- Hôtel particulier
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Un hôtel particulier est un type de logement que l'on trouve en France et en Belgique, consistant en une maison luxueuse et vaste bâtie au sein d'une ville, en principe sur plusieurs étages, conçue pour n'être habitée que par une seule famille (ainsi que son personnel de maison en général).
Sommaire
Caractéristiques
Contrairement aux maisons de ville (en) ordinaires qui se caractérisent, de chaque côté, par un mur mitoyen avec les constructions voisines, et qui donnent directement sur la voie publique, les hôtels particuliers sont généralement bâtis de manière indépendante, c'est-à-dire en retrait de la rue, une cour séparant le porche d'entrée du logis des maîtres. Grandes demeures à étages construites entre cour et jardin[1], elles servent plus pour leurs propriétaires à tenir leurs rangs que manifster leurs richesses. C'est l'aboutissement d'une longue évolution de l'habitat noble urbain commencée dès le XIVe siècle à Paris, à la recherche d'un mode de vie raffiné et de l'« esprit de la demeure française ». Les encyclopédies du XVIIIe siècle distinguent les demeures en fonction du statut social : maison d'un bourgeois, hôtel d'un seigneur, palais d'un prince ou d'un roi[2].
Le terme de ce processus architectural est traduit par les canons de l'hôtel du XVIIIe siècle. Ceux-ci sont les suivants :
- Porche avec porte cochère ouvragée sur rue (souvent en demi-lune) avec au-dessus le nom du propriétaire inscrit sur une plaque noire, le décor étant concentré sur les parties hautes (clef d'arc avec mascaron, cartouche, etc., consoles finement sculptées soutenant le fronton).
- Cour d'honneur pavée carrée, rectangulaire ou ovale, encadrée de communs (bâtiments souvent plus bas que le corps de logis) abritant écuries, cuisines, buanderie, chambres des domestiques, etc...).
- En fond de cour, le logis (dans l'axe de la porte cochère) dont la façade est souvent animée par un avant-corps central mettant en évidence la ou les travée(s) axiale(s), souvent précédé d'un perron et couronné d'un fronton. Ce logis est généralement de deux niveaux sur sous-sol avec comble brisé, coiffé d'un toit à croupes, à la Mansard, avec lucarnes à linteaux bombés. Les colonnes et pilastres disparaissent au profit des larges calages à refends et des bandeaux séparant les étages ; les parties sculptées étant le plus souvent réduites aux éléments centraux des linteaux en arc de cercle, dans le registre rocaille puis néo-classique. Le vestibule permet d'aller au rez-de-chaussée ou à l'étage noble selon les plans. Le grand appartement de réception(scindé en « salons de parade »[3] et en « salons de société » pour les amis[4]) se distingue des appartements privés.
- Le côté jardin, en perspective des croisées des pièces les plus intimes de la maison, jardin à la française avec statues, bustes, degrés, parterres, etc., ou déjà à l'anglaise.
- Notons que souvent à Paris, l'axe central sur jardin ne correspondait pas à la travée centrale sur cour, afin de ménager en limite de la cour d'honneur une seconde cour, dite "basse cour", réservée aux fournisseurs et aux travaux des domestiques. De même, on trouve fréquemment à Paris, du fait de la cherté du sol, un des flancs de la cour d'honneur non construit, mais non mur aveugle, car décoré comme l'autre mur latéral de portes et fenêtres, mais factices ; on le nomme : "mur renard".
C'est généralement l'expression en français « hôtel particulier » qui est utilisée dans les autres langues pour désigner ce type d'habitation.
