Maurice Tornay (bienheureux)

Maurice Tornay (bienheureux)
Bienheureux Maurice Tornay
Prêtre et Martyr
Naissance 31 octobre 1910
Orsières, Suisse
Décès 11 août 1949  (à 39 ans)
au Tibet
Nationalité Flag of Switzerland.svg Suisse
Vénéré à Chez les Chanoines du Grand Saint Bernard, de Saint Maurice et dans toute la Confédération des Chanoines de Saint Augustin, ainsi que dans le diocèse de Sion.
Béatification 16 mai 1993 Rome
par Jean-Paul II
Vénéré par l'Église catholique romaine
Fête 11 août
Serviteur de Dieu • Vénérable • Bienheureux • Saint
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Maurice Tornay, né le 31 octobre 1910 à La Rosière, près d'Orsières et mort assassiné le 11 août 1949 au col du Choula, à la frontière sino-tibétaine, est un chanoine régulier suisse, béatifié comme martyr ; célébré le 11 août ou localement le 12 août[1].

Sommaire

Biographie

Enfance et jeunesse

Fils de Jean-Joseph et de Faustine Rossier, paysans, Maurice est le septième d'une famille de huit enfants. De son enfance, sa sœur Anna retiendra qu' « avec sa première communion, Maurice devint gentil ».

Il fait ses études au collège de Saint Maurice où il reste interne six ans. Il apprécie la lecture des récits de Saint François de Sales et ceux de Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus. Il sollicite ensuite son entrée au noviciat du Grand Saint Bernard en 1931. Au Prévôt de cette congrégation, il écrit son intention : « Correspondre à ma vocation qui est de quitter le monde, et de me dévouer complètement au service des âmes afin de les conduire à Dieu, et de me sauver moi-même ».

Au moment de quitter les siens, Maurice répond à sa sœur aînée qui aurait souhaité le voir rester : « Il y a quelque chose de plus grandiose que toutes les beautés de la terre ». Le 25 août 1931, il est admis au noviciat de l'Hospice du Grand-Saint-Bernard[2]. De là, il écrit à sa famille : « Je n'ai jamais été aussi libre. Je fais ce que je veux, je peux faire tout ce que je veux, car la volonté de Dieu m'est exprimée à chaque moment, et que je veux faire cette seule volonté ».

En Chine et au Tibet

la Congrégation du Grand Saint-Bernard est alors sollicitée par les missions étrangères de Paris pour envoyer dans l'Himalaya quelques religieux habitués à la vie en montagne. Un premier groupe part en 1933 pour le Yunnan mais Maurice Tornay, souffrant, ne peut en faire partie. Il écrit alors à sa sœur Joséphine : « Sais-tu que lorsque tu as froid et que tu offres ce froid au Bon Dieu, tu peux convertir un païen ? Et que toutes les peines d'un jour bien supportées te valent plus de mérite que si tu avais prié tout le jour ? Quels moyens faciles tu as de me faire du bien, de faire du bien à tout le monde... Toutes nos plus petites peines ont une valeur infinie si nous les unissons à celles du Christ. Oh ! comme le Christ t'aimerait alors ! ».

Le 8 septembre 1935, il prononce ses vœux solennels. Le prévôt, Monseigneur Bourgeois, décide de renforcer l'équipe de Chanoines en place au Yunnan en leur envoyant trois autres religieux, Maurice Tornay, le chanoine Lattion et le chanoine Rouiller. Tous les trois se préparent pendant plusieurs mois à ce long voyage.

Après un mois et demi de voyage, les trois chanoines parviennent à la mission de Weisi (2350 m) dans les Marches tibétaines. Rapidement, Maurice Tornay se remet à l'étude, approfondissant sa connaissance de la théologie sous la direction du chanoine Lattion, et s'initiant à la langue chinoise auprès d'un vieux professeur protestant qui avait des sympathies pour le catholicisme. Ses progrès en chinois sont rapides et lui permettent alors de mener sa mission d'évangélisation auprès des populations locales.

Après avoir passé avec succès ses examens de théologie, Maurice Tornay est ordonné prêtre le 24 avril 1938. Au bout d'une longue marche de près d'un mois, il rejoint Monseigneur Chaize, évêque d'Hanoï. Il écrit alors à ses parents : « Votre fils est prêtre! Gloire à Dieu! Cette nouvelle ne vous causera qu'une joie mélangée, parce que je ne suis pas au milieu de vous. Mais vous êtes chrétiens et vous me comprenez. Il y a un Dieu qu'il faut servir de toutes ses forces. C'est pour cela que je suis parti, c'est pour cela que vous avez si bien supporté mon départ ».

