Mission secrète Pearl Harbour

Mission secrète Pearl Harbour

La mission secrète Pearl Harbour fut la première opération lancée en Corse sous loccupation pour coordonner la résistance. Elle eut lieu de décembre 1942 à mars 1943.

Mise en place en 1942 par les services spéciaux de la Défense Nationale française établis à Alger avec lappui et la vigilance des services secrets américains, cette mission secrète française avait pour but de préparer le débarquement des troupes militaires strictement françaises pour libérer la Corse des troupes germano-italiennes et faciliter lavancée des troupes alliées de lAfrique du Nord vers le Nord du bassin méditerranéen.

Les quatre premiers agents à faire partie de cette mission furent Toussaint et Pierre Griffi, Laurent Preziosi et leur chef de mission Roger de Saule.

Il sagissait dans un délai relativement court (entre 4 et 6 mois) dentrer secrètement en Corse grâce au sous-marin Casabianca pour convaincre les premiers et différents réseaux de résistance, de la capacité militaire des autorités alliées à Alger à libérer lîle de loccupant nazi, de réaliser la coordination politique de ces réseaux, de contribuer à la mise en place des filières pour acheminer armes et munitions, troupes militaires et de recueillir le maximum de renseignements militaires avant de rentrer à Alger à bord du même sous-marin.

Sommaire

Le contexte géopolitique du bassin méditerranéen[1]

Les États-Unis craignant que les forces de loccupant nazi ne semparent complètement de lAfrique du Nord, y avaient prévu un débarquement anglo-américain. De Gaulle soucieux de lindépendance future de la France dans un contexte de prépondérance mondiale des États-Unis et de lUnion Soviétique au sein des forces alliées souhaitait intervenir de manière autonome avant les Américains. Il nétait donc pas favorable à cette intervention anticipée.

Le débarquement anglo-américain du 8 novembre 1942

Cependant le 8 novembre 1942 les troupes alliées débarquent à Alger, avec laide des groupes de résistants français dans une Algérie encore sous lautorité du gouvernement de Vichy. Dès lannonce de ce débarquement, les forces de lAxe réagissent :

Seulement trois sous-marins refusant le sabordage réussissent à séchapper, dont le sous-marin Casabianca commandé par le commandant lHerminier, qui rejoint Alger.

La reconquête progressive de lAfrique du Nord (fin 1942)

Les soldats du général Leclerc nont pas encore totalement reconquis les territoires africains placés sous souveraineté française :

  • dans le Sud de la Tunisie les troupes militaires franco-alliées sont encore aux prises, notamment avec celle de lAxe sous le commandement du Maréchal Rommel.
  • lAfrique du Nord nest plus sous lautorité du régime de Vichy, mais les forces françaises de libération nassument pas encore totalement le pouvoir politique et militaire. Les « vichystes » reconvertis conservent indirectement le pouvoir entre le 4 et le 26 décembre grâce à l'Amiral Darlan (par hasard à Alger lors du débarquement, venu en Afrique du Nord au chevet de son fils hospitalisé) qui sallie aux forces anglo-américaines.

La réorganisation des services secrets militaires en A.F.N.

Depuis loccupation totale du territoire français métropolitain par les troupes hitlériennes, la situation des maquisards est de plus en plus préoccupante.

Le 14 novembre, le Général Henri Giraud dont les attributions sont encore mal définies reçoit ses adjoints, les colonels Louis Rivet et Georges Ronin pour leur signifier :

  • le besoin de renseignements sur les réseaux clandestins en zone occupée.
  • lobjectif de libération totale du territoire en AFN, puis en métropole, la Corse devant être la 1re étape à franchir.

Les services secrets français décident alors, (sans en informer le chef de lÉtat en AFN, l'amiral Darlan) et en accord avec les autorités américaines, dengager une action clandestine en Corse.

Le 27 novembre (le jour du sabordage de la flotte de Toulon) tous les délégués des puissances alliées sont désignés pour coordonner cette stratégie, lIntelligence Service délègue les colonels Crawfords et Winterbotham sachant que lOSS avait déjà désignée le colonel Eddy. Tous sont daccord pour laisser les services français, soit le colonel Ronin, préparer cette opération. Sans intervenir dans ce choix, les autorités anglaises et américaines ont donné leur accord parce quelles considéraient que, stratégiquement, les divergences politiques et idéologiques des forces de la résistance étaient secondaires pour combattre lAllemagne hitlérienne. Par ailleurs, ils refusent dy mettre des moyens militaires et préfèrent concentrer tous leurs moyens sur lItalie[2].

Organisation de la mission[3]

Recrutement des membres de la mission

Le 1er décembre, le colonel Georges Ronin familiarisé auparavant dans le travail en zone occupée décide de confier la direction du commando à lun de ces agents confirmés en métropole et repliés sur Alger, le Belge de Saule.

Roger de Saule, 53 ans en 1889 à Bruges (Belgique), ancien magistrat, expert éprouvé de lespionnage, et des services spéciaux, pour diriger ce commando en relation avec Alger.

De son vrai nom Robert de Schrevel, ancien combattant de 14-18 engagé dans la Légion étrangère en 1939, il travaille à partir de la fin 1939 aux Pays-Bas comme attaché de la force aérienne au sein de la légation française puis il reçoit la direction de lantenne du SR Air (Service de Renseignement militaires de larmée de lAir française) à Poligny (Jura) notamment pour obtenir des informations auprès dun réseau de Belgo-hollandais sur les champs daviation allemands en Belgique et aux Pays-Bays. En 1941 le SR Air est en liaison radio avec le service secret britannique M16. En novembre 1942, le personnel du SR Air est obligé dévacuer vers lAfrique du Nord et il se retrouve donc à Alger.

Le 4 décembre, le colonel Chrétien, Directeur de la Sécurité militaire, est chargé de recruter sur Alger pour effectuer cette mission des volontaires corses; dabord parmi les militaires puis les civils des personnes déterminées notamment originaires de lIle. Plus précisément des corses connaissant bien la population en Corse, spécialiste de la communication radio, ou/et de laction politique, de laction militaire pour savoir réagir physiquement face à lennemi. Bien que le pouvoir français en AFN comprenne encore des vichystes, ce sont trois jeunes corses gaullistes qui vont être recrutés, par ces services secrets.

