Temple du Goût

Temple du Goût
Temple du Goût
Image illustrative de l'article Temple du Goût
Façade du Temple du Goût (quai Duguay-Trouin)
Période ou style Baroque nantais
Type Hôtel particulier
Architecte Pierre Rousseau
Début construction 1753
Fin construction 1754
Propriétaire initial Famille Rousseau
Destination initiale Résidence
Propriétaire actuel Multiple
Destination actuelle Habitat/Bureau/Cabinet d'avocats
Protection Logo monument classe.svg Cl MH (17/08/1945)
Coordonnées 47° 12′ 45″ N 1° 33′ 25″ W / 47.2125, -1.55694447° 12′ 45″ Nord
       1° 33′ 25″ Ouest
/ 47.2125, -1.556944
  
Pays Drapeau de France France
Région Pays de la Loire
Département Loire-Atlantique
Commune française Nantes

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Temple du Goût

Le Temple du Goût est un hôtel particulier situé sur la commune de Nantes[1], dans le département français de la Loire-Atlantique. Il est classé monument historique le 17 août 1945[2]. Il est le seul hôtel particulier entièrement classé de Nantes.

Sommaire

Présentation

Construit sur l'île Feydeau au début du XVIIIe siècle, il est en partie détruit dans la seconde moitié du XXe siècle. Il se caractérise par son style particulier aux immeubles nantais de cette époque (le Baroque nantais) et sa façade en forme de pyramide.

Le bâtiment fait environ trois mille mètres carrés. Les appartements, en moyenne 250.

Histoire

La construction commence en 1753. L'architecte Pierre Rousseau finalise avec cet immeuble sa carrière. On pourrait presque dire qu'il s'agit de son chef d'œuvre car il est de loin le plus beau de ses ouvrages sur l'île Feydeau. Le bâtiment, terminé en 1754, est destiné à la famille de l'architecte. Très vite, on en loue certaines parties mais ce qui marque encore aujourd'hui, c'est le fait que l'architecture et l'organisation du bâtiment n'aient pas bougé depuis sa construction malgré de gros travaux de rénovation entrepris dans les années 1950 afin d'effacer les traces laissées par les bombardements de la Seconde Guerre Mondiale. On reconstruit notamment le dernier étage de l'hôtel et une partie de la cour intérieure.

Architecture

Façade

La façade du Temple du Goût est notamment caractérisée par sa ferronnerie ce qui fait dire que le bâtiment à la forme d'une pyramide. Ses balcons forment en effet sur 3 étages un décor pyramidal.

Pierre Rousseau est un homme qui s’inscrit dans la tradition et qui aime le luxe. Un amour qu’il retranscrit dans ses bâtiments par une richesse et un finesse dans le résultat final, dans les sculptures, les balcons ainsi que l’ensemble architectural. Ainsi on retrouve un ensemble très structuré, avec des balcons en fer forgé très travaillés, un fronton, un œil de bœuf, des fenêtres en forme de chien-assis. Le Temple du Goût révèle chez l’architecte un goût pour l’apparat. Sur la façade il met en avant toutes les méthodes de constructions dont il est capable pour étaler tout son savoir faire. C’est un bâtiment qui reflète un type d’architecture bien précis, le baroque nantais. L’immeuble s'inscrit dans ce mouvement par son inspiration naturaliste, par pour son asymétrie et ses courbes mesurées. Les consoles possèdent des motifs qui ne sont pas symétriques, ce qui créent des tensions au niveau du mode de composition. Les balcons possèdent des formes particulières. Ils ressemblent aux consoles du style de Louis XV. Mais il s'agit un baroque tempéré. On notera en effet une grande symétrie dans la structure de l'édifice avec une organisation en 5 travées, celle du milieu étant le point de conjoncture du bâtiment, là où se trouve le sommet de la pyramide dessinée par les balcons. Il existe également une organisation horizontale grâce aux étages clairement définis via l'ostentation plus ou moins mesurée des balcons et des fenêtres, démontrant l'importance plus ou moins grande de chaque étage.
La forme pyramidale créée par les balcons dégage un ressentiment de prestige de l'édifice, comme une élévation du bâtiment. Il s'agit d'une forme spécifique à la bâtisse unique à Nantes.
C’est à travers l’aspect extérieur de l’édifice que se révèle tout le goût pour le luxe de Rousseau. Il fait mettre des balcons en marbre noir de Laval, soutenus par d’énormes consoles (dont cinq au premier étage) qui ont une forme ventrue. Ces balcons et ces consoles en marbres sont la signature de l’architecte. On peut remarquer que les consoles sont très travaillées et que les balcons sont retenus par des trompes qui accentuent la courbure de l’édifice. On distingue deux mascarons qui appartiennent au thème naturaliste sur la façade de l'édifice. Les mascarons apparaissent en général à la Renaissance (XVIe siècle). Ils sont asymétriques. A gauche un homme aux allures de voyageur, d’indien ou d'esclave et à droite un mascaron à figure féminine avec des guirlandes de fleurs dans les cheveux. Les mascarons détiennent un lien avec l’architecture commerciale de Nantes. Le commerce triangulaire est extrêmement fructueux à l'époque de Pierre Rousseau et les négociants armateurs nantais qui s’enrichissent, souhaitent un quartier pour leurs affaires et leurs hôtels particulier. Un lieu à la fois proche du port qui plus est. C'est l'île Feydeau.

Notons que la distribution des pièces ne tient pas compte de la façade. Les étages souvent divisés en 2 appartements se séparent souvent au niveau de la travée centrale de la façade.

