Bataillons d’infanterie légère d’Afrique

Bataillons d’infanterie légère d’Afrique

Bataillons d'infanterie légère d'Afrique

Les Bataillons d’Infanterie Légère d’Afrique (BILA), plus connus sous leurs surnoms de Bat d'Af' , étaient des unités de l'armée de terre française. Les soldats des BILA s'étant distingués le 6 février 1840 à la bataille de Mazagran, ce jour devient la fête des BILA.

Contrairement à ce qu'on pense, ce ne sont pas des unités disciplinaires au sens strict. Elles ont néanmoins accueilli dans leur rang les jeunes hommes déjà condamnés dans le civil, au moment ou ceux-ci devaient faire leur service militaire, et des militaires sanctionnés, après leur passage dans des compagnies de discipline. Cependant il est clair qu'il y régnait une discipline bien plus forte que dans les autres unités de l'armée. Initialement, les soldats du 1er BILA sont les Flore, ceux du 2e Zéphyr, ceux du 3e Chardonnet, puis le surnom de Joyeux s'impose pour tous, bien qu'on entrevoie encore celui de Zéphyr.

La « spécificité » de son recrutement, qui y réunit un bon nombre de voyous, fait des bataillons d'Afrique un endroit privilégié pour forger les réseaux du milieu parisien de l'entre-deux-guerres (références nécessaires). Ils avaient, dit la tradition, tatoués sur une jambe Marche ou Crève. C'est à cela qu'ils étaient reconnus et respectés dans le milieu, une fois revenus à la vie civile.

La loi de 1905 dit " sont incorporés dans les bataillons d'infanterie légère d'Afrique (Sauf décision contraire du Ministre de la Guerre, après enquête sur leur conduite depuis leur sortie de prison) :

  • Les individus reconnus coupables de crimes et condamnés seulement à l'emprisonnement, par application des articles 67, 68 et 465 du Code Pénal
  • Ceux qui ont été condamnés correctionnellement à six mois d'emprisonnement au moins, soit pour blessures ou coups volontaires, par application des articles 509 et 511 du Code pénal, soit pour violences contre les enfants, prévues par l'article 3I2- & 6 et suivants du même Code
  • Ceux qui ont été condamnés correctionnellement à un mois d'emprisonnement au moins pour outrage public à la pudeur, pour délit de vol, escroquerie, abus de confiance ou attentat aux mœurs prévu par l'article 554 du Code pénal;
  • Ceux qui ont été condamnés correctionnellement pour avoir fait métier de souteneur, délit prévu par l'article 2 de la Loi du 5 avril 1905, quelle que soit la durée de la peine
  • Ceux qui ont été l'objet de deux ou plusieurs condamnations dont la durée totale est de trois mois au moins, pour rébellion ( art. 209 à 221 du Code pénal) ou violences envers les dépositaires de l'autorité et de la force publique (art. 228 et 230 du Code pénal)
  • Ceux qui ont été l'objet de deux ou plusieurs condamnations dont la durée totale est de trois mois au moins, pour l'un ou plusieurs des délits spécifiés dans l'alinéa 2 du présent article
  • Ceux qui ont été l'objet de deux ou plusieurs condamnations dont la durée totale est de trois mois au moins pour l'un ou plusieurs des délits prévus par les articles 269 à 276 inclusivement du Code pénal
  • Ceux qui ont été l'objet de deux ou plusieurs condamnations dont la durée totale est de trois mois au moins, pour le délit de filouterie d'aliments prévu par l'article 401 du Code pénal
  • Ceux qui ont été l'objet de deux ou plusieurs condamnations, quelle qu'en soit la durée, pour l'un ou plusieurs des délits spécifiés dans l'alinéa 5 du présent article" [1].

Les Bataillons d'Infanterie Légère d'Afrique (BILA) étaient des bataillons formant corps.

En octobre 1870, chaque bataillon a mobilisé 2 compagnies de 250 hommes mais le 5 décembre un seul bataillon se battra avec l'armée de la Loire. Le 13 décembre, le bataillon sera divisé en deux et servira dans le 18e corps.

En 1914, à la déclaration de la guerre, les effectifs devant pour la plupart rester en garnison en Afrique du Nord, on a formé pour la durée de la guerre, un puis trois bataillons de marche d'infanterie légère d'Afrique. Il y en eu donc trois qui ont participé à la Première Guerre mondiale : le 1er, 2e et 3e Bataillon de Marche d'Infanterie Légère d'Afrique BMILA. Les 3e et 5e BILA ont formé en France le 3e Bataillon de Marche d'Infanterie Légère d'Afrique et se sont couverts de gloire en Belgique à la Maison du Passeur (porté sur le drapeau) [2].