  • Un militaire Toussaint Griffi, 32 ans originaire de Poggio-di-Nazza, le 15 avril 1910 à Ghisonaccia, qui apprend par le colonel Germain Jousse, commandant son régiment et dont il est le secrétaire, que les Services Spéciaux recherchent des agents corses pour une mission secrète. Il est recruté pour sa connaissance de laction militaire durant son engagement dans larmée française Ses parents habitent en Corse et il parle corse. il fait sa carrière dans larmée française. Engagé en 1930 au 9e régiment de zouaves, il était devenu expérimenté à lentrée en guerre en juin 1940 sur le front contre les allemands notamment sur le canal de lAilette. Un des rares rescapés qui sut éviter lencerclement puis effectuer le repli sur lAisne et le Centre ensuite le transfert du régiment en Algérie (Bulletin de lASSDN).
  • Un civil résistant, son cousin germain Pierre Griffi, 28 ans, à Alger le 13 mai 1914, pour ses compétences professionnelles en émission radio, mais aussi pour son engagement politique aux Brigades Internationales et dès juin 1940 contre Pétain. Dès 1941, il est à Alger dans le réseau clandestin Afrique d il échange les messages radio, avec son commandement de Londres, avec le poste de lOSS de Tanger, et lIntelligence Service de Gibraltar. Il participe à lappui du débarquement allié de novembre 1942 et participe aux réunions clandestines dans le magasin matériel radio de Jacques Briatte. Ses parents habitent en Algérie mais il ne parle pas corse.
  • Un second civil résistant, Laurent Preziosi, 30 ans, originaire de Taglio-Isolaccio (Haute Corse), le 22 juin 1912 à Maison Carrée (Algérie) pour ses connaissances de nombreux militants et responsables politiques et syndicaux en corse susceptibles de sengager dans ce combat. Lieutenant de réserve, il était enseignant responsable syndical et responsable aux Jeunesse Socialistes sur Alger, souvent en contact avec des responsables dautres régions par ses délégations aux congrès nationaux. Il fut révoqué de lEducation Nationale sous Pétain en juin 1940. Il a fait partie des commandos de soutien au débarquement anglo-américain en novembre 1942. Ses parents habitent en Corse mais ils ont aussi habité en Algérie et il parle corse.

Pour surveiller lévolution de la mission jusquau rivage de la Corse, une cinquième personne, Frédéric Brown fut sélectionné par le colonel Eddy des services despionnage américain de lOSS, pour ses aptitudes de nageur de combat et ses compétences en émission radio. Il disposait de matériel radio performant mais ne devait pas entrer dans lIle pour ne pas éveiller les soupçons de loccupant par son physique et son accent anglo-saxon.

Les contacts préalables établis sur lîle en 1941 par Laurent Preziosi

Un an auparavant ces contacts avaient déjà été établis en Corse par Laurent Preziosi en juin 1941 avant de savoir quil participerait à cette mission[4].

Il avait retourner en Corse pour éviter une déportation certaine au camp de prisonniers politiques La Point St Sulpice à Djenein Bou-Rezg (à l'ouest de Colomb Bechar). Beaucoup de prisonniers ne revinrent pas de ce camp. En effet, il avait été révoqué de lÉducation nationale pour sa participation aux grèves de 1938 et la poursuite de ses activités politiques et syndicales. Dabord suspendu il trouve un poste de rédacteur à Alger Républicain il liera notamment une amitié indéfectible avec Albert Camus[5]. Des liens très forts sétaient déjà tissés à luniversité dAlger dans un cercle damis qui formera les premiers groupes de résistance en Algérie et dont faisaient partie lécrivain Max-Pol Fouchet et lavocat Yves Dechezelles[6]. Par ailleurs, révolté par lincarcération à Maison-Carrée (banlieue dAlger) des 27 députés communistes français dont François Billoux, futur ministre, il leur rédigeait un journal qu'il leur faisait parvenir grâce à des complicités dans ladministration pénitentiaire, notamment celle de Donat Fumetti, surveillant chef, originaire de Sartène. Ces amitiés algéro-corses faciliteront les futurs contacts[6].

Un certain nombre de responsables de différentes organisations politiques ou syndicales fut ainsi contacté pour apprécier les possibilités de résistance au fascisme. À son escale à Marseille, il rencontra son ami François Tomasino, responsable des Jeunesses Socialistes des Bouches du Rhône qui lui trouva une activité professionnelle en développant sur Bastia une société dexportation, filiale de son entreprise marseillaise de fruits et légumes. Cette activité lui a permis de se déplacer sans trop éveiller de soupçons de Bastia à Taglio-Isolaccio chez ses parents et à Corte chez son oncle. À Bastia il rencontre notamment son cousin Napoléon Léopoldi (du réseau du Général dAstier de la Vigerie) dont la seconde maison à Marseille recevra les résistants de la zone Sud, (en particulier le syndicaliste Léon Jouhaux), aussi Hyacinte de Montera (maire radical de Bastia destitué par le gouvernement de Vichy) et son fils Joseph-Louis (ensuite déporté), Charles Clément, le bibliothécaire municipal Dominique Vecchini (interné en février 1943 dans le camp établi par lOvra[7], Roger Soulairol, professeur et ancien secrétaire fédéral des JS de lHérault, (qui hébergea par la suite notamment Pierre Griffi et Arthur Giovoni), Michel Sei, gérant du restaurant Le Lavezzi (puis plus tard du restaurant Le Concorde, place St. Nicolas) pour les réunions clandestines. À Corte, en allant rendre visite à son oncle Xavier Grazietti, il en profite pour rencontrer son ami socialiste Pascal Valentini, futur responsable de la résistance de cette zone.

Averti par Max-Pol Fouchet dune opération denvergure des alliés en AFN, il revint clandestinement avant son épouse en février 1942 en Algérie. Réfugié à Oran, il était en contact quotidien avec Albert Camus avant que celui-ci rejoigne à Paris les écrivains et journalistes résistants[8].

Il fut appelé par Yves Dechezelles, responsable départemental de résistance (et aussi membre du mouvement gaulliste Combat Outre-Mer de René Capitant), pour participer le 8 novembre 1942 à Alger à des commandos armés de soutien au débarquement des alliés en Afrique du Nord, l'Opération Torch (avec Paul Ruff dit « Charles Lussy », député de 1936 à 1940, Léon-Jean et Michel Brudno (oncle du docteur René Frydman, concepteur français du bébé éprouvette), Hugues Fanfani, Bernard Amiot (tué par la suite dans l'attaque d'un train de SS dans le Gers), Stanislas Cviklinski dit « Stacha » (père du navigateur Marc Linski).

Albert Camus navait pu se joindre à ce groupe. Stanislas Cviklinski devant laggravation de sa tuberculose, était arrivé à le convaincre de quitter Alger en juillet 1942 et de partir en altitude en montagne de France métropolitaine. Il séjourna ainsi à Panelier (commune de Le Mazet-Saint-Voy) dans le massif central.

De son côté, Pierre Griffi prend part dans un autre commando au débarquement des troupes alliées. Il était déjà en contact avec les réseaux clandestins de lintelligence Service et de lOSS par ses émissions radios (rapport Ministère Anciens Combattants). Ces soutiens aux alliés étaient apportés aussi pour les dissuader de traiter avec les représentants de Vichy[9].

Les préparatifs de la mission

Les trois Corses, gaullistes convaincus mais trop éloignés géographiquement du QG de De Gaulle en Angleterre, durent se résoudre comme beaucoup dautres et par souci defficacité à se mettre à la disposition des services secrets en Algérie pour participer à la progression des alliés par le bassin méditerranéen.

La première réunion de recrutement se déroula à Alger, rue Sadi-Carnot dans le magasin délectricité-radio de Joseph Briatte, ami de Pierre Griffi, (revenu quelques années plus tôt des Brigades internationales), et de Laurent Preziosi. Laurent Preziosi sy rend comme dautres fois sans savoir que ses amis socialistes recherchent un corse qui a déjà des contacts sûrs sur lîle. Dans leurs échanges, il fait part de ses déplacements et de la volonté de ses relations de constituer des groupes de résistance à Marseille et en Corse. Après des regards réjouis entre ses deux amis, il fut associé à cette mission imminente.

