Abbaye Saint-Vincent de Metz

Abbaye Saint-Vincent de Metz
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Abbaye Saint-Vincent
Image illustrative de l'article Abbaye Saint-Vincent de Metz
Présentation
Culte Catholique romain
Type Abbaye puis lycée
Rattaché à Évêché de Metz
Début de la construction Xe siècle
Fin des travaux XVIIIe siècle
Style(s) dominant(s) gothique
classicisme (façade)
Protection  Classé MH (1930)[1]
Géographie
Pays Drapeau de France France
Région Lorraine
Département Moselle
Ville Metz
Coordonnées 49° 07′ 25″ N 6° 10′ 22″ E / 49.12359, 6.1728849° 07′ 25″ Nord
       6° 10′ 22″ Est
/ 49.12359, 6.17288
  

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Abbaye Saint-Vincent

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Abbaye Saint-Vincent

Labbaye Saint-Vincent de Metz est une abbaye fondée à Metz au Xe siècle. Ses bâtiments subsistent aujourdhui et abritent le lycée Fabert.

Sommaire

Avant 968 : un modeste oratoire

En effet, déjà au IXe siècle, elle servait de chapelle pour les gens du faubourg. On sait que la vigne prospérait dans le quartier comme en témoigne lappellation de la rue de la Vignotte. Cest pourquoi les vignerons ont dédié leur église à leur saint patron traditionnel, Vincent de Saragosse. Lîle sur laquelle est construit labbaye puis le lycée Fabert sappelait à lépoque île Chambière. À la fin du IXe siècle siècle, une puissante abbaye allait succéder à la modeste paroisse.

968-1248 : labbaye de Thierry Ier

En 968, le diocèse de Metz était gouverné par lévêque Thierry Ier. Monté sur le siège de saint Clément en 965, Thierry était un seigneur de haute naissance, apparenté notamment aux rois de France et à lempereur du Saint Empire romain germanique quil a suivi dans ses voyages en Italie et d il a ramené les reliques de Vincent de Saragosse. Pour renfermer ces reliques, Thierry Ier décida de fonder une abbaye quil confierait aux bénédictins. Il fit appel au concours des deux monastères les plus illustres de son diocèse : labbaye de Gorze, fondée par le grand évêque saint Chrodegang, et labbaye Saint-Arnould, sépulture des rois carolingiens. Ainsi, la première église abbatiale de Saint-Vincent, qui remplaça loratoire des vignerons de lîle Chambière, fut lœuvre du moine Odilbert (ou Odolbert), prévôt de Gorze et par la suite abbé de Saint-Vincent. Lévêque Thierry fit la dédicace de la nouvelle église le 6 août 972 en y plaçant reliques de saint Vincent et de sainte Lucie, encore visibles, quil a rapportées de ses voyages en Italie aux côtés dOtton Ier, premier prince du Saint-Empire romain germanique. Ainsi la nouvelle abbaye était placée sous la protection de saint Vincent mais aussi de sainte Lucie, ce qui est encore le cas aujourdhui.

Lévêque est inhumé dans cette église en 984.

Léglise de labbaye fut consacrée en 1030 par Théodoric II. Lempereur Othon II la prit sous sa protection, ainsi que le pape Jean XIII. Ceci exemptait labbaye du joug de tout pouvoir temporel et conférait à son abbé un pouvoir prédominant : il était autorisé, en absence de lévêque, à célébrer la messe à la cathédrale. Ces droits furent confirmés en 1051, en 1096, et à la fin du XVIe siècle. Labbaye de Saint-Vincent nétait pas seulement très puissante ; elle était aussi un centre denseignement, une véritable université avant la lettre. Le premier « écolâtre » de Saint-Vincent fut Adalbert qui nous a laissé un bel éloge de la ville de Metz. Mais le plus célèbre « écolâtre » fut Sigebert de Gembloux arrivé à Saint-Vincent en 1051. Il dirigea les écoles messines pendant vingt-cinq ans. Il sagissait dun érudit de grande renommée qui a laissé une histoire appelée Chronographie. Toutes les écoles monastiques, dispensaient le même enseignement, divisé en deux cours, lun destiné à lusage des religieux et novices de la maison, lautre ciblant les disciples du dehors, clercs ou laïques, étrangers aux vœux monastiques. Les premiers, indépendamment des leçons quils recevaient, étaient exercés par la copie des manuscrits, base essentielle des progrès de la bibliothèque, à lart de la miniature, et au jeu des orgues.

Le fond des études consistait en deux niveaux, le trivium et le quadrivium. Le premier comprenait la grammaire, la rhétorique et la dialectique ; le second, larithmétique, la géométrie, lastronomie et la musique. Selon la carrière à laquelle se destinait chaque élève, on ajoutait à ces disciplines la médecine, la théologie scolastique, le droit civil et canonique. Létude des langues grecque et hébraïque formait une sorte de couronnement de ce vaste programme. Le latin était dautant plus sérieusement étudié que tous les enseignements se faisaient dans cette langue. Labbaye Saint-Vincent était très riche et que la plupart de ses moines venaient de Gorze et de Saint-Arnould. Vers le milieu du XIIIe siècle, en raison de son essor grandissant, il devint nécessaire dagrandir labbaye.

