- Hôtel Amelot de Bisseuil
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Hôtel Amelot de Bisseuil
Présentation Nom local Hôtel des Ambassadeurs de Hollande Architecte Pierre Cottard Date de construction 1657 - 1660 Propriétaire privé Protection Classé MH (1924) Géographie Pays France Région Ile-de-France Localité Paris Coordonnées modifier Construit au XVIIe siècle, l'hôtel Amelot de Bisseuil, dit des Ambassadeurs de Hollande, est un hôtel particulier situé dans le quartier historique du Marais, dans le 4e arrondissement de Paris (rue Vieille-du-Temple, no 47, et rue des Guillemites, no 10). Ce site est desservi par la station de métro Saint-Paul.
Différentes théories courent sur l’origine de l’appellation Hôtel des Ambassadeurs de Hollande. L'une d'elles veut que l’hôtel a servi comme résidence à l’ambassadeur de Hollande[1]. Une autre explication est que, lors de la révocation de l’édit de Nantes, le chapelain de l'ambassade de Hollande, Marcus Guitton, aurait assuré le culte réformé dans la chapelle de l’hôtel aujourd’hui disparue[2] (les chapelles des ambassades "protestantes" étaient les seuls lieux où l'on tolérait l'exercice du culte).
L'Hôtel Amelot de Bisseuil, dit des Ambassadeurs de Hollande, fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 21 mai 1924[3].
Architecture
L’hôtel est dû à l'architecte Pierre Cottard, architecte de Louis XIV. Au lieu d’une seule cour et d’un jardin, il possède deux cours: la première est une cour d'honneur étroite avec balcon à balustres de pierre et elle donne sur l’entrée principale par la rue Vieille-du-Temple; la seconde, plus grande que la première, offre une façade percée de quatre niches ornées de statues, et elle donne sur la rue des Guillemites[1]; les statues représentent les "vertus" (force, vérité, prudence, justice, vigilance, sagesse), ainsi que l'aurore et le crépuscule. Une terrasse existe au 1er étage, qui donne sur la seconde cour. L'hôtel est construit à l'emplacement de l’Hôtel de Rieux, bâti entre 1657 et 1660 pour Jean-Baptiste Amelot, vicomte de Bisseuil, Maître des requêtes, que La Bruyère n'hésita pas à railler dans ses Caractères: « un bourgeois aime les bâtiments, il se fait bâtir un hôtel si beau si riche et si orné, qu'il est inhabitable; le maître, honteux de s'y loger, ne pouvant se résoudre à le louer… se retire en galetas où il achève sa vie. ». C'est devant l'hôtel que fut assassiné en 1407 Louis, duc d'Orléans, frère de Charles VI, par les partisans du fougueux duc de Bourgogne, Jean sans Peur. Le bâtiment historique représente une surface de 1 718 m2, flanqué d'un immeuble plus moderne de 794 m2, et de 270 m2 de sous-sols. Il est classé monument historique depuis 1924. L'intérieur conserve des pièces exceptionnelles avec boiseries, peintures et plafonds (cf. photos sur [1]). Quatre salons, comme la galerie de Psyché, la chambre "à l'italienne" et le salon de Flore (dont le plafond est décoré par Joseph-Marie Vien au XVIIIe siècle), sont classés.
La façade de la rue Vieille du Temple offre un arc en plein cintre qui entoure un bas-relief représentant deux "renommées", deux divinités ailées, sculptées par Thomas Regnaudin (1660; on lui doit aussi la Galerie d'Apollon, au Louvre). Ce ne sont pas des anges mais l'avatar des "déesses aux cent yeux et aux cent bouches", armées de "divines trompettes", les fameuses trompettes de la renommée. La porte d'entrée est également ornée de têtes de "Méduses", jeunes femmes à la chevelure de serpents. Côté cour, le fronton est aussi décoré: en sculpture se trouvent les fondateurs de Rome, Romulus et Rémus, en compagnie de leur louve nourricière.
La façade donnant sur la rue des Guillemites est rénovée entre 1997 et 2000 sous le contrôle de Jean-François Lagneau, architecte en chef des Monuments historiques[4].
Résidents célèbres
Le 9 octobre 1776, pour 6 600 livres par an, Beaumarchais loue l'hôtel entier. Il y fonda la maison Rodriguez, Hortalez et Cie, subventionnée par les gouvernements français et espagnol pour fournir aux colons américains insurgés contre le gouvernement anglais, des armes et autres biens de première nécessité. Beaumarchais y habite alors avec Marie-Thérèse Willer-Mawlaz qu'il épouse en troisièmes noces, légitimant ainsi la naissance de leur fille Eugénie. Il y a écrit Le mariage de Figaro (1778), pièce si osée qu'elle ne fut jouée que six ans après. Il y composa aussi Tarare, donné à l'Opéra en 1787. Il déménagea la même année.
En 1951, Paul-Louis Weiller (industriel et ancien "as de l'air" de la Première guerre) s'en rend propriétaire et engage des travaux, que son fils Paul-Annick poursuit jusqu'en 1998, date de sa mort[5]. Pendant cette période se succèdent des invités prestigieux, du Président Nixon au Prince Charles, en passant par Sophia Loren et Charlie Chaplin. Paul-Louis Weiller était réputé pour sa prodigalité, tant que Greta Garbo le baptisa Paul-Louis XIV. Il y installe la Fondation Paul-Louis-Weiller dont le but est l'aide aux artistes dans le besoin; un restaurant populaire y est hébergé: plus de 500 000 repas y sont servis[6].
En 2010, l'hôtel est vendu pour 38 millions d'euros à la société immobilière Acanthe Développement (comprenant 15 places de stationnement au premier et second sous-sols d'un immeuble mitoyen)[7].
On y a tourné plusieurs scènes de la télésérie Les liaisons dangereuses de Josée Dayan.
Notes et références
- Jean-Marie Pérouse de Montclos, éditeur, Le Guide du Patrimoine Paris, Hachette, 1994
- Isabelle Brassart et Yvonne Cuvillier, Le guide du promeneur - 4e arrondissement, édition Parisgramme, 1993
- Ministère de la Culture, base Mérimée, « Notice no PA00086270 » sur www.culture.gouv.fr.
- "Ce palais du Marais en passe d'être vendu". Le parisien, 06.07.2010
- New York Times
- http://www.luxe-immo.com/immo-fiche-annonce-fr-117-hotel-des-ambassadeurs-de-hollande.html
- JBL, "Un hôtel particulier à 38 millions d'euros". Figaro Magazine, 27/11/2010, p.168
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