Edmé Serrurier

Edmé Serrurier
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Edmé Serrurier
Nom de naissance Edmé Serrurier
Naissance 1685
Druy (Nièvre)
Décès 22 avril 1761
La Suze (Sarthe)
Nationalité Drapeau de France France
Profession maître faïencier

Edmé Serrurier , est un chef d'entreprise français, maître faïencier, co-fondateur de la Manufacture de Pont-aux-Choux à Paris, né en 1685 à Druy (actuelle commune de Druy-Parigny) dans la Nièvre, et décédé en son château de la Fuÿe à La Suze dans la Sarthe, le 22 avril, 1761, âgé d'environ 75 ans.

Sommaire

Biographie

Originaire d'une famille nivernaise, des environs de La Machine, qui exerçait dans la meunerie, Edme a dû naître vers 1685. Nous le trouvons en 1704 à Druy, village de sa sœur Claudine épouse de Philippe Bellevaux, marchand. Famille apparentées à Henry Trou, qui dirige la faïencerie dite la Manufacture de Saint-Cloud, où travaillent Jean-Baptiste Bellevaux et Louis Bellevaux. Pierre Richard, maître faïencier de Nevers est marié à Jeanne Bellevaux.

Edmé Serrurier est envoyé par sa famille à Rouen, où séjourne une forte colonie de Bourguignons: Bougier, Bourgouin, Despatys, Delahais, dans la paroisse des faïenciers à Saint-Sever. En 1708, il est peintre en faïence, une procédure de 1720 le dit : marchand fayencier, des faïences de Nevers. En 1722, il est toujours à Saint-Sever où il réside rue Saint-Julien et y recueille un neveu orphelin : Pierre Bellevaux qui deviendra plus tard le gendre du faïencier de Pierre Bousquet de Locmaria près de (Quimper). Il a vraisemblablement dirigé la manufacture des Poterat. Il est présent au remariage de la veuve de François Dumesnil qui était de son vivant le directeur de la manufacture de Madame de Villeray. Il tombe amoureux de Charlotte Le Boullenger parente des dames citées ci-dessus. Face à l'opposition familiale, Edmé Serrurier et sa fiancée Charlotte Le Boullenger quittent Rouen pour se marier à Paris et s'y établir. Charlotte hérite de son parent le marquis de Mouÿ, vend sa part (1/5e) de l'entreprise héritée de sa tante, femme de Michel Poterat à son cousin Guillaume Antoine Le Boullenger.

Le 16 avril 1731, ils signent leur contrat de mariage à l'étude de Maître Louis Antoine Huerne rue du Pont Saint-Michel à l'angle de la rue de l'Hirondelle. Il est domicilié dans la Grande rue du Faubourg Saint-Antoine. Aucun membre de la famille, mais : Louise Lorot, veuve Chaillot et son fils, Catherine Élisabeth Chaillot épouse Lorrot, sa belle-sœur propriétaire de la Manufacture de L'Image Notre-Dame, à Nevers apparentées à l'épouse. De Jean Samuel Serrurier, cousin d'Edmé et exerçant le métier de marchand drapier à Nevers. Les biens à venir sont en commun, il est fait un don mutuel du tiers de leurs biens propres à la communauté et une donation au dernier vivant de l'usufruit de tous les biens.

En juillet 1731, Edmé est installé comme manufacturier de faïence dans une fabrique qu'il a louée au 9 rue de Charenton, aujourd'hui n°48 (cour du Chêne Vert). L'ensemble représente une superficie de plus de 6 500 m2, entre le Monastère des Dames Anglaises au couchant, la rue de Charenton au Nord et au Levant un Sieur Bernard. L'ensemble comporte deux cours, on accède à la première par la rue de Charenton où se trouve la demeure dans un trois pièces, cuisine d'Edmé et de son épouse, au premier étage. Dans le prolongement de celle-ci la seconde cour avec un four de potier, des ateliers, hangars et appentis, le tout en location. Il commence donc là en faisant de la faïence brune, ou brun-blanc, également de la faïence blanche, façon de Rouen.

