- Speculatores
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Terme dérivant du verbe latin speculare, observer, par lequel on désigne en général tous ceux qui jouaient le rôle d'éclaireurs ou d'espions, mais plus particulièrement un petit nombre d'hommes attachés à chaque légion romaine, dont le devoir était de se procurer des renseignements sur le nombre et les mouvements de l'ennemi, pour transmettre ses ordres aux différents corps de l'armée.
Sommaire
Origine
Sous la république, les termes de Speculatores et Exploratores étaient indifféremment utilisés pour désigner les éclaireurs, guetteurs, agents clandestins et unités de reconnaissance de l'armée romaine. Il s'agissait d'hommes ou d'unités régulières affectés à ces missions.
A la fin de la République ou au début de l'Empire, le terme Exploratores désignera les unités utilisées pour la reconnaissance en profondeur, à la recherche de l'ennemi, tandis que celui de Speculatores désignera les hommes utilisés pour guetter, observer le camp de l'ennemi voire s'y introduire clandestinement. César parle d'eux dans la Guerre des Gaules. Les exécuteurs qui tuaient les hommes proscrits par les triumvirs étaient des speculatores. Marc Antoine regroupa ses speculatores en une cohorte spéciale.
Hommes de confiance, ils furent également utilisés comme messager pour diffuser les renseignements obtenus.
Les Speculatores agissaient par petit nombre. Quelque fois par deux voire seul.
Organisation
Chaque Légat de Légion, sous l'empire, devait avoir dix Speculatores dans son état-major (mais ils restaient toujours inscrits dans la liste de leur centurie d'origine). On en trouvait également dans les états-major des Tribuns commandant des unités auxiliaires. De même qu'il en existait à Rome dans la garde prétorienne (voir ci-dessous, Speculatores Augusti). Les Légats gouverneur de province disposaient de détachements de Speculatores. Il existaient aussi des unités indépendantes dite d'explorationes.
Les speculatores étaient armés d'une épée et d'une lance.
Speculatores Augusti[1]
Sous l'empire, on donnait ce nom à un corps d'hommes d'élite uniquement attachés à l'empereur, qui lui servaient de gardes et marchaient devant lui. Ils étaient issus des cohortes prétoriennes.
Les speculatores augusti étaient des cavaliers affectés aux mêmes tâches que les sepculatores des légions et unités auxiliaires.
Au nombre de plus ou moins 300 (30 par cohorte prétorienne), ils constituaient une unité au ordres du premier des centurions prétoriens, le trecenarius.
Choisis pour leur physique impressionnant, ces hommes de confiance, l'empereur les utilisa aussi pour des activités clandestines telles que l'arrestation, l'emprisonnement de suspects et l'exécution de condamnés. L'une de leur missons auprès de l'empereur consistait à accompagner celui-ci lors de ses déplacements extérieurs (mission qui sera reprise plus tard par les Equites Singulares Augusti). Claude avait l'habitude de s'entourer de Speculatores lorsqu'il assistait à des dîners.
Les gardes du corps de Galba, d'Othon et des Flaviens semblent avoir été des Speculatores (en remplacement des gardes germains supprimés par Galba). Mais c'est aussi un speculator qui assassina Galba.
A la suite de l'assassinat de l'empereur Domitien, son successeur Nerva, pour contrer d'éventuelles vengeances ou mutineries, se mit sous la protection de Trajan, commandant de la plus importante armée de l'époque, celle de Germanie, en le désignant comme son héritier. C'est sans doute à la suite de cela que Trajan, pour renforcer sa sécurité par rapport aux Speculatores restés fidèles à Domitien, remplaça ceux-ci comme garde du corps par les equites singulares augusti (constitué sur le modèle des singulares des gouverneurs provinciaux, poste alors occupé par Trajan). Les quelques 300 Speculatores seront réaffectés par Trajan au sein des cohortes prétoriennes (voir, pour l'ensemble de ce paragraphe, Y. Le Bohec, L'armée romaine, Picard,1989, ISBN : 2-7084-0744-9).
Ils étaient apparemment distingués par une forme particulière de botte de forme inconnue, la speculatoria Caliga (selon Suétone) et ils ont reçu des diplômes honorifiques spéciaux en bronze à leur démobilisation. Ils avaient leur propre instructeur d'équitation (exercitator) (voir Dr Boris Rankov, The Praetorian Guard, Osprey Publishing, 1994, ISBN : 978 1 85532 361 2).
