Congrégation du Grand-Saint-Bernard

Congrégation du Grand-Saint-Bernard

La Congrégation des chanoines réguliers des saints Nicolas et Bernard de Mont-Joux (en latin ''Congregatio Sanctorum Nicolai et Bernardi Montis Iovis, C.R.B.) - plus communément appelée Congrégation des chanoines du Grand-Saint-Bernard - est une congrégation catholique fondée par saint Bernard de Menthon vers 1050. Son actuel prévôt est Mgr Jean-Marie Lovey (élu le 4 février 2009).

Cette peinture, datée soit début XVIIIème, soit début XIXème, représente Saint Bernard de Menthon, enchaînant le diable.
Saint Bernard terrassant le diable

Sommaire

Histoire

Fondation

Le monastère de Bourg-Saint-Pierre

Construit au pied du col du Grand Saint-Bernard, dans le Valais actuel, le monastère de Bourg-Saint-Pierre apparaît pour la première fois dans les textes dans les années 810-820, mais sa fondation est méconnue : Quaglia suggère une fondation royale, ainsi qu’un rôle de l'Abbaye territoriale de Saint-Maurice d'Agaune d’après des données géographiques, politiques, et religieuses. Il suppose également que ce monastère abritait des clercs suivant la règle de saint Chrodegang, tout comme l’abbaye valaisanne. Ce monastère, également nommé Saint-Pierre de Montjoux, possédait des terres jusque dans le Pays de Vaud.

Vue aérienne.
Vue de l'hospice à Bourg-Saint-Pierre

Possédant une position stratégique de passage vers l’Italie, Bourg-Saint-Pierre vit passer de nombreuses personnalités, de nombreux pèlerins et de nombreuses reliques. Le monastère fut occupé par les Sarrasins au Xe siècle, et la capture de l’abbé saint Mayeul de Cluny eut lieu tout près du monastère. Au début du XIe siècle, il fut reconstruit et repris son rôle hospitalier avant d’être offert par le roi Rodolphe III de Bourgogne à son épouse Ermengarde. Ceux-ci s’engagèrent à rendre sûr le passage du col, qui était occupé par des bandes de pillards organisés. Cela se fit à la fin des guerres de succession au trône de Royaume de Bourgogne, à partir des années 1040.

La vie de saint Bernard de Montjoux

Mort en 1081 ou 1086, saint Bernard est issu d’une famille noble. Traditionnellement, on le dit originaire de Menthon, près d’Annecy (dont le château est conservé). En réalité, il pourrait avoir eu un lien de parenté avec la reine Ermengarde, et avec le premier comte de Savoie Humbert aux Blanches Mains. Quoi qu’il en soit, Bernard devint membre du chapitre d’Aoste, et fut rapidement promu archidiacre. Il fit construire vers la moitié du XIe siècle les monastères du Grand et du Petit Saint-Bernard. C’était un prédicateur itinérant. Il mourut à Novare, et fut inscrit au catalogue des saints en 1123. En 1923, le pape Pie XI le donna comme saint patron aux habitants des Alpes et aux alpinistes.

Vue de la tour du prieuré
Prieuré de Meillerie

D’après la légende de saint Bernard de Menthon, qui existe depuis le XVe siècle, saint Bernard serait monté en haut des cols et aurait détruit des restes de cultes païens (statue de Jupiter, et colonne romaine), avant de chasser le diable. Il faut voir ici une référence à l’action du saint ayant sécurisé le passage des cols et établi deux nouveaux monastères. Cette légende est représentée sur un tableau qui se trouve installé dans le chœur du prieuré de Meillerie. D’après les archives du Grand Saint-Bernard, ce tableau aurait été réalisé par un certain M . Bovard pour orner un autel à saint Bernard érigé dans l’église en 1716. Il représente le saint vêtu de blanc, portant une chape rouge à l’extérieur et verte à l’intérieur. Il tient son étole bleue qui se transforme entre ces mains en une longue chaîne enserrant le coup d’un diable représentée sous une forme canine. A sa droite gisent les débris du temple païen qu’il a détruit : des fragments de colonne romaine, et la tête de Jupiter. Derrière le saint, on peut apercevoir un paysage rappelant fortement Meillerie : le prieuré (la tour, les ailes est et nord et la grange à l’Ouest) qui se détache devant des montagnes qui semblent plonger dans le lac Léman.

