- Guerre de Canudos
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Guerre de Canudos
Le 40e bataillon d'infanterie, originaire de Pará, à Canudos en 1897.Informations générales Date 1893 – 2 octobre 1897 Lieu Bahia, Brésil Issue Victoire des troupes fédérales et destruction de Canudos Belligérants États-Unis du Brésil Habitants de Canudos Commandants Cpt. Virgílio Pereira de Almeida
Lt. Pires Ferreira
Mjr. Febrônio de Brito
Col. Antônio Moreira César †
Gen. Arthur Oscar de Andrade GuimarãesAntônio Conselheiro † Forces en présence 10 000 soldats 25 000 Pertes 5 000 soldats 20 000 modifier Conflits de l'Histoire du Brésil
Période Républicaine
(1889 à nos jours)Vieille République (1889-1930) - Révolte de l'Armada - 1893-1894
- Révolution fédéraliste - 1893-1895
- Guerre de Canudos - 1893-1897
- Révolte de la Vacina - 1904
- Révolution de l'Acre - 1899-1903
- Révolte de la Chibata - 1910
- Guerre du Contestado - 1912-1916
- Grèves ouvrières - 1917-1919
- Révolte du Fort de Copacabana - 1922
- Révolution Libertadora - 1923
- Révolte Paulista - 1924
- Colonne Prestes - 1925-1927
- Révolution de 1930 - 1930
Ère Vargas / Estado Novo (1930-45) - Révolution Constitutionnaliste - 1932
- Soulèvement communiste - 1935
- Soulèvement intégraliste - 1938
IIIe République (1945-1964) - Massacre d'Ipatinga - 1963
Régime Militaire (1964-1985) - Guérilla du Caparaó - 1967
- Guérilla de l'Araguaia - 1970-1976
Nouvelle République (1985- ) - Répression des mouvements paysans
La guerre de Canudos est un conflit entre l'État du Brésil et un groupe de quelques 30 000 colons ayant fondé Canudos, leur propre communauté dans le nord-est de l'État de Bahia. Après plusieurs tentatives infructueuses de destruction par l'armée, la communauté, dirigée par un prophète millénariste, Antônio Conselheiro, qui considérée la République tout juste proclamée comme création du Diable, a été brutalement détruite en octobre 1897 quand une force armée nombreuse a écrasé le village et tué la plupart de ses habitants, accusés de sédition afin de rétablir le gouvernement monarchique de Dom Pedro. Entre 15 000 et 30 000 personnes furent ainsi tuées à Canudos.
Sommaire
Contexte
Le conflit trouve ses origines dans la colonisation de Canudos dans l'arrière-pays semi-aride (sertão ou caatinga en portugais) de l'extrême nord-est de la province de Bahia. Celle-ci est alors une zone désespérément pauvre : son économie est moribonde, fondée sur une agriculture de subsistance et l'élevage du bétail. Elle ne compte pas de grande ville. La population est en grande partie composée d'anciens esclaves noirs (l'esclavage a été aboli en 1888), d'Amérindiens et de métis pauvres et déracinés. C'est un terrain favorable à l'émergence de mouvements messianiques et du mécontentement contre le nouveau régime Républicain (proclamé le 15 novembre 1889 suite à un coup d'État militaire contre l'Empereur régnant, Pierre II, qui est alors toujours aimé par le peuple).
