Livres sterlings

Livres sterlings

Livre sterling

Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Livre et Sterling.
Unité monétaire moderne actuelle
livre sterling
Pays officiellement utilisateur(s) Royaume-Uni Royaume-Uni,
Dépendances de la Couronne britannique,
Territoires britanniques d'outre-mer
Symbole local £
Code ISO 4217 GBP
Sous-unité 100 pence (singulier : penny)
Taux de change EUR ≈ 0.90 GBP 8 Avril 2009
Liste des codes ISO 4217 des monnaies

La livre sterling (au pluriel livres sterling, en anglais pound sterling) est l'unité monétaire ayant cours légal au Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, dans les dépendances de la Couronne britannique (île de Man[1], îles Anglo-Normandes[2]) ainsi que dans certains territoires britanniques d'outre-mer.

La livre sterling est l'une des plus anciennes monnaies encore en circulation et la 4e devise la plus traitée sur le marché des changes[3]. Elle est symbolisée par le signe £ (Sterling) et le code ISO GBP. Le symbole £, un L orné, est utilisé depuis le XVIIIe siècle[4] et se note avant le montant et non après[5] : on écrit donc « £7.50 » et non 7.50 £.

Le 29 décembre 2008, la livre sterling est tombée à son plus bas historique face à l'euro en reculant à 1,0205 euro pour une livre, un seuil jamais atteint dans l'histoire de la monnaie britannique.

Sommaire

Origine

Selon l'historien Nicholas Mayhew[6], la dénomination sterling pour désigner la monnaie anglaise date de la fin du XIe siècle - début du XIIe siècle (soit juste après l'invasion normande de 1066)[7]. On trouve la première occurrence du terme dans l'autobiographie de Guibert de Nogent en 1115 relatant une opération de corruption de cardinaux romains en vue de confirmer l'élection de l'évêque de Laon, mais l'étymologie du terme reste obscure.

  • Selon l'Oxford Advanced Learner's Dictionary, le terme serait d'origine normande et viendrait de steorra (les premiers pennies portaient une petite étoile - star). À l'appui de cette explication, le fait qu'à l'origine, sterling désignait le penny[8] et s'utilisait au pluriel : on parlait de « 5 £ of sterlings »[9].
  • Dans son Histoire des civilisations, Will Durant avance une autre explication de l'origine du mot sterling : il proviendrait de la réputation d'intégrité des marchands de la Ligue hanséatique, les Easterlings (les hommes de l'est) et décrirait un or ou un argent « de bon poids et de bon aloi ». Mais selon l'OALD, si cette explication était correcte, la première syllabe accentuée n'aurait pas disparu.
  • Selon une autre source, le mot sterling viendrait du vieux français esterlin, qui a donné le vieil anglais stière (fort, ferme, inébranlable)[10]. Le Petit Robert renverse l'explication : l'esterlin était une monnaie française du Moyen Âge (fin du XIIe siècle) et c'est le terme français qui serait d'origine anglaise[11].
  • Selon Nicholas Mayhew, le mot sterling n'existe pas en vieil anglais. De plus, le terme apparaît d'abord dans sa forme latine sterlingus avant d'apparaître en français au XIIe siècle, puis en italien et en allemand au XIIIe siècle. Il fait sienne l'explication par la racine germanique ster qui possède la connotation de force et de stabilité et justifie le rapprochement par le fait que Guillaume le Conquérant avait mis fin au complexe (et encore mal compris) système de poids et mesures utilisé par les Anglo-Saxons et établi un début de « standardisation ». Ainsi les pièces les plus communes frappées dans les dernières années de son règne ont un poids fixe d'environ 1,38 g.
    Le terme sterling ferait référence à cette nouvelle stabilité et aurait marqué l'instauration d'un nouveau régime. D'après Mayhew, le sterling aurait fort bien faire partie du paquet de réformes administratives qui ont eu lieu en Angleterre dans les années 1080 : outre la création de la nouvelle monnaie, l'époque a connu l'instauration d'une lourde taxe foncière en 1084 et le recensement du Domesday Book en 1086[12].

Historique

Moyen Âge

La dynastie normande

À la fin du XIe siècle, la masse monétaire totale est estimée à 37 500 livres, soit 9 millions de pennies (seules pièces existantes à l'époque), ce qui représentait une quantité d'argent métal très conséquente (environ 15 tonnes). Le Domesday Book laisse entrevoir une société dans laquelle la monnaie joue déjà un rôle essentiel. Éparpillés sur tout le territoire, il n'y a pas moins de 71 ateliers de frappe en activité sous le règne de Guillaume Ier[13].Cependant, l'approvisionnement en métal constitue un problème récurrent de l'Angleterre et la rareté métallique indigène déterminera l'une des caractéristiques fondamentales de son économie : la nécessité de développer le commerce maritime. Ce n'est que dans les années 1180 que la situation s'améliore.

