Racisme Anti-français

Racisme Anti-français

Francophobie

La francophobie ou gallophobie (de « Gaulois ») est une hostilité marquée à l'égard du gouvernement, de la culture, de l'histoire ou du peuple français et/ou de la francophonie. Son antonyme est la francophilie. Le sentiment actuel d'hostilité à l'égard des Français est souvent lié aux critiques de la période de l'immédiat après-guerre, à partir de 1945, et du mode de vie de l'élite artistique et philosophique de l'époque. La francophobie a existé sous diverses formes et dans différents pays pendant des siècles.

Sommaire

Usage du terme

Étant donné la longue histoire et les différents changements de statut international, la notion d'hostilité à l'égard de la France et de ses habitants est difficile à délimiter historiquement. Le terme « francophobie » correspond essentiellement au sentiment éprouvé au Royaume-Uni entre le XVIIe et le XIXe siècle, période où cette hostilité a été la plus courante et la plus prononcée, de même que la « francophilie » et les qualificatifs aujourd'hui archaïques de « gallophobie » et de « gallomanie ». À une époque plus contemporaine, aux États-Unis, le « sentiment anti-Français » est employé pour décrire la croissance récente, dans ce pays d'animosité, à l'égard de la France. Dans d'anciennes colonies françaises, le ressentiment à l'égard du colonisateur a pu être qualifié un temps d'anti-colonialisme.

Francophobie dans le monde

Allemagne

La francophobie en Allemagne, trouvait son origine durant l'occupation par Napoléon (ou durant les guerres de Louis XIV). En fait le nationalisme allemand s'est créé par l'opposition à Napoléon et puis de la peur que la France cherche à définir le Rhin comme sa frontière. Ainsi August Heinrich Hoffmann von Fallersleben exprime-t-il, dans ses poèmes et ses lettres, sa haine de la France, coupable d'avoir abattu le Saint-Empire romain germanique. Ce sentiment s'est amplifié avec le refus français de terminer la guerre franco-allemande de 1870-1871, une série de défaites et la capture de l'empereur Napoléon III, popularisant l'expression Erbfeind (« ennemi héréditaire »), d'abord dans la presse. Après la Première Guerre mondiale, le traité de Versailles et l'occupation de la Ruhr de 1923 créaient une francophobie générale en Allemagne, Hitler présentant la France, dans Mein Kampf, comme le principal ennemi à abattre en Europe. Ce sentiment a pourtant diminué depuis le début des accords européens et la circulation des jeunes générations dans les deux pays qui se ne se sentent plus concernées par les querelles du passé.

Angleterre

Puissance maritime et marchande dominante à partir de la fin du XVIIe siècle, l'Angleterre connaît le sentiment francophobe le plus ancien et le plus fort. Cette hostilité est censée remonter aux conflits entre Capétiens et Plantagenêts, après la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant en 1066. Après la guerre de Cent Ans, les guerres de Louis XIV - Guerre de la ligue d'Augsbourg (1688-1697), guerre de succession d'Espagne (1701-1713) - et les guerres napoléoniennes correspondent essentiellement à un long conflit franco-anglais pour déterminer la puissance européenne dominante.

France et Angleterre ont longtemps été les deux plus grandes puissances européennes, forcément en concurrence directe, notamment sur le plan économique. Par ailleurs, avec l'adhésion des Anglais au protestantisme, l'hostilité anti-française s'est doublée d'une hostilité à l'égard de l'Église catholique (la majorité des Français étant catholique). Ce sentiment est présent chez beaucoup de voyageurs anglais aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles. Le conflit entre la France et l'Angleterre avait des dimensions autant culturelles que stratégiques. En effet, le nationalisme britannique, à ses débuts, était un phénomène en grande partie anti-français :

  • Un groupe grandissant de nationalistes britanniques, aux XVIIe et XVIIIe siècles, était offensé par la vénération qu'inspiraient la culture et la langue françaises.
  • La France était la plus grande puissance catholique et les sentiments « antipapistes » étaient très forts en Grande-Bretagne.
  • Le système politique français, considéré comme absolutiste et conformiste, contrastait avec les notions de liberté et d'individualisme revendiquées par les nationalistes britanniques

Cette francophobie d'inspiration britannique a traversé l'Atlantique dans les colonies de la Nouvelle-Angleterre et chez les loyalistes.

