Chiang Ching

Chiang Ching

Jiang Qing

Jiāng Qīng
Première dame deRépublique populaire de Chine

Nom de naissance Lǐ Shūméng
Naissance mars 1914
Zhucheng, Shandong, Chine
Décès 14 mai 1991 (à 77 ans)
Pékin, République populaire de Chine Chine
Nationalité République populaire de Chine Chine
Famille Máo Zédōng

Jiang Qing (chinois 江青 ) (1914-1991) fut la quatrième et dernière épouse de Mao Zedong, fondateur de la République populaire de Chine. Elle joua un rôle politique majeur durant la révolution culturelle.

Sommaire

Les débuts

Jiang Jing (ou Jiāng Qīng selon la transcription pinyin), de son vrai nom Luan Shumeng (alias Li Yunhe, alias Li Jin, alias Lan Ping), est née entre 1912 et 1914 à Zhucheng de la province du Shandong d'une famille d'origine humble. Son père, Li Dewen, est un fabriquant de roues de charrettes et propriétaire d'une auberge. Son enfance dans ce bourg de 30 000 habitants n'est guère épanouissante. Son père, alcoolique et brutal, bat sa mère (qui n'est pas l'épouse mais seulement une concubine), qui bat Jiang Qing à son tour.

À l'âge de cinq ans, sa mère s'enfuit et l'emmène chez son grand-père à Jinan. Là-bas, Yun He (« Grue dans les nuages », son nouveau nom) fréquentera l'école primaire. Mais en 1928, sa mère, probablement remariée, quitte la ville et disparait, laissant seule l'adolescente. Elle se joint alors à une troupe de Jinan où elle commence l'apprentissage du métier d'acteur. La jeune fille, déjà très belle, s'épanouit dans ce monde artistique. Elle réussit à intégrer l'académie des arts dramatiques de Jinan au printemps 1929, avant que des difficultés ne surgissent à nouveau dès 1930 quand l'établissement ferme brutalement ses portes. Yun He épouse alors Feïn, le fils d'un commerçant de Jinan, qui s'est épris d'elle. Ce mariage de raison pour cette femme ambitieuse ne tarde pas à aboutir, quelques mois plus tard, à un divorce.

La jeune fille part alors pour Qingdao, le grand port du Shandong, où l'ancien directeur de l'académie artistique de Jinan est devenu doyen de l'université. L'épouse de ce dernier, Yu Shan, avec qui elle a sympathisé, lui obtient un petit travail à la bibliothèque universitaire et surtout lui présente son frère Yu Qiwei, qui occupe un poste très important au sein du Parti communiste chinois — rien de moins que responsable de la propagande du parti clandestin pour Qingdao.

Puis en 1933, elle part à Shanghai commencer une carrière d'actrice sous le nom de Lan Ping ( 蓝苹 ) « Pomme Bleue » ; et épouse un critique cinématographique appelé Tang Na (pseudonyme de Ma Jiliang).

Pendant quelques années, l'actrice décroche sous le nom de Lan Ping des rôles très modestes dans des films de second plan. Cette médiocre carrière l'amène néanmoins à côtoyer les milieux de gauche, sans être vraiment acceptée par eux — ce dont elle tira une grande rancœur qu'elle put assouvir pendant la révolution culturelle. Femme réputée légère, elle noue notamment des liens avec des membres du Parti communiste chinois, dont le célèbre Kang Sheng, qui fut peut-être son amant. Elle devient également la maitresse de (alias) Huang Jing, un cadre communiste clandestin. Arrêtée par la police pour ces fréquentations, elle est aussitôt relâchée, sans doute en dénonçant certains des camarades dont elle connaissait l'identité, comme certains lui ont reproché par la suite de façon persistante (Jiang Qing s'est employée à faire disparaitre tous les documents qui pourraient la compromettre au moment où elle avait toute latitude pour le faire, pendant la révolution culturelle — gageons cependant qu'il en reste assez pour connaitre tous les détails quand la situation politique en République populaire de Chine le permettra).

