Histoire De L'armée Romaine

Histoire De L'armée Romaine

Armée romaine

L'acmé territoriale de la civilisation romaine peut se déduire d'après cette carte animée.

L'armée romaine a permis à la Rome antique de dominer la Méditerranée du VIIIe siècle av. J.-C. au Ve siècle.

Sommaire

L'armée romaine entre le VIIIe s. av. J.C. et le IVe s. ap. J.C.

L'armée romaine des origines au IIe s. av. J.C[1]

Articles détaillés : légion romaine et marine romaine.

Au milieu du IIe siècle av JC, soit l'époque de Romulus, Rome semble s'entourer d'un rempart, fait de terre et de pierre. C'est peut-être de cette époque que date l'organisation de l'armée romaine. L'étymologie nous éclaire sur l'organisation de cette armée. En effet, le terme tribun dériverait du terme tribu. La population archaïque de Rome aurait été divisée en trois tribus, Ramnenses, Titienses et Luceres, chaque tribu serait divisée en dix curies qui chacune fournissait cent hommes armés. Le tribun serait donc le commandant d'un groupe de 1000 hommes provenant d'une même tribu. De plus, dès cette époque, chaque tribu fournissait 100 cavaliers, recrutés parmi les citoyens les plus riches, puisque chaque citoyen devait fournir son équipement militaire. L'étymologie peut expliquer également le terme legio, la levée, qui désignerait l'armée primitive composée de 3000 fantassins et 300 cavaliers.

L'organisation et l'équipement de l'armée romaine a dû s'inspirer des étrusques qui dominait l'Italie centrale. La tradition évoque trois rois étrusques qui ont régné successivement sur Rome : Tarquin l'Ancien, Servius Tullius et Tarquin le superbe, ce dernier aurait été renversé par les Romains en 509 av. J.C. Les étrusques organisaient leur armée sous forme de phalange hoplitique. Le combat hoplitique était apparu en Grèce au VIIIe siècle. Il s'agissait d'une formation de fantassins lourdement armés en rangs serrés. Les fantassins étaient armés d'un casque, d'une cuirasse, de jambières (ces 3 éléments étaient en bronze), d'une lance et d'une épée, mais également d'un bouclier rond qui protégait à la fois le côté gauche de celui qui le portait et le côté droit de son voisin de gauche. Cette organisation militaire coïncide en Grèce avec la formation d'armée civique. Cette forme de combat apparaît en Etrurie au VIIe siècle.

Servius Tullius, qui aurait régné sur Rome entre 578 et 534 avant notre ère, eut une influence considérable sur l'armée romaine, en introduisant un critère censitaire dans l'organisation de l'armée. Il cherchait à s'appuyer sur un corps civique plus large que l'aristocratie traditionnelle. La société romaine était divisée entre la classis (ceux qui pouvaient être appelés) et qui pouvait se procurer un équipement militaire et les infra classem (ceux qui n'étaient pas mobilisables). Le principe étant que ceux qui possédaient des biens, des terres la plupart du temps, étaient ceux qui avaient des obligations militaires. Au sein des mobilisables, seuls les iuniores, agés de 17 à 45 ans, partaient en campagne, les seniores, agés de 46 à 60 ans formaient une réserve. La légion comptait sans doute quatre mille fantassins, peut-être répartis en quarante centuries, soit dix centuries pour chacune des quatre nouvelles tribus topographiques créées par Servius Tullius : la Suburana, la Palatina, l'Esquilina et la Collina. Il aurait également augmenté les effectifs de la cavalerie en créant douze nouvelles centuries équestres qui vinrent s'ajouter aux trois premières qui avaient déjà été dédoublées, le total de la cavalerie aurait ainsi atteint mille huit cents hommes. Servius Tullius aurait également fait édifier une muraille en grand appareil autour de Rome. D'une superficie de 426 ha, elle devait englober des espaces non construits.

