Histoire de la Guinée

Histoire de la Guinée
Le territoire de la République de Guinée

Cet article traite de l'histoire du territoire de la République de Guinée dont les frontières géographiques actuelles ont été tracées par les puissances coloniales à la fin du XIXe siècle et au XXe siècle. Auparavant l'histoire de ce territoire fut marqué par l'essor, le rayonnement et le déclin de royaumes et de grands empires successifs.

Sommaire

Préhistoire

Pierre perforée de la région de Feredou (Musée d'Art africain de Dakar)

La Guinée des grands empires

  • VIIIe siècle : Les Nalou et les Baga peuplent la région.

sous l'influence de l'empire du Ghana

  • Du IXe siècle au XIe siècle : Le royaume mandingue, vassal de l'Empire du Ghana, s'établit du Haut-Sénégal au Haut-Niger. L'empire du Ghana s'étendit en Afrique de l'Ouest du VIIIe au XIIIe siècle.
Article détaillé : Empire du Ghana.
  • XIe siècle : Les populations sont rejointes par les Jalonkés d'origine mandé.

L'empire du Mali

  • XIIIe siècle : Le légendaire Sundjata Keïta forme un immense empire ayant pour capitale Niani (aujourd'hui un petit village guinéen).
  • XIVe siècle : L'Empire du Mali connaît son apogée, s'étendant du nord et de l'est de la Guinée à Tombouctou.
  • XVe siècle : Déclin de l'empire du Mali.

Premiers contacts avec les Européens

Les Européens arrivent sur les côtes et pratiquent le commerce des esclaves mais aussi de l´ivoire et des épices (huile de palme, malaguette).(Joao Pires). Les Européens utiliseront des relais africains pour capturer des esclaves à l´intérieur des terres. Les Africains ne connaissant pas la monnaie, échangent leurs captifs contre toute sorte d'objets utilisés pour faire du troc. La concurrence entre négriers européens est parfois sévère et déclenche des batailles navales.

  • du XVIe au XVIIIe siècle : Arrivée des Peuls et des Mandingues apportant l'islam. De nombreux empires et royaumes, encore très présents dans la mémoire collective, se succèdent dans la région. Les classes gouvernantes mandingues se convertirent très tôt à l'islam. L'expansion de la religion musulmane dans toute la Guinée fut cependant due au prosélytisme du clan des Torobde, des pasteurs peuls installés dans le Fouta-Djalon. Ils instaurèrent un État théocratique sur les hauteurs du plateau au début du XVIIIe siècle.
  • Milieu du XIXe siècle : La plupart de la population est islamisée, à l'exception des habitants du royaume Mossi, qui résistent et conservent leurs croyances traditionnelles.
  • Dans les années 1880 : Le Mandingue Samory Touré, équipé d'armes modernes et à la tête d'une armée efficacement organisée, prend le contrôle de l'intérieur du pays. Il est l'un des derniers héros de l'histoire pré-coloniale du pays.

Naissance de la Guinée moderne (1895-1911)

Résistances et conquête coloniale

  • Seconde moitié du XIXe siècle : La France, employant alternativement la force et la diplomatie, s'empare non sans difficulté de la plus grande partie de l'ouest du Soudan (actuel Mali). Elle prend Tombouctou, pousse jusqu'au lac Tchad et occupe la côte guinéenne. La Guinée actuelle vidée par la traite atlantique est alors quasiment dépeuplée. Cependant le climat tropical va repousser de nombreux Français à s'installer. à cause des maladies qui les déciment * 1891 : La Guinée est proclamée colonie française, indépendamment du Sénégal, auquel elle était précédemment rattachée. Cependant, cette conquête ne s'opère pas sans résistance. Samory Touré, relayé ensuite par les peuples de la forêt, mène une guerre organisée contre l'occupation française sur la côte et dans les massifs montagneux du Sud-Est.
  • 1898 : Samory Touré est vaincu.
  • 1899 : Les régions du haut Niger sont annexées au territoire.
  • 1904 : La Guinée devient une partie intégrante de l'Afrique occidentale française (AOF), administrée par un gouvernorat général. Les industriels français y développent plantations de café, de banane et d´huile de palme ainsi que l´activité minière (bauxite) grâce aux travailleurs forcés.

La Guinée sous la colonisation française

La France impose un système d'administration coloniale identique à celui appliqué dans les autres territoires africains de son empire colonial. Sous l'autorité d'un gouverneur général, le pays est divisé en vingt-neuf cercles, eux-mêmes dirigés par un commandant de cercle. Les chefferies traditionnelles sont souvent transformées et leurs systèmes de transmissions bouleversés. Elles constituent progressivement un instrument efficace de la domination coloniale française. Ce système joue un rôle important dans l'unification d'un pays artificiellement créé par les puissances coloniales au cours des conquêtes.

