François XII de La Rochefoucauld

François XII de La Rochefoucauld
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François Alexandre Frédéric de La Rochefoucauld, duc de Liancourt. Portrait par François Séraphin Delpech - Versailles chateau et Trianons.

François XII Alexandre Frédéric de La Rochefoucauld, duc de Liancourt, puis duc de La Rochefoucauld (1792), Pair de France, (né à La Roche-Guyon, actuel département du Val-d'Oise, le 11 janvier 1747 et mort à Paris le 27 mars 1827) était un homme politique, scientifique et philanthrope français, épris de progrès technique et membre de l'Académie des sciences.

Il a notamment fondé la ferme modèle de Liancourt en 1769, l'École d'Arts et Métiers en 1780 et la Caisse d'Epargne et de Prévoyance de Paris (première caisse d'épargne en France) en 1818.

Sommaire

Biographie

François de La Rochefoucauld, duc de Liancourt[1] puis VIIe duc de La Rochefoucauld

La Rochefoucauld-Liancourt est le fils de Louis François Armand de La Rochefoucauld de Roye, duc d'Estissac, grand'maître de la Garde-Robe du Roi, et d'une des filles du duc de La Rochefoucauld. Lui-même porte tout d'abord le titre de comte de La Rochefoucauld, puis, à partir de 1765, celui de duc de Liancourt, nom d'une terre possédée par sa famille.

Après l'assassinat de son cousin, Louis Alexandre, à Gisors, le 4 septembre 1792, il devient duc de La Rochefoucauld.

Officier de carabiniers en 1763, il prend la succession de son père cette même année comme grand'maître de la Garde-Robe, mais ne fait que de très brèves apparitions à la Cour. Il se marie à 17 ans.

En 1765-1766 il emmène dans son « Grand Tour » d'Italie le peintre et graveur lyonnais Jean-Jacques de Boissieu (1739-1810).

Une visite en Angleterre, en 1769, semble lui avoir donné l'idée de construire une ferme modèle à Liancourt, où il élève du bétail importé d'Angleterre et de Suisse. Il met aussi en place des machines à filer et fonde en 1780 une école d'arts et métiers pour les enfants des soldats, qui devint en 1788 l'École des Enfants de la Patrie sous la protection du roi.

Il poursuit parallèlement sa carrière militaire : colonel du régiment de cavalerie La Rochefoucauld-Liancourt, il est brigadier de dragons en 1781.

Révolution française

Élu député de la Noblesse aux états généraux, pour le bailliage de Clermont, on lui prête le mot fameux, le 14 juillet 1789, en réponse à l'interrogation de Louis XVI : « C’est donc une révolte ? », il aurait répondu « Non, Sire, c’est une révolution ! » [2].

Monarchiste libéral, il est élu Président de l’Assemblée nationale[3]. Après le 14 juillet 1789 il tente de concilier les idées nouvelles et la préservation de la monarchie, apparaissant d’une certaine façon comme un des premiers « libéraux ». Établi ensuite à la tête d'une division militaire en Normandie, il offre à Louis XVI un refuge à Rouen et, sa tentative ayant échoué, il lui fait don d'une importante somme d'argent.

Exil

Après les évènements du 10 août 1792, il s'exile en Angleterre, où il est l'invité d'Arthur Young. Il demande en vain à être entendu lors du procès du Roi, puis quitte l'Angleterre, en 1794, et émigre aux États-Unis.

Participant aux travaux de la Société d'émancipation de Pennsylvanie, il fut témoin des astuces et combats juridiques menés autour de cette émancipation[4], l'une d'entre elles consistant à placer les esclaves sous un contrat de travail courant jusqu'à l'âge de 28 ans, permettant de déjouer la colère des états esclavagistes et des réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique.

Il publie, pendant cette période, plusieurs essais relatifs à ses expériences : « Notice sur l’impôt territorial en Angleterre » (1790) et « Des prisons de Philadelphie » (1796).

