- Pilum
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Le pilum est un modèle de javelot lourd utilisé par les légions romaines. En latin, le pluriel est pila, mais en français le pluriel peut s'écrire pilums.
Sommaire
Description technique
Cette arme d'un poids compris entre 700 et 1200 grammes est considérée comme étant d'origine samnite[1] et les Étrusques l'utilisèrent. Il était normalement composé d'un fer quadrangulaire flexible d'un mètre de long, dont la partie creuse recevait un manche de bois également quadrangulaire, d'environ 1,50 mètres engagé dans le fer[2], solidement fixé par deux chevilles en fer. Cette fixation a ensuite été remplacée par une cheville en fer et une autre en bois, innovation attribuée à Marius[3],[1] : lors de l'impact dans un bouclier, cette dernière se brisait libérant la hampe qui pendait alors vers le sol. Le légionnaire, pouvait alors mettre le pied sur la hampe, pour forcer son ennemi à se découvrir, en baissant son bouclier. Si le pilum n'atteignait pas son but, il se cassait quand même, évitant que les ennemis des Romains ne le ramassent à terre pour le leur renvoyer.
Il semble que dans un premier temps seuls les triarii, vétérans de la troisième ligne de la légion, en furent équipés, car ils étaient également appelés pilani. Par la suite, chaque légionnaire en fut doté[1] et portait habituellement deux pilums (pila).
Végèce qui écrit au Ve siècle décrit ainsi l'arme de jet des anciens soldats romains :
« Au nombre des traits en usage dans l'infanterie, le javelot (comprendre pilum) consistait en une pointe de fer triangulaire, de neuf pouces ou d'un pied, adaptée à une hampe ; enfoncé dans le bouclier, il ne pouvait en être arraché ; dirigé avec intelligence et vigueur contre la cuirasse, il la pénétrait aisément[4]. »
Lancement du pilum
La portée moyenne est estimée à 25 mètres, mais pouvait atteindre 40 mètres avec des lanceurs exercés et des conditions favorables, voire plus avec l'usage d'une courroie de lancement (amentum) accroissant la vitesse intiale[1].
Le lancement par des légionnaires en formation serrée est difficile : un mouvement d'impulsion est nécessaire, soit par balancement du bras et du buste, soit en faisant un ou plusieurs pas d'élan. Dans les deux cas, ce geste est compliqué si les légionnaires sont en rangs serrés les uns derrière les autres. L'auteur grec Appien en donne une description dans sa narration de la rencontre entre Caius Sulpicius Peticus et des envahisseurs gaulois boïens en 358 av. J.-C. :
« (Sulpicius) ordonna à ses soldats du premier rang, de lancer tous à la fois leurs javelots, puis de s'asseoir ensemble au plus vite jusqu'à ce que ceux du deuxième, du troisième et du quatrième rang en eussent fait de même. Ainsi, une fois leurs traits partis, [ils devaient] toujours s'accroupir pour que les dards ne les atteignissent pas, et quand ceux de la dernière ligne auraient lancé le javelot [à leur tour], s'élancer tous à la fois, et, en poussant des cris, en venir aux mains au plus vite[2] »
On comprend que le centurion primipile qui commandait cet enchaînement complexe ait le plus haut grade parmi les centurions.
Effet du pilum
La force d'impact du pilum lui permettait de traverser une planche de trois centimètres ou une plaque métallique[1].
Jules César dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules a décrit l'efficacité du pilum lors de la bataille contre les Helvètes. Ils sont employés dans des conditions qu'on peut qualifier d'optimales, lancés par des légionnaires placés sur une colline, contre des adversaires qui montent la pente en formation serrée. Les boucliers des attaquants sont transpercés, parfois cloués l'un à l'autre, et la charge contre les Romains est cassée. Les Helvètes ne parviennent pas à se débarrasser des traits ainsi fichés même en secouant leurs boucliers et doivent s'en séparer, obligés de combattre sans protection[5].
Abandon du pilum
À la fin du IIIe siècle, avec le développement des unités de cavalerie et des unités auxiliaires recrutées chez les barbares et ayant leur propre armement, et la simplification de l'équipement du fantassin, l'usage du pilum se raréfia, ainsi que le signale Végèce[4] puis disparut.
Galerie
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Monnaie (Antoninien]) de l'empereur Carin tenant un pilum et un globe
Notes
- Pierre Grimal, La civilisation romaine, Flammarion, Paris, 1981, réédité en 1998, (ISBN 2-080-81101-0), pp. 13é-133, 135
- Appien, Guerre celtique, I
- Plutarque, Vie de Marius, 26
- Végèce, De l'art militaire, livre I, 20
- Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, livre I, 25
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