Pendant tout le Ve siècle, Rome subit la pression des peuples sabelliens mais elle est également en conflit contre certaines cités étrusques. Les combats étaient livrés dans un rayon de 50 km autour de Rome dont le territoire n'excédait pas 900 km2. La cité ressentit le besoin d'augmenter les effectifs de l'infanterie. Cela aurait abouti à la création d'une deuxième puis d'une troisième classe censitaire, regroupant les citoyens n'ayant pas les moyens de fournir l'armement complet d'un hoplite. Ceux de La deuxième classe possédaient une épée, un bouclier, une lance, des jambières et un casque. Ceux de la troisième classe étaient pourvus du même équipement sans les jambières. Le bouclier était de forme ovale afin de mieux protéger l'ensemble du corps dépourvu de cuirasse. La répartition des soldats en cinq classes apparut à l'époque républicaine, à partir du milieu du Ve siècle, même si des auteurs anciens l'attribuaient à Servius Tullius.

L'organisation manipulaire serait apparue lorsque Rome dut lutter contre les Samnites, un peuple sabellien. Le combat hoplitique se révèle inefficace contre un adversaire insaisissable qui évite le combat et dont le seul but est de faire du butin et non de contrôler un territoire. Cette nécessité au changement apparut plus manifeste après la défaite des romains face aux gaulois sur l'Allia en 390 av. J.C. Pendant les trois guerres samnites (343-341, 329-304, 298-290 av. J.C.) la légion aurait cessé de combattre en rang serré comme la phalange hoplitique. Elle aurait adopté une organisation plus souple, en étant divisée en manipules, elles-mêmes composées de deux centuries de soixante hommes (trente hommes dans un premier temps). Les manipules étaient disposées en trois lignes de bataille : les hastati armés d'une lance (hasta), puis les principes (qui doivent leur nom au fait d'être en première ligne dans la phalange hoplitique) et enfin les triarii (en troisième ligne). Ils étaient suivis par les rorarii (armés plus légèrement) et par les accensi, appelés et armés uniquement en cas d'urgence. L'articulation en petites unités qui s'entraînaient ou combattaient séparément ou ensemble permettaient une plus grande mobilité et une meilleure adaptation au terrain. Elle permettait aux trois lignes de combat de se relayer. L'adoption de l'organisation manipulaire conduisit au remplacement du bouclier rond par un bouclier rectangulaire, le scutum, très certainement emprunté aux gaulois, pour tous les fantassins. La légion ne désigne plus l'ensemble de l'armée mais une subdivision : en 362 av. J.C. on en compte deux puis quatre en 311, à raison de deux par consul, qui en exerçaient le commandement. Enfin, Rome conclut avec les peuples du Latium puis avec d'autres peuples de la péninsule des traités qui les obligent à fournir des contingents de soldats qui forment les ailes des alliés (alae sociorum) car ils étaient placés aux côtés des légions.

La naissance d'une armée permanente (Ier s. av. J.C.)

Vers -100, la Guerre des Cimbres et la Guerre de Jugurtha, et plus particulièrement la bataille sur l'Ebre (Espagne) en -109, ont eu une influence particulière tant sur la carrière de Marius que sur les importantes réformes des institutions et de l'organisation de l'armée.

En -107, les soldats sont regroupés en cohortes de 600 hommes divisées en trois manipules de deux centuries. Le premier manipule se compose des hastati (les plus jeunes), le deuxième des principes et le troisième des triariî (les plus anciens). Il y a 10 cohortes par légion. Chaque cohorte est divisée en 3 manipules, contenant chacune 2 centuries de 100 hommes (ce qui fait 6 centuries par cohorte); plus un peloton de cavalerie de 300 hommes divisé en 30 turmae contenant chacune 10 hommes, ce qui donne un effectif de 6300 hommes à la légion. Les troupes auxiliaires ne sont plus composées de simples mercenaires ou alliés temporaires mais sont des troupes permanentes. Les forces armées comportent divers corps, classés par ordre de prestige : garnison de Rome, armée de province (légion et auxilia, flotte).

L'armée romaine sous le haut empire

Article détaillé : Garde prétorienne.

L'armée romaine tardive. IIe s.- IVe s.

