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Paraquat
Paraquat Représentation 3D de la molécule Général Nom IUPAC 1,1’–diméthyl-4,4’-bipyridinium Synonymes Gramoxone No CAS No EINECS SMILES InChI Apparence poudre blanche Propriétés chimiques Formule brute C12H14N2 [Isomères] Masse molaire 186,253 g∙mol-1
C 77,38 %, H 7,58 %, N 15,04 %,Propriétés physiques T° fusion 175 à 180 °C T° ébullition décomposition >300 °C Solubilité soluble dans l'eau Masse volumique 1,25 liquide Pression de vapeur saturante 70g/100ml à 20 °C Précautions Directive 67/548/EEC
T
NPhrases R : 24/25, 36/37/38, Phrases S : 22, 36/37/39, 45, Inhalation Irritation des muqueuses
respiratoires.
Fibrose pulmonaire Aiguë.Peau Irritation Yeux Irritation
des muqueuses oculairesIngestion Brûlures
du système digestif.
Dommages aux reins.Dichlorure de paraquat Général Nom IUPAC Dichlorure de 1,1’-Diméthyl-4,4’-bipyridinium No CAS No EINECS SMILES InChI Propriétés chimiques Formule brute C12H14Cl2N2 Masse molaire 257,159 g∙mol-1
C 56,05 %, H 5,49 %, Cl 27,57 %, N 10,89 %,Précautions Directive 67/548/EEC
T+
NPhrases R : 24/25, 26, 36/37/38, 48/25, 50/53, Phrases S : (1/2), 22, 28, 36/37/39, 45, 60, 61, Paraquat méthylsulfate Général Nom IUPAC di(méthylsulfate) de 1,1’-Diméthyl-4,4’-bipyridinium No CAS SMILES InChI Propriétés chimiques Formule brute C14H20N2O8S2 Masse molaire 408,447 g∙mol-1
C 41,17 %, H 4,94 %, N 6,86 %, O 31,34 %, S 15,7 %,Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire. Le paraquat est un Biocide pesticide herbicide.Il appartient à une famille chimique (les pyridines) qui comprend d'autres produits Phytosanitaires possédant des propriétés similaires le Diquat, le Cyperquat...
Substances concernées N° CAS Nom commun Nom chimique Paraquat 1,1’-Diméthyl-4,4’-bipyridinium Paraquat chlorure Dichlorure de 1,1’-Diméthyl-4,4’-bipyridinium Paraquat méthylsulfate di(méthylsulfate) de 1,1’-Diméthyl-4,4’-bipyridinium Sommaire
Usages
C'est l’un des herbicides les plus utilisés au monde, vendu dans plus de 120 pays (selon son fabricant). Bien que très toxique, pour son faible cout et sa facilité d'utilisation, il sert en agriculture, floriculture et dans certains boisements à désherber ou préparer le sol pour une centaine de cultures de céréales (maïs, blé, orge, seigle, riz..), de soja, pomme de terre, fruits (pomme, orange, banane), de plantes destinées à la fabrication de boissons (café, thé, cacao) et des cultures traitées (coton, huile de palme, Canne à sucre et caoutchouc). Il vise à protéger les semis contre la concurrence d'un large éventail de plantes pluriannuelles dites nuisibles, les "mauvaises herbes", qui réduisent le rendement et la qualité de la récolte par compétition pour l'espace, l'eau, les nutriments, et la lumière.
Il est aussi de plus en plus utilisé pour préparer le semis direct, notamment là où les adventices sont devenues résistantes au glyphosate (mais avec le risque de générer de nouvelles résistances au paraquat, cette fois).Étant hautement toxique, son utilisation nécessite des précautions particulières.
Historique
Le Paraquat a été produit à des fins commerciales pour la première fois en 1961 par ICI (devenu Syngenta).
