Tire la chevillette, la bobinette cherra

Tire la chevillette, la bobinette cherra
« Le Loup tira la chevillette et la porte s’ouvrit. Il se jeta sur la bonne femme, et la dévora en moins de rien ; car il y avait plus de trois jours qu’il n’avait mangé. » Illustration de Gustave Doré de 1867.

« Tire la chevillette, la bobinette cherra » est la formule emblématique du conte de Charles Perrault, Le Petit Chaperon rouge, paru dans Les Contes de ma mère l'Oye en 1697.

Sommaire

Présentation

La formule est prononcée à deux reprises :

  • une première fois par la grand-mère au Loup, alors qu’elle pense s’adresser à sa petite-fille :

« La bonne Mère-grand, qui était dans son lit à cause qu’elle se trouvait un peu mal, lui cria : Tire la chevillette, la bobinette cherra. Le Loup tira la chevillette et la porte s’ouvrit. »

  • une seconde fois par le loup, reprenant l'expression de la grand-mère et imitant sa voix, à l’attention du Petit Chaperon rouge :

« Le Loup lui cria en adoucissant un peu sa voix : Tire la chevillette, la bobinette cherra. Le Petit Chaperon rouge tira la chevillette, et la porte s’ouvrit. »

Il ne s’agit pas d’une formule magique à proprement parler puisqu’elle n’entraîne l’accomplissement d’aucun prodige, mais d’une sorte de « Sésame », permettant de pénétrer dans l’antre de la grand’mère où vont se jouer les évènements dramatiques. Le côté ésotérique et l’effet de répétition ajoutent au caractère enchanté de la formule.

Dans leur version du conte, les frères Grimm n'emploient pas la célèbre formule. La grand'mère se contente de dire : « Appuie sur la clenche », utilisant un registre de langue provincial et campagnard. Le loup, quant à lui, ne répète pas cette phrase en contrefaisant sa voix, il laisse simplement la porte ouverte, permettant ainsi au Petit Chaperon rouge d'entrer sans frapper.

Explication

Le Petit Chaperon rouge devant la porte de chez sa grand-mère. Illustration de l'américain Felix Octavius Carr Darley (1821-1888) de 1850.
Note : la chevillette a été retirée et pend au bout de la cordelette qui la retient.

La « chevillette » est définie comme une petite cheville de porte[1]. Elle peut être bloquée de l'intérieur[2], si bien qu'un visiteur ne pourra pas la retirer et ouvrir la porte.

La « bobinette » est une pièce de bois mobile, maintenue contre le battant d'une porte par une cheville et qui tombe quand on enlève celle-ci pour ouvrir la porte[3].

« Cherra » est la 3e personne du singulier du verbe « choir » au futur de l'indicatif : « elle cherra » signifie donc « elle tombera ».

La formule signifie donc, en utilisant des accessoires actuels : « tourne la poignée, la porte s'ouvrira ». En remplaçant cette dernière formule anodine par une formule équivalente, mais plus poétique et plus absconse, voire cryptique, la tradition lui a donné un certain caractère magique.

Une version orale du conte recueillie en Gascogne donne pour cette formule : « Tire la cordelette et le loquet se lèvera »[4]. Cette version correspond à un mécanisme légèrement différent[5] dérivée probablement du texte de Perrault.

Notes et références

  1. Chevillette sur le dictionnaire du Trésor de la langue française (CNTRL).
  2. Voir l'histoire de la serrure.
  3. Bobinette sur le dictionnaire du Trésor de la langue française (CNTRL).
  4. Charles Perrault, Contes (introduction, notices et notes de Catherine Magnien), éditions Le Livre de Poche Classique.
  5. Dans le premier cas le pêne descend pour permettre d'ouvrir la porte et dans l'autre il monte.

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Autres formules de Perrault :


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Tire la chevillette, la bobinette cherra de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем сделать НИР

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Tire la bobinette et la chevillette cherra — Tire la chevillette, la bobinette cherra « Le Loup tira la chevillette et la porte s’ouvrit. Il se jeta sur la bonne femme, et la dévora en moins de rien ; car il y avait plus de trois jours qu’il n’avait mangé. » Illustration de… …   Wikipédia en Français

  • Bobinette — Tire la chevillette, la bobinette cherra « Le Loup tira la chevillette et la porte s’ouvrit. Il se jeta sur la bonne femme, et la dévora en moins de rien ; car il y avait plus de trois jours qu’il n’avait mangé. » Illustration de… …   Wikipédia en Français

  • bobinette — [ bɔbinɛt ] n. f. • 1696; de bobine ♦ Vx Loquet mobile en bois qui servait autrefois à fermer les portes. « Tire la chevillette, la bobinette cherra » (Perrault). ● bobinette nom féminin Petite pièce de bois mobile qui servait à fermer les portes …   Encyclopédie Universelle

  • chevillette — [ ʃ(ə)vijɛt ] n. f. • v. 1275; de cheville ♦ Vx Petite cheville. « Tire la chevillette, la bobinette cherra » (Perrault). ● chevillette nom féminin Sorte de clé de bois qui servait aux anciennes fermetures. Broche de fer à l usage, notamment, des …   Encyclopédie Universelle

  • Chevillette — La chevillette est un petit accessoire de maçon, du genre serre joint. Elle est parfois aussi appelée patte à coulisse. Chevillette Présentation La chevillette est constituée d une tige effilée, d une vingtaine de centimètres de long et de… …   Wikipédia en Français

  • chevillette — (che vi llè t , ll mouillées) s. f. Petite cheville.    Broche de fer dont se servent les charpentiers.    Morceau de cuivre plat et troué dont le relieur se sert pour attaquer les nerfs des livres.    Clef de bois des anciennes fermetures. Tire… …   Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré

  • Le Petit Chaperon rouge — Illustration d Albert Anker (1883) Auteur …   Wikipédia en Français

  • choir — [ ʃwar ] v. intr. <conjug. : je chois, tu chois, il choit, ils choient (les autres personnes manquent au présent); je chus, nous chûmes. Chu, chue au p. p. Formes vieillies : je choirai ou cherrai, nous choirons ou cherrons> • cheoir 1080;… …   Encyclopédie Universelle

  • Le Petit Chaperon Rouge — par Albert Anker (1883) Le Petit Chaperon rouge est un conte appartenant à la tradition orale, retranscrit pour les versions les plus connues par Charles Perrault en France et par les frères Grimm en Allemagne …   Wikipédia en Français

  • Le petit chaperon rouge — par Albert Anker (1883) Le Petit Chaperon rouge est un conte appartenant à la tradition orale, retranscrit pour les versions les plus connues par Charles Perrault en France et par les frères Grimm en Allemagne …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”