- Tire la chevillette, la bobinette cherra
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« Tire la chevillette, la bobinette cherra » est la formule emblématique du conte de Charles Perrault, Le Petit Chaperon rouge, paru dans Les Contes de ma mère l'Oye en 1697.
Sommaire
Présentation
La formule est prononcée à deux reprises :
- une première fois par la grand-mère au Loup, alors qu’elle pense s’adresser à sa petite-fille :
« La bonne Mère-grand, qui était dans son lit à cause qu’elle se trouvait un peu mal, lui cria : Tire la chevillette, la bobinette cherra. Le Loup tira la chevillette et la porte s’ouvrit. »
- une seconde fois par le loup, reprenant l'expression de la grand-mère et imitant sa voix, à l’attention du Petit Chaperon rouge :
« Le Loup lui cria en adoucissant un peu sa voix : Tire la chevillette, la bobinette cherra. Le Petit Chaperon rouge tira la chevillette, et la porte s’ouvrit. »
Il ne s’agit pas d’une formule magique à proprement parler puisqu’elle n’entraîne l’accomplissement d’aucun prodige, mais d’une sorte de « Sésame », permettant de pénétrer dans l’antre de la grand’mère où vont se jouer les évènements dramatiques. Le côté ésotérique et l’effet de répétition ajoutent au caractère enchanté de la formule.
Dans leur version du conte, les frères Grimm n'emploient pas la célèbre formule. La grand'mère se contente de dire : « Appuie sur la clenche », utilisant un registre de langue provincial et campagnard. Le loup, quant à lui, ne répète pas cette phrase en contrefaisant sa voix, il laisse simplement la porte ouverte, permettant ainsi au Petit Chaperon rouge d'entrer sans frapper.
Explication
La « chevillette » est définie comme une petite cheville de porte[1]. Elle peut être bloquée de l'intérieur[2], si bien qu'un visiteur ne pourra pas la retirer et ouvrir la porte.
La « bobinette » est une pièce de bois mobile, maintenue contre le battant d'une porte par une cheville et qui tombe quand on enlève celle-ci pour ouvrir la porte[3].
« Cherra » est la 3e personne du singulier du verbe « choir » au futur de l'indicatif : « elle cherra » signifie donc « elle tombera ».
La formule signifie donc, en utilisant des accessoires actuels : « tourne la poignée, la porte s'ouvrira ». En remplaçant cette dernière formule anodine par une formule équivalente, mais plus poétique et plus absconse, voire cryptique, la tradition lui a donné un certain caractère magique.
Une version orale du conte recueillie en Gascogne donne pour cette formule : « Tire la cordelette et le loquet se lèvera »[4]. Cette version correspond à un mécanisme légèrement différent[5] dérivée probablement du texte de Perrault.
Notes et références
- Chevillette sur le dictionnaire du Trésor de la langue française (CNTRL).
- histoire de la serrure. Voir l'
- Bobinette sur le dictionnaire du Trésor de la langue française (CNTRL).
- Charles Perrault, Contes (introduction, notices et notes de Catherine Magnien), éditions Le Livre de Poche Classique.
- Dans le premier cas le pêne descend pour permettre d'ouvrir la porte et dans l'autre il monte.
Voir aussi
Autres formules de Perrault :
- « il était une fois », ouvrant de nombreux contes ;
- « Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? » (La Barbe bleue) ;
- « Je sens la chair fraiche » (Le Petit Poucet).
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