Le sort des Siciliens paraît scellé.

À ce moment, alors que lissue de la guerre semble favorable à Manuel, la situation commence à se détériorer. Le commandant byzantin Michel Paléologue sest aliéné les alliés de Byzance par son arrogance, et cela a rompu la dynamique de la campagne, le comte Robert refusant même de lui parler. Bien que les deux se réconcilient, la campagne a perdu de son élan. Mais le pire est à venir : Michel est rappelé à Constantinople. Bien que son arrogance ait ralenti la campagne, il est un brillant général sur le champ de bataille et sa perte est un gros coup porté à la campagne. Le tournant de la guerre est la bataille devant Brindisi, les Siciliens lancent une contre-attaque denvergure à la fois par la terre et par la mer. À lapproche de lennemi, les mercenaires engagés avec lor de Manuel demandent des hausses de soldes impossibles à satisfaire. Quand cela leur est refusé, ils désertent. Même les barons locaux font défection et les forces de Jean Doukas se retrouvent désespérément en infériorité numérique. Les Siciliens enlèvent la victoire grâce à leur marine et Jean est capturé. La défaite de Brindisi sonne le coup darrêt du règne byzantin en Italie et en 1158, larmée impériale sen retire complètement.

Échec de lunion des Églises

Les espoirs dune alliance durable avec le pape se heurtent aussi à des problèmes insurmontables. Les conditions imposées par le pape Adrien IV pour une union incluent la reconnaissance de son autorité religieuse sur tous les chrétiens quils soient et donc la reconnaissance de son autorité séculaire. Ni lOrient ni lOccident ne peuvent accepter de telles conditions ; même si un empereur pro-occidental comme lest Manuel lacceptait, les Grecs auraient refusé tout net une telle union, comme ils le feront deux siècles plus tard quand les Églises orthodoxe et catholique seront brièvement unies sous lautorité du pape. Malgré ses manières amicales avec lÉglise romaine, Manuel nest jamais honoré du titre d’« auguste » par Adrien. En fin de compte, un tel accord est impossible et les deux Églises restent séparées depuis lors[7].

Malgré un coût très élevé, les résultats de la campagne italienne sont limités : la cité dAncône devient une base byzantine en Italie, acceptant lEmpereur pour souverain ; les Normands de Sicile sont affaiblis et font la paix avec lEmpire pour le reste du règne de Manuel ; la capacité de Byzance à s'impliquer dans les affaires italiennes est démontrée.


La frontière danubienne (1150-1180)

Défaite de la Hongrie

Manuel régna sur tous les Balkans du Danube (nord-est) au Péloponnèse (sud-ouest)

Sur sa frontière septentrionale, Manuel redouble defforts pour préserver les conquêtes effectuées par Basile II plus dune centaine dannées auparavant et maintenues, parfois de façon ténue, depuis lors.

Il force les Serbes en rébellion à devenir ses vassaux (1150-1152) et répète ses attaques contre les Hongrois avec pour objectif lannexion de leurs territoires le long de la rivière Save. Dans les guerres de 1151-1153 et 1163-1168, Manuel mène ses troupes en Hongrie et opère un spectaculaire raid en profondeur dans le territoire ennemi dont il rapporte un butin substantiel. En 1168, une victoire décisive près de Zemun lui permet de conclure un traité de paix par lequel la Dalmatie et dautres territoires aux confins de lEmpire lui sont cédés. Des efforts sont faits pour une annexion diplomatique. Lhéritier hongrois Béla est envoyé à Constantinople pour y être éduqué à la cour de Manuel, dont lintention est de le marier à sa fille, Maria, et de faire de lui son héritier, assurant ainsi une union durable entre la Hongrie et lEmpire. À la cour, Béla prend pour nom Alexis et reçoit le titre de despote qui navait été jusque utilisé que pour désigner lEmpereur lui-même. Cependant, quand son fils naît, lEmpereur rompt cet engagement[7].

