Lefranc (bande dessinée)

Lefranc (bande dessinée)
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Lefranc
Série
Lefranc - Jacques Martin (album).jpg
Logo déposé sur les couvertures d'album.

Auteur Jacques Martin
Scénario Michel Jacquemart
Patrick Weber
André Taymans
Patrick Delperdange
Dessin Bob de Moor
Gilles Chaillet
Christophe Simon
Francis Carin
André Taymans
Régric
Erwin Drèze
Raphaël Schierer
Couleurs Thierry Lebreton
Chantal Defachelle
Christophe Simon
Didier Desmit
Bruno Wesel
Loli Irala Marin
Assistant Roger Leloup[1]
Michel Desmaret[2]
Bob de Moor
Genre(s) Franco-Belge
Aventure
Thriller
Fantastique
Science-fiction

Thèmes Humanité
Terrorisme
Virus
Chantage
Personnages principaux Guy Lefranc
Axel Borg
Jeanjean
Commissaire Renard
Lieu de l’action Europe, Afrique, Amérique, Asie
Époque de l’action Années 1950-2000

Pays Drapeau de France France
Langue originale française
Autres titres Les Aventures de Lefranc
Guy Lefranc
Éditeur Lombard
Dargaud
Casterman
Collection Collection du Lombard
(1954-1961)
Première publication  1954
Nb. d’albums 21

Prépublication Journal de Tintin

Lefranc, anciennement Les Aventures de Lefranc (1954-1961) ou Guy Lefranc (1977-1982), est une série de bande dessinée d'aventure franco-belge créée par l'auteur Jacques Martin mettant en scène le héros principal, le journaliste-reporter Guy Lefranc en 1952. La première aventure La Grande Menace — cet album a été vendu à plus d'un million et demi d'exemplaires jusqu'en 2002[1] — est parue dans Tintin en Belgique le 21 mai 1952 et en France le 3 juillet 1952 mettant en place les principaux personnages de la série : le journaliste Guy Lefranc, son protégé le jeune Jeanjean — dans une relation qui rappelle un peu celle liant Alix et Enak, le commissaire Renard, et l'éternel méchant de la série, le mystérieux Axel Borg.

L'auteur assurera seul les deux albums suivants L'Ouragan de feu et Le Mystère Borg — sûrement un des chefs-d'œuvre de la série, avant de se consacrer seulement au scénario, laissant les dessins au touche-à-tout de la bande dessinée franco-belge Bob de Moor, puis confiant au dessinateur Gilles Chaillet pour les neuf albums suivants…

À sa mort le jeudi 21 janvier 2010, Jacques Martin a réalisé des centaines albums vendus à quinze millions d'exemplaires traduits en plus de dix langues, y compris le latin[3].

Sommaire

Naissance de La Grande Menace

Trois ans après la création d'un jeune esclave gaulois Alix avec lequel il a connu un énorme succès dans l'hebdomadaire Tintin, Jacques Martin rendant visite un ami dans les Vosges en 1951 visite un tunnel où ont été abandonnés des stocks entiers d'armes allemandes, parmi lesquelles se trouve un missile V1[* 1] préparé pour attaquer Paris. C'est ainsi que l'auteur conçoit l'image d'une histoire assez proche contemporaine sur les traces de l'Occupation allemande et les commencements de la guerre froide, et du personnage qui se nommera très bientôt Guy Lefranc, cavalier solitaire blond comme Alix.

Logo affiché dans le Tintin en 1952.

Ce n'est qu'en rentrant chez lui qu'il commence à écrire le scénario politico-catastrophique qui a pour titre La Grande Menace tout simplement, mais ceci ne plait guère au journal Tintin. Il insiste tellement que la société finit par accepter à une seule condition : seulement pour un numéro[4]. C'est alors en ce 21 mai 1952 qu'est publiée en planches hebdomadaires la première aventure de Guy Lefranc, La Grande Menace à près de soixante mille exemplaires.

« J'ai présenté ce projet au Journal de Tintin où ils ont été très étonnés. Cela ne ressemblait pas du tout à ma série Alix ! Mais j'ai insisté pour réaliser juste une histoire. Cela a été accepté à la condition que je transpose les personnages d'Alix et Enak à l'époque actuelle, d'où la création de Jean-Jean. Pour la même raison, Lefranc est blond, comme Alix. J'étais jeune, j'ai obéi aux injonctions de mon rédacteur en chef. »

— Jacques Martin, propos recueillis par Brieg F. Haslé en décembre 2002[1].

