Deroulement de la guerre franco-allemande de 1870

Deroulement de la guerre franco-allemande de 1870

Déroulement de la guerre franco-allemande de 1870

La guerre franco-allemande de 1870 fut marquée par une domination militaire de l'Allemagne, que ce soit d'un point de vue numérique, technique ou stratégique, aidée en cela notamment par l'incompétence des dirigeants militaires français, à l'image du maréchal Bazaine, mais aussi de Napoléon III, venu s'enfermer à Sedan. Les officiers formés en Afrique, plus baroudeurs que techniciens, agissent dans le désordre.

"Capitulation de Sedan" : la phobie du casque à pointe - dans le journal satirique français Charivari du 22 septembre 1870, Honoré Daumier inaugure la germanophobie doublée plus de soixante-dix ans de revanchisme de chaque côté du Rhin.

Sommaire

Racines et causes du conflit

Bismarck est, depuis 1862, le ministre-président du roi Guillaume Ier de Prusse. Son but est de fédérer, autour de la Prusse, l'ensemble des États allemands, Autriche exceptée. Avec l'affaire des Duchés, Bismarck va créer la Confédération des États de l'Allemagne du Nord qu'il va ensuite souder lors de la guerre contre l'Autriche. La victoire de Sadowa (juillet 1866) renforce la position de la Prusse dans les États d'Allemagne du Sud d'où l'Autriche sort affaiblie. Pour terminer l'unité allemande, Bismarck a encore besoin d'une guerre; elle se fera contre la France.

En 1868, la reine Isabelle d'Espagne est renversée et la république n'ayant pas la majorité, l'Espagne se cherche un roi. Bismarck pousse la candidature à la couronne d'Espagne de Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen, cousin du roi Guillaume Ier de Prusse. Le risque d'une alliance prusso-espagnole ferait réagir Napoléon III.

Pour prix de sa non-intervention dans le conflit prusso-autrichien, Napoléon III demande à la Prusse le rattachement du duché du Luxembourg à la France 1867), mais Bismarck ébruite cette demande secrète ce qui, non seulement, vexe Napoléon III, mais lui aliène aussi le cabinet britannique (crise luxembourgeoise).

Le 20 juin 1870, le roi Guillaume Ier accorde l'approbation, en tant que chef de famille, au prince Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen, de sa candidature au trône d'Espagne. Le 2 juillet 1870, la Gazette de France annonce au public que le Gouvernement espagnol a envoyé une députation en Allemagne pour offrir la couronne au prince de Hohenzollern. Contre tous usages, le Gouvernement français n'en avait pas été informé. Par des moyens diplomatiques mettant en œuvre les différentes chancelleries européennes, le gouvernement impérial réussit à faire retirer la candidature Hohenzollern. Mais les députés, tant de la majorité que de l'opposition, demandent des garanties. Ils veulent que le roi de Prusse déclare officiellement qu'il n'y aura plus à l'avenir de candidature Hohenzollern au trône d'Espagne.

Au corps législatif, seul Thiers est opposé à cette démarche ; c'est sous la pression, à la fois de la Chambre et de l'opinion, que Napoléon III donne des directives à Gramont, ministre des Affaires étrangères, pour que Benedetti, l'ambassadeur de France auprès du roi de Prusse, demande à Guillaume Ier la renonciation officielle, pour l'avenir, de sa maison au trône d'Espagne. Guillaume Ier reçoit par deux fois Benedetti et lui signifie son refus pour cette clause. Lorsque Benedetti revient une troisième fois à la charge, il lui fait dire par son aide de camp, Radziwill qu'il ne le recevra pas. Bismarck exploite cette réponse faite par le roi et dénature les événements pour ne laisser apparaître que le fait que le roi a refusé de recevoir l'ambassadeur de France (dépêche d'Ems (13 juillet 1870). C'est une humiliation diplomatique.

Le peuple de Paris a reçu un soufflet ; il descend dans la rue, pousse à la guerre. Tous les journaux, gouvernementaux et d'opposition, sont à l'unisson. Mais les raisons sont différentes : si pour les uns c'est la consolidation de l'Empire qui est recherchée, chez les autres c'est l'espoir d'un affaiblissement du régime. Le 16 juillet, le Corps législatif vote, à l'unanimité, moins six voix (Emmanuel Arago, Jules Grévy, Desseaux, Esquiros, Glais-Bizoin, Ordinaire - Thiers, Crémieux, Girault et Raspail s'abstiennent et Jules Favre est absent) les crédits spéciaux pour la guerre.

Le 19 juillet, le ministre des Affaires étrangères remettait à l'ambassadeur de Prusse à Paris une note dans laquelle la France se considérait comme en état de guerre.