Une économie florissante

Néanmoins, les plans de Manuel sont pour lessentiel couronnés de succès dans les Balkans. La Hongrie est réduite à un état de dépendance et Manuel y impose sa volonté pour le choix du roi : Béla III est couronné en 1172. Manuel étend les frontières de lEmpire assurant la sécurité de toute la Grèce et de la Bulgarie. Ceci permet aux provinces occidentales de connaître un nouvel essor économique qui avait déjà commencé aux temps de son grand-père Alexis Ier et qui continue jusquà la fin du siècle. Il a été soutenu en effet que Byzance au XIIe siècle était plus riche et plus prospère quà aucune autre époque depuis linvasion perse sous Héraclius, près de cinq siècles plus tôt. Pour preuve de ce développement économique, il reste bon nombre de nouvelles constructions et de nouvelles églises édifiées à cette époque et notamment dans des endroits reculés, ce qui montre que la richesse était bien répartie[7].

Bien quil soit vrai quà la fin du IXe siècle les cités de lEmpire avaient commencé à se rétablir dans leur puissance perdue suite aux invasions arabes et slaves de lAntiquité tardive, cette progression est brutalement interrompue par la défaite à la bataille de Manzikert et la guerre civile qui précéda laccession au trône dAlexis Ier. Ce nest que le succès des Comnène qui empêcha une disparition totale de lEmpire et cest sous cette fortune que le développement urbain reprit. Manuel est le digne continuateur de cette politique.

Constantinople et le commerce

Hyperpyron émis par Manuel

La population de Constantinople approche le demi million durant le règne de Manuel, faisant delle de loin la plus grande cité en Europe. De plus, la capitale byzantine est en expansion. Le caractère cosmopolite de Constantinople est renforcé par larrivée de marchands italiens et de Croisés en route pour la Terre sainte. Les Vénitiens et dautres ouvrent des ports et des comptoirs en mer Égée, envoyant des biens des royaumes croisés dOutremer et de lÉgypte fatimide à louest et commerçant avec Byzance via Constantinople. Ces commerçants des mers stimulent la demande dans les villes et les cités de Grèce, Macédoine et des îles grecques, générant des nouvelles sources de revenus dans des sociétés à dominante agricole. Thessalonique, la seconde ville de lEmpire, accueille la célèbre foire dété qui attire sur ses étalages les commerçants de toute la péninsule balkanique et même dencore plus loin. À Corinthe, la production de soie alimente une économie prospère. Tout cela est témoignage de la réussite des empereurs Comnène à assurer une « Pax Byzantina » dans ses territoires historiques[7].

Linvasion de lÉgypte (1162-1169)

Alliance avec le royaume de Jérusalem

Alliance entre Amaury et Manuel. Les Croisés devant Péluse

Le contrôle de lÉgypte était un vieux rêve du royaume croisé de Jérusalem. Seule une alliance avec Byzance pourrait le réaliser. Ainsi, outre la reconnaissance de la suzeraineté de Manuel sur Antioche et Jérusalem en 1159, les deux puissances scellent leur alliance par des mariages dans les années 1160 : en 1162, Manuel épouse Marie dAntioche, fille de Raymond de Poitiers, tandis que Amaury Ier, roi de Jérusalem épouse en 1167 la petite-nièce de Manuel, Marie Comnène. En 1168, une alliance formelle est négociée et en 1169, il envoie une expédition conjointe avec le roi Amaury en Égypte. Lexpédition est une démonstration de force pour lEmpire qui envoya près de 200 naviresdont beaucoup étaient des vaisseaux de guerre équipés de siphons à feu grégeois et darmes de siègeainsi quune armée qui représente un investissement de ressources substantiel pour les Byzantins. Lhistorien croisé Guillaume de Tyr, qui négocia cette alliance, est particulièrement impressionné par les bateaux de transport lourds qui furent utilisés pour lacheminement de la cavalerie[8].

