- Jacques Chapelle
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Jacques Chapelle Naissance 21 mai 1721
Grand-Gentilly (Val-de-Marne)Décès 21 octobre 1773 (à 52 ans)
Rue du Temple à ParisNationalité France Profession faïencier Jacques Chapelle était un chimiste, céramiste et faïencier français, né au Grand-Gentilly (Val-de-Marne) le 21 mai 1721[1] et décédé rue du Temple à Paris le 21 octobre 1773.
Sommaire
Biographie
Personnage semblant un tantinet hâbleur, il prétendait[2] être né à Paris, avoir été depuis sa prime jeunesse versé dans les sciences de la peinture, la sculpture et aussi la chimie. Qu'il s'était perfectionné dans son art en parcourant toutes les fabriques d'Europe et même d'autres parties du monde pendant une dizaine d'années, qu'il avait eu moult possibilités de profiter des avantages considérables que l'on lui proposait mais qu'il préférait servir son pays avec sa grande expérience, etc. Il se donnait les titres de pensionnaire du Roi, Membre de l'Académie, et démonstrateur de chimie. Tout ceci est démenti pour partie par un de ses anciens associés, avec lequel il fut en procès en 1769, le sieur Adrien Pierre Mignon, propriétaire de la Manufacture de terres anglaises dite Manufacture de Pont-aux-Choux à Paris (1743-1788). Attaché à dénigrer son ancien partenaire, Mignon révèle que celui-ci serait, moins glorieusement, le fils d'un simple maneuvrier trop rapidement disparu dont la veuve se remaria à un charcutier de la rue de Charonne. A cela se limitent sans doute ses premières expériences de chimie. Vers 1735, la mère convola une troisième fois avec un charretier. Le petit Chapelle est successivement apprenti cordonnier, serrurier, puis chez un maréchal. Il serait ensuite passé chez un faïencier du nom de Genest, qui tenait boutique au faubourg Saint-Antoine.
En 1739, il est au service d'Edmé Serrurier, autre faïencier originaire du Nivernais et par son épouse allié aux faïenciers rouennais Le Coq de Villeroy et Michel Poterat, directeur de la faïencerie, auquel Adrien Pierre Mignon succéda. L'esprit indépendant de Chapelle ne lui permettant pas de demeurer bien longtemps dans la même place, il passe ensuite chez un autre faïencier à Montereau, le sieur Le Mazois, puis reviend chez Serrurier. En 1743 il épouse à Paris Marguerite Agy, et est alors qualifié d'ouvrier faïencier. Toujours inconstant, il est en 1745 soi-disant modeleur en porcelaine à Vincennes, puis part à Strasbourg où il apprend à se servir d'un tour de potier. Il rentre ensuite à Paris où il fait une brève apparition à la Manufacture de Mignon et devient bientôt le collaborateur de l'architecte Louis-François de Bey, avec qui il décide de développer la Manufacture créée en 1735 par ce dernier à Sceaux sous la protection de la duchesse du Maine (lettres patentes de 1745), qui est une fabrique de porcelaine tendre à la manière de la Porcelaine de Saxe. Cette bâtisse était située le long de la rue des Imbergères et un de ses bâtiments subsiste au no 1 rue des Imbergères. Des dépendances couraient le long de la rue du Dr Berger. La belle grille de l'entrée fut remontée au no 12 bis de la rue du Dr Berger le 9 août 1748. Les associés fondateurs de la Manufacture de Sceaux, sont Gabriel Bagouze sieur d'Alencé, Joseph Minard, Louis Bellot sieur de Châteauneuf, Chapelle et Bey.