Les condamnés après avoir purgé leurs peines, et lorsque la mobilisation fut décrétée en août 1914, non admis à combattre dans une unité régulière, ils étaient affectés dans un "Groupe Spécial"(dans ces groupes étaient reversés les condamnés réservistes - ceux de l'armée active étant affectés aux BILA)

Sommaire

1er Bataillon d’Infanterie Légère d’Afrique

Créé par ordonnance du 13 juin 1832, stationné à Mostaganem, puis à Le Kreider (Oran) en 1900 [3] puis à Marnia (Algérie) en 1914 [4] Il appartient au 19e Corps d`Armée - Division d`Oran. Pendant la Première Guerre mondiale, le 1er BMILA s'est battu en France au sein de la 45e division d'infanterie [5]. Stationné à Tataouine après 1932 à Tataouine et Gabès en 1939, il disparait en 1940, pour réapparaitre en septembre 1948.

2e Bataillon d’Infanterie Légère d’Afrique

Créé par ordonnance du 13 juin 1832, stationné à Bougie, puis à Maghouat (Alger) en 1900 [3]. En opération au Maroc Occidental , dépôt à Mcheyda et El-Hadjeb en 1914 [4]. Le 2e BMILA a rejoint la 45e division d'infanterie durant l'été 1918 pour constituer un Groupe de Bataillon constitué avec le 1e 2e et 3e [5]. Il est dissous en 1927, après la fin de la guerre du Rif.

3e Bataillon d’Infanterie Légère d’Afrique

Créé en 1857 et stationné à Bône puis à Le Kef (Tunis) en 1900[3]. En opération au Maroc Occidental , dépôt à Casablanca au Camp-Servière en 1914[4].puis Tataouine. Le 3e BMILA s'est battu en France au sein de la 45e division d'infanterie pendant la Première Guerre mondiale [5]. Il est dissous en 1932, et ne renaît qu'en 1951. Il passe à Fort Flatters en 1960, et à Reggane en 1963. Il devient la 3e Compagnie d'infanterie légère d'Afrique (CILA) dans les années 1960, passe à Mers el Kébir en 1967 et est finalement dissoute le 31 mars 1972 à Obock.

4e Bataillon d’Infanterie Légère d’Afrique

Créé en mai 1888, il stationne à Gabès (Tunis) en 1900[3] et 1914[4], dans la Division d`Occupation de Tunisie à Tunis. À Oujda et Medenine en 1917. Il est dissous en 1927, après la guerre du Rif.

5e Bataillon d’Infanterie Légère d’Afrique

Créé en mai 1888, il stationne à Batna (Division de Constantine) en 1895, 1900[3]. À Gabès en 1905 et 1914[4], dans la Division d`Occupation de Tunisie à Tunis. En février 1919, le dépôt du bataillon se trouvait à Gabès. Il est en opération dans le Sud Tunisien, à Dehibat sous les ordres du chef de bataillon Thury-Guenin; Il occupe les postes de Tamlet, Fatmassia, Oum-Souigh à la frontière Tunisie/Tripolitaine (Libye). La 4e Compagnie est commandée par le Lieutenant Beigbeder et détachée au Fort Peltier. Début août 1919, évacuation du fort de Déhibat. Il est dissous en 1925.

24e Bataillon d'Infanterie Légère

Créé au camp du Ruchard, il fait partie avec le 20e BIL de la 3e demi-brigade. Il connaît une brève existence entre octobre 1939 et le 7 août 1940, date de sa dissolution Il est affecté au secteur fortifié du Dauphiné. Lors de l'offensive italienne il est déployé sur des positions défensives dans la vallée de la Clarée. Il n'est pas un bataillon d'Afrique au sens strict du terme.

Voir [1]

Groupe Spécial

Chaque Corps d'Armée soulevait un Groupe Spécial. Le numéro est celui du C.A.. Dans ces groupes étaient reversés les condamnés réservistes - ceux de l'armée active étant affectés aux BILA.

  • Groupes Spéciaux cantonnés au Maroc [6] :
4 G.S. au 01/10/14
6 G.S. au 01/01/16
8 G.S. au 01/12/17

Été 1915, dans le sud Tunisien 2 G.S. le 4e et le 15e qui seront renforcés en septembre par le 9e et le 20e G.S. et le 5e BILA ont pour mission de tenir les points d'eau en particulier sur l'axe Nord-Sud Medenine Dehibat soit près de 200 km.

En septembre 1915, la Djihad était lancée par des tribus infiltrées par des Turcs et Allemands. Après avoir massacré plusieurs garnisons italiennes, les rebelles se sont jetés sur les forts français du sud saharien tunisien

Les combats dans cette région ont continué pendant quasiment tout le conflit et de nombreux Français y ont encore laissé leur vie

En octobre 1915, Le 15e GS était chargé de la défense du poste de Oumh Souig son effectif est de l'ordre de 400 hommes. Oumh Souig est attaqué le 2/10/1915 par les troupes de Ben Asker, à la tête de 3000 hommes. Le siège durera 8 jours, la moitié des effectifs du poste est tuée, dont le Capitaine de Bremond de Vaulx du 4e régiment de zouaves, détaché au 15e GS pour en assurer le commandement.