Utilisation[1]
Ier siècle après J.-C.
Avec le développement du Cursus publicus par l'empereur Auguste et Agrippa, les Speculatores (surtout ceux de la garde prétorienne) seront de plus en plus utilsés comme messager.
L'empereur utilisera de plus en plus les Speculatores Augusti comme service de sécurité et les chargera des basses besognes (arrestation, emprisonnement, élimination des opposants ...).
Les Légats gouverneur de province les utiliseront aussi pour leur sécurité lors de leurs déplacements dans leur juridiction. De même, les militaires fournissant nombre de personnels administratifs, les speculatores furent utilisés comme officiers de justice pour les arrestations et surveiller les prisons civiles des provinces. Ils faisaient également parties des soldats (avec les beneficiarii et les frumentarii) qu'on utilisaient pour occuper les postes disséminés le long des routes en Italie et dans les provinces. Enfin, ils faisaient office de police pour protéger la collecte des impôts et le recouvrements des dettes.
Ils étaient éclaireurs, ils devinrent courriers, officiers de justice et bourreaux[2].
Les Sepculatores Augusti, qui assuraient dèjà des escortes de l'empereur lors de ses déplacements, semblent avoir été les gardes du corps de Galba, Othon (qui durent leur proclamation comme empereur à la garde prétorienne) et des Flaviens à la place de la garde germanique (supprimée par Galba).
La multiplication de ces nouvelles tâches est à l'origine de l'abandon par les Speculatores des missions de reconnaissance tactique (renseigner le commandement sur les mouvements de l'ennemi) qui furent reprisent par les Proculcatores.
Fin du Ier siècle et IIe siècle après J.-C.
A la fin du Ier siècle, les Speculatores se virent retirer certaines de leurs nouvelles fonctions :
Commode leur enleva d'abord les missions de messagers du Cursus publicus au profit des Frumentarii (de même que la collecte des impôts). Dont le corps était centralisé à Rome sous l'autorité de l'empereur. Les Légats gouverneur de province se virent ainsi privé de leurs Speculatores qu'ils remplacèrent, pour les missions d'escorte, par les Singulares.
Après l'assassinat de Commode, afin de se prémunir contre un pronunciamento de la garde prétorienne, le nouvel empereur Nerva se mit sous la protection de la plus important armée en désignant son commandant, Trajan, comme son héritier. Celui-ci, pour la même raison, enleva aux Speculatores Augusti la mission de garde du corps de l'empereur au profit d'un nouveau corps inspiré des Singulares des Légats de province : les Equites Singulares Augusti. Les Speculatores Augusti furent distribués entre les différentes cohortes prétoriennes. Les Légats propréteurs de légion céssèrent aussi de les utilser comme gardes au début du 2è siècle et les remplacèrent par des Singulares.
A partir de ce moment et au IIe siècle, les Speculatores ne furent plus utilisés que pour leurs anciennes fonctions de guetteurs, éclaireurs et agents clandestins.
Au cours du IIe siècle, ils constituèrent des unités dite d'explorationes, affectés au côté d'un nouveau type d'unité d'exploratores pour en renforcer la sécurité. Ces dernières devant opérer loin en avant du Limes.
Des unités de speculatores furent créées le long de la frontière en Afrique. Deux de ces unités se trouvaient près d'El Kantara en Algérie : le burgus speculatorum Antoninianorum et le burgus Commodianus speculatorius. Ils s'occupaient des tours de guet.
Au Bas-empire
Les Speculatores existent toujours et exécutent les mêmes tâches depuis le IIe siècle : rechercher l'ennemi à quelques jours de l'unité (en déplacement ou en cantonnement) à laquelle ils sont affectés.
Ils transmettaient des informations sans utiliser les réseaux signalétiques habituels de la légion.
Lien externe
Notes
- ISBN 978-2-251-38102-2), pages 230 à 234 pour la version française Rose Mary Sheldon, Intelligence Activities in Ancient Rome, 2005, (
- ISBN 2-7084-0744-9) Y. Le Bohec, L'armée romaine, Picard, 1989, (
Catégories :- Armée romaine
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