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Studios Hergé
Les Studios Hergé furent, de 1950 à 1986, une SPRL regroupant l'auteur de bandes dessinées Hergé et ses collaborateurs, qui avaient pour mission d'assister ce dernier dans la création des aventures de Tintin ainsi que ses produits dérivés.
Toute création qui sortait des studios était attribuée au nom de Hergé uniquement. Seuls trois albums de la série Quick et Flupke, réalisés après le décès d'Hergé, sont attribués "officiellement" aux studios, puisque c'est le nom des studios qui figure sur la couverture.
Depuis 1986, il s'agit d'une ASBL dont l'objectif est de gérer l'œuvre de Hergé et de veiller au respect des droits d'auteur.
L'exploitation commerciale de l'œuvre est, quant à elle, confiée à Moulinsart SA (anciennement Tintin Licensing), mais ces deux organismes restent très liés depuis 1996, année depuis laquelle ils sont gérés par les mêmes personnes, Nick et Fanny Rodwell.Entre 1986 et 2006, les studios Hergé se sont appelés Fondation Hergé.
Sommaire
Historique
Les Studios Hergé furent fondés par Hergé en 1950 pour l'assister dans la création des Aventures de Tintin. Ces studios comptent au fil des ans d'une dizaine à une cinquantaine de collaborateurs qui aident Hergé dans sa tâche. De prestigieux dessinateurs compteront parmi ces travailleurs de l'ombre : Jacques Martin, Bob De Moor, Roger Leloup...
Les Studios permirent à Hergé de développer les albums de Tintin de manière plus poussée, en déléguant certains aspects, en particulier la mise en couleur, un domaine que Hergé n'a jamais bien maîtrisé et qu'il avait d'ailleurs délégué à Edgar P. Jacobs dans les années 1940, ou le dessin d'éléments du décor. Les éléments techniques notamment, nécessitant un grand travail de documentation et une technique de dessin particulière, rendaient cette assistance précieuse. Les Studios furent d'ailleurs créés alors que Hergé travaillait sur Objectif Lune, aventure où la technologie est omniprésente. L'influence de certains membres sur le scénario est également sensible. Jacques Martin, par exemple, revendique aujourd'hui beaucoup d'éléments de scénario, principalement de nombreux gags burlesques (le sparadrap dans "L'affaire Tournesol", Tournesol déboulant dans la voiture du médecin dans "Les Bijoux de la Castafiore", ...), qui, d'après Martin, ne correspondent pas au style d'humour d'Hergé.
L'épisode de la "planche gag"
Cette anecdote très connue des tintinophiles est assez révélatrice de l'ambiance à une certaine époque dans les Studios. Durant les vacances d'Hergé en décembre 1965, les deux principaux collaborateurs du maître, Bob De Moor et Jacques Martin, ont réalisé une planche factice de Tintin, parfait pastiche du style du maître, qu'ils ont envoyé à l'hebdomadaire suisse "L'Illustré" qui l'a présenté comme une planche extraite de la future aventure de Tintin.
Jacques Martin: "J'ai d'abord inventé un petit scénario, composé la planche puis placé les personnages. À la suite de cela, j'ai passé la planche à Bob de Moor qui a exécuté les décors que j'avais esquissés. Et nous avons mis à l'encre, lui les décors et moi les personnages."[1],[2]
Hergé, apparemment, n'a pas réagi immédiatement après avoir découvert ce canular. Il a probablement préféré laisser à l'état de blague ce qui, de l'avis de certains[3], était un vrai mouvement d'humeur de collaborateurs qui désiraient être plus impliqués dans le processus de création des aventures de Tintin.
La planche, qui décrit une scène d'aéroport proche de certaines séquences de Objectif Lune et de L'Affaire Tournesol, ressemble en effet à s'y méprendre à une planche d'Hergé, seuls quelques tintinophiles avertis pourront y découvrir les quelques "tics" propres à De Moor et à Martin. Cette planche est notamment visible sur Tintin est Vivant !.