Son interdiction dans l'Union Européenne
L’Union européenne avait (à la demande notamment de la France qui l'utilisait dans les bananeraies et sur luzerne, et du Royaume-Uni où il est fabriqué) autorisé le paraquat en 2003 en l'inscrivant à l’annexe I de la directive 91/414/CEE par la directive 2003/112/CE. Cette autorisation de mise sur le marché a été décidé en dépit de sa toxicité pour l'Homme et l'environnement.
La Suède, soutenue par le Danemark, l’Autriche, et la Finlande, a alors saisi la commission européenne. Après trois ans d'investigations complémentaires, le verdict devait être annoncé au printemps 2007. Ce n'est que le 11 juillet 2007 que le Tribunal de première instance des Communautés européennes, par l'arrêt arrêt T-229/04, a finalement annulé [1] la directive 2003/112/CE autorisant l'usage du paraquat dans les états-membres, considérant qu’il n’avait pas suffisamment été tenu compte du lien entre le paraquat et la maladie de Parkinson, ainsi que d'autres effets de la substance sur la santé des travailleurs et des animaux sauvages.
En France, l'avis paru au Journal Officiel du 4 août 2007 interdit la vente et l'utilisation du seul produit concerné : le R BIX (AMM n° 8700169), sans délais à la distribution, ni à l'utilisation des stocks existants.
Chimie
Le paraquat-chlorure se présente sous la forme de cristaux incolores et inodores. Il n’est pas volatil.
Très soluble dans l’eau, il l'est légèrement dans l’éthanol et l’acétone. il est insoluble dans les hydrocarbures.
Les sels de paraquat et leurs solutions aqueuses ne sont pas inflammables.Il se décompose au dessus de 300 °C produisant des fumées toxiques.
Il attaque les métaux, notamment le fer.
Caractéristiques
Quelques caractéristiques le distinguent d'autres substances actives d'herbicides de contact:
- non-sélectivité (il détruit un large éventail de plantes);
- Action rapide;
- La pluie survenant quelques minutes après application ne diminue pas son efficacité;
- Il est réputé devenir biologiquement inactif pour les plantes au contact du sol car il y est rapidement et très fortement adsorbé, mais on ignore ses éventuels effets sur les invertébrés du sol, et son devenir lors qu'il est emporté par l'érosion hydrique.
Les préparations légales les plus utilisées en France étaient des solutions aqueuses contenant au maximum 40g /litre de Paraquat sous forme de dichlorure. Des spécialités contenant en plus du Paraquat d’autres matières actives (simazine, diuron ou diquat) existaient aussi.
Ces préparations étaient colorées en bleu et dénaturées par adjonction d’une substance odorante, répulsive et émétique. Le produit était pulvérisé après dilution dans l’eau.Effets sur la santé et sécurité
Le paraquat est dangereux par sa forte toxicité aiguë par ingestion, même à faible dose [1]. Il est à l'origine de controverse notamment aux Antilles ou il tend à remplacer le chlordécone qui est à l'origine d'une large pollution des sols et eaux superficielles.
- atteinte digestive caustique, avec diarrhée pouvant conduire à des risques de déshydratation en cas d’ingestion importante.
- atteinte rénale de type insuffisance rénale fonctionnelle (réversible).
- Si ce premier cap difficile est surmonté, une fibrose pulmonaire irréversible s’installe, aboutissant à une mort douloureuse par hypoxie en quelques jours ou semaines (aucun antidote connu)
- L’absorption cutanée après des contacts prolongés avec des solutions concentrées peut suffire à provoquer la mort par fibrose pulmonaire.
Toxicité chronique :
- Essentiellement effet irritant de la peau, des muqueuses oculaires et respiratoires.
Expérimentalement :
La toxicité induite par le Paraquat chez les rats a été également mis en évidence avec des lésions dégénératives du système nerveux analogues à celles de la maladie de Parkinson.
