Zoonose

Zoonose
Zoonose
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DiseasesDB 28555
MeSH D015047

Pour l'OMS[1], une zoonose (du grec zôon(το ζωον), « animal » et nosos, « maladie ») est une infection ou infestation naturellement transmissible de l'animal à l'homme et vice versa (exemple : grippe aviaire, variant de la maladie de Creutzfeldt-Jacob responsable chez les bovins de la maladie dite de la vache folle)
Les zoonoses sont causées par divers agents biologiques vivants (bactéries, champignons, parasites) ou non-vivants (virus, prions...).

Ces maladies font partie du risque animal global. Toute personne peut les développer, souvent même sans contact avec les animaux.
Leur histoire reflète, depuis la préhistoire, les relations Homme-Animal.
Certaines zoonoses sont aussi des maladies professionnelles (qui touchent par exemple les éboueurs, taxidermistes, agriculteurs, éleveurs, vétérinaires, forestiers...).

Le risque zoonotique est considéré comme augmentant, en raison d'une circulation dans le monde accrue et plus rapide des agents infectieux et parasitaires chez les animaux domestiques et sauvages.

Sommaire

Définitions

Le terme de zoonose regroupe en fait 2 modalités différentes de transmission de maladies infectieuses ou parasitaires des animaux vertébrés (domestiques ou non) :

  • une zooanthroponose qui est une maladie transmise de l'homme à l'animal, dans des conditions naturelles ;
  • une anthropozoonose (ou « zoonose inversée », qui est une maladie transmise de l'animal à l'homme, dans des conditions naturelles ;
  • Une zoonose est dite « bornée » si quand elle est transmise à l'Homme, elle est non contagieuse et constitue un « cul-de-sac » (sans possibilité de contamination interhumaine).
    Elle est dite « extensive » si la contamination interhumaine est possible[2].

« Les agents étiologiques des zoonoses sont des agents transmissibles qui ne sont pas inféodés à un seul hôte et qui peuvent provoquer une infection ou une infestation chez au moins deux espèces de vertébrés dont l’homme »[3]

Zoonoses et maladies « émergentes »

Beaucoup des maladies émergentes sont des zoonoses. L'OMS, la FAO et l'OIE ainsi que de nombreux éco-épidémiologistes pensent que la circulation des humains et des animaux (d'élevage, domestiques) joue probablement un rôle majeur dans la diffusion et l'extension mondiale de nombreux pathogènes[4]

Au début des années 2000, une nouvelle "maladie émergente" est découverte tous les 14 à 16 mois (contre une tous les 10 à 15 ans dans les années 1970). Cette augmentation s'explique par une veille épidémiologique plus intense, mais aussi par une aggravation des conditions favorisant ces émergences. Ce sont notamment des virus (ex : le virus Hendra en 1996, les souches hautement pathogènes du virus grippal H5N1 en 1997 puis 2003, le virus Nipah en 1999 ou le coronavirus du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2003.
Les agents pathogènes non-conspécifiques, dits « pathogènes multi-hôtes non-humains », c'est-à-dire capables d'infecter un grand nombre d'espèces, sont ceux qui ont le plus de chance de conduire à une maladie émergente.
Ceux qui semblent le plus dangereux pour l'homme sont ceux qui peuvent infecter plusieurs espèces dont les ongulés, carnivores (chien et/ou chat en particulier), rongeurs et (pour les virus) chiroptères.

Certaines tiques sont pour cette raison des espèces vectrices « à haut risque », en particulier Ixodes ricinus dont les larves et nymphes peuvent piquer environ 300 espèces de vertébrés (à sang chaud ou froid). Parmi ces centaines d'hôtes, seuls quelques-uns sont infectés par les borrélies (agents de la maladie de Lyme) et parmi ces espèces seules quelques-unes jouent un rôle majeur en tant quespèces-réservoirs.
A titre d'exemple, en Auvergne, Chloé Boyard de l'INRA a montré que les micro mammifères joueraient un rôle important dans la dynamique de la tique Ixodes ricinus en prés pâturés et dans les bois des alentours de Combrailles (Puy-de-Dôme). Une autre étude de l'INRA a montré que sur sept espèces de micromammifères forestiers et périforestiers capturés dans des paysages forestiers, bocagers et de prés ou prairies, le mulot sylvestre (Apodemus sylvaticus) était et de loin le principal vecteur de tiques, elles-mêmes vectrices de la maladie de Lyme, probablement en raison de son comportement et peut-être d'une susceptibilité particulière aux borrélies.

Article détaillé : Maladie émergente.

