Invasion japonaise de l'Indochine

Invasion japonaise de l'Indochine
Invasion de l'Indochine française
Japanese troops entering Saigon in 1941.jpg

Troupes japonaises à Saïgon en 1941
Informations générales
Date 22 septembre-26 septembre 1940
Lieu Indochine française
Changements territoriaux Occupation du Tonkin
Issue Victoire japonaise
Belligérants
Flag of France.svg État français (Vichy)
Flag of Colonial Vietnam.svg Indochine française
Merchant flag of Japan (1870).svg Empire du Japon
Commandants
Flag of France.svg Maurice Martin
Flag of France.svg Jean Decoux
Merchant flag of Japan (1870).svg Akihito Nakamura
Merchant flag of Japan (1870).svg Takuma Nishimura
Forces en présence
10,000 hommes 44,000 hommes
Pertes
824 tués ou disparus  ?
Seconde Guerre mondiale
Batailles
Batailles et opérations de la guerre en Asie et dans le Pacifique

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L’invasion japonaise de l’Indochine, précédant d'un an le déclenchement de la Guerre en Asie et dans le Pacifique proprement dite, aboutit à l'occupation d'une partie de l'Indochine par l'Empire du Japon pendant la Seconde Guerre mondiale.

Sommaire

Contexte

Le Japon, en guerre contre la Chine depuis 1937, n'est pas encore parvenu à faire cesser la résistance des armées de Tchang Kaï-chek. Celles-ci sont notamment ravitaillées par la la voie ferrée du Yunnan, qui passe par Hải Phòng. Le gouvernement français, à la veille de la guerre en Europe, a pris l'engagement de ne pas permettre le transit de matériel militaire vers la République de Chine, mais les Japonais ne sont pas satisfaits.

Le gouvernement japonais profite de la défaite française en Europe en juin 1940 pour adresser un ultimatum aux Français. Trois divisions de l'Armée du Guandong font pression sur la frontière tonkinoise : la menace paraît suffisamment évidente au gouverneur Catroux pour qu'il ordonne de lui-même, le 16 juin, l'interdiction du trafic d'essence vers Kunming[1].

Mécontent de l'initiative de Catroux, le gouvernement de Vichy le limoge et le remplace par l'amiral Decoux, proche de l'amiral Darlan. La passation de pouvoirs a lieu le 22 juillet (Catroux profitera de l'escale à Singapour pour rejoindre la France libre). Mais entretemps, Catroux a dû engager des discussions avec une mission militaire japonaise, arrivée à Hanoï, quant au droit de passage de l'Armée impériale japonaise sur le territoire indochinois. Les empiètements sur la souveraineté française se multiplient, et le 30 août, Vichy signe un accord de principe avec les Japonais, reconnaissant la position privilégiée et les intérêts du Japon en Extrême-Orient[2].

Invasion

Une convention militaire doit ensuite régler les modalités d'application de l'accord, mais tarde à être signée. L'amiral Decoux cherche à gagner du temps, mais le 19 septembre, le Japon lance un ultimatum, exigeant la signature de la convention, et menaçant d'entrer en force en Indochine le 22 à minuit si sa demande n'est pas satisfaite. In extremis, un accord est conclu, prévoyant de mettre trois aérodromes à disposition des Japonais, et d'autoriser un maximum de 25 000 soldats de l'Armée impériale à transiter par le Tonkin. Mais malgré la signature de l'accord dans l'après-midi du 22, le commandement de l'Armée du Guandong engage les hostilités au soir. 25 000 combattants de la 5e division de l'armée japonaise déferlent sur soixante-dix kilomètres de la frontière chinoise : les Français peuvent aligner en face 5000 hommes du 9e R.I.C., du 19e R.I.C., du 3e régiment de tirailleurs tonkinois et du 5e régiment de la Légion étrangère[3].

Pendant quatre jours, les combats ont lieu autour de Lạng Sơn, et tournent au désavantage des Français. Un bombardement a lieu sur la presqu'île de Do son, au sud de Hải Phòng. Le Deuxième Bureau transmet des informations erronées, donnant les soldats japonais comme démoralisés et épuisés, qui aboutissent à ce que les Français soient pris au dépourvu. Le matériel des troupes françaises en Indochine n'est de surcroît pas à la hauteur face à celui des Japonais. Des épisodes de pagaille, au cours duquel l'artillerie française tire sur ses propres troupes, et des défections de soldats indigènes, aggravent la situation. Le 26, alors que Lạng Sơn vient de tomber, de nouvelles troupes japonaises débarquent sur la plage de Dong Tac et marchent sur Hải Phòng[2],[4]. Les hostilités cessent le jour même, le quartier-général impérial ordonnant le cessez-le-feu. Decoux est forcé d'accepter la situation et d'autoriser les Japonais à stationner à leur guise. Les troupes japonaises prennent possession de l'aéroport de Gia Lâm, ainsi que du chemin de fer proche de la frontière du Guangxi. Des soldats nippons sont notamment stationnés à Hanoï et Hải Phòng.

Malgré leur main-mise de fait, les Japonais s'engagent néanmoins à respecter la souveraineté française en Indochine. Le 5 octobre, les prisonniers français sont libérés. Les Japonais permettent également aux Français de reprendre le contrôle de la province de Lạng Sơn : le 25 octobre, lors de la cérémonie de remise de place au gouvernement général français, le général Nakamura lit un message de l'empereur Hirohito, exprimant son « regret profond de l'incident inattendu de Lạng Sơn »[5].