En 262, la réforme de Gallien interdit aux sénateurs de rentrer dans l'armée qui reste aux seules mains de l'ordre équestre. Gallien, la réorganise afin de créer des unités plus mobiles. D'autre part il se préoccupe de mieux utiliser les effectifs disponibles. Il constitue ainsi une armée mobile, le comitatus, en prélevant sur les légions des vexillations formées des éléments les plus aguerris. Une réserve de cavalerie est constituée en regroupant les pelotons de cavalerie affectés à chaque légion.

L'empire est divisé en régions militaires, plus promptes à réagir face aux menaces, et commandées par des comes rei militaris. La bataille d'Andrinople où meurt Valens en 378 marque l'avènement de la cavalerie, avènement militaire de l'époque médiévale. Lors de ce siècle dite des Grandes invasions (identifiable de 376 à 476, lire la chronologie), les autorités romaines passent graduellement d'une situation de domination liée à des victoires sur les lètes / laeti, sur le plan individuel, à une faiblesse du pouvoir devant des peuples entiers qui deviennent fédérés de Rome. La bataille des champs Catalauniques contre l'empire hunnique est la dernière où ces potentats, dotés d'un commandement propre, s'aligneront sur une direction des opérations émanant de Rome. Le roi ostrogoth Théodoric le Grand tombe sur les champs. Ensuite, les peuples germaniques joueront leur propre jeu dans une dynamique d'expansion de leur royaume.

L'organisation des armées

Liste des troupes

Funditores sur la colonne de Trajan

L'armée s'est composée de nombreuses troupes différentes au cours de son histoire aux noms aussi divers que :

La défense civile

La légion romaine

Article détaillé : Légion romaine.

La cavalerie romaine

La cavalerie est initialement et uniquement composée de riches prétoriens, qui forment une sorte d'aristocratie financière, ce sont les chevaliers romains. Après la réforme d'Auguste, les membres de cet ordre occupent, pour les époques suivantes, les postes d'officiers et de hauts- fonctionnaires. Inférieure sur de nombreux points aux cavaleries barbares, l'essentiel de la cavalerie romaine est constitué d'auxiliaire. Elle était principalement utilisée pour briser les rangs ennemis afin de donner un avantage à l'infanterie.

Au début de l'Empire, la cavalerie fut organisée en unités (aile ou latin :alae car elle se situait traditionnellement aux ailes des légions) de 500 hommes puis de 1000 hommes à la fin du Ier siècle. Ces alae étaient divisées en turmae de 30 à 40 hommes commandée par un décurion. Les alae étaient commandées par des préfets.

La cavalerie romaine se compose de 4 corps différents :

  • les cohortes mixtes Cohors equitata (1/4 de cavaliers pour 3/4 de fantassins, combattants mêlés)
  • la cavalerie légionnaire (120 à 300 citoyens) incluse dans chaque légion
  • la cavalerie des ailes (engagés volontaires citoyens et provinciaux) (Cohors alae)
  • les corps indigènes Cohors tumultuaria (unités qui ne sont pas permanentes).

Dès le règne d’Hadrien, Rome se constitua une cavalerie de fédérés cataphractaires sur le modèle de celle des Alains et les arma en clibanarii. Ils portaient une cuirasse d’écailles complétée par des défenses de bras et de jambe composées de segments de cylindre emboîtés les uns dans les autres (origine parthe mais aussi employé par les gladiateurs romains) et par un casque à visage dont le timbre était monopièce.

Par la suite l’empire Romain installa d’autres troupes de cataphractaires sur son territoire. Toujours en tant que fédérés, et principalement en Orient (future Byzance).

Article connexe : Maître de cavalerie.

La flotte

Article détaillé : Marine romaine.

La vie du soldat romain

Le recrutement

Sous la république, le cens était un dénombrement qui servait de base au recrutement, à la délimitation des droits politiques, au calcul des impôts. Les jeunes espoirs romains (jeunes patriciens) et les Étrusques ou les italiques d'Ethnie ayant porté les armes contre Rome n'ont pas le droit d'entrer dans l'armée.

