- Ligne de Rouxmesnil à Eu
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Ligne
de Rouxmesnil à Eu
La gare de Sauchay-Bellengreville dans la vallée de l'EaulnePays France Villes desservies Envermeu Historique Mise en service 1885 Concessionnaires Ouest (1885 - 1909)
État (1909 - 1938)
SNCF (1938 - 1997)
RFF (à partir de 1997)Caractéristiques techniques Numéro officiel 356 000 Longueur 37,2 km Écartement Voie normale (1,435 m) Pente ou rampe maximale 15 ‰ Nombre de voies Voie unique Trafic Propriétaire RFF Exploitant(s) SNCF Schéma de la ligne Schéma de la ligne Légende200,045 0,000 Dieppe (7m) 0,335 Ligne Malaunay-le-Houlme - Dieppe vers Rouen-RD 1,352 Bif vers racc. de Saint-Pierre Port de Dieppe 4,101 Rouxmesnil (6m) 4,3xx Bif de Rouxmesnil Ligne Saint-Denis - Dieppe vers Paris-Saint-Lazare 4,9xx Pont-sur l'Arques (28m) 6,9xx Martin-Église (9m) Ancourt 11,3xx Sauchay - Bellengreville (40m) 15,3xx Envermeu (52m) Ancienne ligne Amiens-St-Roch - Envermeu (CFE, 1m) 15,750 Limite de déclassement et origine EP EDF 22,6xx Bailly-en-Rivière (129m) EP EDF vers Centrale de Penly 30,3xx Touffreville - Criel (29m) 30,99x Viaduc-sur l'Yères (125m) 35,0xx Saint-Rémy-Boscrocourt Ligne Épinay - Le Tréport vers Paris-Nord Pont sur la Bresle 40,547 Bif de La Mouillette-Nord vers racc. d'Eu 178,470 Eu-La Mouillette 49,900 Limite de déclassement 208,935 Bif de La Chaussée vers racc. d'Eu Ligne Abbeville - Eu vers Abbeville 40,976 178,973 Bif d'Eu-sud 179,230 Pont sur la Busine (10m) 179,393 Eu (6m) 182,548 Le Tréport - Mers (8m) modifier La ligne de Rouxmesnil à Eu, parfois dénommée de Dieppe à Eu, est une voie ferrée à écartement standard, sise dans le département de Seine-Inférieure (aujourd'hui Seine-Maritime), établie par la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest dans le cadre du plan Freycinet. Inauguré en 1885, ce chemin de fer fut fermé aux voyageurs en 1938 et progressivement aux marchandises à partir 1972. Une partie de son parcours reste toutefois en exploitation pour assurer des transports spéciaux à destination de la centrale nucléaire de Penly.
Sommaire
Tracé
La voie ferrée part de la gare d'Eu-La Chaussée, située sur les lignes de la Compagnie des chemins de fer du Nord reliant Paris-Nord au Tréport et cette dernière ville à Abbeville. Après quelques centaines de mètres de parcours commun avec ces deux itinéraires, elle s'en détache laissant à droite la ligne de Paris, puis à gauche celle d'Abbeville. Puis, décrivant une large courbe, le chemin de fer passe, après avoir franchi la Bresle, au-dessus de l'itinéraire de Paris par un saut-de-mouton. Le voie s'engage alors, fendant l'épaulement du plateau de Beaumont, dans une longue rampe de 15 ‰ jusqu'à un premier faîte, la station de Saint-Rémy-Boscrocourt, qu'elle atteint après avoir franchi la Nationale 314 (Eu-Neufchâtel-en-Bray) par un court viaduc de briques. Après être monté sur le plateau du Petit Caux, la ligne redescend par une déclivité semblable vers la vallée de l'Yères enjambée par un autre viaduc, long de 125 m (le plus important ouvrage d'art du parcours), peu avant la gare de Touffreville-sur-Eu.