Le succès est immédiat. Hergé, très impressionné par les exploits graphiques de Jacques Martin, lui propose de travailler à ses côtés dans les studios Hergé : l'auteur d'Alix donne son accord en novembre 1953[2]. L'année suivante, les Éditions du Lombard rassemble La Grande Menace pour en faire un album cartonné et en vend sept cent cinquante mille exemplaires, dont quatre cent mille en Amérique du Sud[* 2].

Colère d'Edgar P. Jacobs

Le triomphe de La Grande Menace, en 1952, entraîne Edgar P. Jacobs, maniaque et méfiant[5], dans une grosse colère à la rédaction du journal pour lui avoir volé le style de Blake et Mortimer. Il a depuis toujours été sur la défensive par crainte que l'on ne plagie son œuvre[5] et a même provoqué Jacques Martin en duel dans une lettre qu'il lui a adressée[1].

Des années écoulées, précisément à l'époque de Le Mystère Borg, sans aucun doute en 1964 en raison de sa première publication sur le journal de Tintin, Edgar P. Jacobs le félicite pour l'ensemble de son travail et s'excuse auprès de lui disant que c'est une plaisanterie[1].

Lefranc se lance dans de nouvelles aventures

En 1954, les éditions du Lombard publie en format cartonné simplement La Grande Menace comme titre officiel, loin du titre de la série actuelle, et reconnait un certain succès auprès des lecteurs. Alors que l'auteur présente le projet d'un nouvel épisode d'Alix au rédacteur en chef André Fernez, ce dernier souhaite que les aventures de Lefranc se poursuivent.

L'Ouragan de feu

L'île de Tergaou se trouvant au large de Lampaul-Ploudalmézeau dans le Finistère était désaffecté en 1948 avant qu'Yves Le Guen ne l'achète en 1953 pour dix millions de francs anciens[1].

Le Mystère Borg

Jacques Martin réalise le troisième tome Le Mystère Borg dans lequel Guy Lefranc et JeanJean se trouvent dans la station de sports d'hiver de Gardsten en Suisse, face à leur ennemi de toujours Axel Borg et sa redoutable bombe bactériologique. À sa demande, ses amis collaborateurs du studio Hergé Roger Leloup[1] (ils se sont rencontrés au début des années 1950[6] alors qu'il n'avait que dix-sept ans) et Bob de Moor[7] l'assisteront pour les décors.

Ce tome, dont la publication débute le 21 avril 1964 dans l'hebdomadaire Tintin, sera publié en album en 1965 par Casterman ; il fut le dernier album dessiné par l'auteur.

Du Lombard à Casterman

Le tout premier album de Jacques Martin édité chez les Éditions du Lombard est bien La Grande Menace en 1954, pourtant la première création pour Tintin en 1948 reste Alix l'intrépide en quoi l'éditeur Raymond Leblanc ne croyait pas du tout : l'auteur a énormément dû insister afin que celui-ci soit publié[* 3]. C'est en 1956 que la première édition d'Alix a vu le jour soit en couleur soit en noir et blanc pour réduire les coûts de fabrication[8]. Au bout des cinq premiers albums d'Alix et des deux premiers de Lefranc, Raymond Leblanc annonce que le nombre d'albums publiés va être réduit et le directeur des Éditions du Lombard explique qu'ils sont avant tout des éditeurs périodiques et aussi le marché n'étant pas bon, il n'y aura pas d'albums pour tout le monde. Mais nous n'empêcherons personne d'aller se faire éditer ailleurs[* 4]. Insatisfait, Jacques Martin reprend sa liberté, quittant la maison des éditeurs.

Les prépublications du Mystère Borg dans Tintin s'achève en mars 1965. L'auteur rencontre le directeur Louis-Robert Casterman grâce à la présentation d'Hergé[* 4] : les aventures de Lefranc se poursuivent alors à partir de la même année chez Casterman et, un an plus tard, La Grande Menace est réédité — quant à L'Ouragan de feu, il faut l'attendre en 1975.

La même année, les albums de cette série reviennent en grand nombre chez Lombard en raison des exemplaires invendus retournés par les marchés étrangers[* 5], ce qui pose un curieux problème pour la suite des aventures de Lefranc. Par ailleurs, l'éditeur Casterman lui conseille de se concentrer sur Alix dont les chiffres de vente est plus importants et de se pencher sur le scénario pour Lefranc, de rechercher quelqu'un d'autre pour les dessins.

Description

Synopsis

Personnages

Tous personnages principaux se sont rencontrés dans le premier tome La Grande Menace.