L'exploitation des ressources s'oriente vers la satisfaction des besoins de la métropole. Au détriment des cultures vivrières, les cultures d'exportation, monopolisées par des sociétés françaises, se multiplient. La monnaie et l'impôt se généralisent également durant cette période.

Cependant, une conscience politique anticoloniale se développe peu à peu, pour s'affirmer après la Seconde Guerre mondiale. En effet, Conakry devenant un port important, beaucoup de Guinéens y sont employés. Ils ont alors la possibilité de former leurs propres syndicats, d'où émergent des mouvements contestataires. À la tête de la puissante Union générale des travailleurs d'Afrique noire (UGTAN), Ahmed Sékou Touré, arrière-petit-fils de Samory Touré, mène une action pour obtenir davantage de représentants africains dans le gouvernement local. La constitution française d'octobre 1946, plus libérale à l'égard des pays colonisés, permet la création de partis politiques, dont Sékou Touré devient la personnalité la plus importante. Lors du référendum de septembre 1958, la Guinée est le seul pays de l'Afrique francophone à rejeter la proposition du général de Gaulle concernant l'intégration des colonies de l'A.O.F. au sein d'une Communauté française. Sékou Touré insulte le général de Gaulle, qui répond : «  et bien qu'il se débrouille tout seul à maintenir l'évolution moderne du pays dans l'avenir » , ce qui entraîne une rupture immédiate des relations politiques et économiques avec la France.

Le 2 octobre 1958, la Guinée accède à l'indépendance. Sékou Touré, alors très populaire dans son pays comme dans tous les pays d'Afrique, en devient le président. Il prône alors le panafricanisme, « La décolonisation intégrale de toutes les structures du pays » et la mise en place d'une « société socialiste ». En fait, le régime se transforme en dictature.

La Guinée indépendante

Après son indépendance, le pays cherche de l'aide auprès des pays d'Europe de l'Est et de l'Union soviétique. Sékou Touré met en place un régime de parti unique et un système socialiste strict.