En 1795, il entame avec cinq compagnons un voyage qui couvre une grande partie des États du Nord et du Canada. Lui et ses compagnons traversent le Niagara pour Fort Érié et croisent aussi le Fort Chippawa. À Newark (Niagara-on-the-Lake), avec Aristide du Petit-Thouars, il est accueilli par le lieutenant-gouverneur John Graves Simcoe. Mais il n'obtient pas l'autorisation de poursuivre son voyage et reçoit de Lord Dorchester, gouverneur du Canada, un ordre d'expulsion. Dépité, il s'en retourne aux États-Unis en rejoignant Albany. Ses différents voyages en Amérique septentrionale seront publiés en 8 volumes dès son retour en France en 1799, dans l'indifférence générale.

Peu apprécié du Comte de Provence, futur Louis XVIII, il ne se mêle que peu à son entourage exilé et, en 1797, il sollicite sans succès l’autorisation de rentrer en France. Réfugié chez son fils à Altona près de Hambourg, en février 1798, il attendra jusqu'à la fin de 1799 l'autorisation de rentrer en France, sans doute avec l'aide de Talleyrand qu'il avait côtoyé pendant son exil à Philadelphie.

Retour en France et rôle sous l'Empire et la Restauration

Finalement rayé de la liste des émigrés, il rentre à Liancourt pour y gérer ses affaires et ses œuvres ; il est ensuite traité avec dignité et distance par Napoléon.

En 1800, il est le premier à importer en France la vaccination, qui sert à prévenir de la variole ; le procédé, mis au point par l'anglais Edward Jenner, consiste à inoculer à l'être humain la vaccine de la vache, maladie qui est bénigne chez l'homme et qui le préserve ensuite la variole, qui elle peut-être mortelle.

Dès avant la Révolution, en 1780, il avait créé dans son domaine de Liancourt une école destinée aux enfants des officiers et soldats de son régiment. Le succès de celle-ci le conduit à créer l'École d'Arts et Métiers, qui eut successivement son siège à Compiègne, à Angers, puis à Paris.

Liancourt fait partie de nombreux comités : agriculture, prisons, hospices, mendicité.

François XII de La Rochefoucauld portant le manteau de pair de France

En 1814, lors de la première Restauration, Louis XVIII ne lui rend pas sa charge héréditaire de grand maître de la Garde-Robe et le nomme, en compensation, à la Chambre des pairs.

Il siège ensuite comme député élu à la Chambre des Représentants constituée pendant les Cent-Jours.

Il exerce ensuite plusieurs fonctions publiques à titre gratuit, défend l’abolition de la Traite des Noirs, et l’interdiction des jeux et loteries.

Il fonde, le 15 novembre 1818, la Caisse d'Epargne et de Prévoyance de Paris, première Caisse d'Épargne de France[5].

En 1823, il paie son opposition résolue aux « Ultras » en étant privé de toute responsabilité par le ministère Villèle.

Il fut alors membre du comité philhellène de Paris.

Il meurt brutalement en 1827, et ses funérailles sont marquées par des incidents que le Gouvernement étouffe : les élèves de l’École d'Arts et Métiers qu'il avait fondée, se rassemblent pour lui rendre hommage et porter son cercueil ; la gendarmerie, ayant l'ordre de ne pas tolérer cet hommage, charge les étudiants, le cercueil tombe et se brise...

À la fin du XXe siècle, ses descendants ont transféré sa riche bibliothèque (plusieurs milliers d'ouvrages) dans une salle aménagée dans une tour du château de La Rochefoucauld (Charente), berceau de cette illustre famille dès avant l'an mille (le château est ouvert au public).

Famille

Trois fils :

Œuvres

Bibliographie bâtie à partir de l'article du Dictionnaire de l'économie politique publié sous la direction de Charles Coquelin et Guillaumin, Tome second, 1854[6]. Compléments de la Bnf.