Une étude montre que le paraquat, comme d'autres neurotoxiques tels que plomb ou le mercure, peuvent même à faible dose inhiber le développement et le fonctionnement du cerveau et de la moelle épinière en bloquant la division de cellules souches du système nerveux central.La valeur limite d'exposition professionnelle (VME) est fixée à 0,1mg/m3
Risques de Maladie de Parkinson liés aux pesticides
L'exposition aux pesticides augmenterait le risque de maladie de Parkinson de près de 70% : 5% des personnes exposées aux pesticides risqueraient de développer la maladie contre 3% pour la population générale.[2]Cette maladie est d’ailleurs plus fréquente en milieu rural qu’en milieu urbain. On ne dispose malgré tout d’aucune étude épidémiologique incriminant un produit particulier dans la maladie de Parkinson.
En France, cette maladie ne figure cependant dans aucun tableau de Maladie Professionnelle mais un cas récent pourrait faire jurisprudence.[3]
Rôle du MPTP et des autres dérivés de la pyridine, Cyperquat, Paraquat
Le MPPP, un opioïde de synthèse utilisé par les toxicomanes comme drogue récréative et qui a des effets similaires à ceux de l’héroïne et de la morphine. Le MPTP (1 - méthyle 4 - phényl 1,2,3,6-tétrahydro pyridine ) est un neurotoxique qui peut être produit au cours de la fabrication illicite de MPPP, et c'est de cette façon que ses effets inducteurs de la maladie de Parkinson ont d'abord été découverts. Sa neurotoxicité a été suspectée en 1976 lorsque Barry Kidston, un étudiant en chimie du Maryland âgé de 23 ans, s’est injecté du MPPP qu’il avait synthétisé de manière incorrecte. Il a été contaminé par le MPTP, et à l’issue d’un délai de trois jours, il a commencé à développer les symptômes d’une la maladie de Parkinson qui a été traitée avec succès avec la Levo-dopa, mais il est décédé 18 mois plus tard d'une overdose de cocaïne. Lors de l'autopsie, on a découvert une destruction des neurones dopaminergiques de la substance noire.[4]
Le MPTP lui-même n'est pas toxique mais comme tout composé liposoluble il peut traverser la barrière hémato-encéphalique. Une fois à l'intérieur du cerveau, le MPTP est métabolisé en une substance toxique le 1-méthyl-4-phenylpyridinium (MPP +) par l'enzyme MAO-B des cellules gliales. Le MPP + détruit essentiellement les neurones dopaminergiques dans une partie du cerveau appelée la substantia nigra. Le MPP + interfère avec le complexe I de la chaîne respiratoire, un élément du métabolisme des mitochondries, ce qui conduit à la mort cellulaire et provoque l'accumulation de radicaux libres, des molécules toxiques qui contribuent ultérieurement à la destruction des cellules.
Le MPTP est utilisé dans l'industrie comme intermédiaire de synthèse, le chlorure du métabolite toxique MPP + a été transformé en herbicide pour produire le Cyperquat, substance proche du Paraquat qui est donc suspecté d’avoir la même toxicité, bien qu’aucune étude épidémiologique n’en ait apporté la preuve.[5]
Contribution du MPTP à la recherche sur la maladie de Parkinson
Langstonet al.(1984) ont constaté que l'injection de MPTP chez le singe Saïmiri a entraîné un syndrome parkinsonien, symptômes qui ont par la suite été réduit par la lévodopa, qui est un précurseur d’un neurotransmetteur la dopamine et qui est actuellement le médicament de choix dans le traitement de la maladie de Parkinson. Les symptômes et les structures cérébrales dans la maladie de Parkinson induite par le MPTP sont pratiquement identiques à ceux de la véritable maladie de Parkinson au point que le MPTP peut être utilisé pour simuler la maladie en vue d'étudier en laboratoire la physiologie du Parkinson et d’expérimenter des traitements potentiels. Les études sur la souris ont montré que la sensibilité au MPTP augmente avec l'âge.