  • 1961 : La Guinée adhère, avec le Mali et le Ghana, à l'Union des États africains, une fédération qui ne vit que deux ans. Cible de plusieurs tentatives d'assassinat, Sékou Touré accuse la France de comploter pour renverser son régime.
  • Novembre 1965 : Rupture des relations avec la France.
  • 1965 - 1982 : Les rapports de la Guinée avec ses voisins, Côte d'Ivoire, Niger, Sénégal et Haute-Volta, restent orageux jusqu'en 1978. L'isolement diplomatique du pays, conjugué à une économie mal planifiée, mènent la Guinée à la faillite et contraignent son président à assouplir le régime. Il entreprend alors de nombreux voyages diplomatiques dans le but d'établir des relations avec d'autres pays et de trouver des investisseurs pour exploiter les richesses minérales considérables de la Guinée.
  • 1982 : Une nouvelle Constitution, renforçant les prérogatives du PDG au pouvoir, est proclamée.
  • 1984 : Après la mort de Sékou Touré, un gouvernement d'intérim est mis en place. Il est bientôt renversé par le colonel Lansana Conté, qui prend la tête du Comité militaire de redressement national (CMRN) et devint président de la République. Il amnistie les prisonniers politiques, s'attache à démanteler le système socialiste, réduit le pouvoir de l'armée et se rapproche de la France et de ses voisins.
  • 1985 : Le gouvernement de Conté échappe à une tentative de coup d'État.
  • Fin des années 1980 : La Guinée s'ouvre au capitalisme occidental en déréglementant les investissements.
  • Décembre 1993 : Les premières élections pluripartites confirment Lansana Conté dans ses fonctions. Cependant, les violentes émeutes qui accompagnent les élections révèlent la fragilité de ce processus démocratique.
  • Juin 1995 : Les élections législatives, contestées par l'opposition, confirment l'hégémonie du parti présidentiel.
  • 1996 : Une mutinerie, frôlant le coup d'État, révèle la démoralisation de l'armée. La nomination comme Premier ministre de l'économiste Sydia Touré rassure les organisations financières internationales, mais n'arrive pas à entamer l'opposition des deux grandes communautés, les Peuls et les Malinkés, qui reprochent au président Conté de favoriser les Soussou, originaires, comme lui, du littoral.
  • Décembre 1998 : Lansana Conté est réélu avec 56 % des suffrages exprimés. Ces élections sont violemment contestées par l'opposition, et son représentant charismatique Alpha Condé (RPG) est mis en résidence surveillée. Voisine de la Sierra Leone, la Guinée accueille de nombreux réfugiés de ce pays en proie à la guerre civile, et subit parfois les incursions des rebelles.
  • 12 avril 2000 : Le procès d'Alpha Condé débute à Conakry.
  • Juin 2003: La France décore à titre posthume le tirailleur Hady Bah et une délégation de l'ambassade de France en Guinée se rend à Pelli Foulyabé (Prefecture de Pita) pour saluer la famille du tirailleur. Hady Bah est le fondateur d'un des premiers maquis vosgiens en 1940 et fut fusillé par les Allemand en 1943.
  • 26 au 27 octobre 2006 : Symposium sur les mines de la République de Guinée à Dusseldorf en Allemagne
  • 29 octobre 2006 : Révolte de femmes dans la préfecture de Kamsar pour protester contre la diminution des prestations sociales aux familles des travailleurs de l'usine de traitement de la bauxite de la Compagnie des Bauxites de Guinée
  • 30 octobre 2006 : Dans une interview accordée à des journalistes français, Lansana Conté annonce qu'il compte rester au pouvoir jusqu'à la fin de son mandat qui est prévu pour 2010
  • 6 novembre 2006 : L'ONG Transparency International classe la Guinée comme le pays africain ayant la plus forte perception de corruption.
  • Janvier 2007 : grève générale et émeutes dans les principales villes du pays.
  • 26 février 2007: le président Lansana Conté nomme Lansana Kouyaté premier ministre, avec des pouvoirs élargis.
  • 20 mai 2008 : Lansana Kouyaté est limogé par le président Lansana Conté qui nomme Ahmed Tidiane Souaré au poste de Premier ministre.
  • 22 décembre 2008 : Lansana Conté meurt des suites d'une "longue maladie".
  • 23 décembre 2008 : une junte se présentant sous le nom de Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) prend le pouvoir par un coup d'État, et le lendemain, Moussa Dadis Camara s'autoproclame président de la République.
  • 30 décembre 2008 : Kabiné Komara devient Premier ministre.
  • 28 septembre 2009 : la police ouvre le feu sur la foule manifestant contre la junte de Moussa Dadis Camara ; le bilan, variable selon les sources, serait de plusieurs dizaines de morts[1].
  • 3 décembre 2009 : Moussa Dadis Camara est blessé par son aide de camp.
  • 8 décembre 2009 : Le CNDD arrête 60 personnes pour avoir tenté de tuer Moussa Dadis Camara[2].
  • 3 juin 2010 : L'ONG la FIDH, l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'Homme et du citoyen (OGDH), 3 autres organisations guinéennes de victimes (AVIPA, AFADIS, AGORA) et 67 victimes se constituent parties civiles dans l'instruction judiciaire ouverte par les autorités judiciaires guinéennes sur les faits du massacre du 28 septembre 2009[3],[4].
  • 27 juin 2010 : premier tour de l'élection présidentielle.
  • 19 septembre 2010 : le second tour de l'élection présidentielle est reporté à une date ultérieure.
  • 28 septembre 2010 : pour le premier anniversaire du massacre du 28 septembre 2009, la FIDH, l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'Homme et du Citoyen (OGDH) publient un rapport[5] dans lequel ils dénoncent l'inertie de la justice guinéenne à poursuivre les auteurs du massacre et appellent le futur président à faire de la lutte contre l'impunité une priorité. Le cas échéant, les ONG et les victimes en appelleront à la Cour pénale internationale (CPI)[4].

En réponse, un des candidats à l'élection présidentielle, Cellou Dalein Diallo, leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), déclare lors de la cérémonie d'hommage aux victimes que, s'il est élu, il pense mettre en place une Commission vérité et réconciliation[6].

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Thomas O'Toole et Janice E. Baker, Historical dictionary of Guinea, Scarecrow Press, Lanham, Md., Toronto, Oxford, 2005 (4e éd.), LXVIII-288 p. (ISBN 0-8108-4634-9)
  • (fr) Odile Goerg, Commerce et colonisation en Guinée : 1850-1913, L'Harmattan, Paris, 1986, 431 p. (ISBN 2-85802-473-9)
  • (fr) Aly Gilbert Iffono, Lexique historique de la Guinée-Conakry, L'Harmattan, Paris, 1992, 234 p. (ISBN 2738412548)
  • (fr) Lansine Kaba, Le "non" de la Guinée à De Gaulle, Chaka, Paris, 1989, 190 p. (ISBN 2907768008)

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