- Fievre aphteuse
-
Fièvre aphteuse
Fièvre aphteuse CIM-10 : B08.8 La fièvre aphteuse est une maladie virale généralement non mortelle, voire bénigne, mais très contagieuse qui touche les bovins et les porcs. Elle peut aussi infecter les cerfs, les chèvres, les moutons et d'autres animaux aux sabots fendus, aussi bien que les éléphants, les rats et les hérissons.
Les chevaux n’y sont pas sensibles et les hommes très rarement.
Sommaire
Origine, pays concernés actuellement
C’est Friedrich Loeffler qui en a montré l’origine virale en 1897. Après avoir passé le sang d'un animal infecté à travers un filtre de verre de porcelaine il a constaté que le liquide obtenu pouvait encore provoquer la maladie chez des animaux sains.
La fièvre aphteuse sévit dans de nombreux pays, et infecte partiellement l'Europe, l'Afrique, l'Asie et l'Amérique du Sud. Jusqu’à maintenant (juillet 2001) cependant quelques pays, dont l'Australie, le Canada et les États-Unis (où depuis 1929 elle a pu être supprimée) sont exemptés. Comme elle peut frapper de nombreux hôtes, sa diffusion est rapide et représente pour le monde entier une grande préoccupation. En Grande-Bretagne l’épidémie de 2001 a contraint à abattre beaucoup d'animaux et à annuler de nombreux événements sportifs et loisirs comme le week-end de Ten Tors.
Après la Seconde Guerre mondiale la fièvre aphteuse s’est largement répandue dans le monde entier. En 1996, elle était endémique en Asie, en Afrique et localement en Amérique du Sud, où cependant le Chili, l'Uruguay et l'Argentine n’ont pas connu d’épidémie depuis avril 1994. La plupart des pays européens ont été reconnus comme n’étant pas touchés, si bien que ceux qui appartiennent à l'Union européenne ont cessé la vaccination. L'Amérique du Nord, l’Amérique centrale, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon et les Îles Britanniques ne l’ont pas connue pendant plusieurs d'années.
En Europe Occidentale, les éleveurs étaient confrontés régulièrement à des épizooties de fièvre aphteuse. Afin de lutter efficacement contre cette maladie, la plupart des pays européens ont généralisé à partir des années 1960 un programme de vaccination obligatoire. Ce programme a permis l'éradication la Fièvre Aphteuse à partir du milieu des années 1980. Le programme de vaccination a été arrêté en 1991 et remplacé depuis par un plan de lutte strictement sanitaire pour deux raisons :
- l'éradication des foyers de fièvre aphteuse autochtone était terminée et la protection vis-à-vis du risque d'introduction de la maladie passe dès lors par des mesures de contrôle sanitaire aux frontières,
- l'arrêt de la vaccination permettait de justifier d'un statut indemne de fièvre aphteuse indispensable pour l'ouverture du marché américain aux produits alimentaires européens.
Le virus
La fièvre aphteuse est causée par les dénominés FMDV (de l'anglais, foot-and-mouth disease virus), virus du genre aphthovirus de la famille des picornaviridae. Les membres de cette famille sont des virus icosaèdraux non enveloppés de petite taille (25-30 nm), qui contiennent de l’ARN à simple brin (acide ribonucléique, matériel viral génétique) de polarité positive (directement codant). Quand un virus de cette sorte entre en contact avec une cellule hôte, il s'attache à un récepteur et déclenche un reploiement de la membrane cellulaire. Une fois que le virus se trouve à l'intérieur de la cellule hôte, son manteau protéinique se dissout. L'ARN viral de polarité positive libéré est alors initialement traduit en poly-protéine par les ribosomes associés au reticulum endoplasmique. Une fois les protéines nécessaires à sa multiplication synthétisées commence la réplication du génome viral par une ARN polymérase ARN dépendante virale, un brin d'ARN de polarité négative complémentaire de l'ARN (+) est synthétisé qui va à son tour servir de matrice pour la synthèse de l'ARN (+) viral qui représente le génome viral. Les composants du manteau protéinique, synthétisés en grande quantité, s'y associent pour y assembler de nouveaux virus. Après cet assemblage, la cellule hôte éclate et les nouveaux virus sont libérés.
