Jean-baptiste say

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Jean-Baptiste Say

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Jean-Baptiste Say
Jean-baptiste Say.jpg
Naissance 5 janvier 1767
Lyon (France)
Décès 14 novembre 1832
Paris (France)
Nationalité Français
Champs Économie
Institution Conservatoire national des arts et métiers, ESCP Europe, Collège de France,
Célèbre pour École classique, loi de Say

Jean-Baptiste Say, (né à Lyon, le 5 janvier 1767 et mort à Paris le 14 novembre 1832), est le principal économiste classique français[1]; il était également journaliste et industriel français du coton, l'un des entrepreneurs huguenots de cette industrie alors en pleine croissance. Il est connu pour avoir élaboré la loi de Say (ou loi des débouchés) et, plus généralement, pour ses positions libérales.

Sommaire

Biographie

Famille et formation

La famille Say est une famille d'origine protestante, issue de l'arrondissement de Florac, en Lozère. Elle quitte la région avec la révocation de l'Édit de Nantes et fuit à Genève où nait le père de Jean-Baptiste Say le 7 mai 1739. Il retourne à Lyon où il devient l'employé d'un négociant, Castanet, né de parents protestants de Nîmes et dont il épousera la fille Françoise en 1765. Il pratique alors le négoce de soieries. Jean-Baptiste Say nait deux ans après leur mariage, le 5 janvier 1767. Il eut trois frères, Denis (1768-1769), Jean (1771-1799) et Louis Say (1774)-(1840), créateur des sucreries Say devenues en 1973 Beghin-Say.

Ses premières années d'existence se passent à Lyon, où son père lui fait dispenser une éducation relativement libérale, en particulier avec la volonté de soustraire ses fils à l'influence de l'Église et de son système d'éducation. C'est sans doute une des raisons pour laquelle Say ira en pension à Écully pour y suivre les cours de deux italiens dont l'enseignement différait sensiblement des règles lourdes du cadre contrôlé par l'Église.

Le déménagement de la famille à Paris marque un tournant dans sa vie et il commence à 15 ans son apprentissage en travaillant comme « grouillot » dans une maison de commerce, du fait des revers de la fortune familiale.

Au gré de changements de fortune, il peut finalement se rendre en Grande-Bretagne à 19 ans[2], accompagné de son frère Horace. L'objectif du voyage est de se former aux pratiques commerciales et à la langue anglaises. Il durera deux ans. Au cours de ces années 1785-1786, la Grande-Bretagne connaît une de ses périodes de développement industriel les plus brillantes et Say est aux premières loges pour l'observer.

Son séjour s'achève brutalement quand son employeur meurt et il rentre alors à Paris. Clavière, un assureur, protestant genevois comme son père, l'embauche comme employé de banque. Il a alors 21 ans.

En 1789, il écrit une courte pièce la Tante et le Prétendu, puis le Curé Amoureux, pièce anticléricale qui sera représentée dans un théâtre du boulevard. Son activité d'écrivain de théâtre s'étendra jusqu'en 1795 où il écrit un opéra comique : les Deux Perdrix.

La Révolution française

L'entrée de Say dans la compagnie d'assurance de Clavière marque un véritable tournant dans sa vie. En devenant un de ses collaborateurs il entre dans le groupe des Girondins et se rapproche de l'Atelier de Mirabeau. Il est alors à 21 ans un partisan enthousiaste de la Révolution française. Il est républicain et ne cessera jamais de l'être. Il va au cours de cette même période remplir des fonctions de « grouillot » (s'occupant des abonnements) dans le journal de Mirabeau qui est le Courrier de Provence. C'est chez Clavière que Say lira pour la première fois en anglais la Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, publiée par Adam Smith en 1776.

La mort de Clavière et le développement de la Terreur marquent pour Say un nouveau tournant. Chamfort, Guinguené et Andrieux lui proposent de fonder une revue paraissant tous les dix jours et ayant une ambition encyclopédique : La Décade philosophique, littéraire et politique. Elle est fondée le 10 Floréal an II (1794). Say contribue à la revue en rédigeant des articles de circonstance sur les questions littéraires, de théâtre, de poésie ou de compte-rendus d'ouvrages. Il conservera la fonction de la rédaction générale jusqu'à sa nomination au Tribunat. Les références que Say utilise dans la Décade témoignent de son expérience personnelle et de ses liens avec la culture anglo-saxonne. Il se réfère plus facilement à Swift ou à Franklin qu'à Rome ou Athènes.

