Histoire de la vallée de la Matapédia

Histoire de la vallée de la Matapédia

Vallée de la Matapédia

Page d'aide sur l'homonymie Cet article concerne la Vallée de la Matapédia. Pour l'article sur la MRC, voir La Matapédia. Pour les autres significations, voir Matapédia.

La vallée de la Matapédia est une région de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent au Québec qui tient son nom de la rivière qui la sillonne et du lac qui est en son centre. Elle s'étire sur 375 km entre Sainte-Angèle-de-Mérici et Matapédia. Son territoire s'étend sur trois municipalités régionales de comté et comprend plus de 20 000 habitants répartis dans une trentaine de municipalités.

Sommaire

Géographie

Situation géographique

L'extrémité ouest de la vallée de la Matapédia est formée par le village de Sainte-Angèle-de-Mérici[1]. Elle s'étend sur une longueur de 375 km jusqu'à son extrémité est qui est composée de la municipalité de Matapédia.

La vallée de la Matapédia se situe sur le versant sud du fleuve Saint-Laurent dans les régions administratives du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. C'est la seule région gaspésienne qui n'a pas de littoral avec la mer.

Topographie

Monts Chic-Chocs vus de Sayabec

La vallée de la Matapédia est créée par la chaîne des Appalaches contituée par les monts Chic-Choc. Elle est située dans les régions du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. C'est en fait la seule région gaspésienne qui n'a pas de frontière avec la mer. Sa frontière au sud est constituée par le Nouveau-Brunswick. Les deux principaux plans d'eau sont le lac Matapédia qui s'étend de Sayabec à Amqui et le lac au Saumon situé dans la municipalité éponyme.

La vallée s'étend du fleuve Saint-Laurent jusqu'à la baie des Chaleurs. La partie nord-ouest de la vallée est plutôt plane entourée de de petits monts qui ne dépassent pas 400 m d'altitude. Plus au centre de la vallée, près de Saint-Cléophas et de Sainte-Irène, les sommets atteignent 800 m d'altitude. La partie sud-est de la vallée est plus accidentée. Les sommets y atteignent 600 m d'altitude.

La vallée de la Matapédia comprend 20 000 hectares de terres dédiées à l'agriculture et 500 000 hectares de forêts réparties à moitié moitié entre les propriétés privées et publiques. Les principales municipalités agricoles de la vallée sont Amqui, Causapscal, Saint-Damase, Val-Brillant et Saint-Léon-le-Grand.

Hydrographie

Vue du lac Matapédia et du village de Val-Brillant

Le territoire de la vallée de la Matapédia est drainé par la rivière Matapédia qui a un bassin versant de 3 824 km²[2]. La vallée comprend plus de 200 lacs dont le plus important est le lac Matapédia d'une superficie de 38 km²[3].

Démographie

Drapeau de La Matapédia

Les municipalités régionales de comté (MRC) de La Mitis, La Matapédia et d'Avignon composent le territoire géographique de la vallée de la Matapédia qui comprend une trentaine de municipalités. Les centres économiques importants sont Amqui, Causapscal, Sayabec et Matapédia. La région comprend plus de 20 000 habitants. La densité démographique est beaucoup plus élevée le long du lac Matapédia et de la rivière Matapédia que dans les régions plus éloignées de la vallée. En effet, le long du lac et de la rivière, la densité de population est de 12 habitants au km² tandis que, sur les plateaux de la vallée, elle est de 5 habitants au km². Les territoires non-organisés en municipalités de la vallée sont quasiment inhabités.

Année Population
1895 8 000[4]
1922 30 000[4]
2006 20 000[5]
Article connexe : La Matapédia#Démographie.

Transports

Qc132.png

Le principal axe de communication est la route 132 sur une orientation du nord-ouest au sud-est. La majorité de la population et des municipalités se situent le long de la route 132. Il y a aussi la voie ferrée qui traverse la vallée où circulent deux trains passagers de Via Rail, Le Chaleur et L'Océan, qui sont souvent attachés ensemble à partir de Matapédia[6].

Histoire

Territoire inexploré

Les Micmacs et les Malécites habitaient le territoire de la vallée de la Matapédia avant l'arrivée des Européens en Amérique du Nord. Ils habitaient surtout le territoire de la baie des Chaleurs, mais ils venaient pêcher à l'embouchure de la rivière Mitis sur le fleuve Saint-Laurent en suivant la rivière Matapédia.

