- Château de Saint-Cloud
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Le château de Saint-Cloud, aujourd'hui détruit, était un château royal situé à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) dans un site surplombant la Seine. Il ne subsiste aujourd'hui que le parc de 460 hectares (dénommé officiellement « Domaine national de Saint-Cloud »).
Sommaire
Histoire
En dépit de l'importance historique et architecturale du château de Saint-Cloud, de nombreuses zones d'ombre continuent de marquer son histoire.
Le château des Gondi (XVIe siècle)
Les Gondi sont une famille de financiers florentins arrivés en France en 1543 à la suite de Catherine de Médicis. Dans les années 1570 – sans doute en 1577 – celle-ci offre à Jérôme de Gondi une maison à Saint-Cloud dénommée « hôtel d'Aulnay ». Autour de cette maison, Jérôme de Gondi fait bâtir un château de plan en « L » bordant une terrasse. La principale façade regarde le sud et l'aile s'achève par un pavillon d'où l'on embrasse une vue sur la Seine.
C'est dans le château de Jérôme de Gondi que, le 1er août 1589, Henri III, qui s'y est installé pour conduire le siège de Paris, tenu par les Ligueurs, est assassiné par le moine Jacques Clément. Henri IV y est reconnu roi.
Après la mort de Jérôme de Gondi en 1604, le château fut vendu en 1618 par son fils Jean-Baptiste II de Gondi à Jean de Bueil, comte de Sancerre. Mais ce dernier meurt peu après, en 1625, et Jean-François de Gondi, archevêque de Paris, rachète le domaine et y fait faire des embellissements, notamment par Thomas Francine, qui travaille dans les jardins.
À la mort de Jean-François de Gondi en 1654, Philippe-Emmanuel de Gondi en devint propriétaire, puis son neveu Henri de Gondi, duc de Retz, qui vendit la propriété en 1655 à Barthélemy Hervart, financier d'origine allemande, intendant puis surintendant des Finances. Celui-ci agrandit le parc jusqu'à 12 hectares et fit faire à Saint-Cloud des travaux considérables dont on ignore à peu près tout. On sait seulement qu'il fit construire dans le parc une grande cascade, souvent confondue avec celle qui a été conservée, qui date de l'époque ultérieure.
Le château de Monsieur (1658-1701)
Le 8 octobre 1658, Hervart organisa à Saint-Cloud une fête somptueuse en l'honneur du jeune Louis XIV, de Monsieur, duc d'Anjou et futur duc d'Orléans, frère du roi, de leur mère Anne d'Autriche et du cardinal Mazarin. Quelques jours plus tard, le 25 octobre 1658, Monsieur achète le domaine de Saint-Cloud pour 240 000 livres. On pense que cette vente a été imposée par Mazarin, qui contribuait ainsi à la politique de constitution d'un réseau de châteaux royaux dans l'Ouest parisien.
Depuis l'acquisition du domaine jusqu'à sa mort en 1701, Monsieur entreprendra des travaux d'agrandissement du château. Ceux-ci seront dirigés par son architecte, Antoine Le Pautre, jusqu'à la mort de ce dernier en 1679, puis par son second, Jean Girard, maître maçon plutôt qu'architecte, et peut-être Thomas Gobert. Jules Hardouin-Mansart intervient à la fin du siècle. Le décor intérieur est confié aux peintres Jean Nocret et Pierre Mignard. Le jardin est redessiné par André Le Nôtre et le parc est considérablement agrandi entre 1659 et 1695, passant de 12 à 590 hectares, soit quasiment la superficie de l'emprise actuelle. Le montant des achats ainsi réalisés atteint 156 000 livres.
C'est au château de Saint-Cloud que meurt en 1670 la première femme de Monsieur, Henriette d'Angleterre, dont Bossuet a prononcé la très célèbre oraison funèbre (« Madame se meurt, Madame est morte. »).
En octobre 1678, de magnifiques fêtes y sont données pendant cinq jours en l'honneur de Louis XIV, qui peut ainsi découvrir la somptuosité du château bâti par son frère.
Le duc d'Orléans y mourra à son tour, le 9 juin 1701 au matin, d'une crise d'apoplexie, le lendemain d'une énième dispute avec le roi au sujet du mariage de leurs enfants.
Saint-Cloud au XVIIIe siècle
Le 24 octobre 1784, le château de Saint-Cloud est acquis par Louis XVI pour la reine Marie-Antoinette. Celle-ci s'est persuadée que l'air de Saint-Cloud serait bon pour ses enfants. Peu avant sa mort, le duc d'Orléans, Louis-Philippe « le Gros », qui ne va plus à Saint-Cloud depuis son mariage morganatique avec Madame de Montesson, est contraint de céder le domaine au roi pour 6 millions de livres.
