Francois Andrieux

Francois Andrieux

François Andrieux

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François Guillaume Jean Stanislas Andrieux, à Strasbourg le 6 mai 1759 et mort à Paris le 10 mai 1833, est un avocat, poète et auteur dramatique français.

Sommaire

Un auteur de lAncien Régime finissant

Andrieux est en mai 1759 à Strasbourg, aîné dune famille bourgeoise qui le destinait au barreau. Il étudie au collège du Cardinal-Lemoine de lancienne université de Paris. Il y fait preuve de dons éclatants au point que plusieurs de ses biographes rappellent ses succès qui lui valent dêtre régulièrement porté en triomphe par ses camarades lors des distributions des prix.

Placé chez un procureur du Châtelet, il y exerce comme clerc tout en commençant à sintéresser aux monde du théâtre comme beaucoup de ses collègues de la basoche. Reçu avocat en 1781, il plaide peu en dépit de ses dons déloquence et une solide connaissance du droit qui lui permettent de beaux succès de prétoire. Il réussit ainsi à gagner un procès contre un avocat réputé dont le fils devient un de ses plus proches amis, Louis-Benoît Picard. Sa passion du théâtre, quil partage avec dautres proches comme Collin dHarleville ou Jean-François Ducis, lui vaut un premier succès en 1782. Une pièce en un acte, que certains critiques qualifient déjà de « bluette », Anaximandre, le lance dans le milieu parisien.

La mort de son père, en 1785, le met dans lobligation de subvenir à sa famille laissée sans ressources et donc de reprendre des activités plus lucratives. Introduit par Malesherbes, il devient alors secrétaire du duc d'Uzès, ce qui lui permet de vivre honorablement. En 1787, il présente au public son plus grand succès, sans doute son œuvre la plus durable aux yeux de la postérité, les Étourdis.

Un acteur de la période révolutionnaire

Abandonnant sa charge de secrétaire en 1789, il sinscrit au tableau des avocats mais les événements révolutionnaires, au même instant, lui laissent peu de temps de sy consacrer. Si les temps nouveaux sont bien accueillis par ses collègues, leur profession, inséparable de lancienne organisation judiciaire de lAncien Régime, disparaît en 1790 avec la Constituante[1].

Embrassant les idées nouvelles avec enthousiasme, membre du club des Jacobins, Andrieux, politiquement modéré comme le montreront ses engagements ultérieurs, est proche des girondins. Dès le début de la Révolution, ses capacités juridiques lui permettent dentrer au service de la liquidation générale[2] comme chef de bureau puis chef de division sa probité, alliée à une bonne maîtrise des dossiers financiers, le font rapidement connaître.

En juin 1793, la chute des girondins et la période de répression qui sensuit lui valent dêtre mis en danger. Fuyant Paris à pied, il trouve refuge dans la propriété de son ami Collin à Mevoisins, près de Chartres, il se cache plus dun an. Cette période dinquiétude et de repli se révèle paradoxalement une phase détude intense durant laquelle Andrieux accumule de multiples matériaux pour ses œuvres futures.

Après le 9 thermidor et la fin de la Terreur, il revient dans la capitale il renoue avec ses anciennes activités financières et budgétaires avant dêtre élu en 1796, juge au tribunal de Cassation. Deux ans plus tard, en avril 1798, il est envoyé par les électeurs parisiens, pour le département de la Seine, au Conseil des Cinq-Cents.

Un opposant modéré à lEmpire

Un an après le 18 brumaire, en 1800, il fait partie du tout nouveau Tribunat (4 nivôse an VIII) il assure rapidement la charge de secrétaire puis de président. Sil est favorable à Bonaparte lors de sa prise de pouvoir, la dérive autoritaire du régime lui déplait. Il représente dès lors une opposition visible au Premier Consul lequel, nappréciant pas lesprit de contradiction, le fait rapidement éliminer en 1802 avec Benjamin Constant, Pierre Daunou et Pierre-Louis Guinguené. Cest peu avant, à loccasion dune rencontre avec le futur empereur quAndrieux prononce la phrase qui le rend célèbre : « citoyen consul, vous êtes à lInstitut de la section de mécanique, vous savez quon ne sappuie que sur ce qui résiste. »

Fouché lui offre alors une place de censeur dans son ministère, proposition quAndrieux décline avec esprit : « mon rôle est dêtre pendu et non dêtre bourreau ». Sans ressources alors quil est chargé de famille, le salut lui vient de Joseph Bonaparte avec lequel il sétait noué des liens damitié au Conseil des Cinq-Cents et qui lui propose de devenir, contre une pension très confortable, son bibliothécaire, proposition généreuse quil noubliera jamais[3] .