L'attente

En 1937, elle se sépare de son mari Tang Na et, en compagnie de son ancien amant Yu Qiwei, rejoint Yan'an, la base des forces communistes établie à l'issue de la Longue Marche. C'est à ce moment qu'elle prend le nom plus connu de Jiang Qing. Très ambitieuse, elle va s'employer à séduire Mao, qui répudie alors sa troisième femme, He Zizhen. Le Bureau politique est pourtant très défavorable à cette union, se méfiant de cette starlette à la réputation sulfureuse. Il craint en outre que cette liaison nuise à l'autorité de Mao, dont l'ex-femme, militante exemplaire, avait participé à toutes les luttes du Parti, et notamment enduré les épreuves de la Longue Marche aux côtés de Mao. Une condition est donc posée qui est acceptée par Mao : que Jiang Qing s'abstienne de participer à toute activité politique publique. Malgré la déception très vive de Jiang Qing, celle-ci s'incline et le mariage a lieu en novembre 1938. Elle devient ainsi la quatrième et dernière épouse de Mao, après Yang Kaihui (épousée en 1920) et He Zizhen (épousée en 1928).

De fait, Jiang Qing va attendre son heure et se tenir à l'écart de la vie publique pendant plus d'une décennie. Elle donne à Mao une fille en 1940, Li Na. En 1950, on lui abandonne avec réticence le poste de membre du comité directeur de l'industrie cinématographique dépendant du ministère de la culture. On la traite néanmoins avec désinvolture, ne lui cachant pas qu'elle est accueillie à ce poste par faveur privée du Président Mao (ce dont les têtes de ce comité comme Xia Yan, Tian Han, etc eurent à se repentir : ils furent tous éliminés pendant la révolution culturelle, ainsi que toutes les personnalités influentes du théâtre et du cinéma). Ce retrait est d'autant plus accentué qu'elle entretient dans les années 1950 des relations pour le moins tumultueuses avec Mao, qui ne lui témoignait pas une fidélité exemplaire (Philip Short et ses autres biographes en font même un dépravé friand de jeunes filles), et ne pouvait supporter non plus son hypocondrie : elle est accueillie pour de longs séjours en Union soviétique entre 1949 à 1959 pour soigner un cancer, sans que l'on sache s'il s'agit d'une mesure d'éloignement de Mao, d'un mal bien réel ou d'une dépression nerveuse.

A l'issue du Grand Bond en avant qui, entre 1957 et 1962 a causé la mort de plus de 30 millions de personnes, Mao, écarté du pouvoir par le Parti, se rapproche alors de Jiang Qing. Elle s'efforce de développer une certaine influence dans le domaine de l'art. Elle met en avant de grandes théories extrêmement radicales sur ce que doit être l'art dans les sociétés populaires, et s'intéresse particulièrement à la réforme de l'opéra de Pékin. Son désir de mettre un terme à l'effacement qu'elle subit est en outre exacerbé par les succès publics de Wang Guangmei, femme de Liu Shaoqi, le numéro un du régime. Cette dernière subira aussi par la suite la vindicte haineuse de Jiang Qing : publiquement vilipendée et torturée, on lui reprocha entre autres « crimes » l'élégance de sa toilette — trahissant la signature bien féminine de l'accusation — portée lors d'un voyage officiel en Indonésie aux côtés de Liu Shaoqi.

En attendant, comme modeste mesure de compensation, Jiang Qing est élue à l'Assemblée populaire nationale. Sa première occasion de manifester un activisme politique se présente durant l'été 1964, lorsqu'elle propose une réforme de l'opéra. Cette tentative fit néanmoins long feu face au mur d'indifférence, si ce n'est de mépris, présenté par les autorités du Parti.

La révolution culturelle

La révolution culturelle, tentative orchestrée par Mao à partir de 1965 pour reprendre le pouvoir en relançant la révolution sur une voie radicale, permet à Jiang Qing de se hisser au centre la scène. Elle se jette dans la mêlée politique, puis profitant du chaos sanglant qui s'ensuit, elle se place — avec l'assentiment de Mao — au premier rang des dignitaires du régime en prenant avec Chen Boda la tête du groupe de la révolution culturelle.

