Histoire du Cap-Vert

Histoire du Cap-Vert
Carte de l'archipel (1888)

Cet article résume l'histoire du Cap-Vert, un pays insulaire de l'océan Atlantique au large de l'Afrique.

Les îles du Cap-Vert étaient inhabitées lorsque des marins portugais y débarquèrent pour la première fois, entre 1456 et 1460. Pour cette raison et du fait de l’éloignement du continent, le pays a connu une histoire radicalement différente du reste de l’Afrique.

Sommaire

Premiers explorateurs

La date exacte à laquelle accosta le premier bateau portugais n’est pas connue. Ils décrivirent alors l’archipel comme étant inhabité. Cependant, vu le régime des vents et courants dominants de la région, il n’est pas exclu que des pêcheurs maures, wolofs, sérères ou encore lébous y aient débarqué. Selon certains récits, des Arabes ou des Phéniciens auraient visité l’archipel plusieurs siècles avant les Européens. L’explorateur portugais Jaime Cortesão rapporte une histoire selon laquelle les Arabes ont visité une île, qu’ils nomment « Aulil » ou « Ulil », où ils récoltèrent du sel dans des marais salants naturels. Il pourrait s’agir de l’île de Sal.

Selon une théorie récente de Gavin Menzies, l’explorateur chinois Zheng He aurait atteint le Cap-Vert en 1420.

En 1456, l’explorateur portugais Alvise Cadamosto découvrit quelques îles du Cap-Vert, puis Diogo Dias et Antonio Noli, capitaines au service d’Henri le Navigateur, découvrirent le reste de l’archipel les années suivantes. Ribeira Grande, première ville européenne permanente sous les tropiques, qui porte actuellement le nom de Cidade Velha, fut fondée en 1462. Les îles – du moins les îles montagneuses – étaient alors couvertes de végétation.

Inuslae Capitis viridis (1598)

Les Portugais importèrent rapidement des esclaves depuis la côte ouest du continent. Situé sur les grandes voies commerciales entre l’Afrique, l’Europe et les Amériques, l’archipel s’enrichit grâce au commerce triangulaire au cours du XVIe siècle. Cette prospérité attira les convoitises de nombreux pirates, dont Francis Drake qui saccagea Ribeira Grande en 1582 et 1585. La ville déclina après une attaque française en 1712 et Praia devint la nouvelle capitale.

Déclin

La première sécheresse frappa le Cap-Vert en 1747 – par la suite, le pays en connaîtra une tous les cinq ans en moyenne. La déforestation et les cultures intensives empirèrent la situation en détruisant la végétation qui procurait de l’humidité. Au cours du XVIIIe puis du XIXe siècle, trois grandes sécheresses provoquèrent plus de 100 000 morts. Le gouvernement portugais n’envoya presque aucune aide pendant ces famines. À la fin du XVIIIe siècle, João da Silva Feijó est envoyé en mission au Cap-Vert pour évaluer la possibilité d'exploiter des minéraux tels que salpêtre et soufre mais sans succès. En 1866[1], l’abolition de l'esclavage porta un coup durable à l’économie capverdienne. C’est à cette époque que débuta la première vague d’émigration vers les États-Unis.

Article détaillé : Bataille du Cap-Vert (1806).

À partir de 1810, les baleiniers venus du Massachusetts et de Rhode Island recrutaient des matelots sur les îles de Brava et de Fogo.

Vue de Mindelo, non datée.

À la fin du XIXe siècle, l’ouverture des lignes transatlantiques fut l’occasion d’une embellie économique, Mindelo devenant une escale privilégiée de ravitaillement en fuel, eau et vivres. L’archipel continua cependant à souffrir de fréquentes sécheresses et famines qui firent des milliers de victimes au cours de la première moitié du XXe siècle. Après la Seconde Guerre mondiale, Mindelo cessa d’être une escale commerciale et le pays replongea dans la misère.