Jusqu'en -107, les troupes étaient constituées par convocation, une fois l'an, des petits propriétaires, qui avaient les moyens de s'acheter leur équipement de légionnaires et constituaient une armée de guerriers-citoyens. Après la Réforme marianique, toujours en respectant l'idéal civis et miles, l'armée devient une armée de professionnels, encline à défendre ses intérêts qui coïncident avec ceux de leur général. Le recrutement se généralise, même si certaines unités restent mono-ethniques (italiques pour les cohortes urbaines, germaniques pour certaines troupes de cavalerie…). Désormais, les non-possédants, les proletarii, peuvent être engagés sur la base du volontariat. Les esclaves ne sont engagés qu'en cas d'urgence. En cas de nécessité, les conscriptions exceptionnelles ou dilectus sont toujours possibles. Auguste donne son statut légal à l'armée par la Charte militaire (conditio militiae) et promulgue le décret de la loi lex aerarium militare pour la mise en place d'une allocation d'État aux vétérans de guerre, financée d'une part par le nouvel impôt de succession (5%) et d'autre part par la caisse privée des empereurs.

Les prétoriens s'engagent pour 16 ans, les plébéiens pour un service de 20 ans, 25 pour les auxiliaires 26 à 28 pour les marins. Mais certains soldats servent 30 ou 40 ans avant de recevoir le congé honorable (honesta missio). Les congés n'ont lieu que tous les deux ans. Cela assure à la fois une armée nombreuse de vétérans bien formés. Les troupes auxiliaires, elles, sont dues par les états ou peuples inféodés. Les soldats prêtent allégeance au généralissime.

La vie de troupe

Après la réforme de Marius, la troupe recevait la solde (sesquiplex stipendium). Les auxiliaires étaient moins bien payés que les légionnaires eux-mêmes moins bien payés que les Prétoriens. Sous Jules César les légionnaires recevaient 225 deniers par mois, contre 300 pour un prétorien. Domitien les augmenta et elle passa à 300 pour les légionnaires. Sûrement à cause de l'inflation durant le second siècle, Septime Sévère la passa à 500 pour le légionnaire et dont une partie a pu être versée en nature. D'autre part, suivant son grade, chaque soldat avait le droit à une part de butin en cas de victoire militaire. Il pouvait également espérer des primes exceptionnelles pour des événements importants, le donativum.

Enfin, le logement était assuré en caserne et par les populations des pays traversés en campagne. Ce dernier avantage, appelé hospitium était souvent pris de force. Septime Sévère autorise, en fait entérine une situation de fait, les soldats à vivre en famille dans les camps.

La discipline était rude. Les règles visaient à casser les récalcitrants. De nombreux légionnaires vouaient un culte à la déesse mineure Disciplina qui devait les aider à vivre une vie de vertu, frugalité, loyauté et sévérité.

  • Les peines mineures
    • Castigatio : violence de la part d'un centurion ou du staff animadversio fustium
    • Réduction de ration
    • flagellation flagrum (flagellum, flagella) en face de la centurie, cohorte ou légion
    • Pecunaria multa : réduction de la solde
  • Les peines majeures
    • Fustuarium tabassage public violent qui entraînait souvent la mort. Les survivants étaient bannis de Rome.
    • Décimation Une peine appliquée à toute une unité (légion, cohorte) qui était jugée responsable d'une défaite.

La discipline et l’entraînement des légions se manifestent également dans ses déplacements, et notamment dans ses cadences de marche. Cette rapidité de déplacement (inégalée jusqu'à la Révolution française) donne de grands avantages opératiques à la légion romaine : elle permet de réunir deux fois plus de troupes que l'ennemi en un endroit déterminé, avant qu'il puisse réagir. Sous l’Empire, pour les légionnaires, cette cadence est possible grâce à un entraînement (ambulatura) ayant lieu au moins trois fois par mois, à date fixe (quel que soit le temps).

L'alimentation du soldat est frugale, elle est à base de blé. Le repas type se compose de pain (1kg par jour), parfois de fromage et d'un 1/2 l de vin (i.e. du vinaigre mélangé à de l'eau).