  • Guy Lefranc, un Alix moderne, un sympathique et galant reporter dans la lignée de Joseph Kessel et d'Albert Londres[* 6], sillonne avec ou sans Jeanjean le monde en quête d’aventures combattant le crime et faisant triompher la justice. C'est pour cette raison qu'il ne se trouve très rarement dans son bureau du journalisme. On peut toutefois l'apercevoir occasionnellement au travail comme dans L'Oasis. Bien qu'Alix soit d'origine gauloise, l'alter ego moderne peut être un Franc[* 6] : Lefranc est ainsi né. Ce personnage n'a rien à voir avec le réalisateur Guy Lefranc (1919-1994).
  • Axel Borg, un gentleman cambrioleur le plus mauvais personnage de l'aventure qui se montre élégant et chevaleresque bien que, dans La Grande Menace, se présente comme le descendant du capitaine-comte suédois Karl Ritter-Borg[* 6]. Il s'intéresse plutôt à l'argent et se moque totalement du pouvoir[9]. Généralement barbu, il est également un expert de déguisements pour ne pas se faire remarquer lorsqu'il s'agit de s'approcher à l'improviste de Guy Lefranc. Son nom fictif Axel Borg vient d'Axelborg, une des villes de Suède au Danemark[10] et, contrairement au personnage, Axel Borg (1847-1916) existe bel et bien de son vrai nom Axel Leonard Borg, artiste peintre suédois[11].
  • Jean "Jeanjean" Le Gall, un Enak moderne. Depuis le château du Haut-Kœnigsbourg où il campait avec les autres louveteaux, il ne quitte plus le reporter jusqu'à l'épisode Opération Thor en raison des plaintes[1] parentales de jeunes lecteurs. Toutefois, il réapparait brièvement dans L'Oasis, El Paradisio… Son surnom vient tout simplement d'un jeune garçon qui habitait à côté de chez Jacques Martin[* 6].
  • Commissaire Renard était encore inspecteur avec sa pipe, son chapeau et sa moustache désuette dans le commissariat de police de Mulhouse lors sa première rencontre avec Guy Lefranc. Il est arrêté dans la république fictive de San Larco et exécuté dans le tome La Crypte.

Clins d'œil

En 1981, à l'occasion des trente-cinq ans du Journal de Tintin (Spécial 35 ans déjà ! no 316 du 25 septembre 1981), les dessinateurs comme Dany, Eddy Paape, Franz, etc. doivent reprendre une planche d'une série connue. Parmi eux, Serge Ernst a donc choisi la planche de La Grande Menace qu'il a à nouveau réalisée[12] de ses propres mains.

Al Voss a parodié en 1984 les aventures de Lefranc en forme humoristique[13] dans l'album Parodies[14] chez Les Humanoïdes Associés. Dans la même année, Roger Brunel a transformé Lefranc en Legland dans son troisième album École franco-belge[15] de la série Pastiches des éditions de Glénat.

Adaptions

Le réalisateur russe Andrzej Żuławski a été évoqué pour l'adaptation de Lefranc aux écrans[9].

Analyse

Les thèmes

Les aventures de Lefranc sont en général de grand enjeux pour l'humanité, à l'image des premiers albums de la série : chantage au terrorisme en répandant un virus mortel ou par le lancement d'un missile à tête nucléaire sur Paris, des magnats du pétrole qui veulent réduire au silence un inventeur alternatif… Par la suite, la série gardera ce ton et sera même de plus en plus pessimiste, de dictature militaire en apocalypse nucléaire, et glissera parfois vers le fantastique et la science-fiction.

Les graphismes

Démonstration sur la Tucker '48 réalisée par Preston Tucker

La série se caractérise au départ par l'utilisation de la technique du dessin en vitrail, par son intégration dans l'univers contemporain, une minutie du graphisme tant en ce qui concerne l'architecture que les objets manufacturés (armes, véhicules, aéronefs, costumes), des couleurs nettes et une action musclée.

Les automobiles

Non seulement Jacques Martin se passionne pour les automobiles. Après avoir écrit au directeur Raymond Leblanc, il présente son premier article[16] sur la Tucker qui sera accepté et publié sur une séquence nommée Chronique de l'auto dans le journal Tintin belge no 38 du 16 septembre 1948 — en France, dans le no 1 du 28 octobre 1948 — où paraissent par dessus le marché la toute première planche d'Alix l'intrépide. Cette chronique prend fin en 1953[* 7].