Marie-Antoinette fait transformer le château en 1787-1788 par son architecte attitré, Richard Mique. En 1790, Saint-Cloud est le cadre d'une entrevue célèbre entre Marie-Antoinette et Mirabeau.
C'est dans l'orangerie du château, devenu bien national, que se déroula le Coup d'État du 18 brumaire (10 novembre 1799) au cours duquel le Directoire fut supprimé au profit du Consulat.
Saint-Cloud au XIXe siècle
Le 18 mai 1804, la proclamation de Napoléon 1er comme empereur des Français se déroula à Saint-Cloud. Ce dernier en fit sa résidence préférée.
Le 1er décembre 1852, c'est à Saint-Cloud, dans la galerie d'Apollon, que Napoléon III, rééditant le geste de son oncle, se fait investir par les grands corps de l'État à la dignité impériale. Chaque année, au printemps et à l'automne, Napoléon III et Eugénie établissent leur cour au château.
C'est de Saint-Cloud, où il avait déclaré la guerre à la Prusse que, le 28 juillet 1870, Napoléon III part pour l'armée. Devenu quartier-général de l'armée allemande pendant le conflit, le château est bombardé et incendié le 13 octobre 1870 par les canons français postés au fort du Mont-Valérien pendant le siège de Paris.
Après la guerre, Saint-Cloud resta à l'état de ruines pendant plus de vingt ans, jusquà ce qu'elles furent rasées pour raison de sécurité en 1891.
Architecture
Le château des Gondi
Au XVIIe siècle, la maison de Jean-François de Gondi est une juxtaposition hétéroclite de pavillons et corps de bâtiments sans recherche de symétrie. Elle s’ouvre à l’est sur une cour, bordée par une galerie à arcades. La belle façade regarde le sud et s’ouvre sur une terrasse décorée de parterres de broderies. Elle s'orne des portraits sculptés des quatre souverains qui se sont succédé depuis 1560 (Charles IX, Henri III, Henri IV et Louis XIII). À son extrémité s’élève un haut pavillon à quatre niveaux dominant la Seine. La propriété est entourée de 12 arpents (5 hectares) de terrain.
Ce château a été gravé par Israël Silvestre et Adam Pérelle. Selon les témoignages contemporains (mais cela n'apparaît guère sur les gravures), il était à l'italienne – c'est-à-dire couvert d'un toit plat – et les façades en étaient peintes à fresque. Les jardins, qui descendaient en terrasses jusqu'à la Seine, étaient dotés de toutes les attractions alors à la mode en Italie : cascades, grottes, fontaines, etc. En subsiste le grand jet, dans le bas du parc.
Le château de Monsieur
Le château construit par Monsieur affecte la forme d'un U ouvert vers l'est, face à la Seine. Le château des Gondi est intégré dans l'aile gauche. Sur l'arrière, une longue orangerie forme aile dans le prolongement de l'aile droite sur cour. L'avenue d'entrée, bordée par les communs et les dépendances (conservés), part en biais en direction du pont. Hardouin-Mansart construit dans l'aile gauche un grand escalier dans le style de l'escalier des Ambassadeurs de Versailles (détruit en 1752).
L'intérieur se signale notamment par le décor exécuté en 1660 par Jean Nocret dans l'appartement de l'aile gauche (appartement de Madame) et par la galerie d'Apollon, longue de 45 mètres, située dans l'aile droite, entièrement décorée par Pierre Mignard (1677-1680) : la magnificence de cet ensemble vaudra au peintre de supplanter à Versailles son rival Charles Le Brun. L'orangerie, quant à elle, est décorée de fresques par Jean Rousseau.
Dessiné par André Le Nôtre, le parc de Saint-Cloud affecte le dessin habituel du célèbre paysagiste, ordonné selon deux axes perpendiculaires dont l'un est parallèle à la Seine. La manière dont Le Nôtre a tiré parti d'un relief accidenté et d'une situation complexe – le château se trouvant implanté à mi-colline et non sur la hauteur – est extrêmement remarquable, tout comme la sophistication du plan. La Grande Cascade, construite en 1664-1665 par Antoine Le Pautre et qui a fort heureusement été conservée, en est l'un des éléments les plus notables. Le bassin et le canal du bas ont été ajoutés par Hardouin-Mansart en 1698-1698.
Les transformations des XVIIIe et XIXe siècles
La dernière campagne de travaux importante est celle menée par Richard Mique pour Marie-Antoinette en 1787-1788. Il élargit le corps de logis et la moitié adjacente de l'aile gauche et refait les façades côté jardin de ces parties. Il fait démolir l'escalier construit par Hardouin-Mansart et construit un nouvel escalier en pierre pour accéder aux appartements de parade.