  • Les récompenses militaires
    • pour les soldats et les officiers: habituellement ils reçoivent des décorations comme des bracelets, des colliers, ou des médailles phalerae et surtout des couronnes décernées pour des actions d'éclat:
  • la couronne murale (corona muralis) donnée à un soldat ayant franchi le premier le mur d'une place forte*
  • la couronne vallaire (corona vallaris) donnée à un soldat ayant pris le premier un retranchement
  • la couronne civique (corona civica) donnée au soldat ayant sauvé la vie d'un citoyen romain
  • la couronne de gazon (corona graminea) donnée à un officier supérieur ayant délivré une armée en péril ou une ville investie.
    • pour les généraux:
  • le titre d'imperator
  • des actions de grâce (supplicationes)
  • des ovations (ovationes): entrée solennelle dans Rome du vainqueur qui immole une brebis, le front ceint d'une couronne de myrte
  • des triomphes: entrée solennelle dans Rome du vainqueur assis sur un char doré et vêtu d'une toge pourpre brodée d'or, tenant un septre d'ivoire et la tête ceinte d'une couronne de laurier, précédé du butin et des prisonniers et suivi de l'armée victorieuse.

Le retour à la vie civile

Après la réforme de Marius, on appelle vétérans les soldats ayant fini leurs années de service. L’Evocatus est le réengagement. Les soldats recevaient un « diplôme militaire », c'est-à-dire la copie d’une loi impériale affichée dans Rome, reconnue conforme par sept témoins. Ces documents sont constitués par deux tablettes de bronze attachées l’une à l’autre par des fils de métal puis scellées par les témoins. Elles portaient le même texte et accordaient des privilèges au bénéficiaire, notamment le conubium : une loi légitimait l’union qui a été conçue pendant le service et qui était officiellement illégale. En cas de contestation, on brise les sceaux et il est possible de vérifier que les deux textes sont semblables. Les auxiliaires des armées des provinces peuvent aussi en avoir. En outre suivant son grade, celui-ci avait le droit à une exemption de charges civiques, et à une prime équivalente à une dizaine d'année de service. Avec cet acte, il reçoit aussi, ainsi que sa femme et ses enfants, la pleine citoyenneté. Ce point semble avoir été important pour le recrutement car, en 212, lorsque l'obtention de la citoyenneté est généralisée par l'édit de l'empereur Caracalla, les effectifs de l'armée ont diminué. Les vétérans deviennent de petit propriétaires fonciers, d'autres artisans et commerçants, rares sont ceux qui ont pu s'investir dans la vie publique locale. À la fin de leur année de travail, ils sont récompensés pour l'effort fourni.

En outre, il recevait une prime qui a été de 3000 deniers pour un légionnaire sous Auguste ou un lopin de bonne terre (choix le plus fréquent). Plus tard sous Caracalla pour ce même légionnaire, la praemia augmente à 5000 deniers.

Le titre de veteranus Augusti est postérieur à Auguste et désigne les anciens prétoriens.

L’équipement

Avant la réforme marianique, dans la légion, on ne distribue ni armes ni vêtements, chacun s'équipant selon sa fortune. Les riches ont la lance et la longue épée, le casque, la cuirasse, les jambières de métal et le clipeus (bouclier rond en bronze). Les marins, surement en raison des difficultés de recrutement, sont équipés et cela depuis la création de la marine.

Plus tard, officiers et soldats recevront le sagum (sorte de casaque ouverte attachée par une agrafe), des « godillots » (caligae) et un casque de métal (cassis). Les armes sortent d'ateliers publics. Voir :

Protections Équipements Armes Individuelles Armes de siège
Article détaillé : Armement antique.

La hiérarchie

Article détaillé : Grades de l'armée romaine.

Dans la cavalerie, les escadrons sont menés par des préfets et sont divisés en décuries commandées par des décurions. Les troupes des alliés sont toujours sous les ordres de préfets ou tribun. L'Evocati est un grade honorifique.

Les grades militaires

  • Les centurions, une soixantaine par légion suivant les époques, à la tête des centuries, portent le grade maximum pouvant être atteint par un simple soldat. Les centurions sont en majorité issus de la troupe.
Troupe prétoire Marine Cavalerie
  • Le primus pilus
  • Le pilus prior
  • Le trecenarius
  • Le princeps castrorum
Non applicable
  • L'Optio sous officier choisi par le centurion pour le seconder sur une tache précise.
  • Le principales, sous officier pouvant avoir des spécialités d'état-major : cornicularius, librarius, etc. ou de terrain (instructeurs, arpenteurs)
  • Le décurion
  • immunes soldat exempté de corvée
  • miles gregarius simple soldat

Le commandement

Centurion dans une reconstitution historique

L'organisation des officiers supérieurs varie selon les époques. D'autre part il existait un service civil qui permettait, d'une façon moins régulière, d'acquérir ces grades. Voir Institutions de la République romaine.