Dans les albums, on aperçoit dans La Grande Menace une Bentley R Type grise bleue des malfrats, une Simca 9 Aronde rouge du reporter Guy Lefranc — qu'on peut d'ailleurs retrouver dans L'Affaire Tournesol de Hergé alors reprise par Jacques Martin dans le Studio Hergé — et des Citroën Traction Avant noire des policiers. Une Alfa Romeo Giulietta[17] roule à merveille dans Le Mystère Borg, Le Maître de l'atome et une Facel Vega HK 500 dans L'Ouragan de feu.

Les dessinateurs

Les dessinateurs de Lefranc
Dessinateurs
Nombre
de tomes
Années
Début et fin
Bob de Moor
1
1977-1978
Gilles Chaillet
9
1976-1998
Christophe Simon
2
2000-2002
Francis Carin
2
2003-2007
André Taymans
3
2005-Présent
Régric
1
2008-Présent
Alain Maury
1
2011-Présent

Alors que Casterman veut un album d'Alix par an de même que pour Lefranc, Jacques Martin n'en sort presque plus. A la suggestion de cette maison des éditions de trouver un dessinateur à la fin des années 1960, il propose alors à son jeune assistant Roger Leloup qui, d'abord intéressé, finit par refuser au profit de son propre projet : Je me senti très honoré par cette marque de confiance, mais je me suis dit que si vraiment j'étais capable de réaliser une série tout seul, il valait mieux créer mes propres personnages. Indirectement, la proposition de Jacques Martin m'a poussé à quitter les Studios pour créer Yoko Tsuno[* 8]. Il propose à son ami Bob de Moor qui accepte[1] immédiatement avec enthousiasme. Ils travaillent donc ensemble au Studio Hergé sur la réalisation de Le Repaire du loup. Il a même pensé de garder Bob de Moor pour continuer, mais Hergé refuse par égoïsme[1] qu'un de ses collaborateur travaille en dehors de son studio.

Gilles Chaillet

L'auteur cherche alors un autre dessinateur au milieu des années 1970 et trouve Gilles Chaillet qui travaillait aux studios Idéfix où il s'occupait du merchandising d'Astérix. Ce dernier, grand admirateur d'Alix et de l'auteur, savait déjà quinze jours plus tôt avant que Casterman le convoque[18], mais n'avait pas osé. En effet, ce jeune homme a fait une planche d'essai et l'a passée à Claude Moliterni grâce à qui il a eu ce conseil[19]. Ce dernier arrivé aux bureaux de Casterman disant qu'il avait trouvé des planches originales de Jacques Martin chez Dargaud en rangeant, les éditeurs de Casterman ont examiné une planche en se posant des questions genre de quel album cela pouvait venir ? Claude Moliterni a en fin de compte avoué que c'était de Gilles Chaillet. Ainsi les rédacteurs ont décidé de l'envoyer à Jacques Martin.

« Il avait mon essai dans la main, avec des coups de correction en rouge dessus. Il m’a dit : « vous ne dessinez pas très bien, mais ce qui est étonnant, c’est que vous situez mon monde comme si c’est moi qui le dessinait. Si vous acceptez d’être corrigé, je vais vous donner les premières pages d’un scénario de Lefranc, et si ça me plait, on fera un album ensemble. ». Ça a donc commencé comme ça. »

— Gilles Chaillet[18].

Ensemble ils travaillent, et le dessinateur a beaucoup de difficulté avec les personnages[1], sur les quatre planches d'essai avant que le jeune homme s'en prenne officiellement sur Les Portes de l'enfer[19], épisode qui sera publié dans Tintin en 1977.

En même temps il crée sa propre série Vasco en 1980 sans pour autant abandonner Lefranc, mais il va finir par mettre cette dernière de côté dans les années 1990 en raison de son immense travail. Jacques Martin s'est mis maintes fois en colère contre lui qui quitte alors la collaboration en 1997.

Christophe Simon

En raison du problème de vue, atteint de la macula depuis 1993[9], Jacques Martin demande donc à Christophe Simon de remplacer Gilles Chaillet pour dessiner La Colonne (2001) [20]. Ce remplaçant a travaillé avec l'auteur comme assistant sur Le Styx de la série Orion à partir de 1993 — car, à cette année-là, son professeur de dessin connaissant bien l'auteur lui avait appris que ce dernier cherchait de jeunes dessinateurs — et L'Odyssée d'Alix. Surtout ce jeune dessinateur avait déjà rectifié les dessins du précédant à partir du tome 12 La Camarilla (1997).