En revanche, les occupants ultérieurs de Saint-Cloud Napoléon Ier, Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe Ier et Napoléon III n'y font réaliser que des aménagements limités, essentiellement des travaux de décoration intérieure.
Napoléon Ier fait transformer en salle du trône, le salon de Vénus, décoré par Lemoyne et Nocret. Napoléon III fait démolir l'Orangerie et la salle de Théâtre en 1862. L'impératrice fait transformer en un salon de style Louis XVI l'ancienne chambre d'Henriette d'Angleterre.
En 1864, le Château, ses dépendances et son parc sont décrits ainsi : Le parc contient 392 hectares. Le Château et ses dépendances renferment en outre les appartements de l'Empereur et de l'Impératrice, 45 appartements de maître, 600 logements de suite, des écuries pour 232 chevaux, remise pour 20 voitures, corps de garde pour 180 hommes d'infanterie et 34 de cavalerie, non compris la caserne des gardes du corps qui contient 1500 hommes d'infanterie et 150 de cavalerie.
Saint-Cloud aujourd'hui
Le Domaine national de Saint-Cloud est aujourd'hui la propriété de l'État et dépend du ministère de la Culture. Il a été donné en gestion au Centre des monuments nationaux. Il est ouvert au public et il est même possible d'y circuler en voiture, moyennant l'acquittement d'une taxe de 4 €.
Reconstruction du château de Saint-Cloud
Depuis 2006, l'association "Reconstruisons Saint-Cloud !" milite activement en faveur de la reconstruction du château dont subsiste l'ensemble des fondations, soit 25 % de l'édifice, que ce soit en termes de volume ou de coût financier (selon l'Architecte en Chef des Monuments Historiques, M. Pierre-André Lablaude).
S'inspirant directement de l'actuelle construction (totalement autofinancée) du château fort de Guédelon dans l'Yonne, cette association propose que la reconstruction du château de Saint-Cloud soit effectuée également dans le cadre d'un chantier ouvert au public dont les entrées payantes serviraient au financement des travaux, permettant ainsi la création d'un musée vivant des métiers d'art. Ce projet - soutenu entre autres par Jack Lang - reçoit un excellent accueil, aussi bien des partis politiques (de droite et de gauche), que de la presse[1],[2],[3],[4],[5],[6],[7],[8],[9],[10]
N'étant pas situé en plein cœur de Paris, mais à cinq kilomètres de la capitale, d'une part, se trouvant au milieu d'un espace vert de 460 ha, d'autre part, la reconstruction du château de Saint-Cloud apparaît à beaucoup - notamment pour des raisons urbanistiques - comme un projet plus réaliste que la reconstruction du palais des Tuileries.
Pour approfondir
Bibliographie
- Sophie de Juvigny (sous la direction de), Du coup d'État de brumaire à la fin de l'Empire. Napoléon Bonaparte à Saint-Cloud, catalogue de l'exposition du musée municipal de Saint-Cloud, 1999, 152 p.
- Philippe de Saint-Albin "Palais de Saint-Cloud, résidence Impériale" bibliothécaire de S. M. l'Impératrice (1864)
Articles connexes
- Parc de Saint-Cloud
- Biens de la maison d'Orléans
- Pavillon de Breteuil : ancien trianon du château de Saint-Cloud
- Château de Meudon
- Liste des résidences des chefs d'État français
- Ne pas confondre le Château de Saint-Cloud et le Château de la Celle Saint-Cloud.
Liens externes
- Le site officiel du "Domaine national de Saint-Cloud"
- Le site officiel des "Amis du parc de Saint-Cloud"
- Le site officiel du projet de reconstruction du château de Saint-Cloud
Notes et références
- Le Parisien : Ils veulent faire renaître le château de Saint-Cloud, le 2 décembre 2006
- Valeurs Actuelles : Reconstruire Saint-Cloud, le 31 août 2007
- France-Soir : Reconstruisons le château de Saint-Cloud !, le 22 avril 2008
- Marianne : Reconstruire les monuments disparus ? Chiche..., le 17 mai 2008
- Le Parisien (Vidéo et article) : Ils veulent reconstruire le château de Saint-Cloud, le 20 septembre 2008
- Famille Chrétienne : Reconstruire les Tuileries et Saint-Cloud ?, le 27 septembre 2008
- Le Patrimoscope : Reconstruire le château de Saint-Cloud, le 10 janvier 2009
- Métro : Ils veulent ressusciter le château de Saint-Cloud, le 17 avril 2009
- Royauté-News : Reconstruire le Château de Saint-Cloud, le 13 juin 2009
- 20 Minutes : Saint-Cloud à l'identique, le 18 février 2010
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