En septembre 1939, la Seconde Guerre mondiale éclate. La Chine est envahie par le Japon, et la zone de mission de Maurice est occupée militairement, ce qui entraine la disette et des soulèvements populaires et des pillages. Le jeune prêtre se voit contraint de mendier pour se nourrir. En mars 1945, alors que la guerre n'est pas encore terminée, le Père Tornay est nommé curé de l'église catholique de Yerkalo à 2 650 mètres d'altitude, fondée par Félix Biet et Auguste Desgodins, des missionnaires français, en 1865. C'est un poste difficile, plusieurs prêtres y ayant déjà été tués, et l'hostilité des autorités locales est grande[réf. nécessaire]. Sur place, il se heurte au lama Gun-Akhio qui refuse sa présence et le menace ouvertement.

Le 26 janvier 1946 au matin, une quarantaine de lamas envahissent la résidence du missionnaire, la détruisent et emmènent de force le Père Tornay au Yunnan. Là, dans le village où il est exilé, il ne rencontre qu'une seule famille chrétienne. Toutefois, malgré les menaces réitérées, il continue à prier et à proclamer l'Évangile.

Au début du mois de mai 1946, le Père Tornay reçoit une lettre du Gouverneur de Chamdo, suprême autorité civile de l'est du Tibet. Celui-ci lui promet sa protection et l'invite à revenir à Yerkalo. Le 6 mai, il se met en route, mais est tout de suite arrêté par Gun-Akhio. Il projette alors d'aller plaider sa cause auprès du 14e Dalaï-lama à Lhassa au Tibet et de lui demander d'octroyer la liberté religieuse aux Chrétiens de Yerkalo.

Le 10 juillet 1949, le Père Tornay entreprend un long et pénible voyage qui dura deux mois. Le 11 août 1949, il arrive près de la frontière, à un endroit appelé Tothong, aux abords du col de Choula, à 3 000 mètres d'altitude. Il est pris dans une embuscade et est mortellement atteint par des balles tirées par quatre lamas[réf. nécessaire]. Selon François Goré, un missionnaire de Sichang, cinq hommes armés, qui auraient été à la solde des lamas de Yentsing (Yerkalo), tuèrent et dépouillèrent Tornay et l'un de ses trois domestiques s'emparant de leurs 4 mulets[3]. Il est enterré dans le jardin de la mission de Yerkalo.

Béatification

La cause de béatification fut ouverte à l’instigation de son compagnon de mission, le prévôt Angelin Lovey, avec un procès informatif diocésain à Sion (1953-1963), inauguré par Mgr Nestor Adam. Le pape Jean-Paul II reconnaît à Maurice Tornay le titre de martyr de la foi en juillet 1992 et procède à sa béatification le 16 mai 1993.

Culte

La date officielle de célébration de ce saint est le 11 août, date de sa mort. Le pape Jean-Paul II avait initialement fixé une date de célébration du nouveau bienheureux au 12 août[réf. nécessaire].

Aussi, chaque année, à cette date, de nombreux amis du bienheureux viennent à La Rosière[4], lieu de naissance du bienheureux, pour célébrer localement une messe en sa mémoire.

Citations

  • De Maurice, enfant, à sa sœur Anna : « C’est vrai, tu verras, je serai martyr... »
  • « Nous sommes jeunes, nous avons vingt ans, nous aimons le bon Dieu, nous n’avons rien à craindre de la mort ; soyons joyeux… Il faut nous hâter n’est-ce pas ? […] A notre âge, d’autres étaient saints… » (Extrait d’une lettre à sa sœur, Anna)
  • Au moment de partir rejoindre ses confrères en Chine Maurice écrivait à son frère Louis : « J'ai reçu nettement dans mon âme l'intuition suivante: pour que mon ministère soit fécond, il faut que je travaille de toute l'ardeur de mon âme, pour le plus pur amour de Dieu, sans désir aucun de voir mon labeur remarqué. Je veux m'exténuer au service de Dieu. Je ne reviendrai plus ».
  • «La mort, c'est le jour le plus heureux de notre vie. Il faut s'en réjouir plus que tout, car c'est l'arrivée dans notre vraie patrie »

Sources

  • Texte de Dom Antoine Marie osb, abbé (Abbaye Saint-Joseph de Clairval à Flavigny)
  • l’Osservatore Romano: 1993 n.20 & 21

Bibliographie

André Bonet, Les chrétiens oubliés du Tibet, Presses de la Renaissance, 2006 

Notes et références

  1. nominis.cef.fr Nominis : Bienheureux Maurice Tornay.
  2. L'hospice du Grand Saint-Bernard est situé à 2472 m d'altitude. Il peut y faire jusqu'à -20° C.
  3. François Goré, Les missions tibétaines, 1950, p. 538-540
  4. orsieres.ch

Voir aussi

Liens externes


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