Francis Carin

Francis Carin est appelé en 2003 par Casterman pour lui proposer de reprendre Lefranc[21] à la place de Christophe Simon. Aidé par Didier Desmit pour le décor, le dessinateur de Victor Sackville regrette les années 1950 avec les célèbres Alfa et Facel Vega étant donné que les aventures du reporter se déroule dans les années 2000[22] ; après ses deux réalisations pour Jacques Martin L'Ultimatum (2004) et La Momie bleue (2007), , il décide de s'arrêter sa collaboration sur le personnage car Casterman me propose d’autres conditions qui ne me satisfont pas, dixt Francis Carin[21].

André Taymans

Régric

Quelques albums

Le Repaire du loup

Le village Saint-Luc ou Saint-Loup dans Le Repaire du loup.

Dans les années 1960, Jacques Martin passe ses vacances dans le Val d'Anniviers en Suisse pour oublier un petit moment ses travaux d'Alix, de Lefranc et du Studio Hergé[23]. À peine arrivé dans le village de Saint-Luc, il aperçoit avec éblouissement sur l'étendue rocheuse du haut de la montagne une sorte d'immeuble sur lequel tous les habitants ne savent rien. C'est au fait l'Hôtel Weisshorn[24] sur la Tête Fayaz, à l’altitude de 2337 mètres, au nord de Nava, construit en 1882 par un Italien Francesco Mosoni avec son frère Pierre[25] dont l'affaire est plus ou moins surprenant. Ce voyage mystérieux n'est pas rien puisqu'il inspire évidemment l'auteur pour sa prochaine histoire appelée Le Repaire du loup (1974) d'où le village Saint-Luc devient Saint-Loup et l'hôtel Favre — où il résidait d'ailleurs[23] — en Pension Faber pour son personnage Guy Lefranc.

Donc il demande en 1970 à Bob de Moor[6] de retravailler sur Lefranc, interpelé dans ce tome par le maire de Saint-Loup étant victime d'attentats afin qu'il résolve le mystère.

Le Maître de l'atome, l'inachevé

Jacques Martin écrit une histoire Le Maître de l'atome en début 1954[26], juste après la parution de La Grande Menace en album des éditions du Lombard, qu'il ne parvient pas à achever en raison de sa nouvelle collaboration avec les Studios Hergé — où il se concentre sur les planches de L'Affaire Tournesol autour de Bob de Moor, Hergé et Baudouin Van den Branden — et surtout sa poursuite de nouvelles aventures d'Alix qu'attend le rédacteur en chef du journal Tintin avec impatience. L'auteur abandonne ce scénario et finira par l'oublier.

Quatre ans plus tard, il reprend le second épisode de Lefranc, mais sur un autre scénario[27]. Celui de L'Ouragan de feu qui paraît dans Tintin en 1959.

Frédérique, fille de Jacques Martin, retrouve près de trente ans plus tard[27]les planches coincées entre deux cartons à dessins[26], dont une est encrée et quelques unes sont crayonnées. L'auteur les avait complètement oubliées et ne se souvient plus bien la suite de cette histoire[27]. Celui-ci décide donc, bien plus tard encore, de confier à Michel Jacquemart pour adapter et développer son synopsis et André Taymans en dessins en compagnie d'Erwin Drèze pour les décors.

« Le temps m'avait manqué, après La Grande Menace, pour me consacrer, en alternance, à Alix et à Lefranc. Devant l'impressionnant succès du premier album Lefranc, mon éditeur me réclamait une suite, mais cela signifiait que j'aurais dû abandonner Alix... que requéraient ses lecteurs de plus en plus nombreux ! Par ailleurs, je travaillais alors pour les studios Hergé, qui accaparaient le plus clair de mon temps. J'ai donc dû procéder à des choix déchirants et j'ai donné la priorité à Alix. Mais le scénario du Maître de l'Atome traînait dans mes tiroirs et il a fallu plus de cinquante ans pour le concrétiser en une bande dessinée ! (…) Les idées se bousculaient dans ma tête, tandis que j'étais forcé à l'inaction pour Lefranc. Certaines avaient pris quelques rides quand j'ai pu me consacrer à mes séries en toute liberté. Entre-temps, d'autres thèmes m'avaient passionnés et je voulais leur accorder la priorité. Néanmoins, cela m'intéressait de voir comment de jeunes artistes pouvaient traiter mes idées d'autrefois en les réactualisant quelque peu. »

— Jacques Martin[28].

Cet album a été vendu à 60 000 exemplaires[4].