Le Commandant Jean l'Herminier, qui avait héroïquement rejoint Alger (après son refus le 27 novembre 1942 de saborder son sous-marin le Casabianca à Toulon), est reçu par le chef de cabinet du Haut Commissaire au Palais dEté qui le met en contact avec le deuxième bureau (Ronin, Rivet, Colonel Villeneuve, et Cdts Paillole et Clippet)[10]. La seule condition partagée de tous était dexiger le secret absolu des services spéciaux vis-à-vis du Haut Commissaire lAmiral Darlan et de son entourage.

Après cette sélection, ils furent tous ensemble reçus à El Biar le 8 décembre, dans le bureau du Colonel Ronin, chef des services spéciaux, pour lexposé de lorganisation prévue par létat-major français. Ils reçurent les consignes de secret absolu exigé de toute personne extérieure à la mission et leur fut rappelé la forte probabilité dy laisser leur vie. Ils furent logés pendant plusieurs jours dans le plus grand secret[10]. Les services spéciaux sengagèrent pour leur part, notamment auprès du Commandant Lherminier, à ne pas porter à la connaissance du commissaire lAmiral Darlan et de son entourage lexistence de cette mission.

Premiers contacts sur l'île

Arrivée en Corse avec le sous-marin Casabianca (9-14 décembre)

Dans la matinée du 9 décembre, le commando est amené dEl biar au port dAlger pour embarquer sur le submersible les accueillent LHerminier et ses seconds Henri Bellet et JC Chaillet. Pour des raisons de sécurité, le Casabianca amarré ne quittera le port que le 11 décembre à 19 h 30.

Dans la nuit du 13 au 14 décembre 1942 à 1 heure du matin, sans possibilité de connaître les positions de lennemi sur le littoral de lîle, le sous-marin Casabianca fait surface par erreur dans lanse de Topiti (Piana) au lieu de la baie de Chioni[10].

Après que l'officier en second, l'enseigne de vaisseau Henri Bellet, a confirmé que rien d'anormal ne se passait en surface, un premier groupe munis darmes automatiques bondit sur le pont sous la conduite dun officier et se poste en protection à lavant. Un second groupe est chargé de la mise à leau à larrière dun youyou puis daccompagner les quatre du commando et laméricain Frédéric Brown à terre. La mitrailleuse du sous-marin protège leur traversée effectuée sur une mer très calme[10].

Le chef de mission, son adjoint et Preziosi saluent les deux marins qui repartent prendre le deuxième poste radio, et trouvent une cache pour les deux opérateurs radios Griffi et Brown qui ont lintention dy rester jusquà la nuit suivante[11].

Après avoir déjoué la vigilance de soldats italiens, ils escaladent la côte et sont tout proches pour la première fois dun civil. À 7 heures du matin, Laurent Préziosi engagea la conversation en corse au virage du pont de Chiuni, avec une bergère, Santa di Notte[11] (stèle commémorative sur le bord de la route).

À partir de , les premiers pas dans la région de Piana furent soumis aux aléas des rencontres qui heureusement débouchèrent sur ladhésion spontanée des familles Antonini, Versini, Nesa et Alfonsi.

Immersion dans la population corse (14-24 décembre)

À 8 heures, ce 14 décembre, rencontre sur la colline d'Almazzone, avec le curé Mattei de Cargèse (Toussaint Mattei dit Prête Santu), monté sur un âne gris, et entrée à Revinda avec lui pour participer pour la Sainte Lucie à la procession à 9 heures puis à la messe à léglise (plaque commémorative) avant de solliciter laide des villageois. En moins dune heure il a obtenu le concours dun ancien militaire Dominique Antonini qui tient à disposition trois mulets. Dans laprès-midi ils apprennent que près de 2 000 chemises noires stationnent à Cargèse et quils ont bien fait de sêtre trompé de baie à larrivée[12].

Vers 17 heures, Toussaint Griffi et Laurent Preziosi redescendent à la mer à dos de mulets avec Dominique Antonini qui à ce moment nest pas encore certain quil sagit bien de résistants. Il sest dailleurs muni de deux parabellums.

Toutefois contrairement à la veille, la mer est très houleuse, le Libecciu souffle.

À minuit, Pierre Griffi lance un appel en morse avec sa lampe électrique et le sous-marin finit par se profiler à lhorizon. Le youyou arrive avec le ravitaillement, les armes et les postes radios. Tout chavire. Une partie du matériel est perdue ; poste radio et mitraillettes. Les trois sous-mariniers, lenseigne de vaisseau Georges Lasserre, le quartier maître Jean Lionnais et le timonier Pierre Vigot ne peuvent repartir. Les hauteurs impressionnantes des vagues empêchent de communiquer en morse. Brown est toutefois obligé de rejoindre à la nage le Casabianca pour prévenir Lherminier.

Constitution du réseau de Piana-Cargese[11]

Les trois marins, les trois agents remontent à Revinda à 1 heure du matin avec Dominique Antonini qui sengage à leur trouver des hébergements au village. Ils doivent poursuivre jusquà Marignana. Le Commandant Italien de Cargèse a eu connaissance de présence ennemie à Revinda et une patrouille risque de venir[11]. Ils atteignent Marignana par A. Sarra et U. Fiuminale sous la conduite de Dominique Antonini.

Ils sont reçus par la famille Nesa (plaque commémoration sur la maison), Marie-Jeanne Nesa, la mère, ses fils Benoît et Charles Nesa et aussi Marie Versini, la future épouse de ce dernier. Jean Alfonsi (père du sénateur Nicolas Alfonsi) et Antoine Camilli, receveur des Postes, qui les aidèrent et dont ce dernier se fit par la suite arrêter et incarcérer à Bastia.

Pierre Griffi doit émettre très rapidement pour prévenir Alger de leur situation. Labbé Ceccaldi à force de chercher des patriotes pour trouver un lieu sûr se fit arrêter aussi.

Pour réduire les risques, le 16 décembre, les membres de la mission formèrent à partir de deux groupes de deux personnes en alternance au fur et à mesure des circonstances.

Un premier groupe composé de Toussaint Griffi, adjoint de la mission, et plus particulièrement Laurent Preziosi, étaient chargés détablir les contacts dapproche, en général des personnes amies et connues personnellement de lui pour leur sympathie pour la résistance. Ils commencèrent par prospecter la zone Corte-Bastia.

Lautre groupe formé par Roger de Saule et Pierre Griffi restait dans le triangle Piana-Corte-Cargèse pour structurer le réseau à partir des contacts déjà établis. Le chef de la mission décidait davoir le plus souvent avec lui le radio pour garder le contact permanent avec Alger.