Conséquences

Un mois plus tard, la Thaïlande, constatant la facile victoire du Japon contre la France, déclenche la guerre franco-thaïlandaise, annexant plusieurs provinces. Le Japon, désireux de s'allier avec la Thaïlande, joue les médiateurs pour aboutir à un cessez-le-feu.

Le 16 mai 1941, un accord passé avec Vichy reconnaît au Japon la clause de la nation la plus favorisée, ainsi que d'importants avantages en nature, comportant des concessions minières et des livraisons de riz. Le 29 juillet suivant est signé le protocole franco-nippon (ou accords Darlan-Kato), négocié par Jacques Benoist-Méchin, qui reconnait la souveraineté française et créé une défense militaire commune, tout en permettant aux Japonais de stationner leurs troupes dans le reste de l'Indochine. L'Indochine reste sous l'autorité du régime de Vichy jusqu'à la libération de la France[6]. L'administration vichyste est encore en place en mars 1945 alors que le régime du Maréchal Pétain a déjà cessé d'exister en Europe. Le territoire est durant l'essentiel du conflit un lieu de stationnement et de passage des troupes de l'Armée impériale japonaise.

Dès le début de l'entrée des Forces Japonaises de stationnement au Tonkin en 1940, des réseaux de renseignements français se mettent en place pour transmettre aux services anglais de Singapour des renseignements sur les mouvements de troupes japonaises. Puis pendant toute la durée de l'occupation japonaise qui s'étend au Sud de l'Indochine en juin 1941, des services secrets militaires et civils français renseignent les Alliés, et reçoivent par parachutages des armes et des radios.

La guerre du Pacifique proprement dite débute en décembre 1941. L'Indochine reste à l'écart, étant régie par les accords de septembre 1940 et juillet 1941, antérieurs à l'entrée en guerre du Japon contre les Alliés. Elle demeure par ailleurs la dernière colonie française fidèle à Vichy, alors que le reste de l'Empire colonial français a basculé dans le camp de la résistance à la mi-1943.

Pendant cette période de status quo, les services secrets militaires français et de la résistance française renseignent les membres de la France libre installés en Chine[7], ainsi que les services de l'OSS et les services chinois et britanniques, des mouvements de la flotte japonaise et des unités stationnées en Indochine. Des pilotes américains abattus sont récupérés par les Français et transférés clandestinement en Chine, à quelques exceptions de pilotes remis comme prisonniers de guerre aux Japonais par les autorités du gouvernement général.

À partir de juillet 1944, l'Indochine commence à être bombardée par les États-Unis, que les avions pouvaient désormais atteindre à partir de la Chine du sud et des Philippines. En janvier 1945, les Américains opérent deux raids navals dévastateurs sur les côtes de l'Indochine via la Task Force 38 et coulent une partie importante de la flotte marchande japonaise et des jonques vietnamiennes de ravitaillement, bombardant également Saïgon, Phnom-Penh et d'autres localités. La flotte française stationnée en Indochine dont le croiseur Lamotte-Picquet est bombardée et coulée par la marine et l'aviation américaine. Au début de 1945, suite aux bombardements américains sur les gares et les voies de chemin de fer, et au coulage des flottes de jonques vietnamiennes de ravitaillement Nord/Sud de l'Indochine, une terrible famine fait des dizaines, voire des centaines de milliers de victimes au Tonkin[8].

Les Japonais sachant que l'armée française n'attendait que le débarquement allié sur les côte de l'Indochine pour les attaquer, prennent les devants, et par un coup de force, le 9 mars 1945, attaquent à l'improviste les troupes françaises et indochinoises (vietnamiennes, cambodgiennes et laotiennes, dans les unités de la Garde Indochinoise), suite à un ultimatum, refusé par l'amiral Decoux, qui enjoignait aux forces françaises et indochinoises de passer sous l'autorité de l'État-Major japonais. L'administration coloniale française est pour l'essentiel détruite : la désorganisation qui s'ensuit permet au Việt Minh, suite à la capitulation japonaise, de prendre le contrôle du nord du territoire vietnamien en août 1945.

Annexes

Articles connexes

Notes et références

  1. Jacques Dalloz, La Guerre d'Indochine, Seuil, 1987, page 45
  2. a et b Jacques Dalloz, La Guerre d'Indochine, Seuil, 1987, page 46
  3. Pierre Montagnon, La France coloniale, tome 2, Pygmalion-Gérard Watelet, 1990, page 115
  4. Pierre Montagnon, La France coloniale, tome 2, Pygmalion-Gérard Watelet, 1990, page 116
  5. Philippe Grandjean, L'Indochine face au Japon: 1940-1945 : Decoux-de Gaulle, un malentendu fatal, L'Harmattan, 2004, page 102
  6. Jacques Dalloz, La Guerre d'Indochine, Seuil, 1987, page 47
  7. Jean-Philippe Liardet, L'Indochine française pendant la Seconde Guerre mondiale
  8. Jacques Valette, La Guerre d'Indochine, Armand Colin, 1994, page 23

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Invasion japonaise de l'Indochine de Wikipédia en français (auteurs)

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