Abolition de la peine de mort
  • S.d. : Quelques articles sur l'abolition de la peine de mort, publiés par M. de La Rochefoucauld-Liancourt[7].
Agronomie
  • S.d. : Société d'agriculture de Seine-et-Oise. Comité du 29 fructidor an 9, 16 septembre 1801. Sur le plantage du blé, par le citoyen La Rochefoucaut (sic)-Liancourt[8].
Etats Généraux
  • 1789 : Opinion du député de la noblesse de Clermont en Beauvoisis, le duc de La Rochefoucauld-Liancourt, en faveur de la réunion des trois ordres en une chambre unique, lue dans la séance du 27 juin 1789, le matin, dans la Chambre de la noblesse[9].
Finances & Fiscalité
  • 1789 : Finances, crédit national, intérêt politique et de commerce, forces militaires de la France. Paris, 1789, 2 parties, 1 volume in-8[10].
  • 1790 : Notice sur l'impôt territorial en Angleterre. Paris, 1790; id., 1801, in-8.
Caisses d'Epargne
  • 1789 : Utilité de la caisse nationale, proposée dans le livre du crédit national, appliquée à tous les systêmes de finances, à tous les partis que pourront prendre les États généraux pour consolider la dette publique[11].
  • 1819 : Caisse d'épargne et de prévoyance. Rapport fait à l'Assemblée générale des fondateurs et administrateurs, le 4 août 1819, par M. le duc de La Rochefoucauld[12].
  • 1820 : Discours du duc de La Rochefoucauld Caisse d'épargne et de prévoyance. Assemblée générale des fondateurs et administrateurs de la caisse, convoquée par le Conseil des directeurs, le 20 novembre 1820, pour entendre le compte rendu des opérations de la Caisse, du 30 septembre 1820[13].
  • Fr. de Larochefoucauld a également publié plusieurs brochures sur les caisses d'épargne et d'autres écrits populaires sous le nom du père Bonhomme.
Géographie
  • 1801 : Notes sur la législation anglaise des chemins. Paris, Agasse, an IX (1801), in-8[14].
  • 1802 : Recherches sur le nombre des habitants de la Grande-Bretagne. Traduit de l'anglais, 1802.
  • 1826 : Statistique industrielle du canton de Creil. Senlis, Impr. de Tremblay, 1826, in-8.
Mendicité
  • 1790 : Plan du travail du comité pour l'extinction de la mendicité, présenté à l'assemblée nationale. 1790, in—4.
  • 1790 : Travail du comité de mendicité, contenant les rapports faits à l'assemblée nationale. Paris, (730, in-8)[15].
Sociologie
  • 1796 : Des prisons de Philadelphie, par un Européen. Philadelphie et Paris, 1796, in-8; 4« édil., Paris, Mme Huzard, 4819, 1 vol. in-8[16].
  • 1797 : État des pauvres, ou histoire des classes travaillantes de la société en Angleterre, depuis la conquête jusqu'à l'époque actuelle. [17], Londres.

