Mortier (arme)

Mortier (arme)
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Mortier M224 de 60 mm.

Un mortier ou lance-mine est une bouche à feu tirant à inclinaison élevée (plus de 45°), pour effectuer des tirs indirects. La trajectoire courbe, en forme de cloche, du projectile permet d'atteindre un objectif placé derrière un obstacle, qu'un canon ne permet pas d'engager car la trajectoire de son projectile est tendue. L'énergie produite par le recul est directement absorbée par le sol ou la plate-forme renforcée d'un véhicule. L'arme a un tube court et généralement lisse, sans rayures. Dans la plupart des cas, il est chargé par la bouche, la munition étant mise à feu en tombant sur un percuteur fixe. Cependant, les plus forts calibres et des canons plus longs ont parfois rendu nécessaire l'adoption du chargement par la culasse pour ce type d'arme, et donc l'emploi d'un mécanisme de percussion. Une autre variante peu utilisée du mortier est celle dite à spigot, où le projectile enveloppe le lanceur réduit alors à une simple tige guide.

Né comme une arme de siège au XVIIe siècle, le mortier devint au cours du XXe siècle une arme d'appui essentielle de l'infanterie, fournissant à celle-ci la possibilité d'attaquer un ennemi retranché avec une pièce bien plus mobile et demandant moins de logistique que l'artillerie conventionnelle.

Sommaire

Les mortiers de siège

Un mortier de siège pendant la guerre de Sécession

Le mortier est né au XVIIe siècle, du besoin d'artillerie capable d'effectuer des tirs contre des objectifs masqués lors d'un siège. En effet, la généralisation et l'augmentation des canons, avait fait évoluer les travaux de défense vers d'épais remblais de terre, inattaquables par un boulet en tir tendu. On eut alors l'idée d'envoyer un nouveau projectile, la bombe en tir courbe par dessus les fortifications pour atteindre les défenseurs, jusque là abrités. Le projectile arrivant moins vite et moins apte au rebond, avait dû être adapté, on utilisa un corps creux rempli de poudre et mis à feu par une fusée. L'usage de celle-ci nécessitant un double allumage difficile et dangereux, le projectile puis la charge propulsive, ainsi que les calculs savants pour la trajectoire, le mortier restait une arme maniée par des spécialistes. De plus, son gros calibre et l'absence de roue sur son affût, en faisaient une pièce peu mobile et utile uniquement lors des sièges ; pour pratiquer le tir masqué sur le champ de bataille, on inventa et utilisa une pièce intermédiaire entre le canon et le mortier, l'obusier.

L'apparition des fortifications en béton à la fin du XIXe siècle, provoqua l'apparition du mortier de siège, encore plus puissant, tirant des munitions perforantes spéciales, pour venir à bout du toit des casemates. Développé jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, ce type de mortier, finit par disparaître au cours de celle-ci, faute d'objectif nécessitant son emploi. L'apogée est le mortier automoteur allemand Karl d'un calibre de 600 millimètres.

Le mortier moderne, lui, naît dans la boue des tranchées de la Première Guerre mondiale, l'infanterie ayant besoin d'une arme pour atteindre son adversaire dans la tranchée en face. On met au point une série d'armes pratiquant le tir courbe, comme les lance-torpilles ou les lance-grenades. En 1915, Sir Wilfred Stokes met au point son trench mortar, littéralement mortier de tranchée, qui devient le premier mortier moderne. Appelée crapouillot par les soldats français, cette arme et ses dérivés sont utilisés tout au long de la guerre avec un grand succès. En effet, sa trajectoire courbe permet d'atteindre plus facilement les tranchées adverses que l'artillerie qui tire très en arrière du front. Après la guerre, ces armes sont améliorées et donnent le mortier tel qu'il existe de nos jours. Il est rendu démontable et transportable par de petites équipes et les munitions sont rendues extrêmement efficaces par l'emploi de la fusée percutante, explosant au choc. C'est la société Brandt qui fixe le standard du mortier d'infanterie, avec ses deux modèles conçus dans les années 1920, le 81 mm et le 60 mm.

