- Saint Mayeul
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Mayeul de Cluny
Saint Mayeul ou Maïeul[1] de Cluny (ou de Forcalquier) est né vers 910 à Valensole, en Provence orientale, et mort en 994 à Souvigny. Il était le quatrième abbé de Cluny. Pendant ses quarante années d'abbatiat, ses liens avec le Saint-Empire favorisèrent l'extension de l'Ecclesia Cluniacensis vers l'est. Il fut certainement l'un des conseillers écoutés d'Hugues Capet, duc puis roi des Francs, ce qui lui permit de réformer des monastères et d'y placer des abbés réguliers. Enfin, il poursuivit les relations qu'Odon avait nouées avec la papauté. Le destin de Mayeul est exceptionnel. Il fut spontanément reconnu comme saint immédiatement après sa mort, et son culte, qui constitua le premier grand culte abbatial clunisien, fut l'un des plus importants du Moyen Âge et persista au Puy et à Souvigny jusqu'à la Révolution.
Sommaire
Biographie
Une formation d'écclésiastique
Mayeul naît à Valensole en 910 dans une riche famille alleutière de Haute-Provence. Dans son enfance en 916-918, il fuit avec les siens la Provence ravagée par les guerres féodales entre les familles aristocratiques provençales et les familles bourguignonnes amenées en Provence en 911 par Hugues d'Arles, conflits au cours desquels ses parents trouvent la mort[2]. Il se réfugie en Bourgogne, à Mâcon. Il entre dans le clergé séculier, étudie à Lyon, devient ensuite chanoine de la cathédrale Saint-Vincent de Mâcon, puis archidiacre. En 930, il refuse l’archevêché de Besançon.
Abbé de Cluny
Son ascension
Ce n'est que dix ans plus tard qu'il rentre comme moine à Cluny, où il prononce ses voeux en 943 ou 944. Il exerce alors la fonction d'«armarius » (garde des livres et maître des cérémonies).
En 948, l'abbé Aymard de Cluny, devenu aveugle, lui laisse diriger le monastère comme coadjuteur. Aymard démissionne de sa charge d'abbé en 954, ouvrant 40 ans d'abbatiat à Mayeul. Ses bonnes relations avec Adélaïde, sœur du roi de Bourgogne Conrad le Pacifique (937-993) et épouse du roi de Germanie Otton Ier, empereur dès 962, lui confèrent une certaine influence tant à sa cour qu'à celle de son fils Otton II du Saint-Empire. Il intervient jusque dans des querelles privées de la famille impériale, ce qui lui valut de se voir proposer le siège pontifical après la mort de Benoît VI ou Benoît VII, siège qu'il refusa, se jugeant plus utile au milieu de ses moines.
Le rayonnement de Cluny sous Mayeul
Mayeul prit à cœur le développement financier de l'abbaye, gérant avec soin les donations qui affluaient vers un abbé dont le renom était immense. En tout, environ 900 villages, droits et revenus paroissiaux, dîmes, etc., des alentours de Cluny, des régions de la Loire, du Bourbonnais, du Nivernais, des vallées de la Saône et du Rhône enrichirent le patrimoine de l'abbaye. Ces donations sont, pour nombre d'entre elles, liées à l'organisation nouvelle de la mémoire des morts. Le culte qui leur est consacré prend à Cluny une grande importance. Outre les moines, il s'adresse aussi aux bienfaiteurs du monastère. À cette époque, le bourg de Cluny, alors situé au nord-ouest de l'abbaye, se développe et se dote d'une église. Il dépend de l'abbaye, véritable seigneurie incluant probablement une cour de justice.