Il y a sept sérotypes différent de la fièvre aphteuse - O, A, C, SAT-1, SAT-2, SAT-3 et Asie-1. Ces sérotypes se présentent différemment suivant les régions, le sérotype O étant le plus commun.
Cas récents de fièvre aphteuse
Royaume-Uni, 2001
L'épidémie en Europe du Nord en 2001 a causé des dégâts pour 13 milliards d'euros[1].
Selon l'hypothèse généralement admise, la souche de type O "pan Asia" à l'origine de cet épisode épidémique proviendrait de déchets de cuisine (eaux grasses) d'aéroport contenant des repas non consommés à bord d'un avion provenant d'Afrique du Sud, et distribués à un élevage de porc. Cet élevage de porc était situé à proximité d'un élevage ovin et l'a contaminé (aucune déclaration de suspicion de fièvre aphteuse n'a été alors faite par l'éleveur des porcs ou son vétérinaire). Les ovins n'expriment quasiment pas la maladie. Ils ont été alors mélangé dans un centre d'allotement où en raison de la proximité avec la fête de l'Aid-El-Kebhir se trouvaient alors là plusieurs milliers d'animaux destinés à être exporté dans toute l'Europe. La première suspicion de fièvre aphteuse a été établie près de 3 semaines après la contamination initiale lors de l'arrivée des porcs à l'abattoir par l'inspection vétérinaire.
Royaume-Uni, 2007
voir article détaillé : Fièvre aphteuse d'août 2007 en Angleterre
Symptômes et modes de contamination
Chez les bovins, la fièvre aphteuse se manifeste par une température élevée qui baisse rapidement après deux ou trois jours, des aphtes à l'intérieur de la bouche qui provoquent une production excessive de salive filandreuse ou écumeuse avec hypersialorrhée, et des cloques sur les pieds qui peuvent s'ouvrir et faire boiter. Des animaux adultes peuvent perdre du poids et ne pas s’en remettre pendant plusieurs mois ; les testicules des mâles matures peuvent gonfler tandis que chez les vaches, la production de lait peut baisser de façon importante. Quoique la plupart des animaux guérissent finalement de la fièvre aphteuse, la maladie peut provoquer la myocardite (inflammation du muscle du cœur) et la mort, particulièrement chez des animaux nouveau-nés. Quelques animaux infectés restent asymptomatiques, c'est-à-dire qu'ils ne subissent pas ou ne manifestent pas les signes de la maladie ; mais ils sont des vecteurs de la fièvre aphteuse et peuvent la transmettre à d'autres.
Dans la fièvre aphteuse l'infection a tendance à se produire sur place, c'est-à-dire que le virus contamine les animaux susceptibles par le contact direct avec des animaux infectés ou des stalles contaminées ou encore des véhicules utilisés pour transporter le bétail. Peuvent également héberger le virus les vêtements et la peau des personnes en contact avec les animaux, comme les fermiers, l'eau non courante et les débris alimentaires qui n’ont pas été cuits ainsi que les suppléments alimentaires contenant des produits animaux infectés. Les vaches peuvent aussi contracter la fièvre aphteuse en recevant le sperme de taureaux infectés. Les mesures de contrôle comprennent la quarantaine, la destruction des animaux atteints et des interdictions d’exportation pour la viande et les autres produits animaux vers des pays non touchés par la maladie.
L’homme très rarement touché
Les êtres humains peuvent contracter la maladie par contact avec des animaux infectés, mais le fait est extrêmement rare. C’est que le virus qui l’occasionne est sensible à l'acide gastrique, il ne peut donc pas contaminer l’homme par la consommation de viande infectée. Au Royaume-Uni, le dernier cas humain confirmé date de 1967 et quelques autres seulement ont été enregistrés dans les pays d'Europe continentale, d'Afrique et d'Amérique du Sud. La fièvre aphteuse se manifeste chez les humains par des malaises, de la fièvre, des vomissements, des lésions rouges ulcératives des tissus de la bouche (des taches d’érosion montrant une surface de peau endommagée) et quelquefois des lésions vésiculaires de la peau sous forme de petites cloques. Elle peut se soigner à l'aide de capécitabine [2].