Expansion

Une première église-hospice dédiée à saint Nicolas existait avant 1100 au sommet du Mont-Joux. Suite à la mort de saint Bernard, son nom sera ajouté au vocable de l’église dès 1149. La dotation de cet hospice fut principalement constituée par les comtes de Savoie-Maurienne, et dès 1177, l’église de Saint-Pierre figure dans les textes comme une possession du nouvel hospice, alors que les églises voisines appartiennent à l’évêque de Sion. Les terres ainsi que les droits de cet ancien monastère passèrent tous à l’hospice. Les religieux sont appelés « clercs » vers le milieu du XIIe siècle, puis « chanoines » dès 1191.

Le col étant très fréquenté, « un mouvement général de générosité » permet de lui constituer une dotation importante, avec des biens s’étendant du diocèse de Londres au Sud de l’Italie. Cela nécessite le développement rapide d’une administration pouvant gérer tous ces biens. Il existait une vraie unité entre l’église et ses desservants, puisqu’aucun d’entre eux ne pouvait posséder des biens. Peu à peu, dans les premières décennies du XIIIe siècle, la situation évolue : le prévôt possède son propre seau, puis c’est au tour du chapitre. Dès 1265, il existe trois organes différenciés : le chapitre conventuel et le chapitre général, et le prévôt.

D’après les premières constitutions connus, qui datent de 1438, le chapitre conventuel devait être composé de quinze personnes : le prévôt (à la tête de l’ordre), le prieur conventuel, et d’autres chanoines. Il détenait le pouvoir exécutif, et devait résider dans le lieu principal de la prévôté. C’est lui qui procédait à l’élection du prévôt, et administrait la prévôté en cas de vacance. Le chapitre général se rassemblait tous les ans, soit le 9 mai (jour de la translation des reliques de saint Nicolas) soit le 28 août, fête de saint Augustin, pour plusieurs jours. Il est présidé par le prévôt, et est le seul propriétaire des biens de la prévôté. Tout acte doit être avalisé par lui.

Très tôt, dés le XIIe siècle, la prévôté est dotée de territoires et de biens (églises ou chapelles), soit par des familles nobles, soit par des évêques. Ces bien se situent dans les Diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, Lausanne, Sion, mais aussi Turin, Ivrée, et même Londres. Toutefois, c’est dans la région d’Aoste que les dotations sont les plus nombreuses, principalement grâce au culte de saint Bernard qui y était très important . Cela se reflète par l’importance qu’a alors le prieuré de Saint-Bénin, dont le prieur Nicolas devint prévôt (1999-1225).

Le prévôt de l’hospice administrait le lieu pour le compte du prieur de Bourg-Saint-Pierre, mais l’hospice devenant progressivement plus important que ce monastère, son recteur devint naturellement le premier personnage de l’Ordre. Par la suite, les prévôts ne résidant plus à l’hospice, on y installe un prieur (le premier prieur connut exerçait son activité en 1222). Au début, c’est le prévôt qui était chargé de l’administration de tous les biens de l’hospice, la charge de cellérier n’apparaissant qu’au XVe siècle.

Apogée

Le château de Rives vu depuis le port

L'apogée de l'ordre se situe entre le tout début du XIVe siècle et la mise en commende de la prévôté, soit 1302 - 1438. L'administration est en place, l'économie florissante grâce aux fermes de Meillerie, Roche, et les prévôts sont devenus des personnages influents, conseillers les plus proches des comtes de Savoie. A cette période, les prévôts, bien souvent issus de la noblesse d'Aoste, de Savoie ou du Pays de Vaud, ont déjà délaissé l'hospice (où les conditions de vie sont difficiles) pour des résidences qu'ils se font construire au bord du Léman: le prieuré de Meillerie au XIIIème, le prieuré d'Etoy, la ferme de Roche. Cette tendance va en s'amplifiant: Guillaume de Pizy fait construire un château-hospice dans sa localité d'origine, et Hugues d'Arces achète le château de Rives à Thonon-les-Bains, dans le but de se rapprocher de la cour de Savoie, logée au château de Ripaille.