Le 26 mai 1694, le gouverneur de la Nouvelle-France, Frontenac, concède la Seigneurie du lac Matapeguia (ou lac Matapédia) qui s'étend sur une lieue autour du lac éponyme à Charles-Nicolas-Joseph D'Amours de Louviers[7]. Ce-dernier mourut en 1728 sans léguer officiellement la Seigneurie du lac Matapédia et sans avoir venu y habité[8]. C'est pourquoi lors de la construction du chemin Kempt vers 1830, il n'y a aucune mention de cette seigneurie alors que tous se croyaient sur un terrain de la Couronne[9]. La région ne demeure habitée que par les Micmacs jusqu'en 1818. En effet, c'est cette année que plusieurs familles écossaises s'établissent à Métis et que plusieurs loyalistes s'établissent à la rivière Restigouche où se situe actuellement Matapédia[9],[10]. Ces deux locations correspondent aux deux extrémités de la vallée de la Matapédia.

Premières explorations

Cependant, le territoire de la vallée demeurait inexploré. Sir James Kempt, gouverneur du Bas-Canada à cette époque, envoya, en 1815, un explorateur, Joseph Bouchette, sur le territoire de la vallée de la Matapédia en vue de la construction du chemin Kempt reliant Métis à Pointe-à-la-Croix près de la baie des Chaleurs[11],[10]. Joseph Bouchette écrivit dans « Topographie du Bas-Canada » que la vallée de la Matapédia est une terre propice à devenir un centre agricole d'importance[10]. En effet, l'invasion américaine sur le territoire canadien survenue peu avant 1815, avait démontré la vulnérabilité de la frontière et créa le besoin de relier Québec à Halifax. Cela faisait plusieurs années que les Gaspésiens demandaient un moyen de communication avec la métropole, car, en dehors de la saison de navigation, ils étaient littéralement coupés du monde. À cette époque, le service de poste s'effectuait par un sentier rudimentaire de Kamouraska jusqu'au lac Témiscouata pour se rendre dans les Maritimes en passant par la rivière Madawaska et le fleuve Saint-Jean[11],[12]. Le chemin passant par le lac Témiscouata était très rudimentaire et devenait efficace pour les besoins de l'époque. Ainsi, on décida de faire passer un nouveau chemin par le lac Matapédia afin de pouvoir desservir les côtes gaspésiennes et de la baie des Chaleurs par le même chemin[13]. C'est ainsi que se décida la construction d'un chemin à des fins militaires qui sera connu sous le nom de chemin Kempt[13]. C'est en 1824 que James Crawford repris le flambeau de Joseph Bouchette sous l'ordre du gouverneur James Kempt pour trouver l'endroit où faire passer le chemin. Dans son rapport du 4 mai 1824, il indique que même si la distance est plus longue en passant par le lac Matapédia à partir de Métis, la route en est beaucoup plus aisée[14]. Cependant, il indique aussi que la route à l'ouest du lac Matapédia sera plus difficile même en suivant la rivière étant donné que les rives sont souvent escarpées[14]. Dans son rapport, James Crawford indique aussi qu'il n'existe même pas de chemin pour piétons dans la vallée de la Matapédia et qu'il serait très utile pour la population d'en construire un[15]. Le successeur de Kempt, Aylmer, mit le projet sur pied six ans plus tard. Cependant, en 1845, il n'y a que la section partant de Métis jusqu'au lac Matapédia qui est complétée.

Les premiers résidants

Croix de chemin érigée en 1875 par Marcelline Brochu, épouse de Pierre Brochu replacée à l'endroit de l'établissement de Pierre Brochu en 1833