Une plus grande menace pour l’économie agricole
Du fait que la fièvre aphteuse n’infecte l’homme que rarement, mais se diffuse rapidement parmi les animaux, elle constitue une menace beaucoup plus évidente pour l’économie agricole que pour la santé humaine. Dans le monde entier les éleveurs peuvent perdre des milliards de dollars par an à l’occasion d’une épidémie de fièvre aphteuse, avec la perte d’un grand nombre de bêtes et une baisse de production pour le lait et pour la viande.
Vaccination
Une des difficultés pour vacciner contre la fièvre aphteuse réside dans la variation énorme entre sérotypes et même à l’intérieur d’un même sérotype. Il n’existe aucune protection croisée entre sérotypes (ce qui veut dire qu’un vaccin pour un sérotype ne protégera contre aucun des autres) et, de plus, dans un sérotype donné deux souches peuvent avoir des séquences de nucléotides qui différent de 30 %. Cela signifie que les vaccins contre la fièvre aphteuse doivent être étroitement spécifiques à la souche impliquée. La vaccination ne fournit qu’une immunité provisoire qui dure de quelques mois à quelques années.
Actuellement, l’OIE (Office international des épizooties) reconnaît que dans leur relation avec la maladie les pays sont dans trois situations différentes : ou bien la fièvre aphteuse est présente avec ou sans vaccination, ou bien elle est absente grâce à la vaccination ou bien elle est absente sans qu’on ait besoin de vaccination. Ce sont les pays du troisième groupe qui ont le plus de facilités pour exporter sur les marchés ; c’est le cas de pays développés dont le Canada, les États-Unis et le Royaume-Uni.
Dans les premiers temps beaucoup des premiers vaccins utilisaient des échantillons morts de virus de la fièvre aphteuse pour inoculer des animaux. Cependant, ces premiers vaccins provoquaient parfois des éruptions réelles. Dans les années 1970, les chercheurs ont découvert qu’on pouvait fabriquer un vaccin en employant seulement une simple protéine clé du virus. Il s’agissait de fabriquer des quantités suffisantes de cette protéine afin de l’employer dans la vaccination. Le 18 juin 1981, le gouvernement américain a annoncé la création d’un vaccin spécifique contre la fièvre aphteuse, le premier du monde à être construit génétiquement. Plus de deux décennies plus tard, la fièvre aphteuse existe toujours.
La Banque Nord-Américaine de Vaccins contre la fièvre aphteuse est hébergée par le Laboratoire de diagnostic des maladies animales étrangère (FADDL) relevant du Département de l’Agriculture (USDA) au Centre des Maladies animales de Plum Island. Le Centre est situé à 1,5 mille de la côte de Long Island, (État de New York), c’est le seul endroit aux États-Unis où les scientifiques peuvent mener des recherches et des travaux de diagnostic sur des maladies animales exotiques fortement contagieuses comme la fièvre aphteuse.
Des symptômes semblables, un autre virus
Il existe une autre maladie virale avec des symptômes semblables, généralement mentionnés comme le syndrome mains-pieds-bouche plus fréquent chez les humains, particulièrement chez les jeunes enfants; cette maladie est causée par un virus différent de la famille des Picornaviridés, il s’agit d’un entérovirus appelé Coxsackie A.
Notes et références
- ↑ La fièvre aphteuse : une menace permanente sur l'Europe
- ↑ M. Wong, S.-P. Choo* and E.-H. Tan, http://annonc.oxfordjournals.org/cgi/content/full/mdp278v1 Travel warning with capecitabine], Annals of Oncology Advance Access published online on May 26, 2009
Voir aussi
Liens utiles
- (fr) Fiche sur la fièvre aphteuse (sur le journal professionnel agricole Web-agri.fr)
- (fr) Historiographie : Mémoire sur la maladie épizootique, dite fièvre aphteuse, cocotte, qui régna en Normandie en 1839 (1846) par Durand, vétérinaire à Orbec (Calvados) ; Gaston Gosselin : La fièvre aphteuse (1912).
Catégories : Médecine vétérinaire | Santé des bovins | Picornaviridae
Wikimedia Foundation. 2010.