Un nouveau dos d'âne l'attend pour s'élever, toujours avec une déclivité de 15 ‰, jusqu'à Saint-Quentin-au-Bosc où elle atteint son point le plus haut. S'en suit une longue descente (rampe de 15 ‰, puis de 12 ‰) jusqu'à la principale gare du parcours, celle d'Envermeu où, à partir de novembre 1906, elle offre une correspondance avec la ligne à voie métrique d'Aumale gérée par la Société générale des chemins de fer économiques (SE) qui se prolonge jusqu'à Amiens dans le cadre du réseau départemental de la Somme affermé à la société précitée. L'itinéraire descend ensuite la vallée de l'Eaulne (avec une faible pente de 4 à 7 ‰) avant de rejoindre la ligne Paris - Dieppe, gérée par la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest, à Rouxmesnil-Bouteilles à 4,1 km au sud de Dieppe[1].
Construction, exploitation jusqu'à la Seconde Guerre mondiale
La construction de la ligne Eu - Dieppe fut décidée en 1879 dans le cadre du plan Freycinet (projet no 40), destiné à parfaire le maillage ferroviaire de la France[2]. La voie ferrée permettait une liaison entre les réseaux du Nord et de l'Ouest le long des côtes de la Manche, elle devait également être un des maillons de la ligne stratégique littorale partant du Havre et aboutissant à Abbeville. Déclarée d'utilité publique le 21 février 1880, concédée à la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest le 17 juillet 1883, elle fut construite en voie unique et inaugurée le 22 août 1885[3],[4].
De 1885 à 1914, la ligne fut parcourue par cinq omnibus quotidiens aller-retour assurant la liaison Dieppe - Le Tréport-Mers en plus d'1 h 15 min[5] et par des convois de marchandises assurant un service de wagons isolés ou de trains complets acheminant des phosphates, débarqués dans le port de Dieppe, destinés aux industries verrières de la vallée de la Bresle[6]. La traction était assurée par des machines du dépôt de Dieppe de différents types[2]: 021, 030, 230T[7], 230. Le rachat de la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest défaillante par la Compagnie des chemins de fer de l'État, effectif le 1er janvier 1909, ne changea rien à l'exploitation de l'itinéraire.
La Première Guerre mondiale vit le nombre de circulation de voyageurs limité à deux par jour, mais la voie ferrée joua pleinement son rôle de ligne militaire destinée à ravitailler, à partir des ports normands, l'armée britannique qui tenait le front de la Somme. L'itinéraire fut mis à double voie, un raccordement direct fut établi à Eu avec la ligne menant à Abbeville (appelé depuis lors ligne stratégique) et fréquenté par des convois lourds acheminant ravitaillement, armes et munitions[2].
Après la fin du conflit, la seconde voie fut déposée, le nombre de circulation réduit à trois omnibus quotidiens dans chaque sens (un le matin, un le midi, un le soir) parcourant l'itinéraire en 1 h 05 min pour le plus rapide[8]. Aux locomotives de l'État vinrent s'adjoindre, pour la traction, des machines allemandes (de type 140 et 230) concédées au titre des réparations. La désaffection des voyageurs qui préféraient au chemin de fer les autocars empruntant la route littorale, plus directe et desservant Criel-sur-Mer, conduisit à l'interruption du service voyageurs le 2 octobre 1938[9], quelques mois après le remplacement des grandes compagnies par la Société nationale des chemins de fer français (SNCF).
La ligne, entre fermeture et renaissance, depuis la Seconde Guerre mondiale
Avec le début de la Seconde Guerre mondiale, la ligne retrouva tout son intérêt stratégique ; le génie procéda ainsi à un nouveau doublement de la voie durant les mois de la drôle de guerre. Toutefois, l'avancée allemande de mai-juin 1940 entraina les militaires français à faire sauter le saut-de-mouton d'Eu, paralysant les voies Eu - Dieppe et Le Tréport-Mers - Paris-Nord[2]. Les autorités d'occupation rétablirent la circulation dès le 18 octobre 1940, déposèrent néanmoins la seconde voie et l'itinéraire servit, en outre, à transporter les matériaux nécessaires à la construction du mur de l'Atlantique sur le littoral cauchois[2].
La fin du conflit vit le retour du transport de marchandises marqué par une activité saisonnière soutenue lors de la récolte des betteraves sucrières. La ligne fut marquée, au cours des années 1950 et 1960, par deux évolutions notables : le remplacement de la traction vapeur, assurée par les 140C ou G et les 141C, par la traction diesel des BB 66000 ET BB 63000, le déclin régulier des tonnages transportés[2]. Finalement, le 3 avril 1972, la SNCF décida de suspendre toute activité sur la section entre Eu et Envermeu[10]. et continua d'exploiter le tronçon entre Rouxmesnil et Envermeu en trafic restreint à raison d'une desserte bi-hebdomadaire[11].