Constitution du 1er réseau à Corte (prêt à travailler pour un approvisionnement en armes et débarquement de troupes dAlger)

Formation de la tête de réseau (Pascal Valentini en deviendra le responsable)

Le 17 décembre, Toussaint Griffi et Laurent Préziosi suivirent leurs bergers (Mathieu Nesa et ses fils) à travers les montagnes par un itinéraire seulement connu d'eux. Ils empruntèrent ensuite la forêt du Valdoniello puis la Scala Santa Regina en longeant la départementale qui redescend sur Corte par Castirla. Un long périple qui leur fit craindre de ne pas arriver avant le couvre-feu. Ils allèrent en priorité chez loncle de ce dernier, Xavier Grazietti, à Corte pour sassurer du niveau de sympathie de ses habitants et trouver un 1er logement.

Puis ils rencontreront rapidement ceux qui allaient devenir la tête de réseau ; Pascal Valentini, responsable socialiste, Antoine Campana (au 18 cours Paoli), cheminot syndicaliste communiste, Lhoersch, alsacien, ancien légionnaire et sa famille, et Jeannette Albertini, employée EDF, Jacques Albertini, socialiste, maréchal ferrand dit Ferro. Seront recrutés ensuite selon le témoignage du résistant cortenais du réseau, Sabatin Pozzo-di Borgo;notamment le Dr Battesti, Paul Leschi, M.Manzi, M.Raffani, Marc Albertini, Simon et Laurent Pelizza, Dominique Ferrari, les frères Silvani,

Rapatriement du 2e groupe par Toussaint Griffi sur Corte

Le 18 décembre Toussaint Griffi réussit à louer une voiture gazogène pour ramener à Corte comme convenu le deuxième groupe, De Saule et Pierre Griffi.

  • Arrivé à Marignana, il apprend par De Saule qu'il doit ramener les trois sous-mariniers que le Casabianca na pu venir reprendre après le 15 décembre quil faut donc les cacher en attendant son retour.
  • Le lendemain, 19 décembre, sur le trajet de retour, pour ne pas prendre de risque, son cousin, le radio Pierre Griffi est déposé à un hôtel à Calacuccia avec sa valise radio.
  • À leur arrivée chez X Grazietti, Laurent Preziosi se rend chez son cousin Antoine Campana pour les mises aux points dorganisation de réseau et les rejoint de même, Pierre Griffi le 20 décembre qui a pu prendre le car sans difficulté.

Les émissions radio de Pierre Griffi seront déterminantes

Pierre Griffi leur annonce quil a pu trouver plusieurs planques il peut émettre en confiance. Tous constatent que le réseau de Corte est établi et cloisonné entre eux et les quatre membres du réseau central. La région cortenaise et celle située entre Cargèse et Piana sont donc bouclées. Alger peut en être avisé.

Ainsi, le 27 décembre chez la famille Lhoersch, Pierre Griffi échappera de justesse à lOVRA qui avait repéré ses émissions de messages. Une voiture « radiogognio » est passé à quelques mètres en contrebas de la maison lobligeant à suspendre son émission avec Alger. Pourtant les messages sont urgents et le correspondant dAlger est à lécoute.

Tranquillement la cigarette aux lèvres il reprend le travail. Le capitaine des carabiniers revient cette fois-ci vérifier auprès de Lhoersh, qui avait pris son temps pour ouvrir la porte de manière à lui permettre de mettre sa valise-radio dans la cache aménagée dans le plancher et de charger tranquillement son Colt. Malgré ses questions et ses hésitations le capitaine repartit.

Pierre Griffi comprit quil fallait trouvait un autre hébergement que celui-ci devenu trop risqué. Effectivement quelques jours plus tard, lOvra, qui comprenait dans ces rangs des éléments de la gestapo allemande, vint en nombre procéder à une perquisition et arrêter le résistant alsacien.

Les déplacements de T Griffi et L Preziosi deviendront beaucoup plus prudents

Dès lors plus de répit, les alertes sont données, ce sont les déplacements pénibles et si dangereux. Laurent Preziosi et Toussaint Griffi durent traverser le maquis jusquà 65 km par jour pour éviter les barrages pour rencontrer dautres foyers de résistants, recueillir des renseignements sur les troupes alors que le chef de mission et le radio devaient plutôt rester cachés pour diffuser consignes et envoyer des messages .

Visite familiale à Poggio di Nazza de Toussaint Griffi[13]

Le moment était choisi pour Toussaint Griffi de rendre visite à sa famille à Poggio-di-Nazza. En début daprès midi, il prit un billet pour Ghisonaccia, pour demander à un de ses cousins de préparer sa rencontre avec ses parents pour ne pas leur créer un choc émotionnel en les retrouvant directement chez eux

Après un périple de 20 km sur de vieux vélos sans éclairage, ils parviennent néanmoins en pleine nuit à Poggio di Nazza. Ce cousin discute avec les parents qui nont pas vu leurs fils militaire engagé en Afrique du Nord en territoire libéré.

Les autres étaient restés à Corte pour informer Alger des premières actions du groupe et étoffer le réseau de résistants isolés . Les renseignements obtenus des familles sur les implantations des troupes italiennes dans les zones de son village ont été bien utiles pour Alger.

Constitution du réseau de Bastia[14]

Laurent Preziosi part devant, de Corte pour Bastia, pour préparer la venue des agents de la mission et va directement chez son autre oncle Jules Olivier (au 4e étage du 2 rue de la Gare), Chef des bureaux de la Société Générale, qui lui indique la situation actuelle sur Bastia.

Laurent Preziosi retrouve léquipe de 1941

Le 20 décembre :

  • Visite le matin à Joseph de Montera fils du bâtonnier Hyacinthe, maire de Bastia limogé par Vichy qui linvite à revenir le soir (35 rue du Boulevard Paoli) à une réunion préparée pour la circonstance avec dautres compatriotes (dont Charles Clément, secrétaire général de mairie et Vicchini, bibliothécaire de la ville, Sébastien de Casalta, membre des J.S et ex maire adjoint de Bastia, Simon Paoli, Dominique Casanova).
  • réunion le soir pour le démarrage de lorganisation dun réseau bastiais étendu au Cap Corse. Il obtient les contacts sûrs à établir sur Ile Rousse et Saint Florent.

Le surlendemain, passage boulevard de Toga, chez son ami Roger Soulairol, professeur au lycée de Bastia (futur maire-adjoint de Béziers) qui avec son épouse seront ravis daider les services secrets français qui ont lintention de préparer un débarquement sur la Corse[15]. Il participera ainsi aux premiers chaînons de la résistance bastiaise dans le cadre du Front National de la Résistance après l'arrestation ou la déportation en Italie de plusieurs des personnes citées ci-dessus. Il dirigera les groupes de professeurs résistants avec Simi sous la responsabilité de Simon Vinciguerra (dit Caïus)et de Dominique Salini adjoint (dit Brosse), qui s'étaient attachés les sercices de Charles Galetti pour l'organisation dans la basse ville (Terra Vecchia) et de Noël Fontana pour la haute ville (Terra Nova), de Joseph Gambotti (gérant d'un débit de tabac), Pancho Negroni (cafetier de la Place St Nicolas), M. Soulier (boucher sur la Place d'Armes).

Trois des agents font le point de la situation à Bastia

Comme convenu le lendemain, retrouvailles à la gare de Bastia. De Saule leur apprend quAlger les félicite davoir si rapidement constitué des réseaux et de les avoir tenus informés des implantations militaires de lennemi.