En 1752, ils attirent chez eux des artistes peintres de la Manufacture de Vincennes : Charles-François Becquet, Vincent Taillandier, et François Levavasseur qui ne restent finalement qu'une année et réintègrent Vincennes. Après avoir travaillé à Chantilly, Vincennes, Saint-Amand-les-Eaux et Tournai, le célèbre Gilles Dubois arrive également en 1752 à Sceaux chez Chapelle, où il est arrêté cette même année en compagnie du sculpteur Chanou qui avait aussi travaillé quelque temps chez Mignon ; leur arrestation est due à la plainte du directeur de la Manufacture de Vincennes Charles Adam, qui les accuse de produire clandestinement de la porcelaine. Or, par arrêt du Conseil d'Etat du 24 juillet 1745, Charles Adam avait reçu le privilège de la fabrication de cette matière pour une durée de vingt ans, avec interdiction à quiconque d'en faire de semblable sous peine d'amendes. Il ne se priva donc pas de faire appel au roi pour se plaindre des productions de Bey et Chapelle, lesquels se virent interdire de produire cette sorte de porcelaine. Les associés des deux hommes se retirèrent et vendirent leurs parts à Bey et Chapelle, qui durent rechercher un autre filon en fabriquant une faïence très fine dite faïence japonnée. Ils fondèrent le 19 mai 1750 un second établissement pour développer ce type de production qui n'existait nulle part ailleurs en France. Cette faïencerie va prendre son essor et devenir une des plus importantes du royaume. L'Abbé Lebeuf, qui visita la manufacture en 1752, dit y avoir vu travailler entre 60 et 80 personnes. La mort de la duchesse du Maine en 1753 n'empêche pas la poursuite du développement de la manufacture. Chapelle dépose d'ailleurs une requête auprès de Trudaine pour jouir du titre de Manufacture Royale et d'un privilège. Par arrêt du Conseil du Roi du 26 juin 1753, il obtient le droit de travailler en l'absence de privilège et de lettres patentes. C'est en 1754 qu'il ouvre son magasin à Paris rue Saint-Honoré.
Chapelle sait s'entourer de gens qualifiés dont en 1754 le peintre Joseph Jullien, en 1755 la seule femme de l'entreprise, Marie-Madeleine Ferté qui épousa son collègue Louis Drancy en 1756, les sculpteurs Jean-Louis de Strasbourg et Charles Symphorien Jacques, et en 1760 le peintre Jean Rothe de Strasbourg. C'est en 1756 qu'a lieu le transfert de la Manufacture Royale de porcelaine de Vincennes à Sèvres. En 1759, le décès de son associé de Bey laisse Chapelle, qui est alors directeur, seul exploitant de la Manufacture grâce à la protection de Louis-Charles de Bourbon, comte d'Eu. Il devient donc propriètaire des bâtiments et de ses dépendances. En 1761 il achéte à côté de son entreprise une maison avec des bâtiments et jardins. Malgré cela, il semble d'après sa femme que l'argent ne soit pas au rendez-vous. Il finit par louer cette entreprise le 12 juin 1763 pour une durée de neuf années à deux de ses employés : Jacques (père), sculpteur, et le peintre Joseph Jullien. Ce sont ces deux personnages qui vont s'associer et créer la Manufacture de Bourg-la-Reine et prendre la direction de celle de Mennecy-Villeroy. Enfin, le 29 août 1772, Chapelle vend l'ensemble de la propriété et la manufacture au sculpteur Richard Glot lié au duc de Penthièvre, nouveau seigneur de Sceaux de qui il sera le fondé de procuration en 1776. Chapelle va retourner vers Mignon avec lequel il va s'associer à la Manufacture de Pont-aux-Choux. Décédé le 21 octobre 1773, il est inhumé dans la paroisse parisienne de Saint-Nicolas des Champs.
Marques
- Rarement signées, ses œuvres sont très souvent marquées à la fleur de lys (armoiries de la duchesse du Maine) ou des initiales C.S désignant Chapelle/Sceaux. Sur la porcelaine, elles sont souvent en creux ou en sous glaçure et, sur faïence, elles sont peintes.
Plusieurs marques sont aujourd'hui attribuées à Chapelle :
- 1 - Fleur de lys peinte à l'image de celle des armoiries de la duchesse, de couleur soit bleue, rose ou verte.
- 2 - Trois fleurs de lys entre 1750 et 1755
- 3 - Une fleur de lys accompagnée de trois points de 1750 à 1755
- 4 - Une fleur de lys de 1755 à 1763
- 5 - Une fleur de lys encadrée des lettres S et X vers 1763 : Chapelle continuera à employer la fleur de lys même après le décès de la duchesse.
- 6 - On trouve également la marque Sceaux manuscrite suivie d'une date de (1753 à 1755)
- 6 - J.C. ou la lettre C, les deux avec ou sans date.