Un flagrant déséquilibre

Napoléon III déclare la guerre au roi de Prusse le 19 juillet 1870 sans s'assurer du soutien des nombreux états rivaux ou ennemis de la Prusse, tout comme il ne prend pas non plus la peine de vérifier si l'armée française est prête au combat. Otto von Bismarck quant à lui profite de l'emportement français, puisque la déclaration de guerre contre la Prusse engage les états de la confédération allemande à se battre avec la Prusse contre l'agresseur, ce qui les entraîne dans une guerre qu'il exploite pour sceller l'unité allemande autour de son roi, Guillaume Ier de Hohenzollern.

Forces en présence

La France n'est en mesure de mobiliser que 250 000 hommes. Les Allemands disposent de 600 000 hommes rapidement mobilisés et montés au front grâce à l'utilisation du chemin de fer.

Les Allemands mettent au point une stratégie offensive, alors même que les Français sont persuadés que ceux-ci n'attaqueront pas, à l'image des propos tenus par Mac-Mahon lors d'une conférence sur le sujet à Reichshoffen le 1er août.

Une succession de défaites françaises

Les armées allemandes franchissent la frontière entre le Rhin et le Luxembourg, bousculant les armées impériales.

  • juillet : Le maréchal Le Bœuf est nommé major général de l'armée du Rhin.
  • 27 juillet : L'impératrice Eugénie est nommée régente.
  • 28 juillet : Napoléon III, accompagné du prince impérial âgé de 14 ans, se rend à Metz pour prendre la tête de l'armée.
  • 2 août : Combats de Sarrebruck, auxquels participe le jeune prince impérial.
  • 4 août : Bataille de Wissembourg dans le Bas-Rhin, première bataille qui se solde par la retraite des troupes françaises du maréchal de Mac-Mahon (division Douay) devant les troupes prussiennes du Kronprinz.
  • 6 août : Bataille de Frœschwiller-Wœrth lors de laquelle la IIIe armée allemande du Kronprinz de Prusse met en déroute les troupes françaises du Maréchal de Mac-Mahon.
  • 12 août : Napoléon III, malade, laisse le maréchal Bazaine prendre la tête de l'armée.
  • 14 août : Combats indécis de l'armée du maréchal Bazaine à Borny-Colombey. Les Allemands mettent le siège devant Toul.
  • 16 août : Bataille de Mars-la-Tour en Moselle.
    • les restes de l'armée du maréchal de Mac-Mahon se replie sur Châlons.
    • Combats indécis à Gravelotte, où le Maréchal Bazaine, à la tête de 2 armées aurait pu faire capituler une armée allemande isolée.
  • 18 août :
  • 20 août :
  • 25 août : Ayant reconstitué une armée le maréchal de Mac-Mahon accompagné de Napoléon III passe à l'offensive avec 120 000 soldats pour tenter de percer les troupes prussiennes et dégager le maréchal Bazaine de Metz. Il doit cependant prendre la direction de Sedan, car la route directe est barrée par les armées prussiennes.
  • 30 août : Bataille de Beaumont un corps d'armée chargé de défendre le flanc de l'armée de Mac-Mahon est défait par l'armée du prince de Saxe. L'armée Mac-Mahon se retire sur la citadelle de Sedan.
  • 31 août : Deux armées prussiennes, avec 240 000 hommes et 700 canons, sous les ordres des princes royaux de Prusse et de Saxe à la poursuite des troupes françaises du maréchal de Mac-Mahon, la bataille de Sedan commence. (Le Roi de Prusse et le Chancelier Bismarck sont présents).
  • 1er septembre :
    • Dès le début, en observant les combats de Bazeilles (flanc est) sur une colline du village de Balan, le maréchal de Mac-Mahon est blessé, et remplacé par le Général Ducrot puis par le général Wimpffen qui invoque un ordre du gouvernement de remplacer le commandant en chef en cas de d'empêchement. Cette succession de chefs engendre un plan de bataille incohérent.
    • Combats de Bazeilles où les Marsouins de l'infanterie de marine opposent une résistance héroïque contre les troupes bavaroises.
    • Afin d'éviter l'encerclement de la citadelle, les chasseurs d’Afrique du général Margueritte effectuent d'héroïques mais vaines charges sur le plateau de Floing (flanc ouest).
    • Au final, les troupes désorganisées se replient sur la citadelle de Sedan. Encerclées et sous le feu de l'artillerie des États Allemands qui tire sur la ville citadelle, Napoléon III fait hisser le drapeau blanc, pour éviter un massacre. Il est 16h30 la bataille est perdue. Le général de Wimpffen commande la reddition de la ville.
  • 2 septembre : L'empereur Napoléon III est fait prisonnier. Signature de l'acte de reddition par De Wimpffen et Von Molkte au Château de Bellevue situé à 2 km au sud de Sedan.
    • Bilan de la bataille de Sedan : 15 000 Français tués ou blessés, 91 000 prisonniers internés sur la presqu'ile d'Iges bordée par la Meuse et un canal (ce lieu d'internement fut appelé "le camp de la misère"), 10 000 ont réussi à se replier sur Paris et 3 000 sont internés en Belgique; du côté allemand, 10 000 morts ou blessés sur 250 000 hommes.
  • 3 septembre : Napoléon III est emmené en captivité en Allemagne (à Wilhelmshoehe, près de Kassel). Les troupes françaises sont internées au camp de la misère.

