Jean Bernier (journaliste)

Jean Bernier (journaliste)
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Jean Bernier (1894 - 1975), était un journaliste français.

Sommaire

Origine

Fils de Charles-Nicolas Bernier (membre du Conseil de lordre des avocats au Conseil dÉtat et à la Cour de Cassation), Jean Charles Albert Bernier est le 29 août 1894 à Marissel (Oise). Il fait ses études au lycée Buffon, avant dobtenir une licence en droit et le diplôme de lÉcole libre des sciences politiques. Mobilisé le 4 septembre 1914, il est affecté au 117e régiment dinfanterie. Après deux mois dinstruction, il part pour le front le 13 novembre. Promu successivement caporal, sergent puis sous-lieutenant, il combat dans la Somme puis en Champagne. Blessé le 8 décembre 1915, il fait trois mois dhôpital et quatre de convalescence puis est affecté aux chemins de fer de campagne avant dêtre détaché, à partir doctobre 1916, au ministère des Affaires étrangères.

Journaliste

Comme les jeunes hommes de sa génération, notamment ses amis Pierre Drieu La Rochelle et Jean Galtier-Boissière, il sera définitivement marqué par son expérience du front. Il adhère à lAssociation républicaine des anciens combattants ou ARAC (groupement de gauche, vite contrôlé par le mouvement communiste naissant), fondée en novembre 1917 par Henri Barbusse, Georges Bruyère, Paul Vaillant-Couturier, Boris Souvarine et Raymond Lefebvre, son ami et ex-condisciple de lÉcole libre de sciences politiques. En 1920, il écrit La Percée, roman autobiographique sur ses années de guerre, qui obtient le prix « Clarté ».

Dès la fin de la guerre, Bernier se lance dans le journalisme, tenant la rubrique des concerts dans le Crapouillot de Jean Galtier-Boissière et collaborant à Clarté (revue fondée en 1919 et dirigée par Barbusse jusquen 1923), dont il accompagnera les différentes métamorphoses. En 1924, au moment de la parution de Un cadavre (pamphlet écrit par les surréalistes sur la mort dAnatole France), il manifeste sa sympathie et son intérêt pour leurs idées. Lannée suivante, les surréalistes, tentés par la politique, et léquipe de Clarté, séduite par le surréalisme se rapprochent autour dun projet de revue, La Guerre civilequi ne verra jamais le jour. À partir de 1924, Bernier collabore à la rubrique « La vie sociale » de LHumanité, avant de soccuper, deux ans plus tard, de la rubrique des sports.

En 1926, il noue une brève et intense liaison avec Colette Peignot, qui fréquente alors les milieux intellectuels et artistiques grâce à son frère Charles, fondateur des Nouvelles littéraires et dArts et métiers graphiques. Cette rencontre amena la jeune femme à se radicaliser et à politiser sa révolte contre son milieu familial. Compagne de Boris Souvarine quelques années plus tard, puis maîtresse de Georges Bataille jusquà sa mort prématurée en 1938, la future « Laure » de lauteur du Coupable fut légérie de lextrême gauche de lentre-deux-guerres.