Bien quune attaque dune telle portée et aussi éloignée du centre de gravité de lEmpire puisse sembler extraordinairela dernière fois que lEmpire avait essayé quelque chose de cette ampleur, c'était pour linvasion de la Sicile près de 120 ans plus tôt, et cela s'était soldé par un écheccela peut sexpliquer par la politique extérieure de Manuel qui, comme expliqué précédemment, utilisait les Latins pour sassurer de la survie de lEmpire. Cet intérêt aux affaires du monde mena Manuel à intervenir en Égypte, car on croyait alors que dans le contexte dun conflit plus large entre les États croisés et les puissances islamiques orientales, le contrôle de lÉgypte serait le facteur décisif pour avoir lascendant sur lautre camp[7].

Le charme de lÉgypte

Les richesses du Nil excitèrent limaginaire de Manuel

Une invasion réussie de lÉgypte aurait plusieurs avantages pour lempire byzantin. Tout dabord, elle empêcherait les puissances islamiques de la région dexpulser les Croisés hors de Terre Sainte. En second lieu, lÉgypte est une province riche et, à lépoque de lEmpire romain, avait pourvu à la majeure partie du blé et des grains nécessaires à Constantinople, avant quelle ne tombe sous la domination arabe au VIIe siècle. Les revenus que lEmpire peut espérer gagner de la conquête de lÉgypte sont considérables, même sil faudrait les partager avec les Croisés. De plus, cela lierait les Croisés plus étroitement avec lEmpire, un but que Manuel aura poursuivi avec détermination tout au long de son règne et qui sera devenu évident quand le roi Amaury plaça son royaume entier sous la protection de Manuel, étendant en fait laccord sur Antioche en faisant de tout le royaume de Jérusalem une partie de lEmpire, au moins nommément. Néanmoins, cest un arrangement personnel, dans la tradition féodale de lEurope de lOuest, et en tant que tel uniquement applicable tant que Manuel et Amaury sont les dirigeants de leurs États respectifs.

Des opportunités perdues

On pourrait sattendre à un soutien de linvasion par les chrétiens coptes, qui avaient vécu sous un régime islamique pendant près de 500 ans. Cependant, à cause de limpossibilité pour les Croisés et les Byzantins de coopérer pleinement, les chances de prendre lÉgypte senvolent. La flotte byzantine na apporté des provisions que pour trois mois : le temps que les Croisés soient prêts, lapprovisionnement vient déjà à manquer et la flotte doit se retirer après une vaine attaque contre Damiette. Chaque côté cherche à blâmer lautre pour léchec, mais tous les deux savent aussi quils dépendent lun de lautre : lalliance est maintenue et de nouveaux plans sont faits, qui ne donneront finalement rien[8].

En fin de compte, les annales du règne de Manuel Comnène ne relatent que peu cette expédition contre lÉgypte, à cause de son échec et des choses de plus grande importance comme lessor de la République de Venise et des Turcs seldjoukides. Cependant, les conséquences de cet échec sont sérieuses. Manuel a investi beaucoup de temps, dargent et dhommes dans lattaque contre lÉgypte, des ressources qui auraient été mieux utilisées contre les Turcs en Anatolie.

Le sultan Kılıç Arslan II profite de ce répit pour éliminer ses rivaux et étendre son pouvoir sur lAsie Mineure. Le rapport de forces en Méditerranée orientale est en train de changer et les effets de linsuccès en Égypte se feront encore sentir longtemps après la mort de Manuel. La montée dun jeune général kurde, Saladin, aidé de son oncle Shirkuh, nest possible que grâce à sa conquête réussie de lÉgypte durant la même année, 1169 ; et les armées de Saladin reconquerront Jérusalem, ce qui déclenchera la Troisième croisade.

Kılıç Arslan et les Turcs seldjoukides (1162-1180)

Article détaillé : Bataille de Myriokephalon.
Embuscade turque, illustration de Gustave Doré