C'est dans ce contexte qu'apparaît Antônio Vicente Mendes Maciel, surnommé Antonio Conselheiro (« le Conseiller »), un des nombreux prêcheurs mystiques. Il va de village en village accompagné de son groupe de disciples, vivant de petits boulots et demandant de l'aide aux petits fermiers. Il prophétise le retour attendu du Roi de Portugal Sébastien Ier est proche. Après avoir erré dans les provinces du Ceará, Pernambouc, Sergipe et Bahia, il décide en 1893 de s'installer définitivement dans la ferme de Canudos, près de la ville de Monte Santo le long de la rivière Vaza-Barris, avec ses disciples désormais nombreux. Ses prêches et ses promesses d'un monde meilleur attirent bientôt 8 000 nouveaux résidents qui commencent à semer le trouble dans la région. Craignant une invasion de sa ville par les Conselhistas qui avaient eu une querelle avec un marchand de bois, le maire de Juazeiro en appelle au gouvernement provincial. Une visite de la ville par deux Frères Capucins ne permet pas de calmer la population ; l'un d'eux accuse à tort Antônio Conselheiro de vouloir provoquer une sédition monarchique.
Premières campagnes militaires
Le gouvernement provincial envoie le capitaine Virgílio Pereira de Almeida réprimer la révolte avec une colonne de 30 soldats. Ceux-ci furent rapidement massacrés par une bande de jagunços (les milices privées recrutées par les fermiers pour protéger leurs terres) favorables à Antônio Conselheiro. Cet évènement provoqua une grande panique au sein du gouvernement provincial qui fit alors appel au gouvernement fédéral. Les États-Unis du Brésil sont alors jeunes, et les rebelles furent à l'époque perçus comme étant monarchistes et séparatistes, ce qui constituait un mauvais exemple et une menace pour le nouveau régime. Le Président Prudente de Morais décida une expédition militaire punitive et l'armée brésilienne commença ses préparatifs en novembre 1896. Malgré des informations insuffisantes concernant le terrain et les forces de Canudos, un petit groupe de 104 soldats commandé par le Lieutenant Pires Ferreira attaque la colonie le 21 novembre 1896. Il subit une contre-attaque féroce d'un groupe de 500 hommes armés ; l'armée brésilienne fait retraite après avoir infligé de sévères pertes et tué 150 assaillants, dont beaucoup n'étaient armés que de machettes, de lances primitives et de haches.
La défaite de Pires Ferreira et la propagande sur la férocité et le fanatisme des habitants de Canudos provoqua un grand tollé national. L'armée était désormais mise en demeure de vaincre le village qui continuait à grossir, jusqu'à atteindre 30 000 habitants. Un second corps expéditionnaire fut organisé sous les ordres du Ministre de la Guerre, le Général Francisco de Paula Argolo (pt). Il était composé de 557 soldats et officiers sous le commandement du Major Febrônio de Brito. Il attaqua le village de Canudos, désormais en état de siège et bien défendu, le 6 janvier 1897. Après une attaque directe réussie de l'infanterie et de l'artillerie contre les tranchées ennemies, les troupes gouvernementales furent submergées par des vagues de plus de 4 000 insurgés se battant en champ ouvert. Manquant de munitions, de vivres et d'eau et incapables de résister aux vagues d'attaques qui continuaient malgré les pertes élevées chez les rebelles, les forces armées firent à nouveau retraite.
L'armée répondit avec un corps expéditionnaire encore plus important. Le prestige des forces armées et du nouveau gouvernement étaient désormais en jeu. Antônio Moreira César, un colonel expérimenté, organisa une puissante troupe avec trois bataillons d'infanterie et un bataillon d'artillerie, tous équipés à neuf et entraînés. En dépit des connaissances acquises sur l'importance et la résolution des troupes rebelles, leur résistance à une campagne militaire organisée de la sorte était considérée comme impossible. Malgré tout, le 6 mars 1897, la colonne du colonel Moreira César fut défaite par les insurgés après seulement deux jours de combat se soldant à nouveau par de lourdes pertes humaines et matérielles pour l'armée brésilienne, ainsi que par la mort du colonel César.
La destruction de Canudos
Sous la pression du gouvernement britannique qui avait soutenu le gouvernement républicain mais qui craignait que les nombreux investissements britanniques dans le nord-est soient menacés si le désordre civil et la résistance monarchique continuaient, le gouvernement fédéral prépara une nouvelle expédition. Cette fois, elle fut planifiée de façon plus professionnelle, avec l'aide d'un cabinet de guerre.