La connaissance du MPTP et son utilisation pour recréer un modèle expérimental fiable de la maladie de Parkinson a incité les scientifiques à étudier les possibilités d'une intervention chirurgicale remplaçant la perte des neurones par des implants de tissus fœtaux et de Cellule souche ou la stimulation électrique cérébrale sous-thalamique, recherches[6], qui toutes initialement ont fait preuve, d’une réussite provisoire.
Il a été postulé que la maladie de Parkinson pourrait être provoquée par l’accumulation de faibles quantités de MPP + composés d’un apport exogène par ingestion ou par le biais d'expositions répétées, et que ces substances sont en concentration trop minime pour être détectés de manière significative par des études épidémiologiques.[7]
En 2000, un autre modèle animal de la maladie de Parkinson a été découvert. Il a été démontré que la roténone un pesticide et insecticide provoquait la maladie de Parkinson chez le rat détruisant des neurones dopaminergiques dans la substance noire. Comme le MPP +, la roténone interfère également avec le complexe I de la chaîne respiratoire des mitochondries. [8]
Phrases de risque et conseils de prudence selon l'INRS
Article détaillé : Signalisation des substances dangereuses.Exposé des risques et mesures de sécurité R: 24/25 Toxique par contact avec la peau et par ingestion. R: 36/37/38 Irritant pour les yeux, les voies respiratoires et la peau. S: 22 Ne pas respirer les aérosols ou poussières contaminées. S: 36/37/39 Porter un vêtement de protection approprié, des gants et un appareil de protection
des yeux/du visage.S: 45 En cas d'accident ou de malaise consulter immédiatement un médecin
(si possible lui montrer l'étiquette).225-141-7 Etiquetage CE. Données Environnementales
La substance est très toxique pour les organismes aquatiques. Elle peut causer des effets à long terme sur l’environnement aquatique. Cette substance entre dans l’environnement lors de l’utilisation normale (pulvérisation en plein champ). Il est recommandé d’éviter tout rejet supplémentaire et tout déversement inapproprié.
Données Sociales
Selon l'ONG Nicaraguayenne Fundacion Nica Global, le Paraquat serait une des origines d'une épidemie d'insuffisance rénale chronique concernant notamment les planteurs de canne à sucre et atteignant directement plus de 2.500 travailleurs.[9]
Notes et références
- ↑ Communiqué du Tribunal de première instance des Communautés Européennes
- ↑ (en)bin/abstract/112660877/ABSTRACT Pesticide exposure and risk for Parkinson's disease, A Ascherio, H Chen, M Weisskopf, E O'Reilly, M McCullough, E Calle, M Schwarzschild, M Thun, Annals of Neurology, 2006;60;197-203
- ↑ En France, le 12 mai 2006, pour la première fois, un tribunal des affaires de sécurité sociale (TASS) (celui de Bourges, Département du Cher) a reconnu comme maladie professionnelle la maladie de Parkinson dont souffrait un ancien salarié agricole, M. V., 52 ans qui a développé les symptômes de cette maladie à 44 ans (en 1998) et qu'il a été prouvé qu’il avait manipulé de grandes quantités de produits phytosanitaires au cours de sa vie professionnelle.
- ↑ Fahn, Stanley. The Case of the Frozen Addicts: How the Solution of an Extraordinary Medical Mystery Spawned a Revolution in the Understanding and Treatment of Parkinson's Disease. The New England Journal of Medicine. Dec 26, 1996. Vol. 335, Iss. 26; pg. 2002
- ↑ P. J. Vinken, G. W. Bruyn. Intoxications of the Nervous System., p. 369. Elsevier Health Sciences, 1994. ISBN 0-444-81284-9
- ↑ Nouvelles perspectives dans le traitement de la maladie de Parkinson
- ↑ Pesticides and Parkinson's Disease - A critical review. Institute of Environment and Health, Cranfield University, October 2005.
- ↑ Summary of the article by Dr. Greenamyre on pesticides and Parkinson's Disease, National Institute of Neurological Disorders and Stroke, 9 February 2005
- ↑ ONG Sucre ethique www.sucre-ethique.org
Voir aussi
Liens externes
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