1248-1768 : Saint-Vincent au rythme des aléas de l'histoire

Saintvincent.jpg

Au XIIIe siècle, labbaye avait déjà 300 ans. Jugeant que les bâtiments sont devenus trop exigus et trop vétustes, indignes de la grandeur et de la puissance de la communauté bénédictine qui les occupe, labbé Warin ordonne en 1248 la destruction de lancienne église abbatiale et lérection, au même emplacement, dun nouveau sanctuaire plus prestigieux. Cest le 7 décembre 1248 que labbé Warin posait la première pierre de Saint-Vincent. Selon le nécrologe de labbaye, les travaux ont déjà débuté lors du décès de leur initiateur en 1251, grâce aux moyens financiers considérables dont dispose le monastère. Néanmoins, ils ne sont probablement complètement achevés quen 1376.

Laspect de la construction est relativement classique. À louest, en façade, sélevait un haut clocher, tandis quà lest, deux autres, plus petits, flanquent le chœur, faisant face à la Moselle, qui coule un peu en contrebas. Les parties supérieures de ces trois tours sont détruites par un incendie en 1395. La présence de tours encadrant le chœur est une adaptation directe du plan de la cathédrale de Toul.

En 1376, lévêque messin Thierry de Boppard procédait en grande pompe, à la consécration de la future basilique. En 1395, un grand incendie détruisit les tours de la basilique, ainsi que les cloches qui sy trouvaient et toute la toiture. Les murs, eux, résistèrent. Linscription se trouvant sur la pierre tombale de labbé de Gonaix (1452), évoque la construction dun chemin de croix, et la restauration des tours. Cependant, le siège intenté par la France en 1444, ruineux pour la cité, et lannexion au royaume de France en 1553, furent cause dabord de graves difficultés financières, puis de la chute de la République locale.

À partir du XVIIe siècle, le monastère neut plus que des abbés commendataires qui ne résidaient pas ; le plus illustre dentre eux fut le cardinal Mazarin. Cependant, les moines ne négligeaient pas leur église : en 1613, ils remplacèrent le grand autel ; en 1655, lexplosion dune poudrière détruisit des vitraux que les moines remplacèrent également. En 1682, 1686 et 1724, ils firent de petites transformations à lintérieur de léglise. En somme, les religieux habillèrent leur église à la mode du temps. Mais tous ces menus travaux nétaient rien. La grande affaire, pour les moines du XVIIIe siècle, fut la question de la grande tour, qui, dès le milieu du siècle précédent, menaçait ruine. En 1656, les cloches, mal soutenues par des bois pourris, seffondrèrent. On répara un peu la tour fut placée, en 1692, une grosse horloge. Dans la nuit du 28 au 29 août 1705, éclate un nouvel incendie, qui endommage à nouveau très fortement le haut clocher. Les cloches descendirent, fondues par le feu. On répara encore une fois la tour, mais elle ne tenait plus que par miracle. Un orage la condamna définitivement cinq ans plus tard.

En 1737, on empiéta sur les terres de labbaye pour construire une nouvelle rue : la rue des Bénédictins sépare labbaye Saint-Vincent et labbaye Saint-Clément jusque- mitoyennes.

En 1752, le vent eut raison de la tour du clocher, elle sabattit, écrasant sous la masse de ses pierres les deux premières travées de la nef.

On profite de ces travaux pour agrandir et embellir encore léglise. Ainsi, de 1754 à 1756, deux nouvelles travées sont élevées au niveau de lancienne façade.

1768-1803 : reconstruction et décadence de labbaye

Église Saint-Vincent - Façade : les trois ordres supperposés (dorique, ionique, corinthien)

Depuis longtemps déjà, labbaye était en ruines, et les moines ne disposant pas dassez dargent, attendirent 1737 pour ouvrir un concours pour la reconstruction de la façade, mais les architectes demandaient la somme énorme de 120 000 francs ; cependant, ils durent se résoudre à cette dépense, et en 1768, les travaux commencèrent. On refit les deux premières travées en copiant exactement le XIIIe siècle. Au contraire, lancienne tour fut détruite et remplacée par un portail dans le goût du jour. La façade sinspire de celle de léglise Saint-Gervais de Paris sous la direction des architectes Louis, Barlet et Lhuillier. Sa reconstruction témoigne du rayonnement des abbayes au XVIIIe siècle.

À la même époque, on reconstruit les bâtiments de labbaye.

En 1770, la maison abbatiale qui na plus dutilité pratique, est louée à la ville qui y établi un dépôt de mendicité.