Connaissance encore partielle

La connaissance des zoonoses est encore très lacunaire.

Par exemple, 1400 virus pathogènese sont répertoriés chez l'homme, et 1000 chez les espèces domestiques, mais il en existe probablement bien plus dans la faune sauvage, et certains d'entre eux (grippe par exemple) présentent de nombreux variants et créent constamment et naturellement des souches mutantes. Certains agents mutagènes pourraient aussi faciliter l'apparition de certaines mutations et renforcer le risque nosocomial.
Une récente étude sur les virus de la faune sauvage africaine a identifiée plus de 39 nouveaux virus chez des animaux domestiques, dont 11 chez des oiseaux. Il en existe sans doute bien plus dans la faune sauvage.

Des problèmes sont posés par le manque de naturalistes systématiciens ; Par exemple, les tiques sont réputées être le principal vecteur d'une trentaine de maladies, souvent graves, mais l'enquête de Cuisance et Rioux (2004) a montré qu'il n'existait en 2003 plus que deux spécialistes en systématique des tiques en France (parti à la retraite depuis), mais dans le même temps de nouvelles méthodes (biologie moléculaire, système d'information géographique... surtout) facilitent les études, pour certains groupes et facteurs biologiques, et pour les acteurs qui ont les moyens financiers, techniques et scientifiques d'y accéder.

Zoonoses, agents zoonotiques et espèces (« vectrices » ou « réservoirs ») introduites

Nombre de zoonoses peuvent voir leur aire d'endémie s'élargir par les introductions d'espèces, volontaires ou involontaires.

Par exemple, le tamia de Sibérie (Tamias sibiricus) récemment introduit en France dans plusieurs forêts suburbaines étant souvent trouvé porteur de nombreuses tiques, il a été étudié de ce point de vue en 2007. L'étude a confirmé que ces tamias portent en moyenne beaucoup plus de tiques que les autres espèces, et notamment plus de larves et de nymphes que le campagnol roussâtre (Myodes glareolus) ou le mulot sylvestre (Apodemus sylvaticus) qui sont les deux autres espèces-réservoir connues et qui - de par leur mode de vie - sont pourtant théoriquement plus exposés aux tiques que les écureuils tamias. Ces tamias étaient en outre beaucoup plus souvent infectés par des borrélies ; 61 % des tamias étudiés en 2007 étaient infectés et jusqu'à 80 % au mois de juin ! contre un pour cent des autres espèces. L'étude doit se poursuivre avec un projet multidisciplinaire (écoépidémiologie), avec étude de la variabilité des borréliequ'ils portent et véhicule.

Article détaillé : Maladie vectorielle.

