Cucendron

Cucendron

Cendrillon

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Cendrillon, illustration de Gustave Doré, 1867

Cendrillon est un conte populaire. Il en existe plusieurs versions de par le monde, dont certaines peuvent être très différentes de celle connue en Occident.

Sommaire

Une histoire connue partout dans le monde

Comme pour beaucoup d'histoires appartenant avant tout au patrimoine oral, celle-ci est présente dans presque toutes les époques et civilisations. Il n'existe pas forcément de lien direct et identifiable entre toutes ces versions. On parle alors de « trame récurrente » vraisemblablement liée au genre humain, aux questionnements qui l'interpellent depuis toujours.[réf. nécessaire]

Voici la trame en question, mais qui peut cependant connaître des variations selon les régions où elle est appliquée (un conte populaire vivant avant tout de pratique orale), mais restant, dans presque tous les cas conforme à ce modèle :

  • Un enfant plus ou moins rejeté par sa famille qui aimerait faire les mêmes choses que les autres enfants de son entourage.
  • L'aide d'adjuvants dans son périple.
  • La préférence d'une personne convoitée par tous pour cet enfant délaissé.
  • Une consigne à ne pas enfreindre (ex : les douze coups de minuit)
  • La personne convoitée qui finit par la retrouver après une épreuve d'identification.
  • Le triomphe de l'enfant sur ceux qui le méprisaient.

Une version antique du conte

Parmi les multiples versions du conte que l'histoire littéraire a retenues il y a celle-ci, retranscrite au IIIe siècle par d'Élien. L'auteur raconte l'histoire de Rhodope, une jeune Grecque embarquée en Égypte comme esclave. Un jour, un aigle lui vola une de ses pantoufles alors qu'elle était au bain. L'oiseau laissa tomber la pantoufle aux pieds du pharaon Psammétique ; celui-ci, frappé de stupeur par la délicatesse de la pantoufle, promit d'épouser la femme à qui elle appartenait.

Mais vraisemblablement Élien ne faisait que reprendre une légende déjà contée par Strabon au sujet de la pyramide de Mykérinos dont il rappelle que certains auteurs disaient que c'était le tombeau d'une courtisane nommée Rhodopis: « Un jour, comme elle était au bain, un aigle enleva une de ses chaussures des mains de sa suivante, et s'envola vers Memphis où, s'étant arrêté juste au-dessus du roi qui rendait alors la justice en plein air dans une des cours de son palais, il laissa tomber la sandale dans les replis de sa robe. Les proportions mignonnes de la sandale et le merveilleux de l'aventure émurent le roi; il envoya aussitôt par tout le pays des agents à la recherche de la femme dont le pied pouvait chausser une chaussure pareille; ceux-ci finirent par la trouver dans la ville de Naucratis; et l'emmenèrent au roi qui l'épousa et qui, après sa mort, lui fit élever ce magnifique tombeau. [1] ».

Le nom de l'héroïne

Cendrillon n'est que le surnom de l'héroïne, dérivé du fait qu'elle se repose dans la cendre une fois son travail fini. On ignore son nom réel. Elle a un second surnom, celui de Cucendron, qu'une précieuse aurait banni mais que Charles Perrault choisit pour mieux souligner la vulgarité de Javotte (la belle-sœur ainée).

Ces deux surnoms sont dérivés du mot cendre, qui a toujours été symbole d'humiliation et de pénitence : la Bible et l'Odyssée font mention de Jérémie se roulant dans les cendres et Ulysse assis dessus. Quant aux pères de l'Église, ils nous montrent les pénitents se couvrant la tête de cendres ou vivant dans la cendre[2]. Le surnom de Cendrillon vient d'un amalgame entre les mots cendre et souillon. Dans un conte chinois similaire du IXe siècle, la jeune fille se nomme Yè Xiàn. Ce nom se rapproche d'un point de vue phonétique de termes tels que aschen (allemand), asan (en sanskrit) ashes (anglais) et aescen (anglo-saxon) qui signifient cendre. Il s'agit donc toujours de la même histoire.

Mais ce seront essentiellement Charles Perrault en 1697 avec Cendrillon ou La Petite Pantoufle de verre et Jacob et Wilhelm Grimm, en 1812 avec Cendrillon qui auront permis au conte de se fixer sous la forme qu'on lui connait dans l'imaginaire collectif.

