Francophobie

Francophobie

La francophobie est une hostilité à l'encontre de la France, que ce soit son gouvernement, sa culture, son histoire, son peuple ou sa langue, mais aussi à l'encontre des francophones de façon générale. La francophobie recouvre sous un même vocable des réalités très différentes. Ainsi, ce sentiment a existé sous diverses formes et dans différents pays depuis l'existence de la France.

Son antonyme est la francophilie.

Sommaire

Usage du terme

Étant donné la longue histoire et les différents changements de statut international, la notion d'hostilité à l'égard de la France et de ses habitants est difficile à délimiter historiquement. Le terme « francophobie » correspond essentiellement au sentiment éprouvé au Royaume-Uni entre les XVIIe et XIXe siècles, période où cette hostilité a été la plus courante et la plus prononcée[réf. nécessaire], de même que la « francophilie » et les qualificatifs aujourd'hui archaïques de « gallophobie » et de « gallomanie ».

Beaucoup plus récemment, aux États-Unis, le « sentiment anti-Français » est employé pour décrire la croissance récente, dans la presse de ce pays, d'animosité à l'égard de la France depuis que Dominique de Villepin s'est opposé en février 2003 au projet de M. Bush d'attaquer militairement les Irakiens. Dans d'anciennes colonies françaises, le ressentiment à l'égard du colonisateur a pu être qualifié un temps d'anticolonialisme.

Francophobie dans le monde

Allemagne

La francophobie en Allemagne, accentué par le sentiment de revanchisme, trouvait son origine durant l'occupation par Napoléon (ou durant les guerres de Louis XIV). En fait le nationalisme allemand s'est créé par l'opposition à Napoléon et puis de la peur que la France cherche à définir le Rhin comme sa frontière. Ainsi August Heinrich Hoffmann von Fallersleben exprime-t-il, dans ses poèmes et ses lettres, sa haine de la France, coupable d'avoir abattu le Saint-Empire romain germanique. Ce sentiment s'est amplifié avec le refus français de terminer la guerre franco-prussienne de 1870-1871, une série de défaites et la capture de l'empereur Napoléon III, popularisant l'expression Erbfeind (« ennemi héréditaire »), d'abord dans la presse. Après la Première Guerre mondiale, le traité de Versailles et l'occupation de la Ruhr de 1923 créaient une francophobie générale en Allemagne, Hitler présentant la France, dans Mein Kampf, comme le principal ennemi à abattre en Europe. Ce sentiment a pourtant diminué depuis le début des accords européens et la circulation des jeunes générations dans les deux pays qui ne se sentent plus concernées par les querelles du passé.

Angleterre

Puissance maritime et marchande dominante à partir de la fin du XVIIe siècle, l'Angleterre connaît le sentiment francophobe le plus ancien et le plus fort. Cette hostilité est censée remonter aux conflits entre Capétiens et Plantagenêts pendant la guerre de Cent Ans, et en particulier aux ravages de l'Aquitaine par le Prince Noir[réf. nécessaire]. Après la guerre de Cent Ans, les guerres de Louis XIV - Guerre de la ligue d'Augsbourg (1688-1697), guerre de succession d'Espagne (1701-1713) - et les guerres napoléoniennes correspondent essentiellement à un long conflit franco-anglais pour déterminer la puissance européenne dominante.

France et Angleterre ont longtemps été les deux plus grandes puissances européennes, forcément en concurrence directe, notamment sur le plan économique. Par ailleurs, avec l'adhésion des Anglais au protestantisme, l'hostilité anti-française s'est doublée d'une hostilité à l'égard de l'Église catholique romaine (la majorité des Français étant catholique). Ce sentiment est présent chez beaucoup de voyageurs anglais aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles. Le conflit entre la France et l'Angleterre avait des dimensions autant culturelles que stratégiques. En effet, le nationalisme britannique, à ses débuts, était un phénomène en grande partie anti-français :

  • Un groupe grandissant de nationalistes britanniques, aux XVIIe et XVIIIe siècles, était offensé par la vénération qu'inspiraient la culture et la langue françaises.
  • La France était la plus grande puissance catholique et les sentiments « antipapistes » étaient très forts en Grande-Bretagne.
  • Le système politique français, considéré comme absolutiste et conformiste, contrastait avec les notions de liberté et d'individualisme revendiquées par les nationalistes britanniques

Cette francophobie d'inspiration britannique a traversé l'Atlantique dans les colonies de la Nouvelle-Angleterre et chez les loyalistes.