Le premier résidant de la vallée de la Matapédia fut monsieur Pierre Brochu (1795-1871) qui s'établit à la tête du lac Matapédia en 1833 où la rivière Saint-Pierre s'y jette à l'emplacement actuel de Sayabec. Il assurait le poste de gardien le long du chemin Kempt pour les postillons et les voyageurs. De plus, le lac Matapéguia (ou lac Matapédia) pris le nom de lac à Brochu jusqu'en 1871; date correspondant au décès de monsieur Pierre Brochu. Les autres gardiens de postes furent Malcolm Fraser qui s'établit à l'endroit actuel de Saint-Moïse, Georges Brochu, fils de Pierre Brochu, qui s'établit à la décharge du lac Matapédia près de l'emplacement actuel d'Amqui, Georges Lebel qui s'établit au Lac-au-Saumon, Jonathan Noble qui pris résidence sur le site de l'actuelle église de Causapscal et, en 1849[16], Thomas Evans au ruisseau Assemetquaghan où se situe actuellement Routhierville. En plus de ces gardiens, le fils Noble s'est établi près de son père aux Fourches, aujourd'hui le parc des Fourches de Causapscal, et Ferdinand Duval prit domicile au Lac-au-Saumon[11]. Dans les années 1880, la vallée comptait environ 1 700 habitants et, à l'aube du XXe siècle, elle en comptait 8 000.

Article détaillé : Pierre Brochu.

Les chemins Kempt et Matapédia

L'état du chemin Kempt demeurait déplorable jusqu'à l'éclatement de la guerre de Sécession aux États-Unis qui créa une inquiétude assez grande pour que le gouvernement investisse enfin les sommes nécessaires à l'établissement d'une route digne de ce nom. Le tracé original avait déjà été modifié pour que le chemin rejoigne la mer à Sainte-Flavie. C'est à partir de 1860 que le chemin Matapédia vient remplacer le chemin Kempt[17]. Finalement, en 1867, le chemin Matapédia est terminé.

Le chemin de fer

Gare ferroviaire à Matapédia

La construction du chemin de fer de l'Intercolonial rejoignant le Grand Tronc à Rivière-du-Loup a été décidé lors de la conférence de Québec en octobre 1864[11]. En 1871, commence la construction de ce chemin de fer traversant la Vallée de la Matapédia qui fut terminé en 1876[9]. C'est ce chemin de fer allié au chemin Matapédia (ou chemin Kempt) qui permit à la population de la Vallée de grimper de plus de trente mille habitants entre 1900 et 1940.

Développement des paroisses

Sainte-Angèle-de-Mérici, le long de la rivière Métis (ou rivière Mitis) sur le chemin Matapédia, fut la première paroisse de l'ouest de la vallée à être érigée canoniquement en 1868[1]. Habitée dès 1870 et érigée canoniquement en 1873, Saint-Moïse est la plus vieille paroisse à l'intérieur de la vallée[18]. La première chapelle de Saint-Damase fut construite en 1879 et la paroisse fut érigée canoniquement en 1884[19]. La paroisse de Val-Brillant en plein cœur de la seigneurie du Lac-Matapédia fut érigée canoniquement en 1889 et avait déjà plus de 2 200 habitants dans les années 1920[20]. Elle fut baptisée en l'honneur de Pierre Brillant qui est considéré comme étant le « Père de la Vallée »[20]. La même année, la paroisse d'Amqui fut aussi érigée canoniquement à l'extrémité est du lac Matapédia à la source de la rivière Matapédia[21]. Elle avait plus de 3 000 habitants dans les années 1920[21]. La paroisse de Sayabec, érigée canoniquement en 1896 s'est développée très rapidement et comptait plus de cinq cents famille dans les années 1920[19]. La même année, la paroisse de Causapscal est aussi érigée canoniquement[22]. Celle-ci comprenait plus de 2 000 habitants dans les années 1920[22]. La paroisse de Matapédia est érigée canoniquement en 1905[23]. Son érection est aussi tardive à cause que ses habitants d'origine écossaise sont surtout protestants[24]. En 1907, la paroisse de Saint-Léon-le-Grand et de Lac-au-Saumon se détachent de celle d'Amqui[25]. En 1910, c'est au tour de la paroisse de Sainte-Florence d'être érigée canoniquement[16]. En seulement dix ans, cette paroisse comptait déjà près de 700 habitants[16]. Un an plus tard, la paroisse de Saint-André-de-Restigouche voit son premier curé résidant[4]. La paroisse de La Rédemption est créée lors de la campagne de colonisation du gouvernement suite à la crise économique de 1929.

Développement économique

L'industrie forestière a été la principale motivation pour apporter des colons dans la vallée. L'agriculture a été l'activité économique qui a permis l'établissement permanent de colons et la formation des différentes paroisses. Les compagnies forestières telles que la John Fenderson Lumber Co., la Cie Price Bros. et la Brown Corporation ont implanté des établissements industriels qui ont permis le développement en importance des villages[26].