Australie et océan Pacifique

La France est restée une puissance coloniale dans le Pacifique, après que d'autres pays européens eurent été privés de leurs legs impériaux. La France détient les territoires de Nouvelle-Calédonie, de Wallis-et-Futuna et de Polynésie française. La Polynésie française s'est distinguée par des démonstrations anti-françaises sporadiques et une brève insurrection pro-indépendance dans les années 1980. En Nouvelle-Calédonie, le mouvement indépendantiste est mené par le Front de libération nationale kanak et socialiste. Plus politiquement volatile a été la question de l'essai nucléaire dans le Pacifique. Depuis 1960, environ 200 essais nucléaires ont été réalisés dans le Pacifique, malgré la réprobation des autres États du Pacifique, Australie et Nouvelle-Zélande. Le sentiment anti-Français a été favorisé par une série de scandales impliquant les forces françaises de sécurité, qui cherchaient à contrecarrer l'activité des protestataires anti-nucléaires. En 1972, Vega, navire de Greenpeace, a été coulé à Moruroa. Les protestations ont culminé également lors de la destruction du Rainbow Warrior, en 1985, à Auckland, en Nouvelle-Zélande. L'Australie a alors cessé sa coopération militaire avec la France et mis l'embargo sur l'exportation de l'uranium en France, tandis qu'un mouvement de boycott des produits français se développait au sein de la population. La reprise des essais nucléaires par Jacques Chirac en 1995 (six bombes entre 1995 et 1996), rompant le moratoire décidé par son prédécesseur, a contribué à relancer le sentiment anti-français. Des manifestants ont assiégé l'ambassade française à Canberra, tandis que le consulat honoraire français à Perth était incendié. En réponse, la presse française a dénoncé les atteintes aux droits de l'Homme en Australie et ses ambitions supposées pour dominer le Pacifique (un dessin animé par Plantu a dépeint un Australien portant un chapeau melon très britannique). D'autres se sont demandés pourquoi les Australiens ne protestaient pas aussi énergiquement contre les essais nucléaires chinois.

Belgique

La Belgique connait des problèmes communautaires et linguistiques qui se cristallisent parfois, chez les néerlandophones, dans des réactions francophobes.

Canada

Une partie des anglophones et des allophones du Canada se montrent hostile aux francophones.

Côte d'Ivoire

Il s'est développé une francophobie en Côte d'Ivoire[réf. nécessaire], contre le colon blanc plus généralement, et les Français en particulier. Si la décolonisation a officiellement eue lieu au XXe siècle, l'économie reste majoritairement tenue par des entreprises et des personnes de nationalité française dans les ex-colonies d'Afrique, ce qui peut être jugée illégitime par une partie de la population et provoque son hostilité [réf. nécessaire].

En novembre 2005, une attaque aérienne contre la base militaire française (selon Paris) de Bouaké cause la mort de 9 soldats français ainsi que d'un ressortissant américain, et provoque une riposte de l'armée française, qui détruit la flotte aérienne de l’armée ivoirienne. Dans les jours qui suivent des soldats français regroupés à Abidjan dans l’hôtel Ivoire se sentent menacés et tirent à balles réelles sur la foule amassée devant l'hôtel. Cet évènement fait plus de 70 morts selon les autorités ivoiriennes. S'ensuivent une série d'exactions très violentes, principalement menées par les Jeunes Patriotes[réf. nécessaire] directement contre les ressortissants français, lors desquelles sont recensés des passages à tabac et des pillages de biens immobiliers, auxquels des militaires ivoiriens auraient participé [réf. nécessaire]. Un plan d'urgence a permis d'éviter le pire, évacuant par hélicoptère les ressortissants français, réfugiés sur les toits d'immeubles pour échapper à la foule.