Elle entreprend une campagne de « purification » des arts à partir de 1967, excluant tout ce qui ne relevait pas d'un véritable art populaire « antiféodal » et « antibourgeois ». Elle limite strictement le nombre d'opéras autorisés. Lin Biao l'aide également à cette époque à répandre son idéologie au sein de l'Armée populaire de libération par le biais de compagnies de danse et de théâtre. De façon générale, elle joue un rôle essentiel au cours des différents rebondissements de cette folle équipée qui mena la Chine au bord du gouffre.

Signe de « l'état de décadence dans lequel a sombré le pouvoir maoïste » (Simon Leys), ce rôle d'Impératrice rouge ne doit rien à son action passée, à sa personnalité ou à ses compétences, mais tout à sa relation privée avec Mao. Malgré le déploiement de propagande qu'elle avait mis en place pour exalter sa personne, elle resta d'ailleurs universellement haïe et méprisée par le peuple chinois.

La chute

Dès 1971, Simon Leys prédit que «  Mao une fois disparu, le pouvoir de Jiang Qing sera le tout premier à se trouver en péril. » L'analyse était juste, car c'est de son mariage avec Mao qu'elle tire l'essentiel de son pouvoir.

Un mois après la mort du Grand Timonier, ses adversaires, décidés à en finir avec les excès de la faction radicale, et rassemblés autour de Hua Guofeng, la font arrêter avec ses complices de « la Bande des Quatre » (Zhang Chunqiao, Yao Wenyuan et Wang Hongwen), dans la nuit du 6 au 7 octobre 1976. Elle fut emprisonnée à la prison de Qincheng. Elle est accusée de complot (une accusation sans doute pas tout à fait imaginaire), et, en juillet de l'année suivante, exclue du Parti communiste chinois.

Ne pouvant l'éliminer de façon expéditive en raison de sa notoriété, les nouvelles autorités chinoises mettent en place une cour spéciale entre novembre 1980 et janvier 1981 afin de la juger pour les crimes innombrables commis pendant la révolution culturelle. Elle comparait devant trente-six magistrats (et un public de six cent personnes) pour un procès-spectacle dont la sentence a déjà été décidée par Deng Xiaoping (qui est parvenu entretemps à écarter Hua Guofeng du pouvoir). Elle est finalement condamnée à mort le 25 janvier 1981 à l'issue d'une parodie de procès, avec un sursis de deux ans lui permettant de se « repentir ». Jugée responsable — directement ou indirectement — de centaines de milliers de morts, elle n'exprima pas le moindre regret durant son procès, mais au contraire défiant et injuriant ses accusateurs, et se prévalant d'être le « chien de Mao » (Quand il me disait de mordre, je mordais.). En 1983, sa peine est commuée en détention à vie.

Elle est finalement libérée pour raison médicale (probablement un cancer de la gorge) et placée en résidence surveillée à Pékin. L'impératrice rouge se serait suicidée le 14 mai 1991, selon les informations données par les autorités chinoises qui n'ont annoncé sa mort qu'en 1993.

Lien Interne

Chung Kuo, La Chine, le film de Michelangelo Antonioni a été l'objet en 1974 d'une virulente dénonciation anonyme dans la presse chinoise, très probablement inspirée par Jiang Qing.

Sources

  • (fr) Simon Leys, Les habits neufs du Président Mao ( voir les notices bibliographiques).
  • (fr) Marie-Claire Bergère, La Chine de 1949 à nos jours, 3e édition, Armand Colin, Paris, 1999.
  • (fr) Qiao Tang, Jiang Qing, l'Impératrice rouge. Du théâtre à la politique, la vie tumultueuse de l'épouse de Mao Zedong, Albin Michel.
  • (fr) Lucien Bodard, Les dix mille marches et Le chien de Mao, Grasset, 1991 et 1998 (biographie romancée de la vie de Jiang Qing, en deux volumes).
  • OCLC Worldcat Identities
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