Si Guillaume le Conquérant a mis fin au système monétaire anglo-saxon, il en a toutefois conservé l'une des caractéristiques, le changement annuel du motif de frappe[14]. Cette tradition a été conservée par ses successeurs jusqu'à Henri Ier d'Angleterre. Le procédé avait plusieurs avantages : d'abord, il affirmait le rôle du roi dans la validation de la monnaie, ensuite, il permettait de lier régulièrement valeur faciale et valeur intrinsèque de la monnaie, enfin, il était source de revenu pour le pouvoir royal, qui percevait un impôt pour l'émission de la monnaie, le seigneuriage.

Durant tout le Moyen Âge, la pénurie de métal précieux sera l'un des éléments déterminants de l'économie, et la richesse d'un État dépendait plus de la découverte fortuite d'un nouveau gisement aurifère ou argentifère que de la politique économique de ses dirigeants. Les moyens de faire face à la pénurie étaient nombreux : diminution du titre, de la masse globale de la pièce, augmentation de la valeur faciale, etc. La qualité économique d'une monnaie dépendait grandement de la qualité métallique de ses pièces. Certains souverains anglais durent d'ailleurs faire face à des mouvements de mécontentement qui se fondaient sur une diminution réelle ou supposées de la qualité monétaire[15].

Ainsi, à Noël 1124, Henri Ier, que l'on[16] soupçonnait de frapper des pièces de moins bon aloi[17], tenta de restaurer la confiance dans sa monnaie et opéra un contrôle de la qualité du travail des moneyers (ouvriers en charge de la fabrication de la monnaie). À la suite de cet audit, 94 des 150 ouvriers furent castrés et eurent leur main droite coupée pour les punir de leur mauvais travail[18].

La relation entre monnaie et pouvoir royal était particulièrement étroite en Angleterre. Une vérité que démontre a contrario la multiplication des ateliers d'émission pendant la période suivante qui voit le pays se déchirer pendant la guerre civile anglaise (1135-1154).

Les Plantagenêt

L'accession d'Henri II Plantagenêt au trône en 1154 mettra fin aux troubles et ouvrira une nouvelle ère de stabilité monétaire. Le nouveau monarque renonce à la frappe annuelle et son règne est placé sous le signe de la rationalisation : diminution du nombre d'ateliers de frappe (à une trentaine), ce qui permet un meilleur contrôle de la qualité, standardisation du seigneuriage (5 %). Henri II est crédité de l'introduction en Angleterre du système français de mesure troy[19], ainsi que de la création de la Tower pound[20] utilisée par la Monnaie de la Tour de Londres comme étalon de la livre sterling monétaire. Le titre de la monnaie, pratiquement pur jusqu'alors, passe à 925 millièmes (ce qui restera la caractéristique constante minimale du sterling). La diminution du titre d'argent permettra une amélioration de la tenue de la pièce et autorise des frappes plus espacées.

Sur le plan économique, la seconde moitié du XIIe siècle est marquée par la découverte quasi simultanée d'un grand nombre de gisements argentifères en Europe : Freiberg (Saxe) en 1168, Cologne et Flandres en 1170, Angleterre en 1180[21]. Cette abondance métallique entraînera une augmentation considérable de la quantité de monnaie en Occident[22] et provoquera une véritable « révolution commerciale » au XIIIe siècle.

Subdivisions

livre - lire
livre sterling
livre de Gibraltar
livre chypriote
livre égyptienne
livre irlandaise
livre libanaise
livre syrienne
livre du Biafra
livre turque
lire italienne
lire maltaise

À l'origine, la livre représentait la valeur correspondant à la masse d'une livre d'argent métal pur[23]. Parmi les nombreuses transformation que la monnaie britannique a connu durant sa longue histoire, l'une des plus importants fut la « décimalisation ». Jusqu'en 1971 en effet, le Royaume-uni avait maintenu un système monétaire dont les divisions et subdivisions remontaient à l'Empire romain. Ce système était resté la norme en Europe jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, mais avait été abandonné pratiquement partout depuis. Le Royaume-Uni fut ainsi la dernière grande économie à adopter le système décimal.

Avant la décimalisation

Fondée sur le modèle livre / sou / denier hérité de l'époque carolingienne, la livre sterling était divisée en 20 shillings et un shilling valait 12 pence (singulier : un penny). Une livre se divisait donc en 240 pence[24]. L’abréviation du shilling était « / » ou « s » (qui n’est pas la première lettre du mot anglais, mais celle du latin solidus). Le symbole du penny était « d », du latin denarius.

Le système monétaire anglais a connu cependant d'autres subdivisions. Ainsi le mark (comprise aussi bien comme unité de masse que comme unité monétaire)[25]qui valait les 2 tiers d'une livre. 1 mark valait donc 160 pennies, ou 13 shillings et 4 pennies. 1 m = 13s 4d.

La guinée

La guinée (guinea) est une pièce en or frappée de 1663 à 1813 et valant 21 shillings. Bien que ne correspondant plus à une monnaie existante, la guinée a continué d'être utilisée couramment, notamment dans le commerce des chevaux de courses, mais aussi pour exprimer certains montants en particulier les honoraires de certaines professions libérales, et les prix dans certains magasins chics. De 1813 à 1971, elle valait une livre et un shilling, soit 21 shillings ou encore 252 anciens pence. Depuis la décimalisation de 1971, elle vaut 105 (nouveaux) pence.