Tourisme

Pêcheurs en canot sur la rivière Matapédia

La vallée de la Matapédia est une sous-région touristique de la Gaspésie. La vallée est réputée pour ses activités de plein air, dont le ski, la chasse et la pêche. La pêche au saumon est très populaire sur la rivière Matapédia.

Municipalités

Cantons

Références

  1. a  et b Notes historiques sur la Vallée de la Matapédia, p.18
  2. Portrait général et diagnose du bassin versant de la rivière Matapédia.: Préliminaire, p.15
  3. Lac Matapédia sur Commission de toponymie du Québec
  4. a , b  et c Notes historisques de la Vallée de la Matapédia, p.30
  5. Statistiques Canada
  6. Utilisation optimale des modes de transport ou l'intermodalité - Étude réalisée dans le cadre de l'élaboration du plan de transport du Bas-Saint-Laurent, Service des inventaires et du Plan et Service des liaisons avec les partenaires et les usagers, Direction du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, Ministère des transports du Québec, Octobre 2001, consulté en ligne le 9 août 2009.
  7. Commission de toponymie du Québec, Seigneurie du lac Matapédia, [1]
  8. Notes historiques de la Vallée de la Matapédia, p.34
  9. a , b  et c Auteur inconnu, Historique, Site Web officiel de la municipalité de Val-Brillant, [2]
  10. a , b  et c Notes historiques sur la Vallée de la Matapédia, p.35
  11. a , b , c  et d La Matapédia
  12. Notes historiques sur la Vallée de la Matapédia, p.38
  13. a  et b Notes historiques sur la Vallée de la Matapédia, p.39
  14. a  et b Notes historiques sur la Vallée de la Matapédia, pp.40-41
  15. Notes historiques sur la Vallée de la Matapédia, p.42
  16. a , b  et c Notes historiques sur la Vallée de la Matapédia, p.28
  17. Je vous raconte Sayabec
  18. Notes historiques sur la Vallée de la Matapédia, p.20
  19. a  et b Notes historiques sur la Vallée de la Matapédia, p.21
  20. a  et b Notes historiques sur la Vallée de la Matapédia, pp.23-24
  21. a  et b Notes historiques sur la Vallée de la Matapédia, p.25
  22. a  et b Notes historiques sur la Vallée de la Matapédia, p.27
  23. Matapédia sur Commission de toponymie du Québec
  24. Notes historiques sur la Vallée de la Matapédia, p.29
  25. Notes historiques sur la vallée de la Matapédia, pp.25-26
  26. Notes historiques sur la Vallée de la Matapédia, pp.26-27

Annexes

Biblographie

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : ce signe indique que la référence a été utilisée pour la rédaction de l’article.
  • Jos D. Michaud, Notes historiques sur la Vallée de la Matapédia, La voix du lac, 1922, 254 p. . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Michel Dompierre et Bertrand Leblanc, La Matapédia, Édition MRC de La Matapédia, 2004 (ISBN 2-9808660-0-8) . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jean-Claude Gagné (dir.), Antonin Fallu, Jacqueline Paquet, Claudette St-Pierre, Denise Thériault, Georges-Henri Tremblay prêtre et Louis-Paul Tremblay, Je vous raconte Sayabec, 1894-1994, Comité du centenaire de Sayabec, Sayabec, 1994 (ISBN 2-9804046-0-8) . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Œuvre de collaboration, Atlas écologique de la MRC de La Matapédia, Édition MRC de La Matapédia, 2007 (ISBN 978-2-9808660-4-3) .
  • Michel Pelletier, Mon coin de pays... La Matapédia!, 1995 (ISBN 2-9804604-0-0) .
  • Eugène Rouillard, La colonisation dans les comtés de Temiscouta, Rimouski, Matane, Bonaventure, Gaspé, 1899, 153 p. .
  • Patrick Bouchard, Mireille Chalifour et Steve Normand, Portrait général et diagnose du bassin versant de la rivière Matapédia.: Préliminaire, Conseil de Bassin Versant de la Rivière Matapédia, Causapscal, 2008, 138 p. . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • DVD La Matapédia, un milieu de vie authentique, produit par le CLD de La Matapédia et la télévision communautaire vallée-de-la-Matapédia, textes de PLUME-ART, scénario et montage de Yidam Boudhi, 2009.

Articles connexes

Lien externe

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