- Tarquin le Superbe
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Tarquin le Superbe Titre 7e roi de Rome 535 – 509 av. J.-C. (~26 ans) Prédécesseur Servius Tullius Successeur Avènement de la République
ou PorsennaBiographie Dynastie Étrusque Nom de naissance Lucius Tarquinius Superbus Date de décès 495 av. J.-C. (Cumes) Père Tarquin l'Ancien Mère Tanaquil Conjoint Tullia I puis Tullia II Enfants Titus Tarquin et Arruns Tarquin
Sextus Tarquin et Tarquinia
Liste des rois de Rome
Série Rome antiquemodifier Tarquin le Superbe[1] (Lucius Tarquinius Superbus en latin), fils de Tarquin l'Ancien et beau-fils de Servius Tullius, fut le septième et dernier roi de Rome. Il régna de 534 av. J.-C. au 24 février 509 av. J.-C., et mourut en 495 av. J.-C..
Le dernier roi de Rome est un concentré de négativité : il fera figure de repoussoir, à la fois moral et politique. Cependant, l'histoire est écrite par les républicains et le renversement de la monarchie profita surtout aux patriciens de Rome[2]. De nombreux historiens modernes discutent en totalité ou en partie l'historicité du récit du renversement de la royauté[3],[4],[5].
Sommaire
Le récit traditionnel
Jeunesse
Fils ou petit-fils de Tarquin l'Ancien, Lucius Tarquinius et son frère Arruns Tarquinius sont mariés aux filles de Servius Tullius, le roi pensant ainsi se prémunir contre les risques de complot dont avait été victime son prédécesseur, Tarquin l'Ancien[6].
Or Tullia, l'ambitieuse épouse d'Arruns, ne tarde pas à tromper son paisible mari (et au mépris de sa propre sœur) avec Lucius, son beau-frère. Ce ménage dura quelque temps, Tullia communiquant sa folle ambition au jeune Tarquin, puis les deux époux encombrants disparurent opportunément. Devenus libres, les deux amants maudits purent donc s'épouser, malgré la désapprobation du père/beau-père[7].
Renversement de Servius Tullius
Poussé par sa femme, Tarquin entreprend alors de faire reconnaître ses droits sur le trône : il cherche appui auprès des sénateurs, puis forme une escorte de jeunes gens avec laquelle il envahit le forum. Il crée du tumulte puis s'assoit sur le trône du roi[8]. Servius intervient, furieux. Pris de court, Tarquin le saisit par la taille et le jette au bas des marches, avant de le faire assassiner par ses gardes. Tite-Live raconte que, rentrant chez elle, Tullia aurait roulé sur le corps ensanglanté de son père[9] avec son char à deux roues (carpentum).
Un véritable tyran
Maître du trône par un crime (534 av. J.-C.), c'est par des violences sans fin qu'il prétend s'y maintenir. Il commence par interdire qu'on ensevelisse son beau-père et liquide les sénateurs qui avaient soutenu Servius Tullius[10] :
« Craignant que l'exemple qu'il avait donné en s'emparant injustement du pouvoir ne se retourne contre lui, il se fit accompagner d'une garde armée : c'est par un coup de force en effet qu'il avait acquis le pouvoir, sans passer par les suffrages populaires ou l'avis du Sénat. Il ne pouvait pas davantage espérer l'amour de ses sujets et ne devait compter que sur la terreur pour asseoir son autorité. Pour augmenter son effet, il instruisait seul et sans consulter personne les causes capitales ; sous ce prétexte, il tuait, envoyait en exil, condamnait à la confiscation des biens les suspects, ses ennemis ou même ceux dont il n'avait rien à attendre que les dépouilles.
Ses coups frappaient surtout le Sénat : il élimina beaucoup de membres et décida qu'ils ne seraient pas remplacés afin d'affaiblir l'ordre : privé de son prestige, il s'indignerait moins de n'être plus consulté sur rien »— Tite-Live, Histoire romaine, I, 49
Sans cesse en guerre contre les Latins, il élimine ses opposants par la ruse (Turnus Herdonius d'Aricie)[11], il triomphe des Volsques et s'empare de Suessa Pométia puis de Gabies sans coup férir, grâce à une trahison de son fils, Sextus Tarquin[12]. Le roi fait alors la paix avec les Èques et renouvelle le traité avec les Étrusques. Il abolit la Constitution de son prédécesseur, mais termine les grands travaux (égouts, etc.), réorganise l'armée et construit sur le Capitole un temple dédié à Jupiter[13].