Industriel sous l'Empire

Say rejoint sous l'Empire la banque dirigée par Clavière, qui deviendra par la suite ministre des Finances. En 1803, il publie son œuvre la plus connue, Traité d'économie politique. L'œuvre est mal accueillie par Napoléon Bonaparte qui lui demande de réécrire certaines parties de son traité afin de mettre en avant l'économie de guerre basée sur le protectionnisme et les régulations. Le refus de Say l'empêcha de publier une seconde édition du traité, et il fut révoqué du Tribunat en 1804, après avoir passé quatre années à la tête de la section financière[2].

Les dispositions prises par Bonaparte lui interdisant toute activité comme journaliste, il devient entrepreneur dans la production de coton. Il commence par apprendre à manier les machines des métiers à tisser qui se trouvaient dans les murs du conservatoire des arts et métiers et qui avaient été ramenés par les armées de la Révolution pour certaines. Le secteur en est alors à ses débuts.

La filature débute dans les bâtiments de l'ancienne abbaye d'Auchy avec 80 ouvriers et des métiers qu'actionnait un moteur hydraulique. L'affaire se développe rapidement et en 1810, accrue de bâtiments nouveaux, la manufacture occupait 400 ouvriers[1] ; on y filait 100 kilos de coton par jour. En 1810 toujours, le préfet du Pas-de-Calais désigna Say pour participer à un "conseil des fabriques et manufactures".

Il adopte une politique patronale assez paternaliste et se préoccupe de la question sociale. Son ami Pyrame de Candolle rapporte ainsi que « au lieu de payer ses ouvriers le samedi, il les payait le lundi. Il obtenait par là que leur solde servait pendant la semaine à nourrir leur famille et qu'il ne restait que l'excédent pour le cabaret du dimanche. »

Enseignant sous la Restauration

Après la première abdication de Napoléon en 1814, il peut exprimer plus librement sa pensée économique et il publie la seconde édition de son Traité en 1814. La restauration de la royauté lui permet d'être reconnu en France. Grâce à ses nombreux ouvrages d'économie politique, il est invité à donner des conférences à l'Athénée Royale en 1816, et fut nommé, en 1819, professeur à la chaire d'économie industrielle au Conservatoire National des Arts et Métiers[3]. Cette même année il participa à la fondation de l'École Spéciale de Commerce et d'Industrie qui devint par la suite ESCP Europe, puis en 1830, peu de temps avant sa mort, il fut nommé au Collège de France, où il occupa la première chaire d'économie politique[1].

Jean-Baptiste Say est mort le 14 novembre 1832 à Paris et enterré au cimetière du Père-Lachaise. À sa mort, il était l'économiste français le plus connu[4].

Pensée

Présentation générale

Say défend une pensée économique libérale : il met en avant la propriété privée, la libre-concurrence et un rôle de l'État aussi limité que possible. Il se situe en fait dans le prolongement direct de l'école d'économie politique libérale française : Gournay, Turgot, François Quesnay ou du Pont de Nemours[5].

Il se situe dans la tradition de l'école française en reprenant la théorie de la valeur-utilité. Il écrit ainsi que « l'utilité [des] choses est le premier fondement de leur valeur »[6]. Il distingue marchandises et richesses et souligne que la production est avant tout création de « richesses », donc d'utilité. En partie pour cela il est considéré comme un précurseur de l'école autrichienne d'économie.

La loi des débouchés que Jean Baptiste propose tend à démontrer que l'économie de marché se régule de façon spontanée en situation de concurrence : « C’est la production qui ouvre des débouchés aux produits ».[7] L'action étatique y est néfaste et, même si les déséquilibres temporaires sont possibles, les crises générales sont impossibles pour Say. Cette loi des débouchés sera reprise par Ricardo afin de démontrer que la croissance économique tend vers un état stationnaire, en opposition à la vision d'une croissance illimitée d'Adam Smith.

