- Palimpseste
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Le palimpseste (du grec ancien παλίμψηστος / palímpsêstos, « gratté de nouveau ») est un manuscrit écrit sur un parchemin préalablement utilisé, et dont on a fait disparaître les inscriptions pour y écrire de nouveau. Cette méthode fut utilisée au Moyen Âge, surtout entre le VIIe siècle et le XIIe siècle, par des copistes qui, le parchemin coûtant cher, réutilisaient d'anciens manuscrits pour y copier de nouveaux textes. Pour cela, les vieux manuscrits étaient préalablement désencrés ou effacés grâce à de la pierre ponce.
À cause de cette méthode, plusieurs écrits ont été momentanément ou irrémédiablement perdus : textes juridiques tombés en désuétude, mais aussi textes de penseurs grecs pré-chrétiens, ou textes d'écriture gothique.
On arrive toutefois à retrouver l'ancien texte dans certains palimpsestes grâce aux techniques modernes de restauration de documents (chimie, imagerie aux rayons ultraviolets, rayonnement synchrotron).
Par extension, on parle parfois de palimpseste pour un objet qui se construit par destruction et reconstruction successive, tout en gardant l'historique des traces anciennes. Par exemple Olivier Mongin parle de la « ville palimpseste »[1]. Le terme est également utilisé en architecture, ou encore dans l'analyse paysagère. En art, on parle aussi de « biopalimpseste » pour une œuvre d'art issue du bio-art qui met en jeu les questions relatives à la réécriture du vivant.
Palimpsestes renommés
- Le Palimpseste d'Archimède : Une copie de l'ouvrage d'Archimède La Méthode datant du IXe siècle (De la sphère et du cylindre ; De la mesure du cercle ; La quadrature de la parabole ; des corps flottants ; etc.), fut transformé en livre de prières au XIIIe siècle, à Constantinople[2]. Le palimpseste fut découvert en 1906 par Johan Heiberg qui en fit une copie, permettant à la communauté scientifique de découvrir un texte inédit d'Archimède. Le palimpseste fut de nouveau perdu ou volé, puis retrouvé en 1996. Dans ce texte, Archimède donne une méthode mécanique par pesée, lui permettant de comparer les volumes de la sphère, du cône et du cylindre, ces trois volumes étant découpés en tranches infiniment fines.
- Le Codex Ephraemi Rescriptus, contenant des parties de l'Ancien et du Nouveau Testament en grec, datant du Ve siècle, est recouvert par les travaux d'Éphrem le Syrien, datant du XIIe siècle (Bibliothèque Nationale de Paris).
- Le Codex Nitriensis, un volume contenant des travaux de Sévère d'Antioche, au début du IXe siècle, est écrit sur un palimpseste du VIe siècle qui contenait des manuscrits de l'Iliade, de l'Évangile selon Luc, et des Eléments d'Euclide (British Museum).
- Un double palimpseste, dans lequel un texte du IXe ou Xe siècle, de St Jean Chrysostome, en Syriaque, couvre un traité de grammaire latine du VIe siècle, qui à son tour recouvrait les annales latines de l'historien Granius Licinianus, du Ve siècle (British Museum).
- Un hyper-palimpseste, le Codex de Novgorod, dans lequel des centaines de textes ont laissé leurs traces sur le dos en bois d'une tablette de cire.
- Un texte de Cicéron, De republica, du IVe siècle, recouvert par des Psaumes de Saint Augustin, du VIIe siècle (Bibliothèque du Vatican). La découverte de ce texte de Cicéron a été faite par le cardinal Mai, au début du XIXe siècle.
Notes et références
- Olivier Mongin La condition urbaine, la ville à l'heure de la mondialisation, Le Seuil, 2005 ; rééd. coll. poche Points Seuil, 2007 ; page 50).
- colophon du manuscrit date du 14 avril 1229. Selon William Noel et Reviel Netz, Le codex d'Archimède, éd. JC Lattès (2008), p.243, le
Bibliographie
- Ángel Escobar, El palimpsesto grecolatino como fenómeno librario y textual, Zaragoza 2006
- Giovanni Pastore, LE PLANÉTAIRE DE ARCHIMÈDE RETROUVÉ
- Du palimpseste au palimptexte, une tentative de définition
Catégories :- Matériel d'écriture
- Source historique
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