Exemples de zoonoses

Zoonoses bactériennes

  • la brucellose (infection à Brucella spp. maladie du bétail, principalement les bovins et les ovins)
  • la campylobactériose (ou vibriose) à Campylobacter fetus et à Campylobacter jejuni
  • l'infection à Escherichia coli O157:H7 à l'origine chez l'homme de diarrhée hémorragique et de syndrome hémolytique et urémique (SHU) grave (en particulier pour les jeunes enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées)
  • la tularémie, infection à Francisella tularensis, maladie du lièvre et des rongeurs sauvages, à l'origine chez l'homme d'ulcérations, d'adénopathies, et des cas de pneumonie.
  • le charbon bactérien ou fièvre charbonneuse à Bacillus anthracis
  • la peste (infection à Yersinia pestis, dont le vecteur est la puce du rat) et le réservoir les rongeurs sauvages.
  • la leptospirose (infection par différents sérovars de Leptospira interrogans sensu lato, transmise du rat, rongeur, ou autre mammifère (chien exceptionnellement) à l'homme via l'environnement souillé par de l'urine contaminée et à l'origine chez l'homme de symptômes pseudo-grippaux pouvant rapidement évoluer en septicémie avec atteintes viscérales. C'est une maladie professionnelle.
  • le typhus murin (infection par Rickettsia typhi, bactérie dont le réservoir est le rat et le vecteur une puce)
  • la pasteurellose (infections à Pasteurella, P. multocida, P. canis et P. dagmatis), inoculée lors de morsures par des animaux, plus particulièrement les animaux de compagnie comme le chien et le chat.
  • la fièvre Q (infection à Coxiella burnetii) dont le réservoir est constitué d'arthropodes, de rongeurs sauvages, et d'animaux domestiques (petits ruminants) et principalement chez l'homme à l'origine de syndrome pseudo-grippaux et de troubles gastro-intestinaux (gastrite)
  • la listériose (infection à Listeria monocytogenes) dont le réservoir est constitué par l'homme, les produits d'origine animale (lait et produits laitiers surtout), sol, eau, végétaux, ensilages pour ruminants, et principalement à l'origine chez l'homme de syndromes fébriles pseudo-grippaux, avortements et méningo-encéphalites.
  • le rouget (infection à Erysipelothrix rhusiopathiae), maladie des suidés domestiques et/ou sauvages, à l'origine chez l'homme de troubles graves. C'est une maladie professionnelle.
  • la Maladie de Lyme (borréliose de Lyme, due à Borrelia burgdorferi), transmise par la morsure de tiques infectées, dont le réservoir principal sont les cervidés et les rongeurs sauvages, et à l'origine ches l'homme d'érythèmes chroniques migrants, de polyarthrites et de neuropathies graves.
  • la shigellose (due à différentes bactéries du genre Shigella), maladie des suidés et des nombreuses autres espèces animales (singes notamment) et à l'origine chez l'homme de diarrhées marquées avec déshydratation importante.
  • le sodoku (infection du rat due à Spirillum morsus muris ou Spirillum minus), transmise principalement par morsure, griffure ou au travers d'une peau lésée, et à l'origine chez l'homme d'adénopathie satellite (inflammation des nœuds lymphatiques drainant le site d'inoculation, d'épisodes fébriles récidivants et d'érythème (membres, tronc et/ou face). C'est une affection plus fréquente au Japon d'où son nom (So = rat et Doku= poison).
  • la Streptobacillose ou Fièvre de Haverhill (maladie des rongeurs due à Streptobacillus moniliformis) et à l'origine chez l'homme d'un syndrome pseudo-grippal.
  • la maladie des griffes du chat (ou lympho-réticulose bénigne d’inoculation) due à bartonella henselae), infection inapparente du chat (en particulier du chaton et du chat de moins d'un an d'âge) transmise par la puce du chat (Ctenocephalides felis)à l'origine chez l'homme de bactériémies fébriles récurrentes ou persistantes (sujets immunodéprimés et enfants), d'endocardites, et d'angiomatoses bacillaires.
  • la pseudotuberculose (ou infection par le bacille de de Malassez et Vignal), due à Yersinia pseudotuberculosis
  • l'infection par Yersinia enterocolitica
  • les rickettsioses
  • les salmonelloses
  • les staphylococcies
  • le tétanos (Clostridium tetani)
  • la tuberculose (Mycobacterium bovis et M. avium)
  • la mélioïdose (Burkholderia pseudomallei)
  • la morve (Burkholderia mallei)
  • à compléter

Zoonoses virales

Zoonoses parasitaires

Parmi les spécialistes mondiaux des zoonoses parasitaires, citons Jacques Euzéby, professeur à l'Ecole nationale vétérinaire de Lyon.

Zoonoses dues à des agents transmissibles non conventionels

On connait trois formes de maladies à prion

Epidémiologie

Un suivi, via l'OMS et l'OIE aux échelles internationales, permet de mieux détecter et suivre les zoonoses. Dans le même temps les progrès de l'épidémiologie descriptive, de la biologie moléculaire et phénotypique, des modélisations ont permis, dans de nombreux cas de mieux caractériser l'origine des pathogènes et de l'exposition des hommes ou animaux. Cependant de nouveaux risques, dont l'antibiorésistance et le risque nosocomial compliquent le travail des épidémiologistes.

Réactions

L'OMS, L'OIE et la FAO travaillent de plus en plus de concert pour identifier les facteurs de risques et de maîtrise du risque, avec une plus grande pluridisciplinarité (diverses études laissent penser que l'écoépidémiologie peut apporter une contribution importante à la connaissance des zoonoses et du risque épidémique ou pandémique lié).

Notes et références

  1. Organization World Health Joint WHO/FAAO expert committee on zoonoses : WHO technical report series no. 169; 1959. - Genève : The Organization, 1959.
  2. Vocabulaire, glossaire constitué dans le cadre de la lutte contre la grippe aviaire ; Office québecquois de la langue Française
  3. Dufour B. and Savey M. Approche épidémiologique des zoonoses ; Bulletin épidémiologique. - mars 2006. - 20/2006. - pp. 5-6. - (en ligne sur le site de l'Afssa au 23/02/2007).
  4. Vidéo mise en ligne par l'Inra Importance de la circulation d'agents pathogènes entre la faune sauvage et domestique dans l'émergence de maladies infectieuses

Liens externes

Bibliographie



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Zoonose de Wikipédia en français (auteurs)

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