Il développa également l'idée que la libre fixation des prix et des revenus sur le marché était la condition de la "justice économique". Approfondissant sa défense du libéralisme économique, il plaide pour le libre-échange puisque les produits étrangers étant payés avec des produits fabriqués par l'économie nationale, ils stimulent également la demande : « que les achats qu'on fait à l'étranger soient acquittés en marchandise ou en argent, ils procurent à l'industrie nationale des débouchés pareils »[8].

L'économie de l'offre

Article détaillé : économie de l'offre.

L'économie de l'offre, dans la tradition de Say, s'oppose à l'économie de la demande, qui est celle de Malthus et plus tard de Keynes.

Selon Say, c'est l'offre qui crée sa demande; les consommateurs utilisant intégralement leur revenu, pour créer de la croissance, il faut donc stimuler l'offre.

On doit à Jean-Baptiste Say la division tripartite qui est restée classique : production, répartition, consommation. C'est ainsi qu'il divise son Traité d'économie politique.

La Loi de Say

Article détaillé : loi de Say.

La loi de Say, ou loi des débouchés, prévoit que « plus les producteurs sont nombreux et les productions multiples, plus les débouchés sont faciles, variés et vastes ». Dans une économie où la concurrence est libre et parfaite, les crises de surproduction sont impossibles. Il ne peut y avoir de déséquilibre global dans les économies de marché et de libre-entreprise, il y a un équilibrage spontané des flux économiques (production = consommation, épargne = investissement). Say ne nie pas la possible existence d'excédents, mais les crises de surproduction ne touchent, pour lui, que certains secteurs et ne sont pas durables. Cette loi est parfois réduite à tort à la formule « toute offre crée sa propre demande ». Un meilleur résumé de cette approche serait : « on ne dépense jamais que l'argent qu'on a gagné », loi que Keynes critiqua, la considérant comme irréaliste.

L'impôt

  • « Pour encourager la pèche de la baleine, le gouvernement britannique prohibe les huiles végétales que nous brûlons en France dans les lampes à courant d'air. Qu'en résulte-t-il? C'est qu'une de ces lampes, qui coûte à un Français 60 francs par année, coûte 150 francs à un Britannique. C'est pour favoriser la Marine et multiplier les matelots, dit-on, que chaque bec de lampe coûte aux Britanniques 90 francs de plus qu'en France. En ce cas, c'est multiplier les matelots par le moyen d’un commerce où l'on perd : il vaudrait mieux les multiplier par un commerce lucratif. »
  • « Un ouvrier laborieux, m'a-t-on dit, avait coutume de travailler à la lumière. Il avait calculé que, dans sa veillée, il brûlait une chandelle de 4 sous et gagnait 8 sous par son ouvrage. Un impôt sur les suifs et un autre sur la fabrication des chandelles ont augmenté de 5 sous la dépense de son luminaire, qui est devenu ainsi plus coûteux que la valeur du produit qu'il pouvait éclairer. Aussitôt la nuit venue, l'ouvrier est demeuré les bras croisés; il a perdu les 4 sous que son ouvrage lui pouvait procurer sans que le Fisc ait rien perçu au sujet de cette production. Une semblable perte doit être multipliée par le nombre des ouvriers d'une ville et par le nombre des jours de l'année. »