Après la décimalisation

Article détaillé : Pièces de monnaie du Royaume-Uni.

Depuis le D-Day (Decimalisation Day), le 15 février 1971, le shilling a disparu et la livre sterling est divisée en 100 pence (Au singulier, 1 penny). La lettre « p » a été adopté comme symbole du nouveau penny pour le différencier de l’ancien.

La valeur du penny a changé à l’occasion du passage au système décimal. Les premières années qui ont suivi 1971, le penny d’un nouveau genre était souvent appelé new penny (« nouveau penny »). Les pièces de ½p, 1p, 2p, 5p, 10p et 50p portèrent la mention NEW PENCE jusqu’en 1982, date à laquelle l’inscription est devenue simplement ONE PENNY, TWO PENCE, FIVE PENCE et ainsi de suite. Le ½ penny a été retiré de la circulation.

Argot de la livre sterling

Dans le langage familier, l’initiale p (prononcé /pi:/) de penny et son pluriel pence est utilisée : « it's 50 pence » devient « it’s 50 p. ».

Dans le registre familier, pound est remplacé par quid. À l'origine (XVIIe siècle), le terme quid désignait un souverain ou une guinée, aujourd'hui, une livre[26]. Par exemple, « it costs five pounds » devient « it costs five quid » (sans marque du pluriel). On n'utilise quid que pour les nombres entiers. « ten quid » pour dix livres, mais on dit « seven pound fifty » ou tout simplement « seven fifty » pour 7,50 livres (jamais « seven quid fifty »).

Dans le slang australien et néozélandais, « to make a quid » signifie « faire de l'argent »[27].

Notes

  1. L'île de Man émet la Livre mannoise ou Manx Pound, abrégée IMP (non ISO)
  2. L'île de Jersey émet la livre jersiaise, abrégée JEP (non ISO). Guernesey émet la livre de Guernesey, abrégée GGP (non ISO). Les pièces frappées dans les dépendance de la Couronne sont calquées sur les divisions de la livre sterling (même jeu de valeurs faciales), mais les faces sont ornées de motifs spécifiques. Ces monnaies n'ont pas cours légal hors des territoires qui les émettent.
  3. Source : http://www.trader-forex.fr/bible-forex-livre-sterling
  4. Nicholas Mayhew, Sterling, p 2
  5. Comme on ferait en France avec l'euro, où le symbole monétaire se place après le montant.
  6. (en) Page de Nicholas Mayhew
  7. Nicholas Mayhew, Sterling. The History of a Currency, p. 1
  8. À l'origine, le seul type de pièce existant
  9. Nicholas Mayhew, p. 2. Le Shorter Oxford English Dictionary et le Petit Robert reprennent, brièvement, la même explication.
  10. Le terme aurait désigné les deniers écossais du roi David Ier d'Écosse (1123 à 1153), et du nouveau denier anglais du roi Henri II Plantagenêt en 1180
  11. Le Shorter Oxford English Dictionary est quant à lui d'avis que le terme 'esterlin' serait antérieur à l'anglais.
  12. Nicholas Mayhew, Sterling, p.3
  13. Spink, Coins of England, p. 127
  14. Coins of England, Spink, p. 127
  15. Selon Mayhew, une diminution du titre d'argent de 900 à 700 millième est parfaitement invisible à l'œil nu.
  16. En particulier, ses mercenaires
  17. Un soupçon qui n'était apparemment pas dénué de tout fondement, selon Mayhew
  18. Mayhew, Sterling, p. 10
  19. Voir sur le wiki anglais, l'article (en) Troy weight.
  20. La Tower pound était une mesure de masse exclusivement utilisée à des fins monétaires, elle était égale à 5,400 grain troy. Elle sera remplacée en 1526 par la troy pound, qui pesait 5,760 grains troy (Mayhew, op. cit. p. 271)
  21. Le XIIIe siècle verra se poursuivre les découvertes minières : Montieri en Toscane, Styrie, Carinthie, Tyrol, Sardaigne et finalement Bohème).
  22. Mayhew estime par exemple à 900 000 livres la monnaie disponible en Angleterre vers 1300.
  23. Cependant, aussi bien la définition précise de la livre que le titre de la monnaie a connu de nombreuses modifications.
  24. 240 est un nombre hautement composé.
  25. Nicholas Mayhew,Sterling, p.2
  26. Oxford Shorter Dictionary of English, article quid
  27. Oxford Shorter Dictionary of English, article quid

Bibliographie

  • (en) Nicholas Mayhew, Sterling. The History of a Currency, John Wiley & Sons, Inc., USA 2000
  • (en) Coins of England & The United Kingdom, 43rd edition, Spink, 2007, (ISBN 1-902040-82-0)
  • (en) Coins of England & The United Kingdom, 44th edition, Spink, 2008, (ISBN 1-902040-90-5)

Articles connexes

Liens externes

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