Instauration de la République
Sextus, aussi violent que son père, tombe amoureux de Lucrèce, femme d'un de ses parents et général, Tarquin Collatin, et la viole[14]. Lucrèce s'étant suicidée de honte, Tarquin Collatin soulève le peuple[15] avec l'aide de son cousin Lucius Junius Brutus, de son beau-père Spurius Lucretius Tricipitinus et de Publius Valerius Publicola[16],[17].
Eutrope résume fort bien cet épisode :
« VIII. - Lucius Tarquin le tyrannique, le septième et le dernier des rois, vainquit les Volsques, nation située à peu de distance de la Ville, sur la route de la Campanie. Il soumit la cité de Gabies et Suessa Pometia, fit la paix avec les Toscans, et construisit sur le Capitole un temple à Jupiter. Plus tard, au siège d'Ardée, cité située à dix-huit milles de la Ville, il perdit la couronne. En effet, son fils, un Tarquin lui aussi, Tarquin le Jeune, avait violé une femme de la plus haute noblesse, Lucrèce, la très vertueuse épouse de Collatin, et celle-ci, après s'être plainte de cette injure à son mari, à son père et à ses amis, s'était tuée sous leurs yeux. Pour la venger, Brutus, bien que parent lui-même de Tarquin, ameuta le peuple et ôta la royauté à Tarquin. Bientôt l'armée, qui sous les ordres du roi lui-même assiégeait la cité d'Ardée, abandonna elle aussi ce prince, et quand il vint pour entrer dans la Ville, il en trouva les portes fermées et s'en vit exclu. Après avoir exercé le pouvoir pendant vingt-cinq ans, il s'enfuit avec sa femme et ses enfants. Ainsi vit-on à Rome pendant deux cent quarante-trois ans sept rois se succéder, alors que Rome ne possédait encore qu'un empire s'étendant à peine, tout au plus, au quinzième milliaire. »
— Eutrope, Abrégé de l'histoire romaine (traduction de Maurice Rat)
Le roi et sa famille, chassés de Rome se réfugièrent en Étrurie et la République fut proclamée en 509 av. J.-C. Selon Tite-Live : « Rome était désormais libre ». Sextus meurt assassiné à Gabies peu après[18].
La fête romaine antique Regifugium, ou Fugalia, célébrait cette destitution le 24 février (ou le 23 ?).
Tentatives de reprise du pouvoir et décès
Un de ses autres fils s'entretue avec Brutus peu de temps après, et Tarquin est défait lors de cette bataille[19]. L'année suivante, il convainc le roi de Clusium de marcher sur Rome, mais Porsenna renonce devant les exploits des Romains[20]. Quelques années plus tard, avec son gendre Octavius Mamilius, commandant des Latins, il est une nouvelle fois défait à la bataille du lac Régille[21], et se retire à Cumes, où il meurt en 495 av. J.-C., et fait de son hôte Aristodème son héritier[22].
Un autre récit
Plutarque donne dans ses Vies parallèles une brève description du règne de Tarquin le Superbe dans l'introduction au livre consacré à Publicola et aux évènements qui marquèrent la fin de la royauté et le début de la république.
« Tarquin le Superbe n'avait pas acquis le pouvoir par des voies honorables, mais au mépris de la piété et des lois ; il ne l'exerça pas comme doit le faire un roi, mais avec l'insolence d'un tyran. Le peuple le trouvait odieux et détestable ; il prit occasion , pour se révolter, du malheur subi par Lucrèce, laquelle avait été violée et s'était suicidée. Lucius Brutus, qui avait décidé de changer de régime politique, alla aussitôt trouver Valérius, et avec son soutien le plus ardent, il chassa les rois. »
— Plutarque, Vies parallèles, Publicola, I, 3[23]
Analyse historique moderne
Article détaillé : République romaine.Sources
Notes
- Nonius Marcellus qui interprète superbus comme asper ou truculentus, c'est-à-dire « cruel ». L'expression « Superbe » n'a plus la même signification aujourd'hui, elle est à prendre au sens d'orgueilleux, de Barbare. Par ailleurs pour certains auteurs la traduction latine n'est pas appropriée, comme
- Cette thèse est elle-même remise en question. Par exemple par Marcel le Glay, Histoire romaine, PUF, p. 51, qui indique que la plèbe semble au contraire bénéficier d'une représentativité augmentée après la chute des Tarquins. Tout cela, il est vrai dans une agitation politique qui durera plusieurs dizaines d'année.