Espagne

La francophobie en Espagne a pour origine l'invasion surprise par Napoléon quand l'Espagne était son alliée. Cette invasion a dévasté le pays, a provoqué une crise politique et économique qui a continué dans l'Espagne tout au long du XIXe siècle, ce qui a empêché l'industrialisation jusqu'à la fin du XIXe siècle.

Avec la destruction de la marine espagnole, les colonies espagnoles sont devenues indépendantes et l'Empire britannique est devenu la seule puissance dominatrice au monde pour leur marine supérieure.

En dehors de cela, en Catalogne, il y a aussi une certaine francophobie depuis le XVIIe siècle parce que les Catalans considèrent le Roussillon (annexée par la France en 1641) comme un territoire de la Catalogne.

Belgique

La Belgique connait des problèmes communautaires et linguistiques qui se cristallisent parfois, chez les belges néerlandophones, dans des réactions francophobes principalement cantonnées aux francophones vivant en Région flamande mais aussi parfois à ceux vivant en Région wallonne et à Bruxelles.

Un sentiment anti-français relativement développé existe également chez les belges francophones.

Canada

Article principal : Quebec bashing.

Une partie des anglophones et des allophones du Canada se montrent hostiles aux francophones.

Une partie des Québécois manifestent par ailleurs une défiance vis-à-vis des Français, remontant à la perte par la France du Canada face aux Britanniques; un ressentiment que l’expression « Maudits Français » illustre peut-être[réf. nécessaire]. Certains Québécois sont même convaincus que les Français les ont abandonnés, qu'ils auraient dû ou pu faire plus pour les garder.

États-Unis

Le sentiment anti-Français aux États-Unis est présent parmi les élites intellectuelles depuis la Quasi-guerre. L'opposition de la France, avec la Russie et l'Allemagne, à la troisième guerre du Golfe, en 2003, a déclenché une hausse significative du sentiment anti-Français aux États-Unis. Cependant les racines historiques du ressentiment américain à l'égard de la France sont plus anciennes. Ce qui est exceptionnel, dans cette période récente, c'est le degré avec lequel nombre de personnalités des médias et de politiciens se sont laissés aller à exprimer des sentiments anti-Français. Depuis les années 1960, les comics dépeignent pratiquement tous les Français comme maladroits, idiots. Parmi les personnages de comics appartenant à cette catégorie, on peut citer : monsieur Mallah, André Le Blanc, madame Rouge et Brain.

Italie

En Italie, l'arrivée des armées napoléoniennes avait fait naître de grands espoirs concernant la libération du territoire national, divisé entre de nombreux États réactionnaires et occupés par des armées étrangères. Ces espoirs ont été déçus par l'instauration d'une nouvelle forme d'occupation par les Français. Ce sentiment est manifeste dans des œuvres telles que Les dernières lettres de Jacopo Ortis d'Ugo Foscolo et la tragédie Adelchi d'Alessandro Manzoni. Par la suite, l'opposition de Napoléon III à la conclusion de l'unité italienne a amplifié cette hostilité. Mais l'homme de lettres le plus hostile à l'égard de la France est sans aucun doute Vittorio Alfieri, qui a édité un libellé, Il Misogallo, stigmatisant dans chacun de ses aspects la culture et le peuple français.

Pays-Bas

À l'époque de la domination napoléonienne, l'application du code civil demanda l'enregistrement des citoyens dans les registres d'État. Par dérision pour le pouvoir français occupant, les Néerlandais se présentèrent sous des sobriquets ridicules mais qui furent dûment enregistrés et persistent en grand nombre de nos jours[réf. nécessaire].

Israël

La francophobie est plus ou moins latente en Israël depuis l'infléchissement donné par le général de Gaulle à la politique de la France au Moyen-Orient, en partie après la fin de la guerre d'Algérie en 1962, mais principalement depuis la guerre des Six Jours en 1967[réf. nécessaire]. Pour les Israéliens, cette politique, qui tente de se démarquer de la politique extérieure américaine, réputée plus pro-israélienne, est « pro-arabe ». Jacques Chirac a été l'objet de critiques d'une partie de l'opinion israélienne[réf. nécessaire].