Organisation et décoration interne

L’entrée de l'édifice donne sur un couloir qui débouche sur la cour centrale. Celle-ci est composée sur une axialité typique de la période classique. De chaque côté du couloir, on trouve des pilastres avec des chapiteaux ioniques avec des arcades marquant les travées du couloir. Une composition typique de la période classique. Le couloir relève d’un côté très baroque avec au plafond des angles arrondis. À l'origine, l'entrée était une porte cochère. Une fois passé le couloir où se trouvaient les boutiques et les entrepôts, on arrivait dans la cour intérieur où les calèches pouvaient faire demi-tour en déposant leur voyageur juste sous le porche de l'escalier.

La cour centrale possède des motifs sculptés et des agrafes. Il y a une centralité monumentale vers l’escalier. Un escalier qui s’impose comme l’élément central de cette cour où s’élève devant deux colonnes doriques, surmontées d’un entablement composé de métopes, de triglyphes et d’un arc à trois courbes. A l’origine il y avait des galeries ouvertes qui donnaient sur les appartements situés dans les étages. L’escalier est en granit et montre une vraie maîtrise de la construction. C’est un escalier voûté, en hélice qui donne ainsi plus de lumière, de luxe, de spatialité à l’immeuble.

On notera que le bâtiment ne semble pas disposer de puits (aucun n'a été retrouvé) ni d'aucun autre moyen pour transporter l’eau dans les habitations. Il existe tout de même des "petits lieux", nom qu'on donnait alors aux toilettes. Le confort reste de fait assez réduit. A l’époque de Pierre Rousseau, les pièces d'habitation possédaient des peintures murales, représentant des scènes liées aux arts : la peinture, la musique, l’architecture, ainsi que plus générales comme des scènes galantes, ou une scène représentant les oies du père Philippe, scène tirée d'une fable de la fontaine. Ces peintures subsistent au 3ème étage de l'édifice. Elles pourraient provenir de l’atelier du peintre François Boucher. Les appartements sont constitués de pièces en enfilade, un principe de distribution classique, possédant toutes des cheminées en marbre, unique moyen de chauffage pour l’époque. Beaucoup d’appartement ont été divisés dans les siècles suivant pour leur apporter plus de confort.

L'édifice, divisé en 6 niveaux se compose de la manière suivante :

  • Un rez-de-chaussée destiné aux commerces,
  • Un entresol pour les entrepôts,
  • Premier étage, le plus luxueux, avec son balcon s’étendant sur toute la largeur du bâtiment. Il possède des fenêtres en plein cintre,
  • Deuxième étage, possédant la même hauteur de plafond que le premier étage. Mais le balcon n’encadre plus que 3 fenêtres (au lieu de 5) ici bombées,
  • Troisième étage, possédant un balcon mais n'encadrant qu'une seule fenêtre droite.
  • Des combles marqués par des lucarnes sur la façade et un fronton triangulaire avec un œil de bœuf. Le plus souvent occupés par les ouvriers ou les domestiques.

Matériaux et techniques de construction

Les matériaux utilisés dans la construction du Temple sont ceux que l'on retrouve couramment à Nantes et dans sa région. L'île Feydeau reposant sur un sol particulièrement marécageux, tous les édifices qui y furent construits reposent sur une structure leur permettant de ne pas s'enfoncer dans le sol. Les premiers bâtiments de l'île sont donc construit sur des pilotis de 6 mètres de haut, plantés de le sol très régulièrement. Malheureusement, le sol étant marécageux sur plus de 14 mètres de profondeur, la technique n'est pas totalement efficace. Pierre Rousseau inaugure donc avec le Temple du Goût et les autres bâtiments des années 1750 la technique dite du grillage à la hollandaise, utilisée comme son nom l'indique en Hollande.

Le rez-de-chaussée du bâtiment est en granit, pierre venant de la carrière Miséry située en contre-bas de la butte Sainte-Anne sur le site du Sillon de Bretagne. Le granit est acheminé par charrette jusqu'au chantier, type de transport beaucoup plus cher que le transport fluvial. De fait, le granit étant à la base une pierre onéreuse et le transport augmentant encore son prix, on ne l'utilise qu'avec parcimonie, c'est-à-dire uniquement pour le rez-de-chaussée, structure supportant le poids du reste du bâtiment et qui doit donc être plus solide.

Les étages supérieurs étaient à l'origine tous construits en tuffeau, pierre venant de Saumur et acheminée par la Loire. Son intérêt est sa blancheur éclatante mais malheureusement, il s'agit d'une pierre poreuse résistant mal à l'humidité et au temps. On ne donc l'utilise pas pour le rez-de-chaussée car elle est moins résistante que le granit.

La Seconde Guerre mondiale a cependant laissé des séquelles au bâtiment, en détruisant notamment le dernier étage en 1943. On le reconstruit seulement dans les années 1950 mais pas en tuffeau comme il l'était à l'origine. En effet, on ne considère par le caractère historique du bâtiment et l'intérêt de garder les éléments d'origine. On reconstruit donc en pierre de Saint-Savinien, pierre venant de la Vienne, plus dure, plus légère et plus résistante que le tuffeau. Une pierre du même type, la pierre du Sireuil, est également présente entre le granit et le tuffeau sur une très fine couche, servant de transition entre les deux autres types de pierre. Lors de la construction du bâtiment, on fait venir cette pierre de la Vienne par bateau et malgré ça, elle reste relativement onéreuse.

On notera enfin la présence de marbre pour le sol des balcons et dans les mascarons.

Notes et références

  1. Adresse : 16 allée Duguay-Trouin, 30 rue Kervégan
  2. Notice du Temple du Goût, sur la base Mérimée, ministère de la Culture. Consultée le 17 novembre 2009

Voir aussi

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Temple du Goût de Wikipédia en français (auteurs)

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