Sous la Monarchie romaine, quand il n'y avait que trois tribus (selon la légende des Ramnes, des Tites et des Luceres), chacune d'elle était dirigé par un tribun, qui pouvait avoir un commandement militaire. Le Tribunus celerum était, selon certains historiens, le commandant de la garde personnelle du roi (latin : Rex), les celeres. À cette époque, l'armée, d'inspiration grecque, est constituée de phalanges.

Sous la République, l'armée est dirigée par un général (dux) qui a l’imperium c'est-à-dire le pouvoir militaire. Il porte un grand manteau rouge (paludamentum). Il est assisté de légats (Legato Est Otium), d'un questeur-intendant, et de tribuns militaires élus. Voir Institutions de la République romaine.

Sous l'Empire, les officiers supérieurs et les généraux sont issus des ordres privilégiés de la société. Le commandement d'une légion ne peut être assumé que par un magistrat ou un ancien magistrat ; le légat de légion est nommé par l'empereur parmi les anciens préteurs. Le cursus des chevaliers commence toujours par des fonctions militaires (préfet de cohorte, tribun militaire) avant d'accéder à des fonctions civiles.

Les officiers supérieurs suivent un cursus très particulier dépendant de l'affectation. Une trame cependant peut être notée :

  • l'Empereur est le généralissime.
  • le rôle de Préfet est assumé par les personnalités les plus importantes donc riches de Rome.
    • Préfet de camp : qui administre plusieurs régions,
    • Préfet d'ailes de cavalerie quingénaire ou milliaire, flottes.
  • le Légat de légion est issu du sénat ou de l'ordre des chevaliers qui administre une légion.
  • les tribuns militaires sont six par légion, un sénateur (laticlave) et cinq chevaliers (angusticlaves).

Septime Sévère fait du centurionat un échelon préparatoire normal de la carrière équestre, ce qui ouvre des débouchés nouveaux à l'élément militaire dans la carrière administrative. L'ordre équestre, auparavant recruté surtout parmi les notables des cités, est maintenant l'émanation directe de l'armée.

Le bas Empire est divisé en régions militaires, plus promptes à réagir face aux menaces, et commandées par des comes rei militaris.

Les modes de combat

Stratégies

La discipline dans l'armée était de fer (voir Décimation) et les séances d'entraînement longues et régulières. La rapidité, grâce à cet entraînement, grâce aux voies romaines et au transport maritime, a pu donner à l'empire un avantage tactique important. Rome a considéré vitales ses voies maritimes car d'une part la maîtrise des voies terrestres était beaucoup plus difficile à obtenir que la maîtrise des mers et dès lors, du moment où la mer est contrôlée, d'une part la survie des troupes est certaine, d'autre part Rome ne s'affame pas. Cela explique la rapidité de toutes les interventions contre les coups d’État qui menacent les liens Égypte-Rome ou Afrique-Rome, par conséquent maritime. La grandeur de l'empire va également poser des problèmes, aussi le Cursus publicus, service de poste impérial, souvent dirigé par les premiers bénéficiaires c'est-à-dire les militaires, est créé par Auguste.

Face aux grandes invasions et à la plus grande importance de la cavalerie, Rome a dû s'adapter en créant davantage de plus petites légions et en les éparpillant le long de ses frontières.