En 1804, la réorganisation de lÉcole polytechnique et lintroduction dun nouveau cours de « grammaire et de belles-lettres » donne une nouvelle orientation à sa carrière. Il y est nommé professeur et y fait preuve, à 45 ans, alors quil na aucune expérience de cette fonction, de réelles qualités pédagogiques. Il suscite en effet chez ses élèves un fort engouement au point parfois dinquiéter la direction de lÉcole. Ce succès auprès de ses auditoires[4] ne se dément pas, y compris lors de ses nombreuses leçons de littérature au Collège de France il enseigne à partir de 1814.

Un défenseur discret du goût classique

Hors ses activités denseignant et de littérateur, Andrieux, à la fin du Consulat et au début de lEmpire, participe aux réunions philosophiques de la deuxième génération de la « société dAuteuil » que réunit chez elle Anne-Catherine Helvétius. Ces « idéologues » ou « sensualistes » parmi lesquels se retrouvent en premier lieu Maine de Biran et Cabanis puis de Destutt de Tracy, de Gérando, explorent, non sans polémiques, les rapports du physique et du moral, posant ainsi les premiers éléments de la psychologie humaine.

Sil est peu apprécié du pouvoir bonapartiste, le retour des Bourbons ne lui sera pas non plus particulièrement favorable car ses prises de position, notamment religieuses, lui valent de tous bords de nombreux ennemis. Le licenciement de lÉcole polytechnique en 1816 permet au nouveau pouvoir de lécarter de sa chaire mais il conserve cependant ses fonctions au Collège de France ainsi quà lInstitut. Très soutenu par son ami de Collin dHarleville, fondateur auquel il appartenait de coopter les autres membres, Andrieux était entré dans la section de grammaire en 1795. Il en sera, successivement, secrétaire puis président.

Membre de lAcadémie française lors de la réorganisation de 1803, il y occupe le fauteuil de Malesherbes[5]. Maintenu après 1816, membre de la Commission du Dictionnaire à la mort de Morellet, il est nommé secrétaire perpétuel en janvier 1829, en remplacement dAuger. Cest après une ultime leçon au Collège de France, sans doute frappé par le choléra qui se propage alors dans la capitale, quil meurt brutalement le 11 mai 1833[6],[7].

Apport et postérité

Andrieux sest aussi fait un nom à travers ses pamphlets anticléricaux, professant une grande admiration pour Voltaire qui faisait en partie le succès de ses conférences, notamment au Collège de France. Toutefois, il nadopte pas la violence de son modèle. Resté fort modéré de caractère, plutôt libre-penseur, il exprime ainsi une certaine distance morale envers les nombreux régimes politiques qui ont traversé son temps.[8]

Il est plus connu pour ses comédies dintrigue, très au goût de lépoque, dans lesquelles le public appréciait la qualité de style, la grâce, le naturel ingénieux, autant de traits aujourdhui difficiles de retrouver, la plus populaire étant les Étourdis, dont André Chénier a fait une critique élogieuse. [9] Andrieux était sans doute plus pertinent dans ses analyses littéraires qui, selon les contemporains, étaient des merveilles déquilibre. Les leçons données au Collège de France ressemblaient plus à des causeries pleines de saillies et danecdotes choisies, à chaque fois terminées par des lectures, exercice quil maîtrisait à la perfection. Ses conseils avisés, toujours soucieux de la diction, donnés à ses amis pour corriger certaines de leurs œuvres étaient, quoique sans concessions, particulièrement appréciés. Il a été notamment un conseiller bienveillant du jeune Balzac en le détournant du théâtre et de la poésie après avoir lu son Cromwell[10].

Auteur qui sest essayé à tous les genres, y compris la tragédie, Andrieux représente une courte parenthèse dans le style théâtral français. Plus naturel que ses prédécesseurs qui sacrifiaient souvent à lemphase et aux effets artificiels, son œuvre, toutefois aujourdhui surannée, a été vite éclipsée par les nouveaux auteurs romantiques contre lesquels il combattit vigoureusement. Il mena le combat au sein de lAcadémie en participant au groupe du « Déjeuner de la Fourchette ». Opposé à lentrée de Lamartine dans lhémicycle dès 1824, il échoua cinq ans plus tard, le poète réussissant, grâce à lappui de ses partisans déjà nombreux parmi les Immortels, à être reçu au fauteuil du comte Daru.

Andrieux avait épousé le 28 septembre 1784 Marie Jude avec laquelle il eut deux filles. Celles-ci lui donnèrent des gendres de qualité, Saint-Albin Berville (1788-1868) avocat de renom et homme politique ainsi quAlexandre Labrouste, principal du collège Sainte-Barbe, frère de larchitecte Henri Labrouste, constructeur de la bibliothèque Sainte-Geneviève.