Lien externe

Notes et références

  1. Source : www.heraldique-europeenne.org
  2. Guy Chaussinand-Nogaret, La Bastille est Prise, Paris, Éditions Complexe, 1988, p. 102.
  3. Assemblée nationale, « François, Alexandre, Frédéric de la Rochefoucauld-Liancourt (1747 - 1827) » sur assemblee-nationale.fr, Assemblée nationale, S.d.
  4. Amerindios, africanos, americanos Par Association of Caribbean Historians. Conference,Gérard Lafleur,University of the West Indies (Mona, Jamaica). Dept. of History,Susan Branson,Grace Turner, page 137
  5. 1818 : Fondation de la Caisse d'epargne
  6. Charles Coquelin et Guillaumin, Dictionnaire de l'économie politique, contenant l'exposition des principes de la science, l'opinion des écrivains qui ont le plus contribué à sa fondation et à ses progrès, la bibliographie générale de l'économie politique par noms d'auteurs et par ordre de matières avec des notices biographiques et une appréciation raisonnée des principaux ouvrages..., Volume 2 : XVIIe ‑ XIXe siècle : 1650-1854, Paris, Guillaumin et cie., Année .(notice BNF no FRBNF305577942)
  7. La Rochefoucauld-Liancourt François-Alexandre-Frédéric de (1747-1827), Quelques articles sur l'abolition de la peine de mort : XVIIIe ‑ XIXe siècle : 1747-1827, Paris, Imprimerie de A. Henry, S.d. . (notice BNF no FRBNF30742702h).
  8. François-Alexandre-Frédéric de La Rochefoucauld-Liancourt, (1747-1827), Sur le plantage du blé, Société d'agriculture de Seine-et-Oise. Comité du 29 fructidor an 9, par le citoyen La Rochefoucaut (sic)-Liancourt : XVIIIe ‑ XIXe siècle : 1747-1827, Versailles, Imprimerie de Jacob, S.d. . (notice BNF no FRBNF30742706w).
  9. La Rochefoucauld-Liancourt, (1747-1827), Opinion du député de la noblesse de Clermont en Beauvoisis, le duc de La Rochefoucauld-Liancourt, [url google en faveur de la réunion des trois ordres en une chambre unique], lue dans la séance du 27 juin 1789, le matin, dans la Chambre de la noblesse : XVIIIe siècle : 1789, S.l., Inconnue, S.d. . (notice BNF no FRBNF30742715v)
  10. François-Alexandre-Frédéric de La Rochefoucauld-Liancourt, (1747-1827), Finances, crédit national, intérêt politique et de commerce, forces militaires de la France : XVIIIe siècle : 1747-1789, S.l., S.n., 1789 . (notice BNF no FRBNF30742694q), disponible sur Gallica. Cf. Face aux Colbert….
  11. Notes : Titre de départ. - Imprimé en France. - Filets typogr. - Le "Livre du crédit national", en réalité intitulé "Finances, crédit national, intérêt politique et de commerce, forces militaires de la France", et paru en 1789, est dû au duc de La Rochefoucauld-Liancourt, (notice BNF no FRBNF40028676q)
  12. François-Alexandre-Frédéric de La Rochefoucauld-Liancourt, (1747-1827), [Caisse d'épargne et de prévoyance. Rapport fait à l'Assemblée générale des fondateurs et administrateurs, le 4 août 1819, par M. le duc de La Rochefoucauld] : XIXe siècle : 1819, S.l., Inconnu, S.d. . (notice BNF no FRBNF30742691p).
  13. François-Alexandre-Frédéric de La Rochefoucauld-Liancourt, (1747-1827), Discours du duc de La Rochefoucauld. Caisse d'épargne et de prévoyance. Assemblée générale des fondateurs et administrateurs de la caisse, convoquée par le Conseil des directeurs, le 20 novembre 1820, pour entendre le compte rendu des opérations de la Caisse, du 30 septembre 1820: XIXe siècle : 1820, Paris, Hacquart, s. d. . (notice BNF no FRBNF307426921).
  14. La Rochefoucauld-Liancourt François-Alexandre-Frédéric de (1747-1827), Notes sur la législation anglaise des chemins : XVIIIe ‑ XIXe siècle : 1747-1801, Paris, H. Agasse, an IX, 1801 . (notice BNF no FRBNF30742697r), (Gallica)
  15. Premier rapport du comité de mendicité. Exposé des principes généraux qui ont dirigé son travail : XVIIIe siècle : 1789-1790, Paris, Imprimerie nationale, Année . (notice BNF no FRBNF30742724t)
  16. François-Alexandre-Frédéric La Rochefoucauld-Liancourt, Des Prisons de Philadelphie, par un Européen  : XVIIIe ‑ XIXe siècle : 1750-1796, Philadelphie, Moreau de St Méry, 1796 . (notice BNF no FRBNF307426983).
  17. (Extrait de l'ouvrage publié en anglais par sir Horion Eden. Paris, Agasse, an VII ; S"01, in-8. (Fait partie de la collection Duquesnoy).
    Cet extrait aurait dû propager davantage la connaissance du livre, qui est excellent, et qui devrait servir de modèle à toutes les recherches sur l'état des pauvres. Malheureusement l'ouvrage de sir Horion Eden n'a pas moins de trois volumes in-*.

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