Déclin

Reprise

Séparation

Renouveau

Aujourd'hui

La présence du Mont-Joux a laissé des traces dans les blasons des villes où les chanoines se sont établis.


Spiritualité

Gouvernement

Liste des prévôts

Le nom des premiers prévôts n'est pas connu avec précision.

Début Fin Nom Remarque
1127 1150 Arman ?
1158 1173 Uldry
1174 ? Guy
1177 ? Guillaume
1181 1206 Pierre de Laucel
1206 1208 Vaucher
1213 1215 Arduce
1219 1224 Guy d'Aigle
1222 ? Nicolas (Quarteri) Ancien prieur de Saint-Bénin
1225 1237 Pierre de la Porte Pertuis Chanoine de Saint-Ours
1237 ? Armand (ou Armod)
1240 1259 Falcon
1265 1273 Pierre Ancien prieur de Meillerie
1274 1301 Martin Ancien prieur de Meillerie
1302 1316 Jean de Duin Ancien prieur d'Etoy
1317 1353 Guillaume de Thora Chanoine de la cathédrale d'Aoste
1356 1360 Rodolphe de Billens Ancien rrieur de Saint-Maire et chanoine de la cathédrale de Lausanne
1360 1374 Guillaume de Pisy Ancien prébendier d'Etoy,
1374 1393 Aimon Séchal Ancien chanoine de Sion (1374-1393)
1393 1417 Hugues d'Arces Conseiller du duc Amédée VIII de Savoie
1417 1438 Jean d'Arces Neveu du précédent, ancien prieur de Bissy
1438 1458 Jean de Grolée Commendataire, ancien chanoine de Saint-Jean de Lyon
1459 1490 François de Savoie Commendataire, fils du duc Louis Ier de Savoie
1491 1494 Louis de Savoie Commendataire, fils du duc Philippe II
1494 1509 Philippe de Savoie Commendataire, frère du précédent
1510 1524 Jean de La Forest Commendataire
1524 1552 Philibert de La Forest Commendataire, neveu du précédent
1552 1563 Benoît de La Forest, fils naturel de Jean de La Forest Commendataire
1563 1586 René de Tollen Commendataire
1587 1611 André de Tillier
1611 1644 Roland Viot Ancien coadjuteur
1644 1646 Michel Perrinod Ancien coadjuteur
1646 1649 Ours Arnod Vicaire général
1650 1671 Jean-Antoine Buthod Ancien curé d'Etroubles
1671 1693 Antoine Norat Aumônier de la cour de Savoie à Turin
1693 1724 Jean-Pierre Persod Aumônier de la cour de Savoie à Turin
1724 1728 Louis Boniface Ancien coadjuteur
1728 1734 Léonard Jorio Ancien prieur de Meillerie
1749 1752 Jean-Léonard Avoyer
1753 1753 Jean-François Michellod Administrateur général
1753 1758 François-Joseph Bodmer Ancien curé d'Orsières
1758 1775 Claude-Philibert Thévenot Ancien curé de Sembrancher
1775 1803 Louis-Antoine Luder Ancien prieur claustral
1803 1814 Pierre-Joseph Rausis Ancien curé de Liddes
1814 1830 Jean-Pierre Genoud Ancien curé de Sembrancher
1830 1865 François-Benjamin Filliez
1865 1888 Pierre-Joseph Deléglise Ancien curé de Sembrancher
1888 1939 Théophile Bourgeois Ancien prieur claustral
1939 1952 Nestor Adam Évêque de Sion de 1952 à 1977, il décède en 1990.
1952 1991 Angelin Lovey
1992 2009 Benoît-Barthélémy Vouilloz
2009 ... Jean-Marie Lovey

Chanoines célèbres

Notes et références

  • Lucien Quaglia, La maison du Grand-Saint-Bernard des origines aux temps actuels, Martigny, 1972.
  • Sidonie Bochaton, Le prieuré de Meillerie, mémoire de maîtrise universitaire, Lyon 2010

Voir aussi

Liens internes

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Congrégation du Grand-Saint-Bernard de Wikipédia en français (auteurs)

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