Néanmoins, son nom anglais Cinderella résulte d'une traduction « trop facile » de son nom original ; car contrairement à ce que cela pourrait laisser penser, la traduction anglaise exacte de « cendre » n'est pas cinder (qui signifie en fait « escarbille ») mais ash. L’Oxford English Dictionnary précise d'ailleurs que cinder n'a pas la même étymologie que ash. Une autre différence réside dans ce que désigne respectivement l'escarbille et la cendre : La cendre est une matière poussiéreuse et propre résultant d'une combustion complète, alors que l'escarbille est une matière solide et sale résultant d'une combustion incomplète. [3]

Comparaison entre Perrault et les frères Grimm

La version de Charles Perrault, Cendrillon ou La Petite Pantoufle de verre, présente déjà une importante différence avec la version des frères Grimm : le prince tente de retenir l'héroïne en enduisant l'escalier de poix. Dans d'autres versions, l'héroïne laisse intentionnellement tomber sa pantoufle. On observe ici que ces contes sont bien plus anciens que les versions courantes et qu'ils ont été adaptés pour les enfants, alors qu'à l'origine ils servaient à véhiculer un certain nombre de principes. D'autres versions parlent d'un anneau qui n'irait qu'à l'héroïne.[réf. nécessaire]

Il existe des similitudes avec d'autres contes. On reconnaît bien sûr dans l'image de l'anneau l'empreinte de Peau d'Âne. Dans certaines versions, ce n'est pas une fée marraine qui aide l'héroïne, mais sa mère défunte qui lui apparait alors sous la forme d'un animal ou d'un arbre. Cependant, l'héroïne reçoit toujours de l'aide, et cela dans toutes les versions.

La plupart des versions sont directement issues des anciennes traditions populaires, et recèlent beaucoup de sagesse.[style à vérifier] Même si le thème de la justice du destin est clairement identifiable dans toutes les versions, les conteurs ne sont pas tous d'accord sur le second thème à aborder, à savoir, la punition ou le pardon. Dans la version de Charles Perrault, les belles-sœurs sont pardonnées par l'héroïne, alors que dans la version des frères Grimm, elles sont doublement punies ; il y a d'une part le fruit de leur mutilation devant leur permettre de chausser la pantoufle (dans une version écossaise intitulée Rashin Coatie, la belle-mère mutile elle-même ses filles) et d'autre part le fait qu'elles finissent aveugles.

Encore les frères Grimm sont-ils modérés par rapport à la première version allemande, dans laquelle les belles-sœurs sont condamnées à danser avec des chaussures de métal chauffées au rouge jusqu'à ce que mort s'ensuive. Un tel châtiment (dont la brutalité rappelle que les contes populaires peuvent avoir la vocation morale des apologues et qu'ils mettent en garde contre les tentations du mal) se trouve cependant dans la Blanche-Neige des mêmes frères Grimm.

De même, la version des frères Grimm, ainsi que d'autres versions plus anciennes de l'histoire, ne dit absolument pas que l'héroïne doit à tout prix quitter le bal avant minuit. Elle ne s'y rend d'ailleurs pas non plus à bord d'une citrouille transformée en carrosse conduit par un rat transformé en cocher, tiré par six souris transformées en chevaux, et entouré par six lézards transformés en laquais (à l'époque de Charles Perrault, les laquais étaient souvent sujet de plaisanterie à cause de leur paresse. De même, l'image du lézard qui reste immobile sous le soleil a souvent été rapprochée des personnes de nature paresseuse ; d'où cette dernière métamorphose.)

Psychanalyse de ce conte de fée

Globalement, le conte met en place l'accession à la reconnaissance paternelle d'un enfant auparavant rejeté grâce à une action montrant au grand jour ses qualités. C'est en soi l'histoire toute banale d'enfants se disputant la préférence parentale, en essayant de se surpasser. Ce qui est reconnu par le père est la bonté; c'est ce qui en fait un conte moraliste.

Dans une optique plus spécifiquement sexualisante, on peut estimer que le conte pose deux images fondamentales de la femme tout en essayant de les concilier : l'idéal féminin, sublimé, qui attire tous les regards durant la soirée; et l'image de la femme simple, sauvage et farouche après minuit. C'est donc par le regard masculin que se dévoile lentement une image épurée de la femme; image selon laquelle la femme fuit le désir masculin qui la déchoit, lorsque celui-ci semble la "déshabiller du regard", ou la mettre dans son plus simple appareil. Les gravures de Gustave Doré pour les contes de Charles Perrault dévoilent bien cet aspect lors de la scène du bal : regards avides des hommes présents, infinie timidité de la jeune Cendrillon.

Pantoufle de vair ou de verre ?