Liste d'hôtels particuliers remarquables
Aix-en-Provence
- Hôtel d'Estienne-de-Saint-Jean (Actuel Musée du Vieil-Aix)
- Hôtel de Châteaurenard
- Hôtel Boyer-d'Éguilles (Actuel Muséum d'histoire naturelle)
- Hôtel d'Albertas, sur le côté nord de la place d'Albertas
- Hôtels d'Arbaud (dont l'un des deux est le Musée Paul Arbaud)
- Hôtel Boyer-de Fonscolombe
- Hôtel Maynier d'Oppède (Institut des Études Françaises)
- Hôtel Maurel de Pontevès
- Hôtel d'Artalan
- Hôtel de Lestang-Parade
- Hôtel de Cormis
- Hôtel de Carcès
- Hôtel de Castillon (hotel de la sous-préfecture)
- Hôtel de Caumont (Conservatoire National de musique Darius Milhaud)
- Hôtel de Boisgelin
- Hôtel d'Agut
- Hôtel de Villars
- Hôtel d'Olivary (ISMH)
- Hôtel de Forbin
- Hôtel d'Arbaud-Jouques
- Hôtel du Poët
- Hôtel du Baron de Saizieu
Albi
- Hôtel Rochegude
- Hôtel de Gorsse
- Hôtel Séré de Rivières
- Hôtel du Bosc, maison natale du peintre Henri de Toulouse-Lautrec
- Hôtel de Lapérouse
- Hôtel Delécouls de Cantepau
- Hôtel Reynès
- Hôtel Decazes
- Hôtel d'Étienne de Martin, Trésorier de France
Angers
- Logis Barrault de 1486 (modifié à plusieurs reprises), actuel musée des Beaux-Arts d'Angers
- Logis Pincé de 1525 (modifié à plusieurs reprises), actuel musée d'art antiques et orientales
- Hôtel Bessonneau du XXe siècle
- Hôtel Demarie-Valentin de 1521, actuel muséum d'histoire naturelle d'Angers
- Hôtel Fortin de 1928, labellisé patrimoine du XXe siècle
- Hôtel de Maquillé du XVIIIe siècle, actuel service territorial de l'architecture et du patrimoine de Maine-et-Loire
- Hôtel Montrieux, actuel commission des semences végétales de l'union européenne
Avignon
Article détaillé : Hôtels particuliers d’Avignon.Bordeaux
Article détaillé : Hôtels particuliers de Bordeaux.Caen
Article détaillé : Hôtels particuliers de Caen.- Hôtels du XIVe et XVe siècles
- Maison des Quatrans (XIVe siècle)
- Hôtel des Écuyers (XVe siècle)
- Hôtels particuliers du XVIe siècle
- Hôtel d'Escoville
- Hôtel de Mondrainville
- Hôtel de Than
- Hôtel du Grand-Cerf
- Maison de Malherbe
- Hôtels particuliers du XVIIe siècle, notamment autour de l'ancienne place Royale
- Hôtel de Banville
- Hôtel Daumesnil
- Hôtel de Colomby (rue des Cordeliers)
- Hôtel le Bourguigon du Perré (rue des Croisiers)
- Hôtel Duquesnoy-du-Thon (passage du Grand Turc)
- Hôtels particuliers du XVIIIe siècle, notamment autour de la place Saint-Sauveur et dans le quartier Saint-Jean
- Hôtel Canteil de Condé
- Hôtel de Fouet
- Hôtel Marescot de Prémare
- Hôtel de Blangy
- Hôtel Le Brun de Fontenay (actuelle succursale de la Banque de France)
- Maison Chibourg (rue Saint-Pierre)
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Hôtel Daumesnil (XVIIe siècle)
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Hôtel de Fouet (XVIIIe siècle)
Dijon
Grenoble
Lille
- Hôtel d'Ailly d'Aigremont, XVIIIe siècle
- Hôtel d'Avelin, XVIIIe siècle
- Hôtel Cardon de Montreuil, XVIIIe siècle
- Hôtel Castiaux, XIXe siècle
- Hôtel Crépy-Saint-Léger, XIXe siècle
- Hôtel Delbecque, XIXe siècle
- Hôtel d'Hespel, XIXe siècle
- Hôtel de Lamissart, XVIIIe siècle
- Hôtel Petitpas de Walle
- Hôtel Scrive, XIXe siècle
- Hôtel Van der Cruisse de Waziers, XVIIIe siècle
- Hôtel Van Zeller, XIXe siècle
- Hôtel Wallaert, XIXe siècle
- Hôtel de Wambrechies, XVIIIe siècle
Lyon