Le réveillon de Noël et le 25 décembre sont passés à Bastia chez Dominique Casanova avec les membres de la mission, sauf Pierre Griffi resté à Corté.

Le chef de mission De Saule, logé chez De Montera :

  • fait un point sur le dispositif dobtention de renseignements dans cette zone.
  • juge de faire le bilan de laction déjà accomplie afin de mieux opérer les cloisonnements nécessaires entre groupes constitués et leurs responsables et préparer la création de nouvelles antennes dans le sud de lîle.

Technicien de grande expérience, il souligne la nécessité absolue détablir une hiérarchie dans la communication du renseignement de manière à assurer la sécurité de tous les agents de lorganisation.

Dominique Casanova, à partir de ce jour, devient un membre très actif dun groupe dagents de renseignements sur la circulation des troupes, des bateaux de guerres et hébergera en permanence les agents.

De Saule demande à ses agents de retourner à Corte rejoindre Pierre Griffi et daller à Ile Rousse et St Florent pour y établir les réseaux.

Prise totale du pouvoir en Algérie par les forces de libération

Par la radio, les agents apprennent quà Alger ce 24 décembre Darlan a été abattu par un membre dun groupe de monarchistes, Fernand Bonnier de La Chapelle décidé à léliminer(ce qui signifie la prise totale du pouvoir par les forces de libération). Il est vrai que sous la pression de lextrême droite algérienne les autorités américaines avaient failli basculer du côté de Darlan, et écarter De Gaulle et toute la résistance qui le suivait.

Le Général Giraud est ainsi renforcé dans ses pouvoirs avec lappui des américains et forme un gouvernement provisoire. Il est nommé le 26 décembre Haut Commissaire et Commandant en chef des forces françaises en AFN.

Remise en forme à Taglio- isolaccio (Haute Corse)

Pour repartir créer les réseaux de Balagne, Toussaint Griffi et Laurent Preziosi estiment quils doivent prendre un peu de repos dans un lieu sûr pendant deux ou trois jours pour retrouver la condition physique pour cette nouvelle étape. Laurent Preziosi propose son village familial.

Le 27 décembre, dans le train qui les amène à Folelli, ils comprennent vite que la population locale est excédée par loccupation italienne qui génère de fortes difficultés de ravitaillement notamment pour les enfants.

Ayant choisi darriver en train à Folelli à la tombée de la nuit pour ne pas être remarqué :

  • ils empruntent un chemin muletier de 5 km qui les conduit au village sous un orage quand deux amis denfance ouvriers à la tannerie du Fiumalto montent eux aussi à Isolaccio et leur font profiter de leur large parapluie et de leur lampe électrique
  • ils rencontrent à 20 heures les parents, la sœur et le frère qui ne semblent pas vraiment surpris de leur venue et apprennent toutefois quils viennent dAlger et quelle est leur mission, que des réseaux se créent, quil faut créer des liens de solidarité, se tenir prêt le moment venu, éviter les indiscrétions,

Ils décident de se reposer, et de repartit lorsquils jugeront avoir repris suffisamment de forces physiques. Le village étant proche de Bastia servira plusieurs fois de lieu dhébergement.

Constitution des réseaux de Balagne[6]

Le 29 janvier 1943, le voyage en train seffectue au départ avec la complicité des syndicalistes cheminots et se passe en compagnie dun militant communiste Raoul Begnini.

Accueillis à L'Île-Rousse par un membre du groupe de De Montera, ils sont informés qu' un certain nombre de patriotes s'est organisé, et prêt à faire partie du réseau Pearl Harbour pour se préparer au débarquement. À lhôtel Bonaparte ils prennent régulièrement leurs repas, ils apprennent que le responsable régional de leur regroupement est à Saint-Florent, renseignement qui leur avait déjà été donné à Bastia. Toutefois, il n'y aucun train, ni car pour s'y rendre. Un des membres du groupe leur fournit deux vélos.

Rencontre avec Pierre Casale (responsable sur Saint-Florent)

Obligés donc de traverser le désert des Agriates à vélos (40 km de virages), et après avoir franchi un barrage de larmée italienne, Pierre Casale (future maire de Saint-Florent à la Libération), prévenu de leur arrivée, est rencontré.

Après entretien sur la situation sur lIle, un accord est trouvé sur le réseau hébergement , dailleurs, pour la nuit, se trouve caché clandestinement, un autre résistant, un peintre hongrois, Barta, qui les informe sur les implantations locales des troupes italiennes.

Pour éviter dêtre arrêter, le peintre Barta leur conseille de retourner en car à Bastia.

À Bastia, ils sont surpris de voir Barta entre deux soldats italiens. Il avait été dénoncé parce que vu en leur compagnie. Une vague darrestations sen est suivie ; dont celle du jeune avocat Joseph de Montera, puis de Simon Paoli, de Dominique Casanova, tout juste investi responsable du réseau régional, lavocat Sébastien de Casalta (qui put sévader et prendre le maquis) Pierre Casale (le nom du responsable de ces arrestations fut connu à la Libération, il sagissait dun ancien agent du réseau de Saint-Florent).

La situation devenue périlleuse, ils durent prendre le maquis quelque temps en se transformant complètement (vêtements, coiffure, visage).Pour pouvoir continuer à mener la mission entreprise, il leur faudra vivre dans la montagne sous le gel.

Les frères Spinosi acceptent de former le réseau de Calvi (constitué quaprès être allé constituer celui dAjaccio)

Un patriote cheminot les conduira à Dominique Spinosi puis à son frère Roch. Les entretiens seront les mêmes que pour les précédentes rencontres. Il leur sera bien précisé quil ne sagit pas de se soumettre aux ordres politiques dAlger mais de créer des réseaux contre lenvahisseur quelles que soient les tendances politiques en vue de se préparer pour un débarquement.

Ils seront pris en charge pendant une semaine sur Calvi. Ils leur permettront deffectuer les missions de renseignements les plus précieuses avec lappui dautres compatriotes dont Le Bras et Casanova. Seront étudiés tous les points sensibles de la ville lennemi a installé un dispositif de défense contre tout éventuel débarquement de commandos alliés (canons, blockhaus, postes de mitrailleuses, etc…), les lieux les troupes sont logées.

Les frères Spinosi se chargent de mettre en place lorganisation clandestine pour linsurrection armée et assumeront jusquà la libération de la Corse la responsabilité du secteur.

Constitution du réseau dAjaccio[6]

Après avoir redoubler de vigilance, sur Ajaccio ils se rendent chez Noël Pinelli (plusieurs fois délégué de la Corse au Congrès National de la SFIO avant guerre de 1936 à 1938) qui leur signale ne pouvoir assumer la responsabilité dun réseau pour des difficultés familiales.