Il convient d'y ajouter les marques des peintres ayant travaillé avec lui :
- C.B. marque en gris pour Charles-François Becquet (à Sceaux en 1751) ou peut être Chapelle-de Bey (1755-1760)
- PONCHE attribué à Jean-Antoine Duponchet, peintre à Sceaux en 1755
- I.B.S.F. + 1 fleur de lys attribuée par Mme Le Duc à Jean-Baptiste Sonnère, peintre à Sceaux en 1760
- S.P. et une fleur de lys (1763) à Sceaux-Pétron, peintre à la manufacture de 1754 à 1767, et non Sceaux-Penthièvre (seulement après 1775)
Production
- 1748-1749 - Porcelaine : pièces de rocailles éléments en ronde-bosse, porcelaine tendre émaillée
- ca 1748 - faïence stannifère, soupière en forme de chou décor petit feu polychrome (Collection Château de Sceaux, Musée de l'Ile de France)
- ca 1748 - Soupière et son présentoir, faïence stannifère, décor petit feu polychrome (collection du Musée de l'Ile de France au Château de Sceaux)
- ca 1748 - 1763 - : " Fontaine et sa vasque ", faïence stannifère décor de petit feu polychrome (Coll Musée de l'Ile de France au Château de Sceaux, photo de P. Lemaître dans le " Dossier de l'Art " n°169 de décembre 2009. p68.)
- 1749 - Faïence : pièces de rocailles, éléments garnissant les terrines, coupes et pots à eau
- ca 1750 - Assiette plate liseré bleu en faïence demi-fine, cachet sous la pièce S.X, décor de brindilles en camaïeu bleu, reprise du motif sur l'aile de l'assiette (Musée de Vernon, Coll Yvelin 1941)
- 1750-1764 - Paire de grandes bouquetières en faïence, marque S et C en forme de demi-cercle godronné, cintre avec une mouluration, évasé à bord contourné, décor polychrome de bouquets de fleurs peint rose sur le bord, filet rouge sur base, quarante-quatre opertures cerclées de rouge, largeur 36,5cm (vente Christie's Paris 2006)
- 1753 - Fontaine, encriers, terrines en trompe l'oeil
- 1755 - Ronde-bosse pots pourris, encriers, boîte à épices
- 1759 - salières, décor d'oiseaux de fantaisie, écritoires
Musées
- Musée de l'Île-de-France du Château de Sceaux
- Musée des Arts décoratifs à Paris
- Musée de l'Assistance Publique à Paris (31 pièces de faïence d'officine marquées C.S avec une fleur de lys)
- Musée national de Céramique à Sèvres
- Musée d'Art et d'Histoire de Narbonne
- Musée des arts décoratifs de Strasbourg
- Musée du Louvre
- Musée de la Renaissance du Château d'Ecouen
Bibliographie
- Albert et Jules Jacquemart, Histoire de la céramique, étude descriptive et raisonnée des poteries de tous les temps et de tous les peuples, Hachette, 1875.
- Maddy Aries et Christian Gautier : Sceaux, Bourg-la-Reine, 150 ans de céramique des collections privées aux collections publiques, Narboni éditeur, Imprimeur Avril, 1986, Syndicat d'initiative de Sceaux, ISBN 2- 950 1397-01
- Chastel, Mallet, Ciprut, Neveu, Babelon, Dauvergne, Hossotte-Reynaud 1967 : la Manufacture de Pont-aux-Choux , Paris ile de France, tomes 16-17, 1965-1966
- Adrien Pierre Mignon : Mémoire contre le sieur Chapelle, Paris, 1769
- Dr Thore : Les anciennes fabriques de faïences et de porcelaine de l'arrondissement de Sceaux, 1868
- Marie-Christine Leclerc: Prestige des manufactures et des savoir-faire dans Dossier de l'Art n°169 de décembre 2009.p66-69.
Notes et références
- État-civil en ligne du Val-de-Marne, commune de Gentilly : Jacques Chapelle était fils de Jean-Baptiste « Chapelle dit Bel Air » et Jeanne Touraine (BMS 1721-1731, p.9). Toutefois, leur acte de mariage, dressé dans la même paroisse le 16 mai 1720, identifie le marié comme Jean-Baptiste Belair dit De La Chapelle, originaire de la paroisse Saint-Hippolyte de Paris. Sa conjointe Jeanne Touraine était issue d'une famille de marchands de Gentilly ( BMS 1712-1720, p.135).
- 1752 remis à l'intendant des finances Trudaine de Montigny (1733-1777) (qui était un chimiste de renom) associé à son père Daniel-Charles Trudaine (1703-1769). Dans un mémoire de
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