Cette nouvelle arme est très mobile car elle se démonte en trois parties, l'embase, le tube et le bipied, toutes les trois transportables par un homme à pied. Sa munition, l'obus de 81 mm, est terminée par une queue empennée, autour de laquelle est fixée la charge propulsive. Elle est facile d'emploi : il suffit de la lâcher dans le tube et, arrivant au fond, l'amorce, située à son extrémité arrière, est mise à feu par un percuteur fixe au fond du tube. Ce principe est simple, le tube n'a pas de parties mobiles et compliquées à fabriquer et un tireur entraîné arrive à tirer entre vingt et vingt cinq obus à la minute. Les opérations de pointage et de mise en batterie restent simples et ne nécessitent pas un personnel nombreux ni des équipements spécifiques comme les pièces d'artillerie conventionnelles, on règle la portée en inclinant plus ou moins le tube avec une manivelle située sur bipied et en ajoutant et retirant des portions de la charge propulsive. L'observation et le réglage du tir peuvent être effectués à la jumelle. Cette arme s'impose très vite, et est adoptée ou copiée de façon plus ou moins modifiée par la plupart des armées. L'URSS choisit par exemple d'utiliser le calibre de 82 mm, ce qui a l'avantage de pouvoir utiliser les munitions de 81 mm, moyennant une perte de précision, mais de rendre l'inverse impossible.

Le mortier lourd

Mortier français de 120 mm

C'est l’Union soviétique qui fait évoluer le mortier à l'approche et pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1938, elle met en service un modèle plus lourd d'un calibre de 120 mm, destiné à l'échelon régimentaire. Poussés par leur manque d'artillerie conventionnelle, suite aux terribles pertes de l'été 1941, les Soviétiques confient le mortier à des artilleurs privés de canons. Leurs mortiers lourds, regroupés dans des régiments, voire des brigades de mortiers, comprenant 108 pièces, compensent le manque d'obusiers ou de canons. En 1943, un modèle encore plus puissant de 160 mm est mis en service, puis après guerre un de 240 mm, dont l'obus de cent kilogrammes dépasse largement la puissance destructive d'un obus de 155 mm d'obusier. Même si l'utilisation est restreinte du fait de la portée plus courte, cette artillerie au rabais est d'une efficacité redoutable pour préparer le terrain aux unités d'assaut.

Les mortiers automoteurs

Dessin d'artiste du projet FCS-NLOSM de l'US Army pour les années 2010

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, bien que le mortier soit assez mobile pour suivre les troupes à pied, apparaît le besoin de lui fournir un support automobile, pour pouvoir suivre les unités mécanisées naissantes. La première solution trouvée est d'utiliser un simple mortier d'infanterie à partir d'un véhicule dont le plancher a été renforcé, on utilise alors des semi-chenillés de transport d'infanterie, voire de simple camions, mais aussi des chars démodés où le mortier est installé dans le puits de tourelle, en lieu et place de celle-ci. L'arme peut être alors démontée et servir à terre en dehors du véhicule. Un modèle imposant, le Sturmtiger sur châssis Panzer VI Tiger verra le jour.

Par la suite, apparaissent de véritables mortiers automoteurs où l'arme est intégrée au véhicule et ne peut être servie qu'à partir de celui-ci. Une des armées pionnières dans ce domaine est Tsahal, qui réutilise de nombreux tubes lourds, d'origine soviétique, sur des châssis comme celui du M4 Sherman. Les Soviétiques leur emboîtent le pas avec des modèles comme le 2S4, ou le 2S9. Un autre type intéressant est le Advanced Mortar System (AMOS), mis au point par les Finlandais et les Suèdois ; bitube, il tire des munitions intelligentes à guidage infrarouge, pour attaquer les chars par le dessus.

Utilisation navale

Mortier de lutte anti-sous-marine Hedgehog en 1945

Dans un autre domaine d'emploi, apparaît, au cours de la Seconde Guerre mondiale, l'usage contre les sous-marins. En effet, lors de l'attaque d'un submersible, un navire doit à cette époque naviguer au-dessus de lui pour utiliser ses rampes de charges de profondeur, situées à l'arrière. Ce faisant, il perd le contact maintenu grâce à son ASDIC ou son sonar. L'idée naît alors de propulser les charges sur l'avant du bâtiment, en employant des mortiers. Le premier essai réalisé, le Hedgehog, de la Royal Navy, utilise des mortiers à spigot. Par la suite, un type de mortier plus conventionnel est utilisé dans les systèmes Squid et Limbo. Les Soviétiques, après avoir copié le Hedgehog, en 1949, en créant le MBU-200, le développent dans le MBU-600, en 1956 qui présente une portée, plus importante, de six cent mètres.

Autres utilisations

Deux mortiers de diamètre 75 mm en fibre de verre (pour pyrotechnie) accompagnés de leurs bombes respectives qui seront logées par la suite.

Le principe du mortier est très couramment utilisé en pyrotechnie. Notamment pour le tir de feux d'artifice. En effet, la bombe pyrotechnique destinée à produire un effet dans le ciel est d'abord introduite dans le mortier et mise à feu à l'aide d'un dispositif électrique (inflammateur). Le principe du tir au mortier en pyrotechnie est sensiblement le même que celui utilisé à des fins militaires.

Voir aussi

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