En 1790, quand labbaye est supprimée, seul un religieux refusa de quitter les lieux, et il fut retrouvé mort six jours après son expulsion de force. En 1791, léglise devient paroisse et le redevient à nouveau après le rétablissement du culte en 1802. Pendant la Révolution, la terreur nétait pas seulement politique, elle était également religieuse. Le culte catholique fut très rapidement suspecté par les autorités et les objets du culte furent confisqués dans toutes les églises. Saint-Vincent néchappa pas à la règle commune : ses cloches furent descendues et envoyées à lhôtel de la Monnaie de Metz pour être fondues. À partir de cette époque, elle fut successivement magasin et atelier pour charrois militaires, puis prison pour les suspects, logement pour les prisonniers de guerre et enfin hôpital pour les chevaux malades. Autant dire quaprès la tourmente révolutionnaire, elle se retrouve dans un état de délabrement presque inimaginable. Dans les carnets dun prêtre de Metz, il est notifié quelle ne possédait : « plus une fenêtre, plus une porte, et pas même une ferrure ». Cependant, les bâtiments étaient encore solides car ils navaient pas plus de trente-cinq ans. Au début du XIXe siècle, elle fut à nouveau amputée par le percement de la rue Goussaud. En 1803, ce qui restait de labbaye fut attribué au lycée impérial. Les ateliers Maréchal et Coffetier réalisent à la fin du XIX° un vitrail daprès lœuvre de Fra Angelico, le couronnement de la Vierge.

La majestueuse façade classique est ornée en 1900 de statues et de bas-reliefs, représentant saint Vincent, sainte Lucie et leurs martyres.

Labbaye aujourdhui

Une des gargouilles surplombant lEglise Saint-Vincent

La seule partie de labbaye qui a encore aujourdhui une vocation religieuse est léglise Saint-Vincent, qui a dailleurs été élevée au rang de basilique en 1933 par le pape Pie XI.

Lécole dapplication des Isles occupe la place de la maison abbatiale, alors que la manufacture des tabacs est construite se situaient jadis les granges de labbaye.

Une des trois cloches, visible à lintérieur du clocher Sud de lEglise Saint-Vincent

Mais la majeure partie de labbaye est visible dans les murs du lycée Fabert : des bâtiments de labbaye, il reste le cloître, le couloir dentrée sur lequel donnent les salles capitulaires, les réfectoires qui remplissent toujours leur office avec leurs tables de marbre dépoque et les bureaux de lintendance. Un escalier magnifique mène au premier étage, se trouvent les bureaux du proviseur. Le cloître est fait darcades en plein cintre, et lun de ses côtés se prolonge par la grande galerie de labbaye qui en est la réplique, et du côté de léglise, des gargouilles, imitant les figures grotesques des gargouilles gothiques, évacuent leau qui tombe des toits de labbaye. Les portes des salles conventuelles sont richement décorées et certaines dentre elles possèdent une niche destinées à accueillir des statues de saints. Sur le fronton de celle qui permet le passage entre le cloître et le jardin des moines qui est aujourdhui la cour du lycée, est inscrit un vers du poète latin Ausone : « Sunt etiam musis sua ludicra », ce qui signifie : « même les muses ont leurs distractions ».

À lautre bout de la grande galerie, on peut observer une fantaisie architecturale : une voûte à sept pans inégaux sur arrêtes dogives, absolument nécessaire pour pouvoir placer une cheminée à cet endroit. Un peu plus loin se dressent les réfectoires. Deux dentre eux sont très vastes, et séparés en deux par des petites colonnes se terminant par des chapiteaux corinthiens, et le dernier, beaucoup plus petit, est une salle à quatre travées soutenues par un pilier carré au centre. La dernière salle conventuelle est aujourdhui occupée par lintendance. Ses murs portent des ornements en relief représentant des mets maigres et notamment des poissons. Il sagissait sans doute dune salle de réception. Labbaye semble richement décorée lorsquon est à lintérieur, ce qui fait contraste avec la sobriété des façades lorsquon la regarde de la rue : les huisseries sont étroites mais très élégamment entourées par des pierres de taille. Une grande partie du premier étage est occupée par les différents appartements de fonction.

Labbatiale, propriété de la commune[2], nest plus vouée au culte depuis la fin des années 1980. Elle est ouverte au public tous les samedis de 14h à 18h du mois de mai à La Toussaint grâce aux bénévoles de lassociation des Amis de la basilique St-Vincent. Dimportants travaux ont été réalisés par la Ville de Metz depuis près de 30 ans sur les couvertures, la façade, la nef et actuellement sur le chevet.

Possessions de labbaye

Parmi les possessions de labbaye durant le Moyen Âge, on peut citer les villages de (ou partie de ceux-ci: Amanvillers, Borny, Courcelles-sur-Nied, Châtel-Saint-Germain, Glatigny (ban Saint-Vincent), Laquenexy, La Maxe, Maizières-lès-Metz, Norroy-le-Veneur, Vany

Notes et références

Voir aussi

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