La perspective de la fermeture de la dernière partie de la ligne était probable mais un événement allait changer le cours des choses : la construction, à partir de 1980, d'une centrale nucléaire à Penly sur le littoral à une douzaine de kilomètres à l'est de Dieppe. Des besoins considérables en matériaux d'enrochement incita EDF à faire appel à la SNCF pour assurer le transport d'une grande partie de ceux-ci. Au début de l'année 1981, il fut décidé de réutiliser la voie Rouxmesnil - Envermeu - Saint-Quentin-au-Bosc et de construire, entre cette dernière commune et le site de la centrale, un embranchement sur une distance de 7,8 km[2]. Les travaux, rapidement menés par les entreprises Drouard et S.E.I., permirent une mise en service dès le mois de juin 1981. Des convois lourds de pierre concassée purent alors circuler; au plus fort de la construction de la centrale, 2 rames quotidiennes de 25 à 27 wagons, pour une charge totale avoisinant les 2 000 tonnes, étaient acheminées sur l'itinéraire. Les rampes de 15 ‰ entre Envermeu et Saint-Quentin-au-Bosc nécessitaient l'emploi de 4 locomotives BB 66000, 2 en tête, 2 en pousse[2].
Depuis 1981, la ligne peut être divisée en trois parties distinctes :
- la section Rouxmesnil - Envermeu (11,2 km) exploitée par la SNCF pour les marchandises, mais dans le cadre d'un trafic restreint ;
- la section Envermeu - Penly (15,1 km), considérée comme embranchement particulier de l'EDF. Avec la fin des principaux travaux sur le site de la centrale, la ligne voit seulement passer des trains chargés du transport du combustible nucléaire, en particulier des châteaux irradiés à destination du centre de retraitement de La Hague; la construction d'un nouveau réacteur de type EPR donnerait un surcroît d'activité à l'itinéraire[12] ;
- la section Saint-Quentin-au-Bosc - Eu, déferrée et transformée en sentier de randonnée, le Chemin vert du Petit Caux[13].
Notes et références
- Pour les déclivités de la ligne et les PK, Carnet de marches-types État, 1935.
- José Banaudo, Trains oubliés, vol.4 : L'État, le Nord, les Ceintures, p. 15.
- Encyclopédie générale des transports - Chemins de fer, 76.2.
- José Banaudo, Trains oubliés, vol.4 : L'État, le Nord, les Ceintures, p. 130.
- Indicateur Chaix - mai 1911.
- Lire en ligne. L'Informateur, édition du 10 février 2005
- locomotive-tender où les réserves d'eau et de combustible ne sont plus sur un tender séparé mais sur le châssis de la machine elle-même. Le T accolé au numéro signifie qu'il s'agit d'une
- Indicateur Chaix - mai 1936.
- La fermeture au trafic des voyageurs sur cosili.isuisse.com.
- José Banaudo, Trains oubliés, vol.4 : L'État, le Nord, les Ceintures, p. 130.
- Eu - Envermeu fut déclassée en février 1975. La section
- Penly était candidate comme site d'implantaion de l'EPR, mais c'est finalement Flamanville qui a été choisi.
- Lire en ligne. L'Informateur, édition du 10 juillet 2003
Bibliographie
- José Banaudo, Trains oubliés, vol.4 : L'État, le Nord, les Ceintures, éditions du Cabri, Menton, 1982 (ISBN 2-903310-24-6)
- José Banaudo, Sur les rails de Normandie, éditions du Cabri, Menton, 2009 (ISBN 2-914603-43-6)
- Encyclopédie générale des transports - Chemins de fer, tome 12, Éditions de l'Ormet, Valignat, 1994 (ISBN 2-906575-13-5)
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
- Site d'un club de modélisme ferroviaire qui travaille sur la reconstitution d'une partie de la ligne Eu - Dieppe. Consulté le 25 juillet 2011.
Catégories :- Ligne ferroviaire de la Seine-Maritime
- Ligne historique de France
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