Sa renommée dans la réalisation des fours fait qu'il est demandé en 1739 pour examiner l'effondrement des voûtes de deux fours et en déterminer les causes à la Manufacture de Sinceny. Parmi ses employés à cette date un certain: Jacques Chapelle. En 1742, Claude Humbert Gérin qui est sur le point d'être chassé de la Manufacture de Vincennes, pour ne pas livrer ses secrets de fabrication de sa terre blanche lui propose de réaliser chez lui sa production de Terres blanches à la façon d'Angleterre. C'est à cette époque qu'Edmé Serrurier fait venir de Rouen plusieurs ouvriers dont: Nicolas Julien Bellejambe, excellent tourneur, puis mouleur, modeleur qui restera dans l'entreprise jusqu'en 1768. Ayant obtenu le privilège de 10 ans sur 6 lieues autour de Paris et l'autorisation de vendre dans tout le royaume, Gérin et ses amis Robert Dubois et son frère Gilles Dubois (céramiste), s'associent en septembre 1743, avec Edmé Serrurier. Adrien Pierre Mignon, riche marchand de bois de la provision de Paris vient rejoindre les quatre associés en décembre de la même année, ajoutant une somme de 10.000 £ au capital. L'entreprise fonctionne bien ; elle compte 250 ouvriers, 9 tours et 2 fours en 1745. En 1746 Serrurier et Mignon restent seuls à la tête de l'entreprise ; Gérin a été rappelé à Vincennes qui depuis son départ n'arrive pas à produire une pâte blanche, mais grise. À cette date la Manufacture de la rue de Charenton s'agrandit, on construit un 3e four; elle possède plus de 200 moules en plâtre et 8200 pièces en magasin.

Edmé Serrurier et son épouse Charlotte Le Boullenger favorisent le mariage de leur associé Adrien Pierre Mignon avec la jeune cousine d'Edmé ; Madeleine Serrurier âgée de 17 ans. Les Serrurier font du couple leur légataire universel. La famille Le Boullenger et sa parentèle sont ainsi hors de la succession. Madame Charlotte Serrurier, née Le Boullenger s'en va Ad patres le 24 septembre 1747, laissant son mari malade. Les Le Coq de Villeray feront arrêter l'inventaire après décès disant qu'il y a des malversations et que tous les biens ne sont pas déclarés. L'entreprise a un excédent de recette, alors que la Manufacture de Vincennes est dans une situation catastrophique sur le plan financier.

Un nouveau privilège royal daté de novembre 1748 vient confirmer et augmenter le premier en portant celui-ci à 20 ans et à 10 lieues autour de Paris en accordant à la Manufacture le titre de : Manufacture royale des Terres de France à l'imitation des Terres d'Angleterre et avec la possibilité de faire démolir les fours des contrefacteurs, de saisir leurs marchandises, ce qui se produira à plusieurs reprises ; Jacques Chapelle, Beaufils, etc.

Pour pouvoir s'agrandir, ils achètent une grande propriété en juin 1749 au lieu-dit : La Chasse Dauphine à l'angle du n°1 de la rue Saint-Sébastien et du Chemin de la Contrescarpe (actuelle rue Amelot), face à la rue de Pont-aux-Choux, nom qui restera à leur manufacture. Ce n'est qu'en 1751 que la Manufacture va démarrer, après avoir fait abattre la maison et reconstruire des bâtiments industriels, comportant : 5 fours dont un à réverbère. Edmé Serrurier épouse sa cousine : Marie-Claude Serrurier, 23 ans qui est aussi la sœur de Madeleine Serrurier épouse d'Adrien Pierre Mignon qui devient le beau-frère de son associé. Le contrat de mariage devant le notaire a lieu à Nevers le 20 août 1749 et la cérémonie religieuse à Saint-Laurent de Nevers le 31 août 1749. Parmi toute la parentèle réunie à cette occasion, retenons la présence de : Guillaume Dhéré qui deviendra faïencier à Nevers, actif de 1767 à 1772; Marie Viallet veuve de Louis Custode : Manufacture de l'Autruche, à Nevers ; Lorrot-Chaillot: Manufacture de l'Image Notre-Dame ; Prisye de Chazelles de la Manufacture de la Fleur de Lys.

Le contrat de mariage est à l'avantage de l'épouse, Edmé lui faisant donation entre vifs de ses biens propres au cas où ils n'auraient pas d'enfants. Ce mariage et les naissances qui suivront, Antoine François Théodore en 1751 et Marie-Claude Geneviève en 1752, déclenchent les animosités au sein des deux couples, ainsi que les termes du contrat du premier mariage d'Edmé. Les deux couples vont se brouiller. Une procédure est engagée, qui va durer 10 ans.

De nombreux ouvriers passent de la Manufacture de Vincennes à celle de Pont-aux-Choux et vice versa, facilitant les transferts de technologie qui ne sont pas toujours du goût des propriétaires des entreprises. Jean Mathias Caillat, peintre, préparateur des couleurs à Vincennes ayant été soupçonné d'avoir vendu des secrets de fabrication à Bellejambe à Pont-aux-Choux. Après bien des difficultés une transaction est réalisée le 21 juillet 1759. La société est dissoute reste seul Adrien Pierre Mignon. Les Serrurier touchent 112 000 £, plus 1 200 £ de pot de vin. En 1760, les points de détails sont réglés.