À la fin des années 1920, il rompt totalement et définitivement avec le mouvement communiste officiel pour se rapprocher des communistes dopposition proches de Boris Souvarine. Il collabore à La Critique sociale, fondée en mars 1931, y publiant notamment un article sur « Freud et la religion », des notes de lecture (principalement sur la littérature et la psychanalyse) et une célèbre polémique avec Georges Bataille sur la Psychopathia Sexualis de Krafft-Ebing. En 1933-1934, après le rapprochement de la Fédération communiste indépendante de lEst avec le Cercle communiste démocratique, il écrit régulièrement dans lhebdomadaire de ce groupe, Le Travailleur communiste syndical et coopératif, sur des sujets de politique française et internationale. Le 2 mai, la signature dun pacte franco-soviétique entre Pierre Laval et Staline provoque lindignation de lextrême gauche. Il fait partie du comité dorganisation de la Conférence des adversaires de la défense nationale, qui réunit près de cinq cents militants à Saint-Denis les 10 et 11 août. Le 7 octobre 1935, Georges Bataille et ses amis (issus pour la plupart du Cercle communiste démocratique) créent, avec le groupe surréaliste dAndré Breton, « Contre-attaque. Union de lutte des intellectuels révolutionnaires », mouvement qui se voulait une alternative dextrême gauche à lAssociation des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR) fondée par le PCF. Le groupe envisage la publication des Cahiers de Contre-attaque, dont un numéro, « La Vie de famille », coordonné par Jean Bernier et Georges Bataille, se revendiquait dune « morale spontanée » des enfants, « turbulente et heureuse », comme principe de « rapports sociaux libérés des misères du système de production actuel ». Les deux hommes se proposent également de consacrer un court fascicule à la Révolution ou la guerre, pour opposer « radicalement [leur] action à tous ceux qui préparent aujourdhui la répétition de la guerre de 1914 ; qui, sous le prétexte de lutter contre le fascisme, préparent une nouvelle croisade des démocraties » Donnée sous légide de ce mouvement, une conférence de Bernier sur « les moyens de la lutte » est alors interrompue par André Breton, qui lui reproche sa collaboration à la revue Les Humbles de Maurice Wullens. En mars 1936, un nouveau tract, « Travailleurs, vous êtes trahis ! », est rédigé par Bataille, Bernier et Lucie Colliard au nom dun « Comité contre lUnion sacrée », qui semblait vouloir clore et dépasser lexpérience de Contre-Attaque.

Le 11 novembre 1935, Le Libertaire, hebdomadaire de lUnion anarchiste, publie la réponse de Bernier à leur « enquête sur la guerre ». À partir doctobre 1936, celui-ci commence à y collaborer régulièrement. Une série darticles sur « La révolution espagnole et limpérialisme » est reprise peu après en brochure. Il y tente « déclairer les contradictions se débat la révolution espagnole dans ses rapports avec lEurope impérialiste ». Il analyse également les événements espagnols eux-mêmes dans un article du Crapouillot (janvier 1938), « Espagne rouge et noire », il affirme l’« actualité de lanarchisme » devant la « faillite » du réformisme et du bolchevisme.

Admis au syndicat des correcteurs le 8 mai 1936, Bernier participe, avec Henry Chazé (Gaston Davoust), Pierre Dichamp (Pierre Riguidel), Eugène Galopin, Raymond Guilloré, Nicolas Lazarévitch, etc., à la fondation du Cercle syndicaliste « Lutte de classes », qui regroupait dans la CGT des militants révolutionnaires dorigine diverse mais unis par le refus conjoint du réformisme et du stalinisme. Bernier participe activement à la rédaction de lhebdomadaire des Cercles, Le Réveil syndicaliste, y assurant pour lessentiel une intéressante rubrique de politique internationale. Lamitié de Bernier avec Drieu la Rochelle ne résiste pas aux turbulences de la décennie écoulée et aux divergences politiques des deux hommes. Dans son roman à clefs, Gilles (1939), Drieu la Rochelle fait apparaître Bernier sous les traits de Grégoire Lorin, un marxiste plutôt dogmatique et ridicule. Cependant, dans son testament, Drieu souhaita la présence de Bernier et celle de Malraux à son enterrement, auquel seul le premier put se rendre.

La Seconde Guerre mondiale

Mobilisé en 1939, Bernier est fait prisonnier en juin 1940 et reste en captivité jusquen août 1941. Il dit de lui-même que, « rallié à Pétain, quoique hostile à laRévolution nationale”, [il est] secrétaire de lorganisation des prisonniers de guerre en zone occupée (octobre 1942), démissionne deux mois après, avec la quasi totalité du Comité directeur, malgré la menace dinternement administratif ».

Après la guerre

Après la guerre, il cesse de militer pour se consacrer à létude de la politique internationale, notamment dans Le Journal de Genève, et reprendre sa collaboration au Crapouillot, il tient une rubrique sur les livres de politique et dhistoire. Il participe également au bulletin La Réalité russe (1950-1958), animé par Nicolas Lazarévitch, qui informait le public français, à partir darticles traduits de la presse soviétique, de la vie misérable des classes laborieuses en Union soviétique : confrontation du mythe de lURSS socialiste à la réalité de lexploitation et de loppression des travailleurs soviétiques. Bernier vit les dernières années de sa vie dans la gêne, sinon dans la pauvreté. Il meurt le 10 août 1975.

Bibliographie


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