Nationalisme et indépendance

Etant donné que les Européens forment la première population connue du pays[2], les capverdiens ont bénéficié d'une plus grande proximité culturelle avec la métropole portugaise. La première école élémentaire ouvrit en 1817[3], et le Cap-Vert fut la première colonie portugaise à être dotée d’un lycée dès 1866. Au jour de l’indépendance, un quart de la population était alphabétisée, contre 5% en Guinée-Bissau.

Amílcar Cabral et d’autres pan-africanistes fondèrent le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) en 1956. Pour la dictature portugaise d’António de Oliveira Salazar, il était hors de question de suivre le mouvement amorcé par la France et la Grande-Bretagne et d’accorder l’indépendance de ses colonies (nommées «territoires d’outre-mer» depuis 1951). Alors que la plupart des pays africains obtinrent l’indépendance entre 1957 et 1964, les peuples des colonies portugaises, y compris ceux du Cap-Vert et de Guinée-Bissau, menèrent de longues guerres de libération du continent.

Au cours des trois premières années de son existence, le PAIGC ne fit guère de vagues et prépara ses ressources militaires. Sa première grande action fut l’incitation à la grève des dockers du port de Bissau le 3 août 1959. La police coloniale interdit la grève et ouvrit le feu sur les grévistes, tuant plus de 50 personnes. Cet événement fut le premier d’une guerre de treize ans, au cours de laquelle 10 000 soldats du PAIGC, soutenu par Cuba et par l’Union soviétique[4], combattirent les 35 000 soldats, portugais et africains, des troupes portugaises.

La chute du régime de Salazar en avril 1974 fut l’occasion de troubles accrus au Cap-Vert et le nouveau gouvernement portugais entame des négociations avec le PAIGC. L’indépendance fut acquise le 5 juillet 1975.

Après l’indépendance

Après un coup d’État en novembre 1980 en Guinée-Bissau (qui avait obtenu son indépendance en 1974, les relations entre les deux pays se dégradèrent. Le Cap-Vert abandonna son espoir d’unité avec la Guinée-Bissau et fonda le Parti africain pour l'indépendance du Cap-Vert (PAICV). Le PAICV instaura un régime communiste à parti unique, qui dura jusqu’en 1990.

Aristides Pereira, président du Cap-Vert de 1975 à 1991.

Pour répondre à des pressions croissantes réclamant davantage d’ouverture politique, le PAICV convoqua un congrès d’urgence en février 1990 pour discuter de l’instauration du multipartisme. Les groupes d’opposition fondèrent le Mouvement pour la démocratie (MPD) à Praia en avril de la même année. Le monopartisme fut aboli le 28 septembre 1990 et les premières élections multipartites organisées en janvier 1991. Le MPD remporta les présidentielles avec 73,5 % des suffrages, ainsi que la majorité des sièges de l’Assemblée nationale. Antonio Mascarenhas Monteiro succéda à Aristides Pereira à la présidence. Les élections législatives de décembre 1995 augmentèrent la majorité du MPD à l’Assemblée, avec 50 sièges sur 72. Monteiro fut reconduit président par les élections de février 1996. Les observateurs nationaux et internationaux ont qualifiées les élections de 1995 et 1996 de libres et transparentes.

En 2001, Pedro Pires fut élu président contre Carlos Veiga, avec une majorité de 12 voix seulement. Tous deux avaient exercé la charge de premier ministre, Pires sous le régime du PAICV et Veiga pendant la présidence de Monteiro.

Voir aussi

Références

  1. Un peuple et son histoire
  2. República de Cabo Verde La population capverdienne est majoritairement issue d'un mélange d'Africains et d'Européens, avec 80 % de Métis ou Mestiços, les descendants des anciens esclaves africains et des colonisateurs européens
  3. Ambassade de France à Praia
  4. Histoire générale de l'Afrique: L'Afrique depuis 1935, publié par C. Wondji

Bibliographie

  • (en) Richard A. Lobban Jr et Paul Khalil Saucier, Historical dictionary of the Republic of Cape Verde, Scarecrow Press, Lanham, Maryland ; Toronto ; Plymouth, UK, 2007, LII-306 p. (ISBN 978-0-8108-4906-8)

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