Mise en relation avec les futurs membres du réseau

Il les recommande auprès de Jacques Tavera (rencontré dans le cafe face à la Préfecture) qui les mettra en relation notamment avec :

  • Nonce Benielli, Jean Nicoli, Arthur Giovoni, Dominique Luchini (dit Ribellu), André Giusti, Mandolini, André Bozzi, futurs responsables du Front National,

Ensuite, ils mettent en place les contacts indispensables avec :

  • la famille Stefanaggi, veuve dun officier de 14-18 avec ses trois enfants, Jean-Toussaint, Lucette (marié plus tard avec Noël Bonelli résistant du réseau) et Henriette, fortement impliquée dans lhébergement et les réunions de tous les résistants ;
  • le grand cafetier Martin Borgomano qui soccuper des rencontres en ville (les cafés comme le Napoléon, le Solférino, la Brasserie Nouvelle sont des lieux de rencontres importants pour les patriotes et de maintien psychologique. Dailleurs le propriétaire du Grand Café dAjaccio François Giovanelli sera plus tard arrêté, condamné et déporté en Italie. La fusillade meurtrière en juillet 1943 dans la Brasserie Nouvelle, 50 cours Napoléon, et larrestation de Néné Franchi en juin, latteste),
  • Roger Doudon jeune ingénieur qui les informe sur les besoins de loccupant en matière dénergie et en particulier sur les emplacements des dépôts de carburants
  • le commissaire Vallecale sur les investigations policières italiennes,
  • Antoine Cascalès, un ami denfance dAlger qui avait réussi à se faire embaucher comme débardeur sur les bateaux italiens pour identifier les troupes italiennes transportées et connaître la nature des chargements, les horaires maritimes.

Constitution du réseau de Sartène : Pierre Bianchi devient un agent très précieux à Griffi et Preziosi

Pour ce faire, ils devaient prendre contact avec un patriote de Coti-Chiavari. Pierre Bianchi, socialiste, futur maire de Campo à la Libération, quils ne purent contacter quaprès avoir déjoué de nombreux barrages italiens. Il avait été recommandé par Noël Pinelli et était remarquablement informé sur tout le secteur du golfe dAjaccio et du Sud notamment sur la situation des troupes ennemies dans la région, des précautions quil convenait de prendre.

Par la suite, il restera en contact permanent avec le chef de mission de Saule pour lui fournir les renseignements recueillis sur la situation ou les déplacements de troupes.

Laurent Preziosi et Toussaint Griffi rencontre ainsi à Sartène le directeur décole Filippi, qui leur signale être très surveillé mais leur assure que la population est très hostile à loccupant et quil sera très facile de recruter. Ils sont renseignés sur la localisation des troupes ennemies.

La coordination totale du nord au sud à partir dAjaccio

Le commissaire Vallecalle les informe des intenses investigations menées par lOvra. Le radio Pierre Griffi fait équipe avec Laurent Préziosi sur Ajaccio et sont hébergés le soir chez une vieille dame sur le cours Napoléon.

Un véritable état-major sétait constitué à Ajaccio dans lappartement des Stefanaggi les réunions étaient de plus en plus fréquentes, ainsi que le couvert et le gîte pour le passage des clandestins.

Toutefois, les participants se sentaient vulnérables sans armement autre quun revolver chacun et revendiquaient de plus en plus la mise en place rapide dun dispositif de guerre auprès des autorités dAlger. Vu les réseaux qui venaient dêtre constitués avec dorénavant un nombre important de patriotes corses, il était possible de recevoir dAlger une cargaison darmes en un lieu pas trop éloigné du futur point de débarquement, avec possibilité de lacheminer vers lintérieur de lîle. Un message radio est envoyé en ce sens par Pierre Griffi aux Services Spéciaux dAlger.

Après plusieurs aller-retours de ville en ville, toute la corse fut coordonnée quant Laurent Préziosi avec Pierre ou Toussaint Griffi, emmenèrent Jean Nicoli, François Carli et André Giusti réaliser lunion notamment avec les principaux responsables sur Bastia, Jacques-Louis de Montera, Dominique Casanova, Roger Soulairol, Sébastien de Casalta, Dominique Poli, Leoni et Medori.

Les références politiques de Laurent Preziosi et de son ami Pierre Griffi (dont le soi-disant passage au parti communiste na jamais fait lobjet à ce jour de preuve matérielle) et notamment les affinités humaines avec Jean Nicoli facilitèrent laccord des responsables corses avec les autorités françaises dAlger et anglo-américaines. Toutes les implantations de lennemi et leur organisation avaient été transmises à Alger

Néanmoins depuis larrestation du peintre Barta, léquipe de Pierre Casale était constamment sous très étroite surveillance et manifestait ses difficultés à demeurer sans armement.

Première livraison importante d'armes par le Casabianca

Le 6 février 1943, 450 mitraillettes et 60 000 cartouches sont livrées à la résistance (stèle sur la plage dArone).

Au retour à Ajaccio, ils apprennent en réunion par Pierre Griffi chez les Stefanaggi quAlger va les livrer en armes par le Casabianca et leur fait donc supposer quil reprendra ainsi ses marins Lasserre, Vigot et Lyonnais.

Préparation de la réception des armes

Le rendez vous est fixé dans une région très difficile daccès au sud du golfe de Porto et ils ont trois jours pour préparer cette réception. Avec Jean Nicoli, Laurent Preziosi et Toussaint Griffi une partie du parcours est effectuée jusquà un point du maquis sont passé en revue tous les barrages des Cabinieri, les différents obstacles susceptibles de se présenter le jour venu. Nicoli ce jour est le seul armé et chargé de tirer en cas de danger pour protéger leur fuite.

Le jour venu, à six dans une grosse voiture, ils parviennent en définitive à franchir tous les barrages dAjaccio à Sagone puis Cargèse, ils revoient en contrebas la baie de Chioni le Casabianca devait déposer à lorigine la mission précisément une unité de soldats italiens est encore implantée pour empêcher tout débarquement. En passant à nouveau devant la maison avant de rejoindre Revinda (stèle apposée perpétuant la 1re rencontre humaine) ils perçoivent les difficultés pour transporter tout le matériel darmement et de munitions.

Ils présentent à Nicoli les frères Nesa, bergers dès lors maquisards, à la bergerie de Solognu puis le père, sa femme, François Alessandri, Pascal Versini, Benoît Versini, Jean Alfonsi et les trois marins du Casabianca. Par la suite, Benoît et Antoine Nesa seront condamnés à mort par contumace mais ils demeureront insaisissables par les chemises noires. Il leur faut se rendre dans la baie dArone entre le nord de la baie de Chioni et le golfe de Porto. Laccès à la plage est difficile ; les flancs de collines très abrupts sont recouverts dépais maquis

Arrivée du sous-marin et dépôt des armes

Le Casabianca fait surface à 20 h 30 par un calme plat le 6 février mais ne reçoit aucun signal lumineux à lheure indiquée[10] :

  • une équipe de huit hommes sous les ordres du quartier maître timonier descend à terre et repère une maison de berger en ruine en bordure dune haie touffue sans trace avoisinante de lennemie.
  • tout léquipage procède ensuite au transbordement de mitraillettes et munitions dans cinq canots pneumatiques, en 20 minutes à une cadence endiablée.

