- Maudits Français
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« Maudits Français ! » est une expression québécoise qui, selon son contexte d'utilisation, peut être considérée comme une injure ou comme une plaisanterie affectueuse, dite sans méchanceté.
Sommaire
Le mot «Maudit»
La difficulté pour un Français de recevoir une expression comme «Maudit Français» vient sans doute du sens du mot «maudit» différent en français commun et en français québécois.
Dans tous les dictionnaires, le mot «maudit» se définit généralement ainsi : qui est repoussé par la société ; dont on a à se plaindre ; détestable, exécrable, haïssable, rejeté, damné, fichu, sale, satané. Bref, la définition n'a rien de positive.
En français québécois, dans le langage familier, le mot «maudit» est soit péjoratif, soit nettement favorable. Dans ce dernier cas, il sert d'épithète, comme les mots « sacré » ou « bougre de » ou « espèce de[1] », prenant un sens positif, selon le contexte, pour signifier : Coquin[2], drôle, gaillard, accommodant, sorte de, manière.
«Maudits Français» est donc utilisé dans les deux sens, dépendant du contexte, quoique souvent de façon amicale[3].
Hypothèses sur l'origine de cette expression
- 1. L'expression «Maudit Français» au singulier comme au pluriel, trouve peut-être son origine dans le sentiment d'abandon ressenti par les Québécois, après la défaite française lors du Siège de Québec de 1759 et la perte du Canada[4],[5],[6].
- 2. Par ailleurs, selon Manfred Overmann, « L'expression est née vers 1967 lors d'une vague d'immigrants français traitant les Québécois comme un peuple rustre qu'il fallait éduquer. Elle désigne les Français arrogants qui prétendent tout savoir[7]. » La parution en 1964 d'un livre portant cette expression en titre montre qu'elle est plus ancienne. Le Petit Futé, édition 2001, suggère lui aussi que l'expression désigne les Français installés au Québec[8]. Quant à la perception d'une attitude arrogante chez les Français, au crédit des Québécois, la firme COC/Picon Conseils, pour la Direction du tourisme de France, rapporte en 2007 que parmi les reproches les plus fréquemment adressés aux Français par les visiteurs étrangers, se trouve « une attitude arrogante, méprisante, voire agressive[9] ».
- 3. Une piste sur une origine plus ancienne de l'expression « Maudit Français » : elle pourrait trouver son origine dans le début du tourisme de masse des Français au Québec, et particulièrement des Parisiens qui visitaient les campagnes québécoises, dans les années 1930 ou 1940[10].
- 4. Il trouve son origine d'un certain malaise dans les relations entre Québécois et Français[11].
Chansons
- Maudits Français est le titre d'une chanson de Michel Sardou et Didier Barbelivien
- Maudits Français est le titre d'une chanson de Lynda Lemay
- Sur la chanson de Lynda Lemay, voir les paroles et la didactisation réalisée par Anna Bender, étudiante à l'université de Brême en octobre 2006.
- Mots dits français est le titre d'une chanson de Java, dans l'album Maudits Français
Littérature
- Nathalie Fontaine, Maudits Français !, Montréal : Éditions de L'Homme, 1964. (OCLC 9434310)
- John J. Miller, Laurent Bury et Mark Molesky, Maudits Français !: Trois siècles de relations tumultueuses entre la France et l'Amérique, traduit par Laurent Bury, Paris : Saint-Simon, 2005. (ISBN 9782915134209)
- Antoine Decré, "Maudits français", ou, L'épopée canadienne: 1534-1763, Paris : L'Harmattan, 2001. (ISBN 9782747508841)
Tourisme
Sans vouloir faire de publicité, précisons que les propriétaires d'un gîte touristique à Pierreville (Québec), Français d'origine, lui ont donné en 2006 le nom de « Gîte du Maudit Français ». L'un d'eux, qui signe lui-même « un maudit Français heureux d'être au Québec !!!», explique ainsi ce nom : « parce qu'un de mes meilleurs amis québécois m'appelle toujours "mon maudit Français"[12] ».
Notes et références
- Voir les définitions dans les dictionnaires usuels (Larousse, Robert, etc.).
- Léandre Bergeron. Dictionnaire de la langue québécoise, Montréal, VLB Éditeur, 1980, p. 314. L'auteur donne l'exemple suivant : « Mon p'tit maudit, attends que j't'attrape. »
- C'est aujourd'hui généralement ce dernier sens qui est utilisé par les Québécois qui disent «Maudits Français» Voir Jean-Pierre Dupuis. « Être un "maudit Français" en gestion au Québec, Un portrait et une interprétation », École des Hautes études commerciales, Montréal, 2004, page 7
- ISBN 9789290281146), p. 146 Didier Lamaison, Discours sur l'universalité de la francophonie : de Rivarol à Charles Hélou, Paris : ACCT, 1987. (
- ISBN 9782748334944), p. 72. Marie-Hélène Morot-Sir, Le Lys, la Rose et la feuille d’Erable Paris : Publibook, 2007. (
- ISBN 9782804800055), p. 195 David Alcaud, André Malraux et le rayonnement culturel de la France Bruxelles : Editions Complexe, 2004. (
- Manfred Overmann (École supérieure pédagogique de Ludwigsburg, Allemagne), «Complainte d'un maudit Français», Le site portail du professeur de français langue étrangère. Manfred Overmann est professeur à l'École supérieure pédagogique de Ludwigsburg (Pädagogische Hochschule Ludwigsburg) en Allemagne.
- Rima Elkouri, La Presse.., 11 mai 2001, p. B1.
- Cliquez ici pour télécharger ce document) Ce reproche n'empêche pas la France d'être la destination touristique mondiale numéro un. La firme COC/Picon Conseils ajoute que les défauts des habitants de pays touristiques donnent aussi lieu à l’indulgence, ce qui appuie l'idée que l'expression québécoise « Maudits Français » puisse être amicale. (COC/Picon Conseils, L’art d’accueillir, Cultures et pratiques de l’accueil des touristes en France, Rapport final, Paris, Direction du tourisme, 2007, page 7
- Recherches à faire.
- Voir l'étude très fouillée de Jean-Pierre Dupuis, « Être un "maudit Français" en gestion au Québec, Un portrait et une interprétation », École des Hautes études commerciales, Montréal, 2004, 47 pages
- Serge Rostang, Voyage forum, 16 mai 2007
Bibliographie
- Jean-Pierre Dupuis. « Être un "maudit Français" en gestion au Québec, Un portrait et une interprétation », École des Hautes études commerciales, Montréal, 2004, 47 pages (coll. Cahier de recherche no 04-03) (ISSN 0846-0647). Cliquez ici pour le télécharger, 295 Ko.
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