Notes et références

  1. La profession davocat ne sera rétablie quen 1810 par Napoléon.
  2. La Constituante confie lapurement de la dette de lAncien Régime à un « liquidateur général de la dette publique ». Ce service prend de fait en termes budgétaires et financiers la suite de lhôtel des fermes de la monarchie.
  3. Il assurera peu après la charge de bibliothécaire du Sénat, qui lui offrira un revenu supplémentaire et surtout un logement.
  4. Selon le mot célèbre de Villemain « il se fait entendre à force de se faire écouter ».
  5. Le 38e, occupé bien avant lui par le fils du duc dAntin, Pierre de Pardaillan de Gondrin, puis aussitôt après par Thiers, Lesseps, Valéry, Louis Armand.
  6. Thiers qui lui succède à lAcadémie conclut son éloge par ces mots : « Andrieux est mort content de laisser ses deux filles unies à deux hommes desprit et de bien, content de sa médiocre fortune, de sa grande considération, content de son siècle, content de voir la révolution française triomphante sans désordres et sans excès. ».
  7. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (division 18).
  8. Écrivant à un ami, en 1831, ainsi que le rappelle Sainte-Beuve, Andrieux affirme ainsi : « nous avons vu 40 ans de révolution, pensez vous que nous soyons à la fin ? Nous avons vu aussi tous les gouvernements qui se sont succédé lun après lautre, être aveugles, égoïstes, dilapidateurs et insolents. Aussi tous sont-ils tombés. La pauvre Nation, victime innocente, est livrée, comme Prométhée, au bec éternel des vautours… ».
  9. Chénier écrit : « Depuis Les Folies amoureuses (De Jean-François Regnard), il serait peut-être impossible de citer une seule comédie en trois actes qui réunisse au même degré que les Étourdis le charme dune versification brillante, la gaîté du dialogue, loriginalité des caractères et la piquante variété des citations. ».
  10. Pierre BarbérisLe Monde de Balzac, éd. Arthaud, 1973, p. 27

Œuvres

Théâtre
  • Anaximandre, ou le Sacrifice aux Grâces, comédie en un acte en vers de dix syllabes, Paris, Théâtre Italien, 20 décembre 1782
  • Les Étourdis, ou le Mort supposé, comédie en 3 actes en vers, Paris, Comédie-Italienne, 14 décembre 1787
  • Louis IX en Égypte, opéra en 3 actes, Paris, Académie royale de musique, 15 juin 1790. Paroles de Nicolas-François Guillard et Andrieux, musique de Jean-Baptiste Lemoyne
  • LEnfance de Jean-Jacques Rousseau, comédie en un acte, mêlée de musique, Paris, Opéra-Comique, 4 prairial an II (1794)
  • Helvétius, ou La Vengeance dun sage, comédie en un acte et en vers, Paris, Théâtre Louvois, 28 prairial an X (1802)
  • Le Trésor, comédie en 5 actes, en vers, Paris, Théâtre Louvois, 28 janvier 1804
  • Molière avec ses amis, ou la Soirée dAuteuil, comédie en 1 acte en vers, Paris, Théâtre-Français, 16 messidor an XII (1804)
  • La Suite du Menteur, comédie en cinq actes, en vers de Pierre Corneille, avec des changemens et additions considérables et un prologue, Paris, Comédiens français, 29 octobre 1808
  • Le Vieux Fat, ou les Deux Vieillards, comédie en 5 actes, en vers, Paris, Comédie-Française, 6 juin 1810
  • Lucius Junius Brutus, tragédie en 5 actes, Paris, Théâtre-Français, 13 septembre 1830
  • Quelques scènes impromptu ou la Matinée du jour de lan. Prologue pour louverture du Théâtre royal de lOdéon, sous la direction de M. Picard, Paris, Théâtre de lOdéon, 1er janvier, 1816
  • La Comédienne, comédie en 3 actes, en vers, Paris, Comédie Française, 6 mars 1816
  • La Jeune créole, comédie en cinq actes, en prose, imitée de langlais de Richard Cumberland (1818)
  • Le Rêve du mari, ou le Manteau, comédie en 1 acte et en vers, Paris, Théâtre-Français, 20 mai 1826
Divers
  • Querelle de Saint-Roch et de Saint-Thomas, sur louverture du manoir céleste à Mademoiselle Chamero (1795)
  • Contes et opuscules en vers et en prose, suivis de poésies fugitives (1800)
  • Cours de grammaire et de belles-lettres : sommaire des leçon (1806)
  • Œuvres de François-Guillaume-Jean-Stanislas Andrieux (4 volumes, 1818-23)
  • Dialogues de lorateur : Brutus ou Dialogue sur les orateurs illustres (2 volumes, 1830-31). Traduction de Cicéron.
  • Poésies de François-Guillaume-Jean-Stanislas Andrieux (1842)
  • Récits et anecdotes (1900)

Sources

Jean Tulard, Jean-François Fayard et Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française. 1789-1799, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 1987,1998 [détail de lédition]

Liens externes

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Précédé par
Guillaume-Chrétien de Lamoignon de Malesherbes
Fauteuil 38 de lAcadémie française
1803-1833
Suivi par
Adolphe Thiers
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