Noël Noir

Cahier d'un étudiant relatant la catastrophe avec des coupures de journaux.

On retrouve notre personnage en ce 22 décembre 1955 à Soumont-en-Gohelle du Nord-Pas-de-Calais pour sauver d’un incendie des Corons bloqués par plus de neuf cents mètres de fond. C'est grâce à son filleul[29] qui lui a parlé de la tragédie de la mine du Bois du Cazier en 1956, le scénariste Michel Jacquemart, le dessinateur Régric et la coloriste et compagne de ce dernier Loli[30] visitent le Mémorial du Bois du Cazier à Marcinelle en Belgique où les 262 mineurs y ont trouvé la mort, le 8 août 1956. Plus tard, Michel Jacquemart se souvient de son étude dans les années 1990 pour lequel il avait fait une recherche sur la santé des mineurs au XIXe siècle[31] : le médecin hygiéniste lui avait conseillé de lire Germinal d'Émile Zola. Cet œuvre l'aide beaucoup à écrire un scénario mettant en scène un drame humain à huis clos sous les aspects psychologiques et émotionnels.

À propos de l'angoisse, Michel Jacquemart sait parfaitement de quoi il traîte : « Quand j'avais six ans, mes parents ont été pris dans un tremblement de terre en Yougoslavie. Ils sont restés ensevelis pendant cinquante-cinq heures. J'ai perçu toute l'angoisse autour de moi[31]. »

Régric, quant à lui, reprend le style de Bob de Moor dans Le Repaire du loup pour son dessin.

Ce vingtième album obtient le Prix Saint-Michel du Meilleur scénario au Festival de bande dessinée de la Région de Bruxelles-Capitale en 2010.

Publications en français

Revues

Tintin, édition belge 
Tintin, édition française 
Les dernières nouvelles d'Alsace 

Albums

Ces albums représentent des premières impressions dont les quatre premiers tome ne possèdent pas encore de ISBN à cette époque-là.

Ordre chronologique

Depuis Le Maître de l'atome l'ordre chronologique de la série ne suit plus celui des albums. Cette histoire, initialement imaginée par Jacques Martin dès 1957 pour succéder à La Grande Menace sera finalement laissée à l'état d'ébauche. Elle n'est achevée que bien plus tard ; en respectant le scénario original, celui-ci s'insérant donc entre La Grande Menace et L'Ouragan de feu. Par la suite, d'autres albums ont eux-mêmes pris la suite du Maître de l'Atome, de fait l'ordre chronologique de la série est le suivant :

Titre N° dans
la série
Axel Borg Jeanjean Inspecteur
Renard
Notes
1 La Grande Menace 1 Fait Fait Fait Action se déroulant au début des années 1950
2 Noël noir 20 Fait Décembre 1955
3 Les Enfants du bunker 22 Fait Fait Juillet 1956
4 Le Maître de l'atome 17 Fait Fait
5 Londres en péril 19 Fait S'insère chronologiquement entre Le Maître de l'atome et L'Ouragan de feu.
6 Le Châtiment 21 Lors de 30e cérémonie des Oscars du 26 mars 1958.
7 L'Ouragan de feu 2 Fait Fait Fait
8 Le Mystère Borg 3 Fait Fait Fait Début des années 1960.
9 Le Repaire du loup 4 Jeanjean et Commissaire Renard apparaissent à la dernière planche.
10 Les Portes de l'enfer 5 Fait
11 Opération Thor 6 Fait Fait
12 L'Oasis 7 Fait
13 L'Arme absolue 8 Fait
14 La Crypte 9 Fait Fait Dernière apparition du commissaire Renard qui y est décédé
15 L'Apocalypse 10 Fait
16 La Cible 11 Fait
17 La Camarilla 12 Fait
18 Le Vol du Spirit 13 Fait
19 La Colonne 14 Fait
20 El Paradisio 15 Fait
21 L'Ultimatum 16 Fait
22 La Momie bleue 18 Fait Fait

À paraître

Projets provisoires

Fac-similés

À partir de 2006, Casterman a entrepris de rééditer certains albums de la série en fac-similés, soit dans une présentation quasiment identique à leur édition originale au Lombard, avec la couverture initiale.