Les stratégies défensives romaines
ÉPOQUE DÉFENSE COMMANDEMENT
République romaine 509-27 av. J.-C. En avant : l’envahisseur est d’abord combattu sur un territoire allié ou neutre par une armée venue de Rome ou de la Péninsule Déconcentré : consuls et proconsuls commandent les armées expéditionnaires
Haut-Empire 27 av. J.-C.-284 ap. Frontalière : les frontières sont surveillées par un cordon de légions et d’auxiliaires dans des forts et des tours, le long d’obstacles naturels, d’un mur ou d’une palissade (limes). Quelques expéditions de représailles en avant Centralisé : L’empire laisse aux Légats de légions le soin d’éteindre les incursions mineures mais intervint pour les campagnes d’envergure et distribue les légions sur les frontières
Bas-Empire - Tétrarchie 284-324 Idem que pendant le Haut-Empire Décentralisé : L’empire est divisé en 4 théâtres d’opérations commandés par 4 généraux empereurs installés aux frontières. 1 Auguste et 1 César en Occident et en Orient
Bas-Empire - Dominat 325-395 En profondeur : des gardes-frontières signalent les incursions qui sont arrêtées en arrière par des troupes mobiles. Quelques expéditions de représailles en avant Centralisé 325-364/394-395, Décentralisé 364-394. Un empereur en Occident et en Orient
Bas-Empire - Patriciat (Occident) 395-476 Régionale : des peuples fédérés sont installés aux frontières ou à l’intérieur de l’Empire. Un cordon de gardes-frontières subsiste. Des milices d’autodéfenses se créent. Un patrice rassemble localement fédérés, mercenaires et troupes d’élite. Décentralisé : En Occident, un empereur et des régions sous contrôle de peuples fédérés. En Orient, un empereur.

Les tactiques

Les unités et sous unités tactiques ont évolué au cours du temps. On trouve cependant :

Dans la Légion, au début de la république, chaque Contubernium possédait deux hommes support de troupe.

Les trois tactiques les plus utilisées sont pour les légions :

  • le carré : pour la préparation, la revue de troupes, chaque cohorte se place en carré parfait. Cela sert aussi à supporter une charge dans les cas extrêmes (Yianua Aquam Kapiunt).
  • le triangle : pour charger au petit trot, ou pour marcher en enfonçant les troupes de l’ennemi.
  • la tortue : chaque légionnaire place son bouclier devant lui, au-dessus de lui ou sur son côté selon sa position de sorte que la formation soit entièrement protégée.

L’optio de chaque centurie, posté à l'arrière, empêche les soldats des légions de fuir.

Les places fortes et les fortifications

Reconstitution du limes

Les Romains avaient construit une série de places fortes sur le Danube.

Les casernes

Article détaillé : Camp romain.

Rome

Jusqu'à Auguste, aucune troupe n'avait le droit de rentrer armée à Rome. Tibère vers 21, 23, réunit les casernes autour de Rome dans un seul camp, le Camp prétorien (Castra Praetoria), sur le Viminal entre le Viminal, le Caelius et les Esquilies, aux portes de la ville.

Les equites singulares Ausgusti ont occupé deux établissements successifs, les castra priora et les castra nova. Les frumentaires, à défaut des pérégrins, sont installés dans les castra peregrina. Les marins ont également leurs castra, castra Misenatium près du Colisée et castra Ravennatium quelque part dans le Transtévère. Il ne semble pas, que les vigiles aient un grand camp. Bien au contraire, pour qu’ils puissent bien remplir leur mission, il leur faut se trouver à proximité des quartiers à défendre contre le feu, et ils occupent dont sept excubitoria. Tous ces sites militaires finissaient par quadriller la Ville, ce qui modifiait son aspect et permettait un maintien de l’ordre au moins relatif. Le campus ou terrain d’exercice, constitue un élément non négligeable et original du paysage urbain. Son existence est attestée par Tacite et par Dion Cassius. Nous savons qu’il est utilisé à la fois par les cohortes prétoriennes et par les cohortes urbaines. Il occupe sans doute le vaste espace qui s’étend entre le camp (castra) des prétoriens et le mur servien. Dans cet endroit ont été trouvés des dédicaces, des autels et des chapelles, également des latrines, un débit de boissons (une « osteria »), un dépôt d’amphores et une adduction d’eau.

Les Castra Priora sont un grand édifice de forme analogue au Camp prétorien, quoique de taille moindre. Les Castra Nova ou Severiana sont bâtis par Septime Sévère lorsqu'il augmente l'effectif de la garnison de Rome d’equites singulares.