Après attente et camouflage du matériel, le Cdt LHerminier est obligé dordonner la plongée du sous-marin tout en apercevant un signal lumineux près du bord. (Il savait quil était préférable de préciser la cache au commando par lintermédiaire de radio Alger plutôt que de risquer dêtre en contact avec lennemi. Dailleurs, LHerminier apprit plus tard que Lasserre avait rencontré les deux autres marins)

Réception des armes par les résistants[11]

Pour limiter les risques, le réseau arrive par des itinéraires différents en trois groupes guidés :

  • Benoît Nesa pour les trois marins guidés (Georges Lasserre, Jean Lionnais, et Pierre Vigot:
  • Charles Nesa pour De Saule, T. Griffi et Preziosi :
  • François Alessandri dit Che et Antoine Cantoni pour léquipe de Nicoli (André Giusti, François Carli, et André Bozzi).

Arrivés à 1 heure du matin, quatre hommes se présentent à De Saule : deux nouveaux agents envoyés par Alger, ladjudant-chef Michel Bozzi, le radio-opérateur Chopitel dit Tintin, et deux sous-mariniers Paul Asso et Robert Cardot. Le Casabianca est venu une nuit plus tôt et les a déposés mais leur embarcation ensablée na pu être remise à flots. Ils leur annoncent que le sous-marin ne reviendra que dans la nuit du 7 février.

Tout le monde regagne la maisonnette. Entre temps le Casabianca avait réussi à déposer les 450 mitraillettes et 65 000 cartouches.

Avant le lever du jour tous les résistants avaient réussi à remonter et cacher les caisses darmes et de munitions après avoir remis préalablement à chaque participant une mitraillette . Un autre berger Antoine François Spinosi les avertit que lOvra est avisée de cette livraison et cherche dans la région. Un stock est acheminé sur la région de Petro-Bichisano, lautre dans la région de Piana.

Une valise radio abîmée[6]

Pierre Bianchi, socialiste, leur apprend que de son côté il a pu prendre contact avec Michel Bozzi et Chopitel dans la région de Coti-Chiavari qui ont reçu dAlger mission dopérer dans le secteur sud dAjaccio. Toutefois, leur valise radio, ayant été gravement endommagée lors du débarquement, de Saule est amené à entrer en contact par lintermédiaire de Pierre Bianchi, avec Fred Scamaroni (cf mission Sea Urchin) pour obtenir une autre valise. Il était l'agent du BCRA, arrivé de Londres peu de temps auparavant (dans la nuit du 6 au 7 janvier 1943 sous le nom de capitaine François-Edmond Severi par le sous-marin britannique Tribune).

Les réseaux se trouvaient dès lors concurrents mais après avoir réussi à le faire admettre à ses supérieurs londoniens ce service a pu être rendu.

Projet d'enlèvement d'un général italien (20 février 1943)[6],[11]

Exposé de Jean Nicoli (Statue érigée à San Gavino di Carbini)

Il semble quà cette réunion du 20 février, ils prirent conscience que leur refus séculaire de loccupant, leur solidarité corse, leur affinité et amitié aient aidé la constitution rapide des réseaux.

Devant la réussite des différentes actions de lorganisation de la résistance et vu la solidarité, la confiance, lespoir, la chaleur humaine qui régnait parmi eux, Jean Nicoli eut un projet enthousiasmant et peu connu. Il le développa avec humour lors dune réunion quotidienne durant cette période chez les Stefanaggi (Ajaccio) à laquelle participaient 3 membres de la missions, Laurent Préziosi, Pierre et Toussaint Griffi et les principaux responsables de la zone Sud (cf 1re mission en Corse occupée).

Sachant que le sous-marin devait très prochainement revenir, il proposa de kidnapper ni plus ni moins un général italien dans sa résidence au centre du village de Petreto grâce à des complicités et de lexpédier à Alger en paquet cadeau par le sous-marin. Un point de rendez-vous serait fixé avec le commandant LHerminier sur la côte orientale du côté de Solenzara (dans lanse de Canelle près dune ferme que possédait Dominique Poli). Tout le plan était parfaitement au point.

Approbation euphorique des participants

Cet exploit aurait le mérite de montrer que la résistance est forte et organisée au point de pouvoir mettre hors datteinte une haute autorité militaire ennemi. Chacun prit conscience de limpact de cette nouvelle auprès des auditeurs internationaux des radios dAlger et de Londres. Dans une île de 180 000 habitants occupée par 80 000 italiens et allemands les résistants trouveraient moyen denlever un grand chef militaire.

Refus des autorités dAlger

Pierre Griffi, impatient lui aussi de porter des coups sévères à lennemi fit quand même observer que cette action risquait de déclencher une répression féroce des forces doccupation, empêchant par la même le travail darmement de la Corse avant le débarquement et quelle devait avoir laval du chef de la mission absent à cette réunion (De Saule) puis des autorités à Alger pour la mise à disposition du sous-marin pour cette opération.

Les autorités dAlger contactées par la radio de Griffi refuseront ce projet au grand regret des jeunes combattants considérant quil comportait trop de risques et conséquences

Rapatriement sur Alger du 1er groupe de la mission (24 février-10 mars)[6]

Repérés et activement recherchés par lOvra, leur mission étant accomplie et plus vite que prévue, Toussaint Griffi et Laurent Preziosi reçurent le 24 février lordre impératif des autorités en AFN commandées par le Général Giraud de quitter le plus rapidement possible la Corse avec la promesse de participer à la libération de la Corse.

Comme Laurent Preziosi et Toussaint Griffi étaient les deux seules personnes qui avaient circulé partout pour coordonner les réseaux, établir de nombreux contacts, connaître les personnes, léventualité très forte de leur arrestation devenait dangereuse pour la survie de lorganisation tout entiére. Selon les renseignements militaires, elle comprenait 2 000 personnes (au soulèvement de septembre 1943 le nombre de résistants sélévera à 13 000).

Ultime Réunion pour la 1re mission chez les Stéfanaggi

Après une ultime réunion le 4 mars chez les Stefanaggi, de nombreux responsables partirent le 7 mars par petits groupes en passant par Travo et furent pris en charge par Dominique Poli à Solenzara avant larrivée du Casabianca le même jour.

Le retard important du sous-marin mettait en danger la concentration des responsables résistants qui étaient logés pour la plupart dans le même hôtel à Solenzara.

Départ en sous-marin (tourelle du Casabianca érigée Place St Nicolas Bastia)

Ce nest que le 10 mars 1943 à 23 heures, escortés jusquau rivage par Jean Nicoli, André Giusti, François Carli et Pierre Griffi, rendu indispensable pour ses fortes compétences en émission radio, que Laurent Préziosi et Toussaint Griffi durent à très grand regret repartir de Solenzara (anse de Favone) avec les cinq sous-mariniers par le sous-marin Casabianca.

Après plusieurs opérations de torpillages du submersible, ils arrivèrent le 14 mars à Alger pour fournir au Colonel Rivet les renseignements demandés sur lorganisation militaire italo-allemande et lui confirmer la réussite rapide de la coordination de la résistance corse.

Arrivée à Alger à la Sécurité Militaire

En slalomant entre les jeeps et les camions américains, ils sont conduits dans les bureaux de la Sécurité militaire et interrogés pendant plusieurs heures aussi par les agents du 2e bureau. Ceux-ci sont étonnés par limportance et la rapidité du travail accompli en information sur les implantation des troupes ennemies, de leur armements, des réseaux constitués de résistance, de lengouement et la détermination des volontaires.