Manuel a un accord avec les Seldjoukides, obtenu après sa victoire sur eux en 1162, qui stipule que certaines régions frontalières, dont la ville de Sivas, doivent lui revenir en échange dune certaine quantité dor. Cependant, quand il devient clair que les Seldjoukides nont aucune intention dhonorer leur part du marché, Manuel décide quil est temps de soccuper des Turcs une fois pour toutes. Pour cela il rassemble larmée impériale au complet et marche contre la capitale turque, Iconium. La colonne ainsi formée par larmée est longue de presque vingt kilomètres selon une lettre envoyée par Manuel au roi Henri II dAngleterre et donc difficile à guider. De plus, Manuel est devenu impétueux et il semble que cela ait altéré son jugement : à lentrée de la passe à Myriokephalon, des ambassadeurs turcs viennent à sa rencontre, ils lui offrent la paix en des termes généreux. La plupart des généraux et des courtisans expérimentés de Manuel le pressent daccepter loffre. Cependant, les plus jeunes et plus belliqueux membres de la cour lui demandent au contraire dattaquer. De manière inconsidérée, il écoute ces derniers et continue à avancer[6].

Malheureusement, Manuel commet de sérieuses erreurs tactiques, telles que ne pas faire reconnaître la route avant de sy engager. Ces manquements le mènent à faire avancer ses troupes droit vers une embuscade. Le 17 septembre 1176, larmée de Manuel est battue par Kılıç Arslan II à la bataille de Myriokephalon, dans laquelle son armée est prise dans un piège alors quelle passait par une passe montagneuse étroite. Léquipement de siège de larmée est rapidement détruit, et Manuel est forcé de se retirersans engins de siège, la conquête dIconium est impossible. Les termes par lesquels le sultan seldjoukide permet à Manuel et à son armée de partir sont quil doit démanteler ses forts frontaliers à Dorylaeum et Siblia ainsi que retirer leurs garnisons. Cependant, depuis que le sultan avait déjà failli à remplir sa part du traité de 1162, Manuel na aucune intention de remplir les conditions de ce nouvel accord. Néanmoins, la défaite à Myriokephalon est embarrassante à la fois pour Manuel personnellement et pour lEmpire. Les empereurs Comnène avaient travaillé dur depuis la bataille de Manzikert, 105 ans auparavant, pour restaurer la réputation de lEmpire. Parce quil a été trop confiant, Manuel a montré au monde que Byzance ne pouvait toujours pas battre les Seldjoukides malgré les avancées faites le siècle passé.

La défaite de Myriokephalon est souvent dépeinte comme une catastrophe dans laquelle larmée byzantine entière est détruite. Manuel lui-même compare la défaite à Manzikert, et comme Manzikert, elle semble être devenue un désastre légendaire ; en réalité, elle ne cause pas la ruine de larmée byzantine qui combat en Asie Mineure lannée suivante. La plupart des pertes ont eu lieu sur laile gauche, commandée par Baudoin dAntioche, et aussi sur le train arrière, qui soutint le choc de lembuscade turque et qui était sa cible principale. Les pertes sont rapidement comblées et lannée suivante, les forces de Manuel défont une contre-attaque turque. Une nouvelle campagne reprend même des territoires en 1177.

Cependant, la bataille a de sérieux effets sur la vitalité de Manuel ; sa santé décline graduellement et il succombe dans une lente agonie fiévreuse. De plus, comme après Manzikert, les Turcs prennent lavantage, Manuel ne les attaquera jamais plus et, après sa mort, ils commenceront à se déplacer de plus en plus à louest, en territoire byzantin.

Le problème était surtout que Manuel sest permis de se laisser distraire par une série daventures en Italie et en Égypte, plutôt que de répondre au problème plus pressant posé par les Turcs. Cela a donné au sultan un certain nombre dannées pour éliminer ses rivaux et construire une force capable de tenir tête aux armées byzantines. Sans ces années pendant lesquels les forces seldjoukides se sont renforcées, la bataille naurait même pas eu lieu. Enfin, la défaite à Myriokephalon marque la fin des tentatives byzantines pour récupérer le plateau anatolien, qui est dès lors perdu pour toujours pour lEmpire.