- François Hinard, Histoire romaine, Tome 1, p. 942 donne une importante bibliographie relative à la discussion de ce point
- Léon Homo, « Le récit traditionnel de l'expulsion des rois étrusques, sous la forme que lui donnent les historiens de l'époque classique, constitue un pur tissu de légendes. L'épisode de la mort de Lucrèce n'a rien à voir avec l'histoire. » p. 31 Selon
- Theodor Mommsen, Histoire romaine Tome I, p.186 et suivantes, Coll. Bouquins, Laffont Voir aussi
- Tite-Live, Histoire romaine, I, 42
- Tite-Live, Histoire romaine, I, 46
- Tite-Live, Histoire romaine, I, 47
- Tite-Live, Histoire romaine, I, 48
- Tite-Live, Histoire romaine, I, 49
- Tite-Live, Histoire romaine, I, 50-52
- Tite-Live, Histoire romaine, I, 53-54
- Tite-Live, Histoire romaine, I, 55-56
- Tite-Live, Histoire romaine, I, 57-58
- Le thème de la concordance des ordres (patriciens, plèbe) sera constamment un idéal proclamé des politiciens romains. (Briquel, Histoire romaine, p. 131)
- Tite-Live, Histoire romaine, I, 59
- Dominique Briquel, Histoire romaine, Tome I p. 132
- Tite-Live, Histoire romaine, I, 60
- Tite-Live, Histoire romaine, II, 6
- Tite-Live, Histoire romaine, II, 9-15
- Tite-Live, Histoire romaine, II, 18-20
- Tite-Live, Histoire romaine, II, 21
- Plutarque, Quarto, Gallimard, p. 228
Références
- Tite-Live, Histoire romaine [détail des éditions] [lire en ligne],
- François Hinard, Dominique Briquel, Histoire romaine, tome I, Fayard, 2000
- Léon Homo, Les institutions politiques romaines Coll. L'évolution de l'humanité, Albin Michel, 1970
Famille des TarquiniiArticle détaillé : Tarquins.- Démarate de Corinthe, noble corinthien exilé en Italie en 655 av. J.-C. à la suite de troubles civils ;
- Arruns, fils du précédent ;
- Égérius, fils du précédent, gouverneur de Collatie ;
- Lucius Tarquinius Collatinus, fils du précédent, dit Tarquin Collatin, marié à Lucrèce, un des fondateurs de la République, consul, et exilé en 509 av. J.-C. ;
- Égérius, fils du précédent, gouverneur de Collatie ;
- Lucumon ou Lucius Tarquinius Priscus (†579 av. J.-C.), fils du premier, dit Tarquin l'Ancien, roi de Rome de 616 à 579 av. J.-C. ;
- Tarquinia, fille du précédent, épouse de Marcus Junius Brutus ;
- Tarquinia, sœur de la précédente, épouse Servius Tullius, roi de Rome de 579 à 535 av. J.-C. ;
- Tullia († av.535 av. J.-C.), fille de la précédente, première épouse de Lucius Tarquinius Superbus, assassinée ;
- Tullia, sœur de la précédente, épouse d'Arruns puis de Lucius Tarquinius Superbus ;
- Arruns († av.535 av. J.-C.), oncle ou cousin de la précédente, ainsi qu'époux, assassiné ;
- Lucius Tarquinius Superbus (†495 av. J.-C.), frère du précédent, dit Tarquin le Superbe, roi de Rome de 535 à 509 av. J.-C. ;
- Titus Tarquin (†499/496 av. J.-C.), fils du précédent, meurt à la bataille du lac Régille en 499 ou 496 av. J.-C. ;
- Arruns Tarquin (†509 av. J.-C.), frère du précédent, s'entretue avec Lucius Junius Brutus ;
- Sextus Tarquin (†509 av. J.-C.), frère du précédent, a violé sa cousine par alliance Lucrèce, assassiné ;
- Tarquinia, sœur du précédent, épouse de Octavius Mamilius, dirigeant de Tusculum et chef des Latins.
- Arruns, fils du précédent ;
Roi de Rome (liste) / ÉtrusquePrécédé par : En fonction : Suivi par : Servius Tullius
(575 à 535 av. J.-C.)Tarquin le Superbe
(535 à 509 av. J.-C.)Avènement de la République (509 av. J.-C.)
ou Porsenna (508/507 av. J.-C.)Catégories :- Personnalité du VIe siècle av. J.-C.
- Personnalité du Ve siècle av. J.-C.
- Roi de la Rome antique
- Histoire étrusque
- Décès en -495
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