Remarque 
  • Le Repaire du loup (2009) n'est pas un fac-similé ici proprement dit, cet album étant déjà paru à l'origine chez Casterman, mais plutôt une présentation « à l'ancienne ». La couverture, à l'origine dessinée par Bob de Moor et parue dans le journal de Tintin, est inédite et plusieurs pages de croquis complètent l'album.
  • Le Mystère Borg (2010) est une édition de luxe de quarante-et-un centimètre de long, représentant une nouvelle couverture également parue dans Tintin en 1964 dont le dessin a été utilisé, plus tard en 2007, en tant qu'ex-libris pour un week-end Jacques Martin.

Les voyages de Lefranc

Les reportages de Lefranc

Hors séries

Les intégrales

Portoflios

  • Images Captives - Lefranc, éd. Casterman/Jacques Martin/Bedefonce/Bédéphage (Portfolio relié à l'italienne, 400 ex., 2001).
  • Au fil du Mékong-propos et crayonnés, 2001, éd. Casterman/Jacques Martin/Point Image JVDH, 800 ex. signé et numérotés (Longue interview et crayonnés à l'occasion de la sortie de l'album de Lefranc La Colonne).

Publications en langue originale

Revues

Albums

À travers le monde entier, les albums de Lefranc sont traduits en plus de dix langues, dont néerlandais, allemand, anglais, espagnol, portugais, danois, suédois, finlandais, islandais, grec, indonésien.

Parodies

  • Ernst, « Guy Lefranc. La Grande Menace », dans Tintin, 29/09/1981.
  • Roger Brunel, « Legland », dans Pastiches t. 3, Glénat, 1984.
  • Al Voss, « Lefranc », dans Parodies, Humanoïdes associés, 1984.

Distinctions

Notes et références

Notes 
  1. « Guy Lefranc, le journaliste anti-bombes revient dans Les portes de l'enfer » dans Tintin, édition belge, no  41, le 21 août 1977
  2. « Guy Lefranc, reporter » dans Avec Alix, l'univers de Jacques Martin, p. 166, Casterman, 1984.
  3. « L'Odyssée d'Alix » dans Avec Alix, l'univers de Jacques Martin, p. 111, Casterman, 1984.
  4. a et b « L'Odyssée d'Alix » dans Avec Alix, l'univers de Jacques Martin, p. 112, Casterman, 1984.
  5. « Guy Lefranc, reporter » dans Avec Alix, l'univers de Jacques Martin, p. 170, Casterman, 1984.
  6. a, b, c et d « Guy Lefranc, reporter » dans Avec Alix, l'univers de Jacques Martin, p. 160, Casterman, 1984.
  7. « Guy Lefranc, reporter » dans Avec Alix, l'univers de Jacques Martin, p. 59, Casterman, 1984.
  8. « Roger Leloup se souvient… » dans Avec Alix, l'univers de Jacques Martin, p. 71, Casterman, 1984.
  9. a, b et c « Lefranc, la grande aventure » dans Avec Alix, l'univers de Jacques Martin, p. 257, Casterman, 2002.
  10. Tiré à 800 exemplaires, numéroté et signé par les deux auteurs.
  11. De la collection Meilleures histoires du journal de Tintin, comprenant les quatre premières aventures de Lefranc.
  12. Reprend les Le Mystère Borg, Opération Thor, Le Vol du Spirit.
  13. Reprend les Les Portes de l'enfer, L'Apocalypse, La Momie bleue.
Références 
  1. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j et k « Interview : Jacques Martin », sur le site Auracan, en décembre 2002.
  2. a et b « Enfants d'Alix, hors série - Spécial fêtes 2005-2006 », sur l’actualité non-officielle de l’œuvre de Jacques Martin.
  3. « Jacques Martin, auteur de bandes dessinées », sur le site Le Monde, le 23 janvier 2010.
  4. a et b « Lefranc, c'est le plus Suisse des héros de Jacques Martin », sur le site suisse Le Matin, le 16 juin 2007.
  5. a et b « Sur les traces d'Edgar Pierre Jacobs 1904-1987 », sur le site Espace BD de Vincent Rixhon.
  6. a et b « Galerie de portraits des collaborateurs de Jacques Martin », sur le site Les Enfants d'Alix.
  7. « Les collaborateurs », sur le site ralphd.
  8. « Les grandes années de création (1950-1960) », sur le site Les Enfants d'Alix.
  9. a, b et c « Rencontre avec un grand de la bande dessinée », sur le site HorsPress, le 23 mars 2001.
  10. « Jacques Martin rentre dans sa bulle », sur le site Libération, le 22 janvier 2010.
  11. « Axel Leonard Borg », sur le site-blog Adrian Borg.
  12. « "Lefranc" par Ernst », sur le site BD oubliées.
  13. « Les aventures d'Alix et d'Enak  », sur le blog Clin d'oeil et bande dessinée, le 21 janvier 2010.
  14. « Parodies d'Al Voss », sur le site BD Gest', La Bédéthèque.
  15. « Pastiches 3 : École franco-belge - 2 », sur le site BD oubliées.
  16. « Premiers dessins de Jacques Martin pour Journal Tintin », sur le site Les Enfants d'Alix.
  17. « Lefranc et Alfa Romeo », sur le site AlfaVendee, le 13 juillet 2006.
  18. a et b « Gilles Chaillet, interview réalisé au Festival en Angoulême », sur le site Sceneario, en janvier 2006.
  19. a et b « LE COIN DU PATRIMOINE BD : « Vasco » de Gilles Chaillet  », sur le site BD Zoom, le 27 janvier 2009.
  20. a, b, c, d, e, f et g « Interview : Jacques Martin », sur le site Auracan, page 2, en décembre 2002.
  21. a et b « Interview : Francis Carin », sur le site Auracan, le 11 mai 2010.
  22. « Carin reprend Lefranc », sur le site Actua BD, le 27 octobre 2003.
  23. a et b [PDF]«Saint-Luc (VS) : l'auteur sur les traces du héros » sur le journal de Saint-Luc Coopération no 33 du 17 août 1995, p. 3, sur le site Alix Mag'.
  24. [PDF]« Saint-Luc (VS) : l'auteur sur les traces du héros », sur le journal de Saint-Luc Coopération no 33 du 17 août 1995, p. 4, sur le site Alix Mag'.
  25. « Hôtel - Historique », sur le site officiel de l'hôtel Weisshorn.
  26. a et b « Lefranc : l’inachevé restitué », sur le site Auracan, le 22 novembre 2006.
  27. a, b et c « La véritable histoire d’un récit oublié », sur le site L'aventurier, page 2, en décembre 2006.
  28. a et b « Lefranc à Londres ! », sur le site L'aventurier, page 2, en décembre 2007.
  29. « Lefranc revient : Interview de Michel Jacquemart, scénariste du dernier album », sur le site Casterman.
  30. « Régric, Noël Noir… et 40 balais!! », sur le site Alix Mag', le 4 octobre 2009.
  31. a et b « Un Lefranc chargé d'émotion », sur le site Le Matin, le 3 octobre 2009.
  32. « L'Éternel Shogun », sur le blog Alix Mag', le 21 mars 2010.
  33. « Régric, l'interview », sur le blog Alix Mag', le 26 octobre 2011.
  34. « Jacques Martin et le Sphinx d'or, l'interview », sur le blog Alix Mag', le 26 mai 2009.