Ils pouvaient déjà envisager linsurrection armée qui appuiera le débarquement. Les groupes de résistants sont désormais en liaison entre eux et le noyau central situé à Ajaccio sous la responsabilité technique actuellement de de Saule et de Pierre Griffi.

Entretien avec le nouvel agent

Leur remplaçant étant désigné, ils sont chargés de rencontrer le nouvel agent, le Capitaine de gendarmerie Paul Colonna dIstria (nom de code « Cesari »), rue Charras à Alger dans le bureau du Colonel de Villeneuve, chef de service.

Par leurs enseignements, ils aidèrent leur remplaçant, avant son départ par un sous-marin anglais, le 1er avril 1943, pour la deuxième mission, celle de lorganisation militaire de la résistance et du débarquement en Corse, toujours avec lappui du sous-marin Casabianca. Le Commandant Colonna dIstria sut au cours de sa mission (qui fait lobjet dun autre récit) admirablement organiser militairement la résistance armée sans imposer de gouvernance politique. Il a assuré la coordination militaire des combats insurrectionnels contre les troupes doccupation italo-allemandes.

Bilan de l'opération : coordination des réseaux en vue du débarquement

Pierre Griffi, personnalité exceptionnelle (statue au square de la gare d'Ajaccio, et square à Corte, avenue X. Luciani, face au lycée), qui réceptionna Paulin Colonna d'Istria arriva à transmettre durant cette première mission et une partie de la deuxième, 286 messages déterminants (torpillage du paquebot italien Francesco Crispi[16]. Malheureusement, comme dautres, il fut arrêté le 11 juin quartier St. Joseph à Ajaccio, atrocement torturé, et mourut héroïquement à Bastia sans rien avouer le 18 août 1943. Il déclara au tribunal du 7e corps d'armée italien : « Je ne regrette qu'une chose, ne pas vous avoir fait plus de mal » et refusa de se laisser bander les yeux avant d'être fusillé par les Chemises noires. Le résistant, Marc Sodini, arrêté comme lui, en rapporta son témoignage.

La Corse fut ainsi le premier département français libéré par les troupes militaires françaises et notamment par le 1er bataillon de choc que le Casabianca transporta jusquà Ajaccio.

- Toussaint Griffi fut le seul membre de la mission qui eut la possibilité de se joindre en tant que militaire à ce bataillon pour participer à cette libération. Il put ainsi rendre justice à son cousin germain Pierre Griffi en arrêtant lui-même la personne qui lavait dénoncé à lOvra. Il s'agissait du chauffeur de taxi italien qui l'avait déposé à la maison il avait transmis ses messages. Il sera le seul ennemi à être fusillé à la Libération de la Corse.

- Laurent Preziosi reçut lordre de rejoindre les troupes du débarquement de Provence et participa ensuite au gouvernement provisoire à Paris et ne put donc participer ni profiter de la glorieuse libération de la Corse.

- Roger de Saule confia sur place en Corse ses pouvoirs de chef de mission à son remplaçant Colonna dIstria, et rejoignit Alger dix jours après, le 24 mars, Toussaint Griffi et Laurent Préziosi, et dut repartir sur une autre mission dans le Sud-ouest.

Cette libération des corses redonna espoir à plusieurs groupes régionaux français de résistants dans leur soutien au débarquement sur les plages de Normandie en juillet 1944.

Conclusion

Cette première mission naurait pu être effectuée sans la confiance obtenue des différents responsables de la résistance corse, qui surent dépasser les divergences politiques, sans les nombreuses complicités dans la population et sans l'équipage du sous-marin Casabianca.

Le général Giraud sera pourtant critiqué par le général de Gaulle qui relatera dans ses Mémoires : « je napprouve pas le monopole que vous avez donné en Corse aux chefs communistes ».

Néanmoins les membres de la mission Pearl Harbour ont pu faire le lien de confiance politique entre les services spéciaux giraudistes et les communistes du Front National, conjonction inattendue qui a toutefois permis à la Corse dêtre définitivement débarrassée des SS et des Bersaglieri, de la Gestapo et de lOvra dès le 4 octobre 1943.

Cet épisode est trop souvent éludé parce quil gêne les historiens politiques qui auraient préféré quil émane dun commandement des futurs grands hommes politiques daprès-guerre.[réfnécessaire]

Notes et références

  1. Henri Noguères, Histoire de la Résistance en France, Éditions Robert Laffont, 1972
  2. Toussaint Griffi et L. Preziosi, 1re mission en Corse occupée, Éditions L'Harmattan, 1988, p.181
  3. Olivier Todd, Albert Camus une vie, Éditions Gallimard, 1996 (ISBN 978-2-0704-1062-0)
  4. Paul Sylvani, Et la Corse fut libérée, Éditions Albiana, 2001, p. 472
  5. Herbert R. Lottman, Albert Camus, Points, 1985 (ISBN 2-0200-8692-1), pp. 219-220
  6. a, b, c, d, e, f et g Toussaint Griffi et Laurent Preziosi, Première mission en Corse occupée : avec le sous-marin Casabianca (décembre 1942-mars 1943), Éditions L'Harmattan, 1988 (ISBN 978-2-7384-0213-4)
  7. Toussaint Griffi et Laurent Preziosi, Première mission en Corse occupée : avec le sous-marin Casabianca (décembre 1942-mars 1943), Éditions L'Harmattan, 1988 (ISBN 978-2-7384-0213-4), p. 122
  8. Herbert R. Lottman, Albert Camus, Points, 1985 (ISBN 2-0200-8692-1), p. 249
  9. « La première Libération : la nuit du 7 au 8 novembre 1942 à Alger » - Paul Ruff et Hugues Fanfani, Matériaux pour lhistoire de notre temps, juillet-décembre 1995, no 39/40, pp. 57-61
  10. a, b, c, d et e Cdt Jean L'Herminier, Casabianca, Editions France Empire, 1953, éd. 1992 (ISBN 978-2-7048-0704-8)
  11. a, b, c, d, e et f Paul Sylvani, Et la Corse fut libérée, Éditions Albiana, 2001 (ISBN 978-2-8469-8004-3)
  12. Dominique et E. Salini, En ce temps-, Bastia..., Imprimerie Siciliano, 1978, p. 141
  13. Colonel Rémy, La résistance en Corse, Éditions Famot, 1976
  14. Plaque commémorative au 35 du Boulevard P. Paoli
  15. Dominique et E. Salini, En ce temps-, Bastia..., Imprimerie Siciliano, 1978, pp. 161-163
  16. Colonel Rémy, La résistance en Corse, Éditions Famot, 1976, p. 120

Bibliographie

  • Maurice Choury, Tous bandits d'honneur ! : Résistance et libération de la Corse, juin 1940-octobre 1943, Éditions Sociales (1958)
  • Général Bernard de Boisfleury, L'armée en Résistance : France 1940-1944 du, Éditions Esprit du Livre, 2006 (ISBN 2-9159-6007-0)
  • Bulletin de lASSDN no 120, Association des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale.
  • Reportage Antenne 2 sur 30ème anniversaire de la libération de la Corse (1993)
  • Film documentaire FR3 de Xavier de Cassan



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Mission secrète Pearl Harbour de Wikipédia en français (auteurs)

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