La chute de l'empire français

À Paris, les républicains demandent le 3 septembre la déchéance de l'Empire. Le 4, le peuple envahit le Palais-Bourbon, et Léon Gambetta à la tribune proclame la chute du régime impérial. Accompagné de Jules Favre et de Jules Ferry, il se rend à l'hôtel de ville et proclame la république : un gouvernement provisoire, sous la direction de Favre et du général Trochu, est constitué. C'est un Gouvernement de la Défense nationale, qui ordonne la résistance à outrance.

Une tentative républicaine de redressement

Gambetta organise la résistance. Il quitte Paris en ballon le 7 octobre et rejoint à Tours l'antenne gouvernementale qui s'y était installée avant le blocus de Paris. Il reconstitue trois armées (Nord, Loire et Est).

Sur la Loire

Article détaillé : Armée de la Loire.

C'est à ce moment (27 octobre) que Bazaine capitule à Metz libérant la IIe armée allemande qui se porte au-devant de la première armée de la Loire du général d'Aurelle de Paladines qu'elle bat le 8 décembre près d'Orléans, puis de la deuxième armée de la Loire confiée au général Chanzy est battue le 11 janvier au Mans. L'armée de la Loire se replie derrière la Mayenne.

Nord

En janvier, au nord le général Faidherbe après les batailles de Bapaume et Saint-Quentin bat en retraite à l'abri des places fortes de Cambrai et Lille, sans être vraiment inquiété par von Goeben. Cependant l'action de Faidherbe permettra au Nord-Pas-de-Calais de ne pas être envahi.

Est

Article détaillé : Armée de l'Est.

À l'est, Bourbaki après une victoire à Villersexel échoue dans sa tentative de libérer Belfort assiégée : son offensive est stoppée à Héricourt et Montbéliard. Il est remplacé le 26 janvier, suite à une tentative de suicide, par le commandant du 20e corps le général Clinchant qui, encerclé par les allemands, n'a d'autres ressources que de négocier avec le général suisse Hans Herzog et l'armée se réfugie en Suisse le 1er février 1871 ce qui provoque ainsi la disparition de l'armée de l'Est. Cependant, de durs combats ont lieu au défilé de la Cluse (au sud de Pontarlier) où des troupes se font massacrer courageusement pour sauver l'armée. D'autres généraux dont Crémer et Pallu de la Barrière ainsi que l'amiral Penhoat réussissent à passer le Jura enneigé avec plusieurs milliers d'hommes et à rejoindre Lyon par Gex. Les forts de Joux et du Larmont ne se rendent que le 10 février après avoir occasionné de lourdes pertes aux Allemands.

L'armistice

Le manque de vivres, le bombardement quotidien et la succession des échecs militaires provoquent une agitation croissante de la population parisienne qui fait craindre au gouvernement provisoire une prochaine révolte. Celui-ci décide donc de cesser au plus vite les hostilités et signe le 28 janvier 1871 un armistice qui ne concerne pas les opérations dans l'est, dans l'attente de l'arrêt des négociations sur le futur tracé des frontières. L'armistice général intervient le 15 février. L'ordre est alors donné à la place de Belfort de se rendre, ce qu'elle peut faire le 18 février avec les honneurs.

Liste des batailles (non exhaustive)

voir Catégorie:Bataille de la guerre franco-allemande de 1870-1871

Notes et références


Bibliographie complémentaire

  • Bernard Giovanangeli, et al. « 1870, Les soldats et leurs batailles », coédition : Bernard Giovanangeli éditeur, Ministère de la Défense, 2006, ISBN 2-909034-95-X
  • Jérôme Baconin, « Paris 1870-1871, l'année terrible », collection Mémoire en images, éditions Alan Sutton, 2007, ISBN 978-2-84910-705-8

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