Dès 967, Mayeul poursuit également l'œuvre de réforme initiée par Odon, instaurant la règle bénédictine dans de nombreux monastères, renforçant ainsi l'influence de Cluny en Occident. Il diffuse ainsi la religion clunisienne dans des régions éloignées, comme Pavie qui la propagera à son tour. Avec lui, l'Ecclesia Cluniacensis, débutée avec Odon, connaît un essor important assuré par le contrôle étroit de Cluny sur l'ensemble des monastères qui lui sont liés. Les trois monastères de Cluny, Souvigny et Charlieu en forment alors le cœur. Mayeul étant d’une grande culture et les copistes du scriptorium de Cluny furent très actifs pendant son long abbatiat. L'abbaye devenue trop petite pour la communauté grandissante, Mayeul engage de nouveaux travaux à Cluny en 955. L'édification d'une nouvelle église, Saint-Pierre le Vieil (Cluny II) est entreprise. Elle sera dédicacée le 14 février 981 par l'archevêque de Lyon.
Lors de l'un de ses voyages à Rome, il ramène avec lui Guillaume de Volpiano. Quoique profondément attaché à sa recrue, Mayeul préfèrera Odilon pour lui succéder à Cluny, confiant au premier l'abbaye de St Bénigne de Dijon d'où il réforma de nombreux monastères notamment en Normandie.
Sa capture par les Sarrasins et la libération de la Provence
En juillet 972, sa capture dans les Alpes par les Sarrasins de Fraxinetum, entraîne une mobilisation générale de l’aristocratie provençale autour du comte Guillaume. De nombreux objets de culte et d'orfèvrerie du trésor de Cluny furent fondus pour payer sa rançon[3]. Dès sa libération, le Comte Guillaume de Provence organise « au nom de Mayeul » une guerre de libération contre les Sarrasins, qu’il chasse de Provence après la bataille de Tourtour (973). En 993, ce même prince, se sentant mourir le fait appeler à Avignon pour soulager son âme et donner ou restituer à l'abbaye de Cluny plusieurs domaines.
La fin de sa vie
Appelé par Hugues Capet à réformer Saint-Denis, Mayeul s'éteint en route, au prieuré de Souvigny le 11 mai 994, où il est enterré. Le roi prend en charge ses funérailles[4].
Avant sa mort, il avait fait élire Odilon pour diriger la destinée de l'abbaye. Mayeul fut l'organisateur de la réforme monastique au Xe siècle : il fut un personnage « ferme, austère, brillant et séduisant[5] ».
Le culte de Saint Mayeul
Le culte de Saint Mayeul a revêtu une importance considérable au Moyen-Age en Occident. La reconnaissance de la sainteté de Mayeul est attestée dans les premières années qui suivent sa mort :
- Dès 996, le roi de France Hugues Capet se rend en pèlerinage à Souvigny sur son tombeau.
- La bulle d’exemption délivrée par le Pape Grégoire V le 22 avril 998 évoque « la bienheureuse mémoire de Saint Mayeul » ce qui constitue une sorte de « brevet » de sainteté.
- En 999, une chapelle du monastère Sainte-Marie de Pavie est placée sous le vocable de Saint Mayeul ; ce vocable est étendu par la suite à l’ensemble du monastère.
- L’arrêt à Souvigny de Robert le Pieux, roi de France en 1019-1020 atteste un pèlerinage désormais bien établi.
Son culte se répand jusqu’en Bretagne (Saint-Mayeux, Côtes d’Armor) et dans le Jura (Chapois) et le Lyonnais (Ternais, Rhône)
Libérateur de la Provence grâce à la guerre menée en son nom contre les Sarrasins, il est aussi, dans la perspective clunisienne, « le premier abbé » de Cluny reconnu comme saint, figure emblématique de l’Eglise clunisienne affranchie de la tutelle des laïques et des évêques.
Voir aussi
Notes
- ↑ Les deux orthographes existent
- ↑ P.A. Février (sous la direction de) - La provence des origines à l'an mil, page 486 :
- ... C'est dans cette lutte que le père et la mère de Mayeul furent massacrés ...
- ↑ Agnès Gerhards, L'abbaye de Cluny, éditions Complexe, 1992, (ISBN 2870274564), p.50
- ↑ Agnès Gerhards, L'abbaye de Cluny, éditions Complexe, 1992, (ISBN 2870274564), p.19
- ↑ Marcel Pacaut, Les ordres religieux au Moyen Âge, Nathan, 1970, p.57
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