Les Studios après Hergé
Après la mort de Hergé, en 1983, c'est à sa veuve Fanny Rémy, collaboratrice entrée comme coloriste aux Studios en 1956, qu'échoient les droits de l'œuvre du dessinateur (mais pas ceux des droits dérivés, qui échoient à Alain Baran, homme de confiance de Hergé, au sein de la société Tintin Licensing, bientôt revendue au groupe Canal+).
Elle fait appliquer la volonté de Hergé, qui ne souhaitait pas que les Aventures de Tintin se poursuivent après sa disparition. Une hésitation se pose cependant au sujet de Tintin et l'Alph-Art, album laissé à l'état d'ébauche par Hergé et dans un premier temps confié aux Studios pour être achevé sous la direction de Bob De Moor. Fanny Rémy change ensuite d'avis et décidera finalement de publier uniquement les croquis d'Hergé, au grand dam de Bob De Moor.
Une autre hésitation concerne la série Quick et Flupke. Moins populaire que Tintin, celle-ci n'a jamais fait l'objet d'instructions claires d'Hergé concernant une éventuelle reprise.
Probablement plus pour occuper des studios quelque peu désœuvrés depuis le départ du maître que par réelle volonté artistique, Fanny accepte le projet de Johan De Moor, fils de Bob et récemment arrivé aux studios, de reprendre la série. Celui-ci réalise un album composés de nouveaux gags tandis que les studios modernisent d'anciens gags qui n'avaient jamais été adaptés en couleurs.Trois albums sortent donc en 1985, il s'agit des seules œuvres pour lesquelles les studios Hergé aient été crédités "officiellement" sur la couverture et la page de garde. Ces albums sortent dans une ambiance quelque peu morose puisque Fanny profite de la sortie pour annoncer que non seulement la reprise de la série est avortée et s'arrêtera là, mais qu'en plus les Studios Hergé vont devoir fermer leurs portes.
Les Studios sont donc condamnés à court terme et, le temps d'achever quelques projets (produits dérivés et publicités principalement), l'activité des Studios s'arrête rapidement. En 1986, les Studios Hergé sont définitivement remplacés par la Fondation Hergé, dont le seul rôle est de gérer les droits. La fresque murale de la station de métro Stockel est entre-temps inaugurée en 1988, à partir des travaux du studio, sur des esquisses d'Hergé peu avant sa mort. Remariée à l'anglais Nick Rodwell, Fanny Rémy (devenue Fanny Rodwell) lui délègue une grande partie de la gestion de l'œuvre de son précédent époux. Le couple Rodwell parvient notamment à racheter les droits dérivés de Tintin Licensing à Canal+ en 1996 (pour 132 millions de Francs belges), et créent la société Moulinsart SA pour les gérer[4], passer de nouveaux partenariats commerciaux et ouvrir des boutiques Tintin dans les grandes villes occidentales.
En 2006, pour des raisons légales (intéressement des administrateurs des ASBL), la Fondation Hergé devient une société sous le nom de Studios Hergé, propriété des époux Rodwell. Les Studios financent notamment les 15 millions d'euros nécessaires à la construction du futur Musée Hergé, à Louvain-la-Neuve[5].
Membres des Studios
Cette liste non-exhaustive reprend les principaux membres des Studios Hergé.
Assistants aux dessins
- Bob de Moor (1950-1983)
- Il entre aux Studios Hergé le 5 avril 1950, et prend rapidement la place de premier assistant, rôle officieux d'Edgar P. Jacobs les années précédentes. Réputé pour imiter parfaitement le trait de Hergé, il supervise l'ensemble de la production des albums en compagnie de ce dernier. Il se voit également chargé de la gestion de tous les produits dérivés à l'effigie de Tintin et Milou. À sa grande déception, il n'aura pas l'autorisation d'achever Tintin et l'Alph-art à la mort d'Hergé, sa veuve décidant finalement de publier le récit à l'état d'ébauches.
- Jacques Martin (1947?-1972)
- Le père d'Alix, proche de Hergé, rejoint les Studios, principalement pour le travail sur les scénarios, à l'occasion de L'Affaire Tournesol. Il suggère notamment le fameux gag du sparadrap afin de combler un strip manquant. Il collabore avec Hergé jusqu'en 1972, notamment sur Tintin au Tibet et Coke en Stock.