Œuvres

  • 1800 : Olbie, ou essai sur les moyens de reformer les mœurs d'une nation, Deterville.
  • 1803 : Traité d'économie politique ou simple exposition de la manière dont se forment, se distribuent et se composent les richesses, lre éd., Crapelet.
  • 1814 : Traité d'économie politique, 2c éd., Deterville.
  • 1815 : De l'Angleterre et des Anglais, Bertrand.
  • 1815 : Catéchisme économie politique ou Instruction familière qui montre de quelle façon les richesses sont produites, distribuées et consommées dans la société; ouvrage fonde sur les faits, et utile aux différentes classes d 'hommes, en ce qu'il indique les avantages que chacun peut retirer de sa position et de ses talents, lre éd., Crapelet.
  • 1818 : Lettre a Ternaux aine, dans Ternaux [1818], pp. 33–50
  • 1818 : Des canaux de navigation dans l'état actuel de la France, Deterville.
  • 1818 : De l'importance du port de la Villette, Deterville.
  • 1819 : Traite d'économie politique, 4e éd., Deterville.
  • 1820 : Lettres a M. Malthus sur différents sujets économie politique, notamment sur les causes de la stagnation générale du commerce, Bossange.
  • 1821 : Catéchisme économie politique ou Instruction familière qui montre de quelle façon les richesses sont produites, distribuées et consommées dans la société, 2de éd. Bossange.
  • 1824 : De la balance des consommations avec les productions, dans Say (1848) pp. 250–260.
  • 1825 : Examen critique du discours de M. MacCulloch sur L'économie politique, dans Say [1848] pp. 260279.
  • 1826 : Catéchisme économie politique, 3e éd., Aime André.
  • 1826 : De L'économie politique moderne, esquisse générale de cette science, de sa nomenclature, de son histoire et de sa bibliographie, Encyclopédie progressive vol. 1~ pp. 217–304.
  • 1826 : Traité d’économie politique
  • 1826 : De la crise commerciale, Revue Encyclopédique, vol. 32~ pp. 40~45.
  • 1827 : Compte rendu de Malthus "Definitions in Political Economy", Revue Encyclopédique, vol. 33 pp. 494–496.
  • 1828 : Discours d'ouverture au cours économie industrielle, dans Say [1848], pp. 148–161.
  • 1828-1829 Cours complet économie politique pratique, ouvrage destine d mettre sous les yeux des hommes d 'État, des propriétaires fonciers et des capitalistes, des savants des agriculteurs, des manufacturiers, des négociants et en général de tous les citoyens L'économie des sociétés, Guillaumin et Cie (1852).
  • 1833 : Mélange et Correspondance économie politique, Chamerot.
  • 1848 : Œuvres diverses de Jean-Baptiste Say, Guillaumin.

Édition récente des œuvres complètes de Say

  • Traité d'économie politique, ou simple exposition de la manière dont se forment, se distribuent, et se consomment les richesses, T. 1-2, édition Variorum des 6 éditions, édité par C. Mouchot, Jean-Pierre Potier, Jean-Michel Servet. Paris, Philippe Steiner, André Tiran, Volume I des Œuvres complètes de J.-B. Say éditées par Emmanuel Blanc, Pierre-Henri Goutte, Gilles Jacoud, Claude Mouchot, Jean-Piere Potier, Michèle Saquin, Philippe Steiner et André Tiran Coordonnateur.
  • Œuvres morales et politiques, texte introduction et notes par E. Blanc et A. Tiran, Volume V des Œuvres complètes de J.-B. Say éditées par Emmanuel Blanc, Pierre-Henri Goutte, Gilles Jacoud, Claude Mouchot, Jean-Piere Potier, Michèle Saquin, Philippe Steiner et André Tiran Coordonnateur.
  • Leçons d'économie politique, texte introduction et notes par G. Jacoud et Ph. Steiner, Volume IV des Œuvres complètes de J.-B. Say éditées par Emmanuel Blanc, Pierre-Henri Goutte, Gilles Jacoud, Claude Mouchot, Jean-Piere Potier, Michèle Saquin, Philippe Steiner et André Tiran Coordonnateur.

Notes et références

  1. a , b  et c Jean-Claude Derouin : Les grands économistes, 2006, PUF
  2. a  et b M-M Salort & Y. Katan, Les économistes classiques, Hatier, pp.120-137
  3. Les cours d'économie qu'il a donnés au C.N.A.M. ont été publiés dans "Cours d'économie politique pratique" (1828).
  4. Say (Jean-Baptiste), Encyclopædia Universalis, Pierre-Louis Reynaud, 2005, p.3842.
  5. Avant-propos à la biographie de Jean-Baptiste Say, Gérard Minart, 2005
  6. Jean-Baptiste Say, Traité d'économie politique, chapitre I
  7. Jean-Baptiste Say, Traité d'économie politique
  8. Jean-Baptiste Say, Traité d'économie politique, chapitre XV

Bibliographie

  • Schumpeter, J., History of Economic Analysis, 1954, Allen and Unwin.
  • Sowell, T., Say's Law: An Historical Analysis, 1972, Princeton University Press.
  • Minart, G., Jean-Baptiste Say (1767–1832), Maître et pédagogue de l'École française d'économie politique libérale, 2005, Éditions Charles Coquelin. (ISBN 2-91590-902-4) [présentation en ligne]

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