L'élection de Nicolas Sarkozy a cependant été très appréciée en Israël[réf. nécessaire]. Celui-ci n'a en effet jamais caché ses sympathies pro-américaines et pro-israéliennes.

Océan Pacifique

La France est restée une puissance coloniale dans le Pacifique, après que d'autres pays européens eurent été privés de leurs legs impériaux. La France détient les territoires de Nouvelle-Calédonie, de Wallis-et-Futuna et de Polynésie française. La Polynésie française s'est distinguée par des démonstrations anti-françaises sporadiques et une brève insurrection pro-indépendance dans les années 1980. En Nouvelle-Calédonie, le mouvement indépendantiste est mené par le Front de libération nationale kanak et socialiste. Plus politiquement volatile a été la question de l'essai nucléaire dans le Pacifique. Depuis 1960, environ 200 essais nucléaires ont été réalisés dans le Pacifique, malgré la réprobation des autres États du Pacifique, Australie et Nouvelle-Zélande. Le sentiment anti-Français a été favorisé par une série de scandales impliquant les forces françaises de sécurité, qui cherchaient à contrecarrer l'activité des protestataires anti-nucléaires. En 1972, Vega, navire de Greenpeace, a été coulé à Moruroa. Les protestations ont culminé également lors de la destruction du Rainbow Warrior, en 1985, à Auckland, en Nouvelle-Zélande. L'Australie a alors cessé sa coopération militaire avec la France et mis l'embargo sur l'exportation de l'uranium en France, tandis qu'un mouvement de boycott des produits français se développait au sein de la population. La reprise des essais nucléaires par Jacques Chirac en 1995 (six bombes entre 1995 et 1996), rompant le moratoire décidé par son prédécesseur, a contribué à relancer le sentiment anti-français. Des manifestants ont assiégé l'ambassade française à Canberra, tandis que le consulat honoraire français à Perth était incendié. En réponse, la presse française a dénoncé les atteintes aux droits de l'Homme en Australie et ses ambitions supposées pour dominer le Pacifique[réf. nécessaire] (un dessin animé[réf. nécessaire] par Plantu a dépeint un Australien portant un chapeau melon très britannique). D'autres[Qui ?] se sont demandé pourquoi les Australiens ne protestaient pas aussi énergiquement contre les essais nucléaires chinois.

Suisse

Suisse romande

La francophobie en Suisse est essentiellement présente en Suisse romande.

Elle apparaît notamment dans les régions frontalières où nombre de gens accusent les français (appelés populairement frouzes ou shadoks [réf. nécessaire]) de prendre le travail des habitants du pays qu'ils soient suisses ou étrangers bénéficiant d'un permis de travail et cela particulièrement dans le Canton de Genève qui connait le plus fort taux de chômage de Suisse.

À Genève, le Mouvement citoyens genevois et l'UDC sont des partis politiques très puissants qui dénoncent l'invasion de frontaliers français[réf. nécessaire] dont le nombre y atteint 54000 pour l'année 2010.

Elle se nourrit également d'aspects plus culturels. En effet, pour des raisons linguistiques et économiques, la culture française avait une assez forte présence en Suisse romande[non neutre] (édition, presse, radio, télévision, cinéma).

Les derniers essais nucléaires français y ont été très impopulaires.

Les grèves récurrentes (aéroports, trains, etc) perturbent les aéroports et les gares suisses et font aussi que de nombreux suisses évitent de passer par la France lors de leurs déplacements à l'étranger.

En sport, les défaites de l'équipe française de football sont ainsi enregistrées avec jubilation (Schadenfreude) par une partie de la population[1]

Suisse alémanique

Une certaine forme de francophobie existe en Suisse alémanique[réf. nécessaire]. Elle vise plutôt les Suisses francophones, qui seraient culturellement caractérisés par un manque récurrent de sérieux[non neutre]. Dans certains cas extrêmes, elle va jusqu'à considérer le rattachement de la Suisse romande à la Suisse (essentiellement germanophone) au début du XIXe siècle comme un mouvement contre nature[réf. nécessaire], à l'instigation de Napoléon Bonaparte.

Notes et références


Bibliographie

  • Les Francophobes, David Martin-Castelnau, (Fayard, 2002, Paris).

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