Sous le commandement du Général Arthur Oscar de Andrade Guimarães (pt) et avec l'implication personnelle du Ministre de la Guerre qui avait visité Monte Santo, une ville proche de Canudos qui servait de point de concentration, une importante formation militaire constituée de trois brigades, huit bataillons d'infanterie et trois bataillons d'artillerie fut mise en place. Des mitrailleuses et de grosses pièces d'artillerie comme des mortiers et des obusiers furent ajoutées à la force de 4 000 hommes. L'équipement demanda d'énormes efforts de transports dus au terrain difficilement praticable.
Cette fois, les assaillants bénéficièrent de la famine et de la malnutrition des habitants de Canudos, de leur manque d'armes et de munitions ainsi que des lourdes pertes précédemment subies. Fin juin, après un mouvement de prise en tenailles et l'arrivée d'un renfort de 2 000 soldats le village retranché est encerclé et bombardé sans relâche nuit et jour. Puis il est conquis progressivement, au cours de combats s'étendant sur des mois. Des groupes isolés se rendent, à bout de combattants et attirés par des promesses (vaines) de clémence. Antonio Conselheiro meurt le 22 septembre, probablement de dysenterie et de malnutrition causées par le jeûne et les pénitences. Les rebelles ne pouvaient pas résister plus longtemps et se rendirent sans conditions le 2 octobre 1897. Le dernier groupe résistant ne comptait que trois défenseurs armés, et une faible population de femmes et d'enfants affamés.
La population subit des atrocités comme de nombreux viols et l'exécution sommaire d'hommes, femmes et enfants en groupes entiers par égorgement ("grabata vermelha", cravate rouge). De nombreux massacres furent commis. Seuls quelques centaines d'habitants survécurent. Les femmes les plus avenantes furent capturées et envoyées dans les bordels de Salvador. Le corps d'Antônio Conselheiro fut exhumé, sa tête coupée et envoyée à la Faculté de Médecine de Salvador (BA) pour y trouver les traces de "la folie, la démence et le fanatisme". En quelques jours les 5200 cahutes et maisons composant la communauté sont pulvérisés à la dynamite.
Certains auteurs comme Euclides da Cunha (1902) estiment que le nombre de morts lors de la Guerre de Canudos s'élève aux alentours de 30 000 (25 000 résidents et 5 000 assaillants)[1] mais le bilan réel est probablement inférieur (environ 15 000 morts selon Levine, 1995).
Notes et références
Bibliographie
- Levine, R.M. Vale of Tears: Revisiting the Canudos Massacre in Northeastern Brazil, 1893-1897. University of California Press, 1995. ISBN 0-520-20343-7. Review.
- Vargas Llosa, Mario. La Guerre de la fin du monde. Traduit depuis l'espagnol La Guerra del Fin del Mundo. Gallimard, 1983, ISBN 2-07-037823-3.
- Cunha, Euclides da. Rebellion in the Backlands. Traduit du portugais Os Sertões. University Of Chicago Press, 1957. ISBN 0-226-12444-4.
Médias
- Guerra de Canudos (La bataille de Canudos). Film réalisé par Sergio Rezende, avec José Wilker, Cláudia Abreu, Paulo Betti, et Marieta Severo. Brésil, 1997. IMDB record
- Sobreviventes - Os Filhos da Guerra de Canudos (Survivants, les enfants de la Guerre de Canudos). Documentaire de Paulo Fontenelle, Brésil, 2004.
- Canudos. Documentaire de Ipojuca Pontes, avec Walmor Chagas, Brésil, 1978. IMDB record.
Voir aussi
- Santidade de Jaguaripe (1580-1585)
Catégories :- Conflit de la Période républicaine (Brésil)
- Histoire de Bahia
- Millénarisme
- 1897
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