Edmé et son épouse se retirent à Saint-Jean de la Motte, près de La Flèche. Il donnera son avis à un parent ; Pierre Clément Caussy, gendre devenu veuf, de Pierre Bellevaux dans la vente de la faïencerie de ses enfants. Un de ses amis, avocat au Parlement de Paris; René François Sauquaire des Plantes l'informe des grosses difficultés financières des propriétaires du Manoir de la Fuÿe à La Suze. Ayant procuration des Serrurier, Sauquaire dédommage les créanciers et achète pour les Serrurier la propriété en mars 1760. Quelque temps après les Serrurier feront faire un étage et adjoindront deux ailes à leur manoir qui devient un château. C'est ici que s'éteint le 22 avril 1761 Edmé après avoir rédigé son testament le 17 mars. Il était âgé d'environ 75 ans. Son inhumation a lieu le lendemain, accompagné de cinq prêtres.

Les enfants Serrurier de la Fuÿe ne s'intéresseront pas à la faïence. Antoine sera seigneur d'Étival, Conseiller du Roi, président du siège présidial de l'élection de La Flèche, subdélégué de l'Intendant de Tours et sa sœur Marie-Claude épousera le 23 août 1770 René Pastoureau, sieur de la Houssaye, Conseiller du Roi, Contrôleur du grenier à sel de la Ferté-Bernard, avocat au parlement, lieutenant au siège du duché-pairie de la ville. Madame leur mère épousera le 27 avril 1762, un an après la disparition d'Edmé, René François Sauquaire des Plantes, châtelain de Saint-Jean-du-Bois, avocat au parlement de Paris et l'ami de la famille avec qui elle aura deux enfants.

Œuvres

(liste non exhaustive)

Marques

Collaborateurs dans son entreprise

  • Jacques Chapelle, faïencier engagé en 1739, puis après son 1er départ reviendra. En procès avec Mignon en 1769 avec lequel il est associé.
  • Nicolas Julien Bellejambe, tourneur et modeleur, mouleur actif de 1742 à 1768.
  • Claude Humbert Gérin, co-fondateur, associé dans la Société de la rue de Charenton, actif de 1743 à 1746.
  • Gilles Dubois (céramiste), co-fondateur, associé dans la Société de la rue de Charenton, actif de 1743 à 1746.
  • Robert Dubois, co-fondateur, associé dans la Société de la rue de Charenton, actif de 1743 à 1746.
  • Adrien Pierre Mignon, co-fondateur, associé et beau-frère dans la Société de la rue de Charenton et à la Manufacture de Pont-aux-Choux, actif de 1743 à son décès en 1788.

Musées, monuments

Bibliographie

  • Jean Rosen, Faïenceries françaises du Grand-Est Inventaire, Bourgogne, Champagne, Ardennes. XIVe - XIXe siècle, Paris, 2001.
  • Louis du Broc de Segange: La faïence, les faïenciers et les émailleurs de Nevers Nevers 1863.
  • Christian de la Hubaudière, Chantal Soudée Lacombe, « Edmé Serrurier », dans revue de la Société des Amis du musée national de Céramique de Sèvres, n°12, année 2003.
  • Marie-Antoinette Hosotte-Reynaud, La Manufacture de Pont-aux-Choux - (1743-1788) Paris, Île de France, Mémoires, t.XVI-XVII, 1965-1966, p.271-296, edt 1967.
  • Régine de Plinval de Guillebon, « Les céramistes du faubourg Saint-Antoine avant 1750 », Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et d'Ile de France, 117e année, 1990, Paris 1992, p171-176.
  • Régine de Plinval de Guillebon, Faïence et porcelaines de Paris, XVIIIe-XIe siècles, Edt Faton à Dijon 1995, p.39-62.
  • Geneviève Le Duc, Rue de Charenton, une manufacture royale de Terre d'Angleterre 1743-1749, Revue de Sèvres n°2, 1993, p.20-28.
  • Tamara Préaud et Antoine d'Albis, La Porcelaine de Vincennes, Paris, Biro, 1991.
  • F. Boisgibault, « Une terrine et son plateau de Pont-aux-Choux », dans L'Estampille- L'Objet d'Art n°442 de janvier 2009. Fiche 442B et Adjugé Céramique P. 80-81.
  • Christian Maire, Histoire de la faïence fine française (1743-1843), Edt de la Reinette, 2008, 520p.
  • Alain Thillay, Le Faubourg Saint-Antoine et ses faux ouvriers, Edt Champ Vallon 2002, 400p (ISBN 2-87673-338-2).
  • Collectif, « La faïence fine de Pont-aux-Choux », dans L'Objet d'Art, n°292, 1er juin 1995, p.52-61.

Notes, références

Liens externes

  • [1] Edmé Serrurier par Chantal Soudée Lacombe et de Christian de La Hubaudière
  • [2] Ministère de la Culture Base Palissy
  • [3] Dossier Faïence
  • [4] Résumé biographique d'Edmé Serrurier.

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