- 2e arrondissement de Lyon
- Hôtel de Villeroy, ancienne résidence des gouverneurs de Lyon construite par Claude Bertaud de la Vaure au début des années 1730, actuellement musée des tissus
- Hôtel de Jean de Lacroix, construit en 1739, sur les plans de Soufflot, actuellement musée des arts décoratifs
- Hôtel de Varey, construit par Loyer, élève de Soufflot (XVIIIe siècle)
- Hôtel de Sarron (deuxième partie du XVIIIe siècle)
- Hôtel de Cuzieu (troisième quart du XVIIIe siècle)
- 5e arrondissement de Lyon
- Hôtel de Gadagne, actuellement musée Gadagne (XVIe siècle)
- Maison Thomassin
- Hôtel de Bullioud avec la galerie Philibert Delorme (XVIe siècle)
- Hôtel d'Estaing ou maison du Chamarier (XVIe siècle)[5]
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Hôtel Gadagne (XVIe siècle)
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Hôtel de Bullioud (XVIe siècle)
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Maison du Chamarier (XVIe siècle)
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Hôtel de Villeroy (XVIIIe siècle)
Nancy
Article détaillé : Hôtels particuliers de Nancy.- Hôtel de Lignéville, XVIe siècle
- Hôtel Ferraris, XVIIIe siècle
- Hôtel de Fontenoy, XVIIIe siècle
- Hôtel d'Haussonville, XVIe siècle
- Hôtel de Lillebonne, XVIe siècle
- Hôtel des Loups, XVIIe siècle
- la plupart des résidences sises Place de la Carrière sont également des hôtels particuliers (hôtel de Beauvau-Craon, hôtel Héré, hôtel de Morvilliers...).
- Le quartier de Saurupt présente la particularité de présenter de nombreux hôtels particuliers de style art nouveau (École de Nancy)
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Hôtel de Lillebonne (XVIe siècle)
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Hôtel des Loups (XVIIe siècle)
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Hôtel de Ludres (XVIIIe siècle)
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Maison du Docteur Paul Jacques (XIXe siècle)
Nantes
- Temple du Goût, XVIIIe siècle
- Hôtel de la Villestreux, XVIIIe siècle
Paris
La capitale a compté jusqu'à 2 000 hôtels particuliers, il n'en reste en 2011 qu'environ 400[2] dont :
- Hôtel Amelot de Bisseuil, dit des Ambassadeurs de Hollande
- Hôtel André Musée Jacquemart-André
- Hôtel des archevêques de Sens
- Hôtel d'Aumont
- Hôtel Beauharnais
- Hôtel de Beauvais
- Hôtel de Beauvau
- Hôtel Biron
- Hôtel de Bourbon (Palais Bourbon)
- Hôtel de Bourgogne
- Hôtel de Breteuil (Ambassade d'Irlande)
- Hôtel de Castries
- Hôtel de Charost (Résidence de l'Ambassadeur du Royaume-Uni en France)
- Hôtel de Clisson
- Hôtel de Cluny
- Hôtel de Donon (Musée Cognacq-Jay)
- Hôtel d'Évreux (Palais de l'Élysée)
- Hôtel de Guénégaud (Musée de la chasse et de la nature)
- Hôtel d'Hallwyll
- Hôtel de La Vaupalière
- Hôtel Lambert
- Hôtel de Lassay
- Hôtel Libéral Bruant (Centre d'art contemporain, ex. Musée de la serrure)
- Hôtel de Marle (Centre culturel suédois)
- Hôtel de Massa
- Hôtel de Masseran
- Hôtel de Matignon (résidence officielle du Premier ministre)
- Hôtel de Mayenne
- Hôtel Menier
- Hôtel Monaco
- Hôtel de Montesquiou
- Hôtel de Montessson, xviii siècle
- Palais Rose de l'avenue Foch, xix siècle
- Hôtel de Pontalba (Résidence de l'Ambassadeur des États-Unis d'Amérique), xix siècle
- Hôtel Pillet-Will, xix siècle
- Hôtel Radix de Sainte-Foix (xviiie siècle)