- Roger Leloup (1953-1969)
- L'assistant de Jacques Martin (pour la mise en couleurs et les décors d'Alix) entre aux studios Hergé le 15 février 1953, notamment pour dessiner des éléments techniques (automobiles, éléments mécaniques). Il est le concepteur du jet futuriste de Carreidas dans Vol 714 pour Sydney. Leloup est également chargé des relations publiques et prépare des dossiers de presse pour Hergé. Il quitte les studios Hergé le 31 décembre 1969 et se consacre entièrement à son héroïne Yoko Tsuno dans un style assez éloigné de celui d'Hergé.
- Michel Demarets (1953-1986)
- Jo-El Azara (1954-1961)
- Guy Dessicy (1950-1953), le créateur de la société Publiart
- Johan De Moor
- Le fils de Bob De Moor est arrivé aux studios peu de temps avant le décès d'Hergé, et fut surtout actif après ce décès, lors de la reprise de la série Quick et Flupke.
Coloristes
- Josette Baujot
- Chef coloriste, son caractère quelque peu orageux (notamment au début de la relation entre Hergé et Fanny Vlamynck, à laquelle elle s'opposait) est caricaturé dans l'Alph-art avec un personnage qui porte le nom de Josette Laijot.
- Monique Laurent
- France Ferrari
- Nicole Thenen
- Fanny Vlamynck
- Deviendra la seconde épouse d'Hergé. Héritière de son œuvre à sa mort, c'est elle qui préside depuis 1986 la Fondation Hergé/Studios Hergé, remariée depuis à Nick Rodwell.
Secrétaires
- Marcel Dehaye
- Baudouin van den Branden
Travaux des Studios
On peut considérer tous les travaux réalisés sous le nom de plume de Hergé depuis 1950 comme des travaux des Studios Hergé. Ci-dessous est établie une liste, à nouveau non exhaustive, des principales réalisations dans lesquelles le Studio a joué un rôle majeur, tantôt dans la colorisation et le dessin des décors, tantôt en remplaçant carrément la main d'Hergé au dessin. Il est cependant difficile d'évaluer sur certains albums le rôle des collaborateurs d'Hergé puisque ce rôle a très probablement été minimisé par Hergé puis par ses ayant-droits, et ce jusqu'à aujourd'hui. Certains albums font donc débat, tels que Tintin et les Picaros et la troisième version de L'Île Noire (dont Bob De Moor est soupçonné par certains d'avoir dessiné entièrement les planches) ou encore La Vallée des Cobras (ici, c'est Jacques Martin qui est parfois supposé avoir dessiné l'intégralité de l'album).
Albums réalisés
Les Aventures de Tintin
- Objectif Lune (1953)
- On a marché sur la Lune (1954)
- L'Affaire Tournesol (1956)
- Coke en stock (1958)
- Tintin au Tibet (1960)
- Les Bijoux de la Castafiore (1963)
- Vol 714 pour Sydney (1968)
- Tintin et les Picaros (1976)
- Fort apport graphique de Bob De Moor qui, selon les spéculations, pourrait être le dessinateur principal de l'album.
Mise au format et en couleurs d'albums anciens
- Les Cigares du pharaon (1955)
- L'Île Noire (1966)
- Il s'agit de la troisième version de l'album, réclamée par l'éditeur anglais qui voulaient une vision plus réaliste de l'Angleterre. C'est Bob De Moor qui est parti en repérage et a redessiné la majeure partie de l'album.
- Tintin au pays de l'or noir (1971)
- Certains passages ont été rescénarisés par Hergé et redessinés par Bob De Moor.
Hors-série
- Six albums animés Pop-Hop aux éditions Hallmark, collection Rouge et Or (de 1969 à 1971)
- Réalisés par Michel Demarets à partir d'histoires d'Hergé (On a marché sur la Lune étant réédité ainsi en 1992 par Casterman).