Ces informations ont été démenties par le gouvernement Ivoirien[citation nécessaire]

États-Unis

Le sentiment anti-Français aux États-Unis est présent parmi les élites intellectuelles depuis la Quasi guerre. L'opposition de la France, avec la Russie et l'Allemagne, à la deuxième guerre du Golfe, en 2003, a déclenché une hausse significative du sentiment anti-Français aux États-Unis. Cependant les racines historiques du ressentiment américain à l'égard de la France sont plus anciennes. Ce qui est exceptionnel, dans cette période récente, c'est le degré avec lequel nombre de personnalités des médias et de politiciens se sont laissés aller à exprimer des sentiments anti-Français. Depuis les années 1960, les comics américains dépeignent pratiquement tous les Français comme maladroits, idiots... Parmi les personnages de comics appartenant à cette catégorie, on peut citer : monsieur Mallah, André Le Blanc, madame Rouge et Brain.

Italie

En Italie, l'arrivée des armées napoléoniennes avait fait naître de grands espoirs concernant la libération du territoire national, divisé entre de nombreux États réactionnaires et occupés par des armées étrangères. Ces espoirs ont été déçus par l'instauration d'une nouvelle forme d'occupation par les Français. Ce sentiment est manifeste dans des œuvres telles que Les dernières lettres de Jacopo Ortis d'Ugo Foscolo et la tragédie Adelchi d'Alessandro Manzoni. Par la suite, l'opposition de Napoléon III à la conclusion de l'unité italienne a amplifié cette hostilité. Mais l'homme de lettres le plus hostile à l'égard de la France est sans aucun doute Vittorio Alfieri, qui a édité un libellé, Il Misogallo, stigmatisant dans chacun de ses aspects la culture et le peuple français.

Pays-Bas

À l'époque de la domination napoléonienne, l'application du code civil demanda l'enregistrement des citoyens dans les registres d'État. Par dérision pour le pouvoir français occupant, les Néerlandais se présentèrent sous des sobriquets ridicules mais qui furent dûment enregistrés et persistent en grand nombre de nos jours.

Israël

La francophobie est plus ou moins latente en Israël depuis l'infléchissement donné par le général de Gaulle à la politique de la France au Moyen-Orient, en partie après la fin de la guerre d'Algérie en 1962, mais principalement depuis la guerre des Six Jours en 1967. Pour les Israéliens, cette politique, qui tente de se démarquer de la politique extérieure américaine, réputée plus pro-israélienne, est « pro-arabe ». Jacques Chirac a été l'objet de critiques d'une partie de l'opinion israélienne.

L'élection de Nicolas Sarkozy a cependant été très appréciée en Israël et plus de 90% des juifs français ont voté pour ce candidat[réf. nécessaire] qui n'a jamais caché ses sympathies pro-américaines et pro-israéliennes.

Suisse

Suisse romande

La francophobie en Suisse est essentiellement présente en Suisse romande. Elle apparaît notamment dans les régions frontalières chez certaines personnes qui accusent les Français (parfois appelés péjorativement les Frouzes) de prendre le travail des Suisses. À Genève, le Mouvement citoyens genevois est un parti politique qui s'en prend régulièrement aux travailleurs frontaliers français.

Elle se nourrit également d'aspects plus culturels. En effet, pour des raisons linguistiques et économiques, la culture française a une très forte présence en Suisse romande (édition, presse, radio, télévision, cinéma). Le provincialisme, le nombrilisme, l'esprit de clocher, l'égocentrisme, méconnaissance des langues étrangères, le parisianisme et un insondable mépris pour le monde extérieur y sont vus comme des défauts typiquement français. Le chauvinisme parfois exacerbé des médias hexagonaux est un autre objet d'étonnement voire d'agacement. En sport, les défaites de l'équipe française de football sont ainsi enregistrées avec jubilation (Schadenfreude) par une partie de la population...

Suisse alémanique

Une certaine forme de francophobie existe en Suisse alémanique. Elle vise plutôt les Suisses francophones, qui seraient culturellement caractérisés par un manque récurrent de sérieux. Dans certains cas extrêmes, elle va jusqu'à considérer le rattachement de la Suisse romande à la Suisse (essentiellement germanophone) au début du XIXe siècle comme un mouvement contre nature, provoqué par la politique maladroite de Napoléon Bonaparte.

Bibliographie

Les Francophobes, David Martin-Castelnau, (Fayard, 2002, Paris).

Notes et références


Articles connexes

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