- Hôtel de Rohan
- Hôtel Salé (Musée Picasso)
- Hôtel de Soubise (Archives Nationales)
- Hôtel de Salm
- Hôtel de Sully
- Hôtel Thiroux de Lailly
- Hôtel de Toulouse
- Hôtel de Vendôme
- Hôtel de Villeroy
- Hôtel de Vogüé, (Centre d'analyse stratégique)
- Hôtel Wendel
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Le perron de l'hôtel Matignon (XVIIIe siècle)
Rennes
Rodez
- Hôtel de Bonald
- Hôtel du Cheval Noir
- Hôtel Delauro
- Hôtel du District
- Hôtel de France
- Hôtel de Jouéry
- Hôtel Lenormand d'Ayssènes
- Hôtel de Séguret
- Maison d'Armagnac
- Maison de Benoît
Rouen[6]
- Hôtel de Bourgtheroulde
- Hôtel d'Hocqueville (musée de la Céramique)
Toulouse
- Hôtel du XVe siècle
- Hôtels du XVIe siècle
- Hôtel du Vieux-Raisin ou hôtel Maynier
- Hôtel d'Assézat (fondation Bemberg)
- Hôtel de Bernuy
- Hôtel de Bagis ou hôtel de Pierre
- Hôtel de la Mamye
- Hôtel d'Ulmo
- Hôtel Dumay où se trouve le musée du Vieux Toulouse
- Hôtel de Jean Bolé
- Hôtel d'Astorg et Saint Germain
- Hôtel de Brucelles
- Hôtel de Boysson, siège de la Maison de l'Occitanie
- Hôtels du XVIIe siècle
- Hôtels du XVIIIe siècle
- Hôtel de Nupces
- Hôtel de Castellane
- Hôtel Dubarry
- Hôtel de Ciron, siège de la Chambre de commerce et d'industrie de Toulouse (CCIT)
- Hôtel de Bonfontan
- Hôtel Dassier
- Hôtel d'Hautpoul-Malaret
- Hôtel du XXe siècle
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Hôtel Dumay (XVIe siècle)
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Hôtel d'Assézat (XVIe siècle)
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Hôtel de Bagis, façade du XVIIe siècle
Tours
- Hôtel Goüin
- Hôtel de Beaune-Semblançay
- Hôtel de la Crouzille, puis hôtel de la Vallière
- Hôtel de Torterue (Institut de Touraine)
- Hôtel du Saussay, puis hôtel Eugène Goüin, puis hôtel Auvray, puis hôtel de Rochambeau, puis hôtel de l'Économie française
- Hôtel Mame ou Hôtel Lefèvre de Montifray
- Hôtel Meffre
Troyes
- Hôtel de Mauroy, Maison de l'Outil et de la Pensée ouvrière
- Hôtel du Lion noir
- Hôtel du Mortier d'Or ou Cour du Mortier d'Or
- Hôtel de Vauluisant, Musée Vauluisant de la Bonneterie et de la Champagne historique
- Hôtel du Petit Louvres, Maison de l'UNESCO
- Hôtel Juvénal des Ursins
- Hôtel de Marisy
- Hôtel d'Autruy
- Hôtel des Angoiselles
- Hôtel de Chapelaines
- Hôtel Deheurles
Notes et références
- Ce sont les cours qui donnent sur la rue à l'exception des jardins suspendus eux aussi sur la rue.
- Les hôtels particuliers parisiens » sur Challenge, 10 octobre 2011 Kira Mitrofanoff, «
- Visites professionnelles et protocolaires : visites de relevailles (après la naissance d'un enfant), de deuil, etc.
- Antichambres, garde-robe, salle de compagnie, salon (« vie de salon »), salle à manger, office.
- Service archéologique de la mairie de Lyon
- Olivier Chaline (dir.), Les Hôtels particuliers de Rouen, Rouen, Société des Amis des monuments rouennais, 2002, 224 p. (ISBN 2-9509804-9-X) (OCLC 469254974)
Liens externes
- (fr) La présentation de l'exposition "L’hôtel particulier. Une ambition parisienne" à lire sur L'Intermède
Bibliographie
- Alexandre Gady, Les Hôtels particuliers de Paris, du Moyen Âge à la Belle Époque, Éditions Parigramme, 2011, 327 p.
- Portail de l’architecture et de l’urbanisme
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