Un bilan en demi-teinte

Jeune homme, Manuel avait été déterminé à restaurer la force et la prédominance de lempire byzantin sur le pourtour méditerranéen. Jusquà sa mort, il sest écoulé 37 ans depuis le jour singulier son père le proclama empereur dans les étendues sauvages de Cilicie. Ces années ont vu Manuel impliqué dans des conflits de tous les côtés. Le père et le grand-père de Manuel avaient travaillé patiemment à résorber les dommages faits à la suite de la bataille de Manzikert. Grâce à leurs efforts héroïques, lEmpire dont Manuel hérite est plus fort et mieux organisé quà aucun autre moment dans les cent précédentes années. Au temps de son avènement, beaucoup espèrent que son règne sera le point culminant de toutes les réalisations de la dynastie des Comnène.

Moins pieux que son père, Jean II Comnène, Manuel sest montré un brillant et énergique empereur qui voyait des possibilités partout et dont la vision optimiste a influencé son approche de la politique étrangère. Cependant, en dépit de ses prouesses militaires, Manuel ne remplit que modestement son objectif de restaurer lempire byzantin. En fait, il réussit à unifier beaucoup de ses voisins dans une haine commune qui en fait des ennemis, plutôt que de jouer lun contre les autres. Se serait-il plus concentré sur la situation en Anatolie, que Manuel aurait sans doute réussit le but de son père, qui était dexpulser les Turcs de régions cruciales. Au lieu de cela, il laisse son attention accaparée par des aventures risquées en Italie et en Égypte qui en fin de compte ne rapportent presque rien à lEmpire. Ses victoires sont contrebalancées par des défaites, quelques unes coûteuses non seulement en termes dopportunités manquées, mais aussi en termes de dépenses pour les Trésor impérial. Lhistorien byzantin Nicetas Choniates critiqua Manuel pour avoir augmenté les taxes : largent ainsi levé est dépensé sans compter aux dépens de ses sujets. Les dépenses occasionnées par cette politique étrangère expansionniste, une attitude généreuse vis-à-vis de largent combinée avec une magnificence somptueuse de sa cour ont asphyxié les ressources financières de lÉtat[9].

Carte de lempire byzantin en 1180 à la mort de Manuel

Les problèmes quil crée sont, dans une certaine mesure, compensés par ses succès, et en particulier dans les Balkans, mais étant donné leffondrement rapide de lempire byzantin qui suit sa mort, il eût mieux valu déployer les ressources disponibles plus précautionneusement, soit en renforçant le trésor, soit en se concentrant sur des aventures moins périlleuses. Sa politique pro-occidentale cause beaucoup de ressentiment au sein de lEmpire et conduit au massacre des Latins lors du retour dAndronic Ier Comnène en 1182. Ces événements, parmi dautres, mèneront à lannexion de lEmpire durant la Quatrième croisade. Rétrospectivement, certains commentateurs ont critiqué certains buts de Manuel, jugés irréalistes, en particulier les expéditions quil envoie en Égypte, vues comme un rêve de grandeur qui ne peut être réalisé. Pour Manuel, de telles initiatives étaient simplement des tentatives ambitieuses de tirer profit des circonstances qui se présentaient à lui[7].

Legs

On se souviendra de Manuel en France, en Italie et dans les États latins dOrient comme du plus puissant souverain au monde. Un preuve parlante de linfluence que Manuel a pu avoir sur les États croisés peut être encore vue dans léglise de la Nativité à Bethléem. Dans les années 1160, la nef est redécorée avec des mosaïques représentant les conciles de léglise. Manuel est un des mécènes du travail. Sur le mur sud, une inscription en grec dit : « le présent travail est fini par Ephraïm, peintre et mosaïste, sous le règne sur grand empereur porphyrogénète Manuel Comnène, et au temps du grand roi de Jérusalem, Amaury ». Que le nom de Manuel soit placé en premier est symbolique et est une reconnaissance publique de son autorité sur tout le monde chrétien. Son rôle de protecteur de chrétiens orthodoxes et des lieux saints chrétiens en général est aussi évident par ses tentatives réussies de garder ses droits sur la Terre Sainte. Manuel a participé à la construction et à la décoration de beaucoup déglises et monastères grecs en Terre Sainte, dont le Saint-Sépulcre à Jérusalem, grâce à ses efforts le clergé byzantin est autorisé à pratiquer la liturgie grecque chaque jour. Tout cela renforce sa position de suzerain des États latins, avec son hégémonie sur Antioche et Jérusalem reconnue par Renaud, le prince dAntioche et Amaury, le roi de Jérusalem. Cela, ajouté à ses succès dans les Balkans, doit être vu comme les plus grands réussites du règne de Manuel Comnène[7].

