Fièvre de Lhassa

Fièvre de Lhassa

Fièvre de Lassa

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Fièvre de Lassa
CIM-10 : A96.2
TEM montrant des virus de Lassa à côté de débris cellulaires.

La fièvre de Lassa est une fièvre hémorragique foudroyante (causée par un arenavirus) proche de la fièvre Ebola. Elle doit son nom à la ville de Lassa, au Nigéria[1], où elle est apparue.

Cette maladie est un véritable fléau en Afrique de l'ouest où elle est responsable d'épidémies mortelles quand elle touche des personnes fragiles (réfugiés, enfants, personnes âgées). De plus la fièvre de Lassa est la fièvre hémorragique la plus souvent exportée hors des frontières où elle sévit.

L'infection est propagée par un rat puis se transmet entre êtres humains par contact direct avec du sang, des urines, des fèces ou d'autres liquides biologiques d'une personne atteinte.

Sommaire

Épidémiologie

Etiologie

La maladie est causée par le virus de Lassa, un arenavirus de la famille des Arenaviridae. Son génome est sous forme d'ARN simple brin.

Historique

Les premiers cas ont été rapportés dans les années 50 mais ce n’est qu’en 1969 que le virus a pu être isolé chez une infirmière dans la ville de Lassa au Nigéria.

Les conflits qui affectent certains des pays de la zone d’endémie provoquent des déplacements de population qui favorisent les épidémies. Ainsi la Sierra Leone a connu une épidémie d’une ampleur exceptionnelle entre 1996 et 1997 dû à une guerre civile.

Zone d’endémie

La fièvre de Lassa sévit essentiellement en Afrique de l’Ouest. Elle est endémique au Nigeria, en Guinée (Conakry), au Libéria et en Sierra Leone. D’après l’OMS, elle toucherait également d’autres pays d’Afrique de l’ouest.

Prévalence

Dans les zones d’endémie, jusqu’à 50% de la population serait infecté par la maladie. Les études épidémiologiques ont dénombrées entre 300 000 et 500 000 cas par an dans les pays d’Afrique de l’ouest.

Mortalité

5 à 6000 personnes succombent chaque année de la fièvre de Lassa sur les 300 à 500 000 cas. Le taux de létalité est donc d’environ 1 %, mais il atteint 15 % chez les patients hospitalisés.

Chez la femme enceinte, la mortalité atteint 30% et le fœtus décède dans 85% des cas.

Réservoir animal

L'animal qui propage la maladie est un rat du genre Mastomys (Mastomys natalensis). La contamination s’effectue par contact avec ses excréments ou par morsure.

Un grand nombre de ces rongeurs vivent à proximité, voire à l'intérieur, des habitations dans les zones d'endémie. Un des moyens d'empêcher la propagation de la maladie passe donc par la lutte contre ce rongeur.

Symptomes

L’infection est asymptomatique dans environ 80% des cas.

  • La maladie incube pendant 6 à 21 jours. Les premiers signes cliniques apparaissent généralement 6 jours après l’infection.
  • Les premiers symptômes qui apparaissent sont peu spécifiques : fortes fièvres, courbatures, pharyngites, vomissements, céphalées.
  • Dans les cas sévères, les signes cliniques s’aggravent :avec l’apparition d'œdèmes, d’hémorragies dans la cavité buccale, nasale, dans le vagin et dans l'appareil digestif, d'épanchements pericardiques et pleuraux, et parfois d'encéphalites.
  • A un stade tardif : état de choc, convulsions, tremblements entrainant généralement la mort deux semaines après l’apparition des premiers symptômes.

Les patients qui survivent présentent de graves séquelles dans un tiers des cas : en particulier des myocardites et une surdité uni ou bilatérale. Cette surdité s’estompe dans les 3 mois dans 50% des cas.

Diagnostic

Les premiers signes cliniques qui apparaissent (fièvre, vomissements, douleurs abdominales, céphalées) sont peu spécifiques. Ils peuvent correspondre à de nombreuses autres maladies sévissant dans la région comme le paludisme, la dysenterie, les fièvres typhoïdes, la fièvre jaune ou d'autres fièvres hémorragiques virales. C’est pourquoi il est très difficile de diagnostiquer la maladie à un stade précoce.

Pour confirmer avec précision le diagnostic, il est nécessaire d’effectuer une sérologie, ce qui est rarement possible dans les zones endémiques.

Prévention

Prophylaxie

Il n’existe actuellement aucun vaccin pour cette maladie.

La prévention de la maladie passe par la promotion d'une bonne hygiène pour éviter que les rongeurs ne pénètrent dans les habitations. Les mesures préconisées par l’OMS sont : la conservation des aliments dans des contenants résistant aux rongeurs, l'élimination des ordures loin des habitations, le maintien de la propreté à l'intérieur de celles-ci et la présence de chats.

Conduite à tenir devant un cas

  • Hospitalisation
  • Isolement strict des malades
  • Information des autorités compétentes
  • Traitement étiologique et symptomatique vigoureux
  • Identification des sujets contacts
  • Pour le personnel médical : port de vêtements de protection, masque, gants, tabliers, protections du visage
  • Stérilisation systématique du matériel contaminé

Traitement

Le seul traitement efficace actuellement est l’injection en intraveineuse de ribavirine, un antiviral utilisé en particulier pour le traitement de l'hépatite C.

Pour être efficace, le traitement doit être administré au stade précoce de la maladie. Prescrit dès les 6 premiers jours, il permet de faire baisser le taux de létalité de 90%.

Ce traitement peut engendrer de nombreux effets indésirables en particulier des anémies sévères. Ces effets indésirables sont heureusement réversibles après l’arrêt du traitement.

La faible spécificité des symptômes précoces rend le diagnostic difficile dans les premiers jours de la maladie. Cela constitue la principale limite de ce traitement puisque l’antiviral n’est efficace qu’au stade précoce de la maladie. La maladie reste donc actuellement difficile à soigner.

Projet en cours

Actuellement de nombreux laboratoires recherchent un vaccin contre la fièvre de Lassa. En France en particulier des recherches sont menées par des chercheurs de l'Institut Pasteur et de l'INSERM au sein du laboratoire P4 au centre de recherche Mérieux-Pasteur à Lyon.

Les chercheurs ont isolé des protéines de surface du virus qui permettent d’activer la production d'anticorps. Cependant on observe des variations importantes, à un taux de 20 %, au niveau de ces protéines. En conséquence les réactions immunitaires peuvent être fort différentes. Pour produire un vaccin efficace, il faudrait réussir à trouver le « dénominateur commun » à toutes ces glycoprotéines qui permettent de stimuler la production d'anticorps agissant dans tous les cas.

L'espoir est faible, mais ces protéines restent les seules solutions connues actuellement ouvrant une voie vers l'élaboration d'un éventuel vaccin.

Liens externes

Page de l'OMS à propos de la maladie

Page de l'institut Pasteur sur la maladie et les recherches effectuées

Notes

  1. À ne pas confondre avec Lhassa, au Tibet.
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