- Tintin et le lac aux requins (1972), album adapté du dessin animé
- Deux versions furent réalisées par les studios, l'une incluant directement les décors du film, l'autre entièrement redessinée. La première est celle parue en couleurs en album Casterman, l'autre a été publiée dans divers journaux belges de l'époque, dont Le Soir -strips quotidiens noir et blanc- entre décembre 1972 et janvier 1973 (version piratée à plusieurs reprises) et France-soir en France.
- Deux albums Jouons avec Tintin (à Moulinsart et en Syldavie) (1974)
- Également réalisés par Michel Demarets à partir des albums de Hergé (également au lay out du Musée imaginaire de Tintin en 1979).
Histoires courtes
- Les Gorilles de la Vedette (Tintin) (1985)
- La planche n°60 finale du Récit Spatio-Temporel des dessinateurs du journal Tintin Les Aventures Mystérieuses et Rocambolesques de l'Agent Spatial, toujours par Bob de Moor, dans Le Journal de Tintin n°23 en 1986, et dans L'Aventure du Journal Tintin, 40 ans de bandes dessinées, de Philippe Goddin la même année, avec Tintin et ses habituels compagnons.
- Les Magiciens d'Eau (1987)
- 1 planche dessinée par Bob de Moor, pour la Fondation Balavoine, parue dans l'album du même titre, éd. B.O. (Bandes Originales), avec Tintin et ses amis.
- Les Aventures de la 2CV et de la Grotte Hantée (1987)
- 1 planche, publicité Citroën.
Projets non aboutis
- Tintin et l'Alph-Art (1986)
- Projet de reprise de l'album par Bob De Moor, peut-être avec la complicité de Greg pour le scénario, rapidement avorté par Fanny Rodwell, qui l'avait pourtant avalisé dans un premier temps. C'est Benoît Peeters qui fit réaliser à Fanny Rodwell qu'Hergé souhaitait que personne ne continue Tintin après sa mort.
Quick et Flupke
Adaptation d'anciens gags de Hergé
Nouveaux gags réalisés après le décès d'Hergé
- Haute tension (1985)
- Johan De Moor sur des idées de Roger Ferrari
Jo, Zette et Jocko
- La Vallée des Cobras (1956)
- Fort apport graphique de Jacques Martin.
Planches de Bob de Moor mettant en scène Hergé
- Un bienfait ne reste jamais impuni, 1 planche, (À Suivre...), Hors Série Spécial Hergé, avril 1983
- De la Planche aux planches, 1 planche, Journal de Tintin n°43, 1986 (Barelli rencontre Hergé)
(en aparté : parodie avec Blake, Mortimer et E.P. Jacobs dans Il était moins cinq par B. de Moor dans Tintin l'Hebdoptimiste n°73, 1974 - 2pl., pastiche de S.O.S. Météores par B. de Moor dans Journal de Tintin - Le théâtre du Mystère, avril 1978 - 1pl., et enfin Quand Rastapopoulos rencontre Alix et Énak par Jacques Martin, dans (À suivre) Hors Série Spécial Hergé -album Casterman- en 1983 - 2pl.)
Dessins animés
- Tintin et le temple du Soleil (1969) de Eddie Lateste. Dessin animé de Belvision.
- Tintin et le lac aux requins (1972) de Raymond Leblanc. Dessin animé de Belvision, sur une histoire originale de Greg.
- Quick & Flupke (1985). Séries de courts dessins animés de Johan De Moor.
Sources
- ↑ Interview de Christophe Fumeux et Stéphane Jacquet pour le site Alix l'intrépide.
- ↑ L'ouvrage "Hergé et les bigotudos" décrit le scénario de cette planche comme étant de la main d'Hergé
- ↑ Notamment Philippe Goddin dans son livre "Hergé et les Bigotudos", Casterman 1990
- ↑ Tintin Hergé Marche-t-on sur les bijoux de la Castafiore ?
- ↑ Objectif Tintin : Musée Hergé : les studios Hergé renaissent !!!
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Catégorie : Tintin - Bob de Moor (1950-1983)
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