Annexes

Documentation

Livres

  • Collectif, Alix, Lefranc et Jacques Martin, R.T.P, collection « Dessinateurs de notre temps - Auteurs » no 1, 1975
  • Collectif, « Lefranc : La Grande Menace », dans À la rencontre de J. Martin, Marseille : Bédésup, 1985.
  • Jacques Martin et Christophe Simon (entretien avec Stephan Caluwaerts et Michel Jaquemart), À Propos de Lefranc, Nautilus, coll. « À propos » n°5, 2001.

Revues

  • Claude Le Gallo, « La Grande Menace », 1967, Phénix no 4, 1967.
  • Claude Le Gallo, articles « Alix », « Arbacès » et « Axel Borg » extraits de l'Encyclopédie mondiale de la bande dessinée, dans Tintin (édition belge) no 5 du 1er février 1972, no 9 du 29 février 1972 et no 15 du 11 avril 1972.
  • « Guy Lefranc par Jacques Martin », Grande rétrospective Tintin 1952-1953, dans Tintin (édition belge) no 21 du 17 mars 1988.
  • « Spécial Noël : Lefranc et l'automobile » dans l'actualité non officiel de l'œuvre de Jacques Martin Enfants d'Alix, hors-série, spécial fêtes 2005-2006.
  • « Lefranc sauvera t-il le Monde du péril atomique ? » dans L'Aventurier no  7, Casterman, décembre 2006.
  • « Lefranc, la fine fleur de l’Aventure » dans L'Aventurier no  9, Casterman, décembre 2007.

Internet

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Fac-similés L'Ouragan de feuLa Grande MenaceLe Mystère BorgLe Repaire du loup Les Voyages de Lefranc L’Aviation (1)L’Aviation (2)L’Aviation (3) Personnages Guy LefrancJeanjeanAxel Borg • Commissaire Renard



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