Les camps font partie intégrale de la vie de Rome. Et même après la fin de leur service, les soldats peuvent participer encore à cette vie.

Dans l'Empire

La marine utilisait des ports citadins comme Ostie et casernait ses troupes en ville. De nombreuses villes sont connues ou réputées pour avoir été fondées, à tort ou à raison, par des légions romaines. Les plus grande villes, surtout celles ou un port militaire est implanté, possède une cohorte de vigiles urbani.

Commencée sous Dioclétien (à la suite de la crise du IIIe siècle), et parachevée par Constantin Ier, la réforme de l'armée allait aboutir, vers 320 à la création des Limes. On distingue depuis les limitanei, pseudocomitatenses et Comitatenses.
Les limitanei ou ripenses sont sur les frontières. De nombreuses unités sont réparties le long du limes, à faible distance de la frontière, à l'exception de la VII Gemina isolée en Tarraconaise à Legio et de la IIe Parthica à Albanum. Les limes étaient commandés par des Dux. Les pseudocomitatenses, sont des troupes plus mobiles, qui servent en seconde ligne derrière les limitanei. Les limitanei vivaient casernés et dans des conditions difficiles comparés au Comitatenses, les soldats des villes. Ceci affectera la discipline et le moral de l'armée.

Les unités comitatenses sont les unités éparpillées dans l'Empire. Il existe trois régions :

Magister Peditum (Afrique du Nord, Galice et Italie) ;
Magister Militum per Orientem (Gaule, Germanie, Yougoslavie) ;
Magister Militum per Thracias (Asie Mineure).

Voir aussi

Bibliographie

  • Notitia Dignitatum, document romain de la fin de l'Empire.
  • Émile Wanty, L’Art de la guerre 1, Marabout Université, 1967.
    • L'armée romaine sous le Bas-Empire, Paris, éd. Picard, 2006, 256 pages.
  • Nacéra Benseddik, « La ferme Romanette, Aïn Benia, Aïn bent Soltane : fortins ou fermes fortifiées », XIIth Intern. Congr. of Roman Frontier Studies, Stirling, 1979, B.A.R., 1980, p. 977-99.
    • « Les Cimbriani à Sétif », Actes du Ier Coll. Intern. sur l'Hist. et l'Arch. de l'Afrique du Nord, Perpignan 1981, CTHS, 17b, 1981, p.363-369.
    • Les Troupes auxiliaires de l'armée romaine en Maurétanie Césarienne sous le Haut-Empire, Alger 1982.
    • « Limes » dans E. Ruggiero, Dizionario Epigrafico di Antichità Romana, IV,43/3-43/4, Roma, 1985, p. 1376/47 - 1376/67.
    • « P. Aelius Peregrinus Rogatus et la praetentura de Maurétanie Césarienne », dans Les Frontières et les limites géographiques de l’Afrique du Nord antique, Centre de Recherche sur l’Antiquité Tardive et le Haut Moyen Age, Paris, mai 1997, p. 89-107.
  • Christine Handoume, Les auxilia externa africains des armées romaines : IIIe siècle av. J.-C.-IVe ap. J.-C. Montpellier : Université Paul-Valéry – Montpellier-III, 1999, 280 p. (ISBN 2-84269-335-3).
  • Yann Le Bohec, L'Armée romaine sous le Haut-Empire. Paris : Picard, 2005, 292 p., 3e édition revue et augmentée (ISBN 2-7084-0744-9).
    • Les Unités auxiliaires de l'armée romaine : en Afrique proconsulaire et Numidie sous le Haut-Empire. Marseille : éd. du CNRS, Col. Études d'antiquités africaines, 1990, 224 p. (ISBN 2-222-04239-9).
  • Edward N. Luttawk, La Grande stratégie de l'empire Romain, Economica, 1987, (ISBN 2717812695).
  • Compte-rendu de fouilles effectuées par le CNRS sur les sites de camps romains, cahier 1 et cahier 2.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Cosme, Pierre, L'armée romaine. XXXXe s. av. J.C. - Ve s. av. J.C., Armand Colin, Paris, 2007.
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