Image d'Épinal : en verre, en vair, ou en vert ?
Essayage de la pantoufle de verre

La pantoufle de Cendrillon est, selon les versions françaises les plus récentes, de verre ou de vair (fourrure d'écureuil). L'édition de 1697 des contes de Charles Perrault mentionne bien « la pantoufle de verre »[4], donnée traditionnelle dans le folklore, puisqu'on retrouve des pantoufles de verre ou cristal dans les contes catalans, écossais, irlandais. Dans d'autres contes, le héros peut avoir des chaussures de fer, et Blanche-Neige des frères Grimm un cercueil de verre. En occitan, langue dans laquelle l'homophonie verre-vair ne fonctionne pas, une formule de conclusion utilisée par les conteurs était celle-ci : Cric-crac ! Mon conte es acabat / Abió un escloupoun de veire / Se l'abio pas trincat / Aro lou vous farió veser. (Cric-crac, mon conte est achevé / J'avais un petit sabot de verre / Si je ne l'avais pas brisé / Je vous le ferais voir.)[5]

Honoré de Balzac et Émile Littré voulaient, au nom de la raison, corriger cette graphie en vair (petit-gris, écureuil). Cette correction n’apporte pas toute satisfaction, car outre le fait que jamais on ne fourra par le passé les chaussures de petit-gris, de tels souliers seraient bien inappropriés à un bal et à la danse, et la fourrure n'apporte aucune valeur symbolique au récit. Le vair, fourrure de petite dimension, n'était pas utilisé pour réaliser des pièces d'habillement, mais seulement des ornements, et principalement en héraldique, donc loin des préoccupations du petit peuple par qui circulaient les contes. Le verre était, à l'époque de Perrault, pour le peuple, un matériau rare et précieux, symbolique donc d'une personnalité exceptionnelle, particulièrement fine et légère, au point de pouvoir porter de telles chaussures sans les briser ni en être incommodée. On peut arguer au nom de la raison qu'il serait bien difficile de chausser une pantoufle de verre si elle ne s'ajustait pas exactement à la forme et à la taille du pied, ce qui se produit dans l'histoire.

Le sens du mot pantoufle (chaussure d'intérieur confortable) a certainement influé dans ce sens (les traductions de la version de Grimm emploient en général escarpin, et d'ailleurs des escarpins en or, qui ne doivent pas être spécialement confortables non plus).

Dans Le Conte populaire français[6], Paul Delarue recense 38 versions relevées en France. Sur ces versions, 32 font mention de chaussures ou de pantoufles, réparties ainsi : chaussures, sans autre précision, 14 ; pantoufles, 10 ; sandales, 1 ; pantoufles de verre, 4 ; pantoufles d'or, 1, chaussures de verre, 1 ; chaussures de cristal, 1. Il n'y a pas d'autres mentions de matière, donc pas de vair.

Adaptations

Le conte de Cendrillon est un récit d'origine orale, source d'inspiration pour toutes les disciplines artistiques. Il s'est ainsi propagé à travers les siècles et les continents. On dénombre aujourd'hui plus de cinq-cents versions différentes. Ainsi, depuis la légende de Rhodope, en passant par sa mise par écrit en Chine au IXe siècle, le conte vietnamien de Bo Than où l'héroïne prie Bouddha, La Chatte cendreuse de l'Italien Giambattista Basile en 1634, l'opéra comique Cendrillon de Jules Massenet en 1899, ou plus récemment un ballet de Rudolf Noureev, la comédie musicale Cindy de Luc Plamondon, la Cendrillon des temps modernes en 2002. Parmi les adaptations les plus remarquables :

Voir aussi

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Voir « cendrillon » sur le Wiktionnaire.

Références

  1. Géographie, XVII,I,4 (traduction G. Perrot).
  2. Charles Perrault, Contes (introduction, notices et notes de Catherine Magnien), Éditions Le Livre de Poche Classique
  3. Bruno Bettelheim, Psychanalyse des contes de fées p. 317
  4. VoirBNF et Universalis
  5. Charles Mouly, Mon sabot de verre, Contes et légendes des pays d'oc, Toulouse, éditions de Raffût, 2008
  6. Paul Delarue et Marie-Louise Ténèze, Le conte populaire français, Tome II, Paris, Maisonneuve & Larose, 1977

Bibliographie

  • Sous la cendre : figures de Cendrillon, anthologie établie et postfacée par Nicole Belmont et Élisabeth Lemirre, Paris, José Corti, « Merveilleux », 2007. (ISBN 978-2-7143-0957-0)
  • "Histoires de Cendrillon racontées dans le monde", Gilles Bizouerne, Syros Jeunesse, collection "Tour Du Monde D'un Conte" (ISBN 2748505727)
  • Hermann Hochegger, Cendrillon en Afrique. Versions zaïroises de 1906 à 1993 (ISBN 978235176028x) [présentation en ligne] 
  • Trois Noisettes pour Cendrillon. Tri Oriski pro Popelku. 1976 

Textes complets sur Wikisource

Giambattista Basile

Charles Perrault

Les frères Grimm

Charles Deulin

Images d'Épinal

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