En avril 1918, les 2e et 6e Groupes Spéciaux sont commandés par le chef de bataillon Fontaine à Bou-Denib (Maroc).

En novembre 1918, le commandant du 14e Groupe Spécial est le chef de bataillon Chiappini. Il est établi à Bou-Anan (Maroc).

Les 3000 hommes des groupes spéciaux ne peuvent guère être employés qu'à des travaux [7].

Fourragère

Ces unités se sont vu décerner la fourragère aux couleurs

de la Médaille Militaire : 1er BMILA[2].
de la Croix de Guerre 14-18 : 2ème BMILA[2].
de la Légion d'Honneur : 3ème BMILA[2].

Drapeau

Sur le drapeau que reçoivent les bataillons d'Afrique en 1950 figurent les batailles suivantes[8] :

Refrain

Les Bats d'AF
Il est sur la terre africaine
Un bataillon dont les soldats, (bis)
Sont tous des gars qu'ont pas eu de veine.
C'est les bats d'af et nous voilà, (bis)
Pour être « joyeux », chose spéciale,
Il faut sortir de Biribi, (bis)
Ou bien alors d'une centrale,
C'est d'ailleurs là qu'on nous choisit (bis)
Refrain
Et après tout, qu'est-ce que ça fout ?
Et l'on s'en fout ! Lalala
En marchant sur la grand route,
Souviens-toi, oui souviens-toi (bis)
Les anciens l'ont fait sans doute
Avant toi, oui avant toi, lalala
De Gabès à Tataouine,
De Gafsa à Medenine, lalala
Sac au dos dans la poussière,
Marchons bataillonnaires.


J'ai vu mourir un pauvre gosse,
Un pauvre gosse de 18 ans (bis)
Frappé par le destin féroce.
Il est mort en criant maman. (bis)
C'est moi qu'ai fermé ses paupières,
Recueilli son dernier soupir, (bis)
Qu'ai écrit à sa pauvre mère
Un vrai soldat vient de mourir, (bis)


Et comme on a jamais eu de veine,
Bien sûr qu'un jour on y crèvera, (bis)
Sur cette putain de terre africaine.
Dans le sable on nous enterrera, (bis)
Avec pour croix une baïonnette,
A l'endroit où l'on est tombé, (bis)
Qui voulez-vous qui nous regrette,
Puisque nous sommes des réprouvés.

Références

  1. Art. 5 de la loi du 21 mars 1905 modifiant la loi du 15 juillet 1889 sur le recrutement de l’armée
  2. a , b , c  et d Andolenko (Général), Recueils d'Historiques de l'Infanterie Française, Eurimprim éditeurs, Paris, 1969 (réimpr. 2e édition), 413 p..
    Imprimerie de Clairvivre Dordogne, relié 31.5 X 23.5 cm
     
  3. a , b , c , d  et e Ministère de la Guerre, Annuaire Officielle de l'Armée Française pour 1900, Berger-Levrault Éditeurs, coll. « Troupes métropolitaines et Troupes Coloniales », 1899 
  4. a , b , c , d  et e Répartition et emplacement des troupes de l'Armée Française, 1914 
  5. a , b  et c Les Armées françaises dans la Grande Guerre, Imprimerie Nationale, coll. « Tome X Volume 2 » 
  6. Les Armées françaises dans la Grande Guerre, Imprimerie Nationale, coll. « Tome IX Volume 3 » 
  7. AFGG, tome IX-3, page 126, 01/01/18
  8. Service Historique de la Défense, Décision N°12350/SGA/DMPA/SHD/DAT du 14 septembre 2007

Ouvrage de référence

  • Joseph Dimier, "Un régulier chez les joyeux" Histoire vraie, Grasset, 1928 
  • Pierre Dufour, Les Bat'd'AF' Les zéphirs et les Joyeux 1831-1972, Éditions Flammarion, coll. « Pygmalion », 2004, 380 p. (ISBN 2 85704 932 3) 
  • Dominique Kalifa, Biribi, les bagnes coloniaux de l'armée française, Perrin, 2009, 344 p. (ISBN 978-2-262-02384-3) 
  • Feriel Ben Mahmoud, Les Bat' d'Af : La légende des mauvais garçons, Société des Éditions Mengès, 2005 - ISBN 2 8562 0463 5
  • Julien Blanc, Joyeux fais ton fourbis, 1946 (récit de la vie au Bat' d'Af' par un ancien "Joyeux")

Lien externe

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