Manuel a aussi initié une réforme de la justice afin que celle-ci soit plus favorable au requérant. La justice était en effet paralysée par les riches et les puissants de lEmpire qui multipliaient les recours et alourdissaient les procédures. Manuel fait donc du Grand Drongaire de la Veille un juge civil et supprime des possibilités de recours, ce qui allège la charge de lultime organe de décision, le tribunal impérial[10].

Durant ces 37 années en tant quempereur, Manuel contrecarre toutes les tentatives dattaque sur lEmpire de la part de puissances extérieures ; cependant ses gains sont compromis par la défaite de Myriokephalon en 1176. À sa mort, lEmpire est une grande puissance, à léconomie prospère et aux frontières défendues et fortifiées, mais il y a aussi de sérieux problèmes internes. La cour byzantine requérait un souverain fort pour en assurer lunion or après la mort de Manuel, la stabilité est sérieusement mise en danger de lintérieur. Certains des ennemis de lEmpire sont à laffût, guettant le moment propice pour attaquer, en particulier les Turcs en Anatolie et les Normands en Sicile qui avaient déjà tenté denvahir lEmpire à plusieurs occasions. Même les Vénitiens, les seuls alliés importants dOccident, sont en mauvais termes avec lEmpire à la mort de Manuel en 1180. Venise, inquiète de ses succès et des traités quil a passés avec Pise en 1169 et en 1171, se lance dans un conflit qui rompt leur relation pendant 14 ans. Étant donnée la situation, il faudrait un empereur fort pour éloigner les menaces auxquelles lEmpire doit faire face et renflouer le Trésor. Malheureusement pour Byzance, un tel homme nest pas annoncé.

Famille

Fils de Jean II Comnène et dIrène de Hongrie (qui changea son nom hongroisPiroskaà son mariage), il épousa :

Notes

  1. Guillaume de Tyr, Histoire des Croisades, XXII, 9.
  2. Robert de Clari, La Conquête de Constantinople [détail des éditions] , XVIII.
  3. a, b et c (en) Jonathon Harris, Byzantium and the Crusades.
  4. Jean Cinnamus, Faits et gestes de Jean et Manuel Comnène.
  5. Steven Runciman, Histoire des Croisades, 1951 [détail des éditions] , livre IV, chapitre III.
  6. a, b et c John Julius Norwich (trad. Dominique Peters), Histoire de Byzance (330-1453), 1998 [détail des éditions] .
  7. a, b, c, d, e, f et g (en) Michael Angold, The Byzantine Empire, 10251204.
  8. a et b Guillaume de Tyr, Histoire des croisades.
  9. (en) Niketas Choniates, O City of Byzantium, Annals of Niketas Choniates.
  10. Jean Castrillo, Constantinople, la perle du Bosphore [détail des éditions] , p. 144

Voir aussi

Bibliographie

Chroniqueurs contemporains de Manuel
Études
  • F. Chalandon, Les Comnènes. Étude sur lempire byzantin au XIe et XIIe siècles, Paris, 1900-1912, 3 vol. ;
  • (de) H. Heinemeyer, « Die Verträge zwischen dem Oströmischen Reich und den italienichen Städten Genua, Pisa and Venedig vom 10. bis 12. Jahrundert », dans Archiv für Diplomatik no 3 (1957), p79-161 ;
  • D. Jacoby, Recherches sur la Méditerranée orientale du XIIe eu XVe siècle, Londres, 1979 ;
  • (it) P. Lamma, Comneni e Staufer. Richerche sui rapporti fra Bisanzio e lOccidente nel secolo XII, Rome, 1955-1957, 2 vol. ;
  • (de) J. Hoffman, Rudimente Von Territorialstaaten im Byzantinischen Reich (1071-1210), Munich, 1974.

Liens externes


Empereur romain dOrient ou Basileus
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